Petits moments d’architecture (5)

Voyez vous, je suis de bonne humeur quand des personnes ayant acheté mon photobook en sont contents… A ce propos, le chiffre de mes ventes s’élèvent à 13. Continuons donc dans la bonne humeur la ballade architecturale de samedi matin dernier. Les deux photos ci-dessus opposent une forme carré à une forme ronde. La forme carré est celle du Ebisu East Gallery proche de la gare. Je ne connais pas l’architecte, mais ça ressemble à du Edward Suzuki sans pouvoir le confirmer… Les déchirures en surface me rappellent en fait cet autre batiment de taille moyenne de Suzuki à Daikanyama, le Onward Daikanyama Fashion Building. J’aime beaucoup cette surface protectrice de béton qu’on aurait volontairement fait craquer pour laisser apparaître une tour de verre.

Un peu plus loin, à Daikanyama, une tour lisse, ronde et grise me rappelle une tourelle du château d’Angers. Ca doit être les différents tons de gris utilisés. Je ne pense pas cependant que les architectes de cet immeuble VEUTUS Daikanyama se sont inspirés de la forteresse imprenable d’Angers.

Au hazard des rues de Shibuya-ku, en laissant Daikanyama pour le quartier de Uguisudani-Chô, je tombe sur cet immeuble qui pourrait être celui d’une administration locale. Je rentre dans l’enceinte sans apercevoir le nom du lieu à l’entrée et me rend compte assez vite qu’il s’agit plutôt d’un temple. Je me laisse attirer par la structure en béton du grand Hall très années 1960. Je verrais plus tard que cet immeuble gris est celui d’une secte nommée Hommon Butsuryû, qu’il est le hall principal du temple Jôsenji, qu’il date de 1965 et qu’on le doit à l’architecte Yoshiro Taniguchi, père de Yoshio. Yoshio Taniguchi prendra en charge, beaucoup plus tard en 2004, le redesign du Moma de New York.

Pour terminer ma boucle de promenade, nous revenons vers Daikanyama, autour des blocs d’immeubles de Fumihiko Maki qui prendra en charge d’ici 2012 le design d’une des tours du renouveau du World Trade Center à New York. Ci-dessus, une découpe de façade d’un des blocs que je pense être le Bloc C de Hillside Terrace.

Le futur coincé entre des immeubles

Samedi matin, je me promenais donc au hazard des rues de Daikanyama avec Zoa. En poussant un peu plus faire Shibuya, je redécouvre le batiment futuriste de Makoto Sei Watanabe. Je ne me souviens jamais vraiment de son emplacement exact, mais je retombe toujours dessus un peu par hazard en me promenant par ce quartier. On voit d’abord au loin ses deux antennes rouges pointant vers le ciel, qui laisse présager de quelque chose d’exceptionnel. En se rapprochant un peu dans les petites rues, on aperçoit par moments une façade du vaisseau spatial coincée entre les immeubles. On tourne dans les rues jusqu’à l’entrée principale pour constater qu’un Ovni s’est bien posé sur un immeuble en plein Shibuya.

Il s’agit du Aoyama Technical College. A travers cet objet singulier, Watanabe propose une architecture forte d’une puissance visuelle et émotionnelle, qui représente un exemple d’organisation autonome dans un paysage de chaos, de rues en configuration désordonnée comme une grande majorité des petits quartiers de Tokyo.

modanizumu (モダニズム)

La photo ci-dessous est prise avec le vieux Canon EOS10 de Mari que j’utilise parfois en noir et blanc. Pour la première fois, je tente l’argentique couleur avec un sommet d’immeuble près de la gare de Shibuya. Le format carré n’est pas d’origine.

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L’immeuble du théatre Nissay (1963) par Togo Murano, un des architectes du courant moderne architectural japonais, aperçu il y a de cela quelques mois à Hibiya a attisé ma curiosité pour ce courant architectural. J’ai en fait assez peu exploré les batiments du courant moderne japonais, des époques 1950/60 à part quelques immeubles évidents comme le Nakagin de Kurokawa (Les utopies des Métabolistes me fascinent), des oeuvres architecturales de Kenzo Tange (Cathédrale St Marie, Gymnase de Yoyogi, …), le brutalisme de la petite Tower House de Takamitsu Azuma ou le stade olympique de Komazawa. Ma curiosité est amplifiée par une présentation accentuée ces derniers temps dans la presse.

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Casa Brutus sort un numéro spécial « Architecture Moderne au Japon » avec une liste de 100 batiments au Japon que le mouvement DOCOMOMO essaie de protéger. Ce numéro nous montre des batiments superbes mais potentiellement menacés de destruction comme le Gunma Music Center (1961) d’Antonin Raymond. Raymond est architecte tchéque, arrivé à Tokyo en 1919 pour travailler sur le projet de l’Imperial Hotel de Frank Lloyd Wright et ensuite installé au Japon pendant de nombreuses années entrecoupées par la seconde guerre mondiale. Tout comme d’autres architectes japonais de la même époque (Junzo Sakakura, Kunio Maekawa), il est inspiré par l’architecture visionnaire de Le Corbusier.

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Casa Brutus nous propose également un petit voyage avec Kiyonori Kikutake pour découvrir deux de ses oeuvres, des batiments de béton magnifiques de force et de géométrie: la réception du sanctuaire shinto Izumo Taisha (1963) et l’hotel Toukouen (1964) dans les préfectures de Shimane et Tottori. J’aimerais pouvoir aller voir ça de près un jour. Entre autres batiments spectaculaires de Kikutake, le Miyakonojo Civic Center (1966), un batiment en forme de dôme et d’éventail très intriguant.

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Kateigaho International (renommé KIE) nous présente dans son numéro 20 (été 2008) un dossier sur le Modernisme en Architecture au Japon à travers un panorama de résidences par des grands noms de l’architecture, avec notamment ceux cités précédemment. Les textes du dossier sont de Terunobu Fujimori, architecte et professeur d’architecture. Le dossier commence par un texte très intéressant de Fujimori dressant des parrallèles (en pointillé) entre l’esthétique de la villa Katsura à Kyoto et la Villa Savoye de Le Corbusier, ainsi qu’entre le sanctuaire de Ise et l’Institut de Technologie de l’Illinois par Ludwig Mies Van Der Rohe. C’est assez troublant les résonances entre ces batiments, notamment dans l’utilisation des pilotis, le format en pointe d’éléments du toit, la géométrie des fenêtres.

Pour rester dans les mêmes époques, les années 1950/60, Mari m’a offert pour mon anniversaire il y a de cela quelques jours, un superbe livre photographique sur Oscar Niemeyer, Oscar Niemeyer: Form & Space. J’avais vu ce livre quelques jours avant en librairie et faillis l’acheter à ce moment là. On peut dire que mon épouse me connait bien. Ce livre, donc, est un recueil de photographies par le japonais Yukio Futagawa. Le livre est un édition japonaise mais les textes sont en anglais, japonais, portugais. Il commence par une interview de Niemeyer par Alvaro Siza, parfois difficile à suivre car traduite approximativement en anglais (ou alors, est ce Niemeyer, à 100 ans, qui est difficile à suivre). Mais le livre se concentre sur les photographies, elles sont très belles et couvrent une belle partie des oeuvres architecturales de Niemeyer par ordre chronologique: Ibirapuera Park (1951), Brasilia bien sûr (fin 1950) jusqu’au Musée d’art contemporain de Niterói (1993-96). Les photos alternent couleur et noir et blanc, vue extérieure et intérieure, et sont en quasi totalité prises au Brésil. C’est un très beau livre sur l’art de Niemeyer.

kid La maison d’édition Taschen fête ses 25 ans et propose pour cette occasion des tarifs intéressants sur certains livres. De passage à la librairie Yurindo de Ebisu, j’ai repéré Sixties Design par Philippe Garner. Ce livre richement illustré nous fait faire un tour du design des années 60 à travers de nombreux exemples dans les domaines du design domestique et industriel, la mode et le graphisme, l’attrait pour la science fiction et l’espace, l’architecture et l’urbanisme. Dans cette dernière partie, on y voit des photos et illustrations des villes utopiques rêvées par les Métabolistes japonais ou les anglais d’Archigram, des photos de la vision réalisée de Niemeyer et Lucia Costa pour Brasilia et quelques design étonnant comme le dôme geodesic de Buckmister Fuller

Je termine ma petite folie pour les livres par la démesure: Le Corbusier Le Grand. Démesure par la taille et le poids de l’ouvrage et par la qualité de ce qui est montré: Photos d’archives, plans, lettres de Le Corbusier, le tout arrangé de manière chronologique au fur et à mesure des projets du maître. Je ne sais pas s’il existe un bouquin plus complet sur Le Corbusier que celui-ci. L’unique problème, c’est la taille. Le bouquin ne tient dans aucun meuble, tout comme mon atlas Phaidon de taille et de poids identique.

Et, une fois n’est pas coutume, une photo de Zoa que je tiens dans les bras le jour de mon anniversaire. Samedi dernier, le matin, nous avons inauguré tous les deux une ballade « architecturale » à Daikanyama, ou alors nous allions faire les courses pour le déjeuner, je ne me souviens plus. Il s’est, en tous cas, vite endormi dans la poussette…

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Je viens de recevoir le numéro de Septembre 2008 du magazine allemand d’art art das kunstmagazin. Une de mes photos, celle de l’intérieur du National Art Center Tokyo, est publiée en pleine page pour un petit dossier sur Tokyo que j’aurais bien du mal à comprendre. D’après les photos, le dossier nous parle également du Mori Art Museum, 21_21 Design Sight de Mid Town et Nadiff. Je suis content d’avoir une photo publiée dans un magazine d’art et que cette photo du NACT soit publiée. J’aime beaucoup cette plongée sur le cône renversée, que l’on peut également voir dans mon photobook.