Imperfect photographs

Au dessus des nuages, on regarde Tokyo de plus en plus loin et on s’échappe de la ville pour des paysages plus calmes, dans les plaines enneigés de Hokkaido, vers les temples de Koyasan ou ceux de Kyoto, les montagnes au centre du Japon, les forêts de Shikoku et même beaucoup plus loin à Okinawa. Ce voyage est virtuel, comme l’est la composition photographique ci-dessus, puisque le voyage se fait en tournant les pages d’un recueil de photographies de Michael Kenna.

Je connais le style de Michael Kenna depuis quelques années sans vraiment jamais avoir eu le désir de me plonger dans son univers. Je voyais dans ses photographies comme une recherche un peu vaine de perfection, dans des paysages si exotiques et si japonais, qui véhicule une image d’un Japon idyllique et figé. Ryuichi Kaneko, conservateur du Tokyo Metropolitan Museum of Photography, commence sa préface du recueil In Japan par une perception initiale du même style, mitigé, jusqu’à la découverte des nombreuses facettes du travail de Kenna qui viendront renverser cette première impression. Imperfect photographs est le titre de cette préface, et vient à l’opposé de l’image initiale que l’on peut avoir des photos de Michael Kenna.

Pourtant lorsque j’ai ouvert ce recueil in Japan au hasard des rangées de livres du Tsutaya de Roppongi Hills, je me suis laissé conquérir par le calme et la sérénité de ces photos. Un sentiment d’intemporalité également. Chacune des photos est datée, ce qui peut apparaître comme un trait d’humour d’ailleurs, surtout quand Michael Kenna nous montre le même endroit à quelques années d’intervalles. Ces paysages pourraient datés d’il y a une centaine d’années qu’on ne serait pas étonné. en fait, il y a seulement une photo qui trahit son époque, celle d’un phare métallique à Tokoro, Hokkaido. Elle donne même l’impression de ne pas être à sa place dans ce recueil. A part ce phare, les seules traces humaines que l’on voit dans ces photos sont les sanctuaires, temples ou torii, que l’on aurait également du mal à dater.

Lorsque l’on lit quelques interviews de Michael Kenna, on en apprend un peu plus sur son travail, son approche de la photographie. Ce qu’il appelle Conversation with the land, ses conversations préliminaires avec les arbres, son approche avec les sujets naturels qu’il va ensuite photographier.

Sometimes people ask me about films, cameras and development times in order to find out how to do landscape photography. The first thing I do in landscape photography is go out there and talk to the land – form a relationship, ask permission, it’s not about going out there like some paparazzi with a Leica and snapping a few pictures, before running off to print them.

Et ses choix de sujets naturels sont tout de même assez fascinant, comme les deux arbres montrés ci-dessus. Il y a aussi un rapport avec l’eau très fort et presque omniprésent dans les photos de Kenna: que ça soit l’océan, les lacs comme celui de Biwa, la neige à Hokkaido, les brumes des forêts de Shikoku qui contribue parfois à une ambiance pleine de mystères, un peu fantastique même. On y chercherait presque des personnages de légendes populaires japonaises dans ces paysages. Le fait qu’il expérimente aussi beaucoup les longues expositions donne un univers aux contours flous, parfois proche du rêve.

Les images sont parfois empreinte de minimalisme, lorsque la neige ou l’océan prend tout l’espace en laissant se dégager distinctement un élément naturel, souvent du bois que ça soit des branches d’arbre figées dans leur mouvement, des tiges enfoncées sur le bord de mer, ou encore des clôtures en zigzag sur une pente de colline. On est certainement proche du haïku. On est proche de la peinture également, au point qu’on se demande parfois s’il s’agit de photographie. Les interviews de Kenna nous apprennent son affection pour la peinture qu’il a apparemment appris pendant quelques années.

Photography, for me, is not about copying the world. I’m not really interested in making an accurate copy of what I see out there. I think one of photography’s strongest elements is its ability to record a part of the world, but also to integrate with the individual photographer’s aesthetic sense. The combined result is an interpretation – and the interpretation, I think, is what is interesting – when the subject goes through the filter of an individual human mind and emerges in a changed state – not the duplication or the recording of something.

Le site web de Michael Kenna est également très complet avec de nombreuses photos dans la galerie. Je découvre qu’il a publié un recueil sur Hokkaido que je serais curieux d’explorer. En même temps, celui que je me suis procuré, in Japan, contient déjà un très grand nombre de photos de Hokkaido. Pour terminer, une dernière petite phrase d’interview qu’il est toujours bon de garder en tête.

I think there is far too much literature and far too much emphasis upon the techniques of photography. The make of camera and type of film we happen to use has little bearing on the results.

Tokio struktur over the entire empire

Après Megastruktur, je repars vers les structures improbables en apesanteur au dessus de Tokyo, avec ici Shinjuku au loin. J’associe ici encore des éléments de différents buildings importés pour former cette structure volante. C’est derniers jours, j’écoute quelques jolis morceaux de chillwave: Calrissian de Millionyoung, Entire Empire de Viernes et The smoke de Home Video.

Maze of the hills

Vues sur des éléments de l’architecture de Kohn Pedersen Fox pour Roppongi Hills. Avec les deux photos cyclistes du billet précédent, ça faisait quelques temps que je n’avais pas mis en ligne des photos à l’état « naturel », c’est à dire sans une artillerie de modifications. Il faut dire que Roppongi Hills est déjà assez compliqué comme ça (dans la navigation), il n’y a pas vraiment besoin d’en rajouter.

Cards on wheels

Aperçus dans le garage à vélos de Roppongi Hills, des cartes postales avec illustrations manga sont affichées sur la roue d’un vélo de course rouge et blanc. Les rayons de couleur rouge de la roue et le blanc du cadre viennent même imiter le drapeau impérial, affiché également sur une autre carte avec le logo MDS. J’ai fait le curieux en essayant d’en savoir un peu plus sur ces mystérieuses décorations. L’avantage entre guillemets du numérique et des millions de pixels, c’est que l’on peut zoomer à la recherche d’indices. Sur la carte verte de la première photo, une phrase en anglais me permet de trouver la créatrice des deux illustrations manga: Eri Kamijo. Quand au drapeau et au logo, les inscriptions en japonais semblent indiquer qu’il s’agit d’une marque de vélo ou accessoires. Et j’arrêterais là mon travail de détective.