ニュウ、エスケープ

Ce creux au milieu de la façade du building à lamelles de bois de la première photographie du billet m’intrigue à chaque fois que je passe devant. A sa construction il y a environ deux ans, il était indiqué que cet espace serait utilisé par YouTube, mais je ne vois aucun signe extérieur l’indiquant. Il n’y a pas non plus de signe d’activité visible depuis l’extérieur et je me demande même si ce bâtiment si particulier est vraiment utilisé. Son design a été conçu par Kōichi Takada (高田浩一). J’aime beaucoup cette déflagration en hauteur. Un peu plus loin dans la même rue longeant la rivière bétonnée de Shibuya, on trouve plusieurs affiches collées à différents endroits, formant une sorte de guérilla publicitaire. Ces visages sont ceux du groupe d’idoles de l’agence Stardust, Momoiro Clover Z. A vrai dire, je pensais que le groupe, après avoir perdu une de ces membres, avait cessé ses activités. Il semble qu’elles fêtent plutôt l’anniversaire de leurs quinze ans de carrière. Il est vrai qu’on les voit encore régulièrement dans des publicités télévisées. Le temps de ces derniers week-ends est couvert et même pluvieux, ce qui me fait prendre moins de photos. J’ai de toute façon un stock d’une petite dizaine de billets en brouillon que je peine à écrire rapidement. Les journées sont longues et épuisantes. Elles me laissent peu de temps pour écrire, mais écrire est toujours pour moi une échappée nécessaire et même indispensable.

L’amateur de la musique de Sheena Ringo ne s’ennuie pas en ce moment. Le 17 Mai 2023, sortait le CD de deux titres W●RK et 2045, tous les deux excellents d’ailleurs, de la collaboration avec Millenium Parade de Daiki Tsuneta. Je ne l’avais pas réservé mais je suis passé l’acheter au Tower Records de Shibuya le soir du 16 Mai. Le magasin met en général dans les rayons les nouveautés le soir avant le jour de sortie. Il faut le savoir et ça permet de faire le malin ensuite sur les réseaux sociaux en disant qu’on a pu acheter et écouter le CD avant sa sortie officielle. C’est le Fying Get ou Furage (フラゲ) en japonais. Un nouveau single de Sheena Ringo est ensuite sorti cette semaine le 24 Mai. Il s’agit cette fois-ci d’un single solo intitulé Watashi ha Neko no Me (私は猫の目), sous-titré en français “Je suis libre”. Le CD que j’avais commandé sur Amazon, une fois n’est pas coutume, venait avec une carte postale montrant Sheena assise sur une moto devant la tour de Tokyo. Cette moto apparaissait également en logo pixelisé lors du récent concert. Comme je l’indiquais auparavant, il s’agit d’une Yamaha SR (reprenant donc ses initiales). Ce qui m’a presque choqué, c’est de me rendre compte que ce modèle de moto a été mis en production en 1978, soit l’année de sa naissance. Ce genre de détails me fascine toujours. J’aime vraiment beaucoup ce nouveau morceau Watashi ha Neko no Me, qu’elle avait également joué lors du concert, et je trouve qu’il gagne en saveur après plusieurs écoutes car sa construction musicale est, comme souvent chez Sheena Ringo, relativement atypique et terriblement sophistiquée. Dans la vidéo comme toujours réalisée par Yuichi Kodama, on la voit concrétiser son amour pour les chats en empruntant elle-même des yeux de chats. Elle n’est pas accompagnée par ses musiciens habituels, mais ce ne sont pas vraiment des visages inconnus non plus. À la guitare, on retrouve Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) du groupe NUMBER GIRL. Elles se connaissent depuis leurs débuts, étant toutes les deux originaires de Fukuoka. Elles ont déjà joué ensemble, en concert ou en session d’enregistrement. Rino Tokitsu (時津梨乃) à la batterie est une ancienne membre d’un des premiers groupes que Ringo avait formé à Hakata (Fukuoka), avant ses débuts. Ce sont donc également des amies de longue date. Rino Tokitsu a fait aussi partie d’un groupe appelé Roletta Secohan (ロレッタセコハン). Je suis par contre moins familier du nom de BIGYUKI aux claviers. Il est apparemment présent sur la scène hip-hop/jazz new-yorkaise. J’aime beaucoup ce court passage solo au clavier accompagnant le solo de guitare lourd et déstructuré d’Hisako. Il y a une certaine texture brute dans ce morceau, notamment dans la voix de Sheena Ringo. J’adore particulièrement quand elle crie son « Nya » en imitant le cri du chat, avec un côté un peu comique que je pense volontairement. Sa voix devient plus agressive au fur et à mesure du morceau, comme un chat qui sortirait ses griffes. Elle roule même un peu des ‘r’ et finit le morceau sur un ton sonnant comme du Enka, comme Yuu peut également le faire sur des morceaux de GO!GO!7188. En comparaison, la face B du single s’intitulant Saraba Junjō (さらば純情), sous-titré “Adieu innocente”, a un son beaucoup plus doux. On entend une partie de ce morceau à la toute fin de la vidéo qui prend une forme animée montrant Ringo conduisant cette fameuse Yamaha SR. Elle est revenue vers les sous-titrages des titres des morceaux en français. Le single prenant le sous-titre “Je suis libre” reprend ce thème de la liberté (自由) très présent dans sa discographie et ses paroles. Mais le single va plus loin en découpant la vidéo en dix scènettes prenant pour titres des proverbes français souvent en lien avec le monde des chats. Où irait le monde sans les chats? Les voici ci-dessous.

1. Un malheur ne vient jamais seul.
2. Être comme chien et chat
3. Un peu de honte est bientôt bue.
4. Qui m’aime au même mon chat.
5. Qui naquit chat court après les souris.
6. Chat échaudé craint l’eau froide.
7. À bon chat, bon rat.
8. Il ne faut pas réveiller le chat qui dort
9. Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
10. Ce qui est fait est fait.

Le vidéo du morceau Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) mentionne également la citation « La femme, comme le chat, a neuf vies. » de l’écrivain anglais John Heywood (1497-1580), connu pour ses pièces, poèmes, et ses recueils de proverbes. J’ai le sentiment que ce morceau ouvre de nouvelles pistes dans sa discographie et ça me satisfait beaucoup de voir qu’elle ne manque pas d’inspiration. C’est une promesse de nouvelles échappées belles.

A ce propos, Sheena Ringo fête ce samedi 27 Mai 2023, ses 25 années de carrière après la sortie de son premier single Kōfukuron (幸福論) le 27 Mai 1998. Je me demande d’ailleurs pourquoi elle n’a pas sorti le nouveau single le 27 Mai, plutôt que le 24. A l’occasion de ce nouveau single et de cet anniversaire, elle sera présente dans les médias télévisés ces prochains jours, notamment à l’émission KanJam avec Daiki Tsuneta (pour une deuxième fois) le dimanche 28 Mai et pour une émission spéciale de la NHK le 1 Juin 2023. J’aurais certainement l’occasion d’en reparler ici. Cet anniversaire m’a donné l’occasion de porter mon t-shirt de la tournée (celui avec la moto pixelisée) et d’aller au magasin Tower Records de Shinjuku car une petite exposition spéciale y avait lieu. Dans une partie du magasin, on y montrait la moto Yamaha SR, les tenues utilisées pour la vidéo de Watashi ha Neko no Me, une photo géante, entre autres. Un bandeau est accroché pour ses 25 années de carrière. On retrouve sa signature encadrée datant du 14 Novembre 2019, avec les messages Koko ha Shinjuku Desu (ここは新宿です) et Merci, mais le verre du cadre est étrangement cassé à plusieurs endroits. Est ce un accident de manipulation ou est ce volontaire car il est montré tel quel dans le magasin. C’est peut-être un peu des deux, mais ce cadre avait en tout cas été enlevé (il me semble) après le réaménagement du magasin. On y vendait aussi des goods de la société de production Vivision de Yuichi Kodama, qui réalise la quasi totalité des vidéos et concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. Les t-shirts étaient pratiquement tous en rupture de stock, et je crois comprendre d’après mon fil Twitter qu’ils ont une certaine popularité. Un petit panneau demande aux visiteurs de poser une pastille pour leur album préféré. Je ne suis pas surpris de voir arriver Muzai Moratorium en tête. Un morceau comme Marunouchi Sadistic sorti sur cet album fait pratiquement partie de l’histoire musicale japonaise. Mon fils l’a même chanté récemment au karaoke avec ses copains et copines de classe de lycée. Je n’étais pas le seul habillé aux couleurs de l’artiste en cette journée de samedi. Dans un tout autre endroit à Shibuya Hikarie, une femme et son mari me regardaient en souriant. Je me suis d’abord demandé la raison, pour comprendre ensuite qu’elle portait elle-même un sac à l’effigie de Tokyo Jihen. Peut-être est ce dû à cette date anniversaire.

suspension roof structure

Dès que j’en ai l’occasion, je profite toujours d’une marche près du parc Yoyogi pour approcher au plus près le gymnase olympique conçu par Kenzo Tange pour les Jeux Olympiques de Tokyo de 1964. Ces superbes lignes courbes me font toujours penser qu’il s’agit du plus bel ouvrage architectural de Tokyo. D’autant plus qu’il a été rénové avant les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 (en 2021). Je suis déjà rentré plusieurs fois à l’intérieur du gymnase principal pour des spectacles, mais il reste en général fermé en dehors de ces événements programmés. Il est par contre plus facile d’entrer dans le gymnase plus petit de forme arrondie placé juste à côté. Il s’y déroule de temps et temps des compétitions sportives amateurs. Cette fois-ci, il s’agissait d’une compétition de jeunes et même très jeunes karatéka. L’entrée était libre et je n’ai donc pas hésité à y rentrer pour apprécier l’œuvre architecturale en pleine utilisation. Je suis à chaque fois impressionné par la dynamique de la structure de câble faisant une courbe et portant le toit en suspension. La forme courbe du toit me fait penser à un drap accroché à un fil à linge qu’on aurait légèrement tendu et coincé à son extrémité par des pierres au sol pour ce faire une sorte de cabane. Je vais un peu loin dans l’image mais la dynamique libre de cette toiture m’y fait beaucoup penser. Cette toiture est ingénieuse et en quelque sorte artisanale comme si chaque courbe avait été soigneusement sculptée. Le texte explicatif disponible sur le site web de l’architecte nous parle d’un espace destiné à créer un esprit d’unité entre les athlètes et les spectateurs, et que l’existence de piliers aurait obstrué ce lien. La réponse de Kenzo Tange à cette aspiration a été de concevoir ce toit suspendu par tension pour créer un très large, dans un système similaire à celui que l’on trouve sur les ponts. L’extérieur est tout aussi impressionnant que l’intérieur. Le mur de pierre qui entoure l’édifice prend par endroit des formes de vagues. Je le trouve reminiscent des murs de forteresses médiévales. Sur les quelques photographies que je montre sur ce billet, j’essaie de comparer sa taille à celle de passants traversant la place qui sépare les deux gymnases. De l’extérieur, l’élégance de ses lignes est indéniable. Ce gymnase est conçu comme une véritable œuvre d’art, que Tokyo n’est heureusement pas prêt à avaler.

Underground discharge channel (2)

Continuons avec quelques autres photographies du gigantesque réservoir d’eau de Kasukabe constituant la pièce centrale du Metropolitan Outer Area Underground Discharge Channel. Cet ensemble utilisant des technologies d’ingénierie civile de premier plan a vu sa construction démarrer en 1993. Il aura fallu 13 années pour construire cet ensemble de sécurité destiné à atténuer les risques d’inondations dans le bassin des rivières Nakagawa et Ayase. Comme je l’indiquais dans le billet précédent, je ne me lasse pas de prendre l’intérieur du réservoir en photo. Je montre cette fois-ci quelques photos avec d’autres visiteurs pour donner un meilleur ordre d’idée de la taille de l’ensemble. Je montre également quelques autres photos prises à l’iPhone sur mon compte Instagram. L’iPhone se débrouille un peu mieux que mon appareil reflex (sans pied) pour prendre des photos en basse lumière. La cinquième photo du billet montre au loin le bâtiment principal où se trouvent les turbines de pompage. Le réservoir se trouve dessous le vaste espace vert devant ce bâtiment.

Avant de reprendre la route vers Tokyo, nous nous arrêtons à la gare routière Michi-no-Eki Showa pour déjeuner, puis nous ferons ensuite un petit détour vers Watarase Yusuichi (渡良瀬遊水地) aux limites des préfectures de Saitama (埼玉県), de Gunma (群馬県) et de Tochigi (栃木県). On y trouve un autre bassin de création humaine destiné à accueillir le surplus d’eau, d’une manière un peu similaire au complexe de Kasukabe mais de façon plus traditionnelle et certainement beaucoup moins efficace, car il s’agit seulement de lacs artificiels accompagnés de barrages. Nous n’aurons malheureusement pas assez de temps pour voir ce grand lac artificiel, car notre objectif était avant tout de voir le point où se découpent les trois préfectures mentionnées ci-dessus. Zoa voulait absolument voir cet endroit et on a donc profité de notre déplacement à Kasukabe pour filer un peu plus loin jusqu’à Watarase Yusuichi. Moi qui pensait être un peu trop spécifique et ’maniaque’ dans les choix de destinations du week-end, je me rends compte que mon fils me dépasse largement. Ce qui était étonnant, c’est que nous n’étions pas les seuls à venir voir ce point de jonction entre trois préfectures. Une dizaine de personnes incluant des enfants étaient là en même temps que nous. Il faut dire que l’endroit, entouré de rizières, est particulièrement agréable pour se promener. Il s’agit d’un des seuls points de jonction de trois préfectures facilement accessible car ceux-ci se trouvent en général plutôt à la pointe de certaines montagnes, et sont donc plus difficiles d’accès. Il nous fallait revenir à Tokyo avant 17h et le temps nous pressait donc un peu. Il nous faudra venir visiter cet endroit prochainement.

Underground discharge channel (1)

Je voulais visité le grand réservoir à eau près de la ville de Kasukabe dans la préfecture de Saitama depuis un moment mais cette visite demande un petit peu de préparation car il faut réserver sa place quelques semaines à l’avance. J’ai assez facilement convaincu la petite famille de venir car ça fait un moment que j’en parlais. Il faut environ une heure d’autoroute depuis le centre de Tokyo pour s’y rendre. Je commence à bien connaître l’autoroute du Tōhoku qui est en train de devenir progressivement une de mes préférées, tout simplement parce que je n’y ai pas vu d’embouteillages jusqu’à présent. Nous arrivons environ une demi-heure avant le début de la visite ce qui nous laisse un peu de temps pour faire un tour du musée. Le grand réservoir à eau qui se trouve sous-terre et qui est surnommé sanctuaire souterrain est le point central de notre visite et l’élément clé du système de décharge d’eau. Le bassin formé par les rivières Nakagawa et Ayase dans cette zone de Saitama près de Kasukabe a souffert d’inondations répétées dans le passé, car il s’agit d’une zone basse formant un bol entouré de rivières importantes comme celles de Tone, d’Edogawa ou d’Arakawa. La configuration du terrain fait que l’eau s’y accumule facilement. Le système souterrain de décharge en eau (underground discharge channel) a été créé pour atténuer ce risque d’inondation. Il ne se compose pas seulement d’un grand réservoir, celui que l’on peut visité, mais de plusieurs gigantesques puits creusés aux bords de plusieurs rivières du bassin. Il y a en tout quatre puits de béton de 15 à 30 mètres de diamètres pour 60 à 70 mètres de profondeur installés au bord des rivières Ōotoshifurutone, Kōmatsu, Kurumatsu, Nakagawa entre autres. Ces puits viennent récupérer le surplus d’eau provenant des rivières lors de grandes pluies ou de typhons. Chaque puit est relié à un tunnel souterrain d’une longueur totale de 6.3kms par lequel l’eau circule jusqu’au réservoir de décharge. Le tunnel placé à 50m sous le sol fait environ 10m de diamètre et il est relié à son extrémité à un cinquième puit de 71m de profondeur relié au réservoir de décharge (Pressure-adjusting Water Tank). Le surplus d’eau vient ainsi s’accumuler dans le gigantesque réservoir de béton, un des plus grands au monde, pour être ensuite libéré progressivement grâce à un système de pompes dans la grande rivière d’Edogawa qui coule juste à côté. En résumé, le système de drainage vient pomper l’eau des rivières situées dans des zones susceptibles d’être inondées pour la déverser dans une autre rivière se trouvant en dehors des zones de terres basses à plusieurs kilomètres de là.

La visite guidée du réservoir souterrain se fait par groupe de cinquante personnes maximum. On y accède de l’extérieur depuis une ouverture en béton comme celle que je montre sur la première photographie du billet. Un escalier de plus de cent marches nous amène assez rapidement jusqu’au sanctuaire souterrain. On est tout de suite saisi par la fraîcheur des lieux, mais surtout par le gigantisme des lieux. Le réservoir fait 177m de longueur, 78m de largeur et 18m de haut. J’admire ces piliers massifs de béton. On est ici en pleine architecture brutaliste et j’ai une fois de plus tendance à penser que les plus belles architectures sont celles de l’ingénierie civile. Il s’agit en l’occurence ici d’un véritable chef-d’oeuvre. La sensation d’espace est saisissante mais je n’ai pas essayé d’y crier (« ya-hooo ») pour voir s’il y avait de l’écho. Le réservoir est bien entendu vide, à part quelques petites flaques d’eau résiduelles. Il serait bien entendu fermé en cas de typhon ou de pluies importantes qui pourraient amener son utilisation. On reverrait de voir ce dispositif en pleine utilisation, de témoigner des mouvements d’eau, mais ça voudrait dire que des inondations sont en cours dans le bassin. On souhaite donc plutôt que ce genre de dispositif de sécurité soit le moins utilisé possible.

Ces gigantesques piliers de béton m’impressionnent vraiment. On pense tout de suite à un temple de l’antiquité gréco-romaine où le gigantisme était la norme. On ne peut malheureusement pas marcher à sa guise dans l’ensemble de l’espace, car la zone visitable est limitée par une petite corde au sol. Je ne l’avais d’abord pas vu et je me suis aventuré quelques mètres en zone interdite avant de me faire gentiment rappeler à l’ordre par une dame de la sécurité accourant vers moi. Je comprends tout à fait l’aspect sécurité mais on aurait aimé pouvoir marcher un peu plus au fond du réservoir. Je ne pense qu’on puisse se perdre à l’intérieur du réservoir. On peut également apercevoir le grand puit (shaft n.1) de 31m de diamètre pour 71m de profondeur qui relie le tunnel au grand réservoir. C’est par ce puit que remontent les eaux provenant des autres rivières du bassin. Je me suis rendu compte qu’un autre tour permettait de marcher autour de ce grand puit par groupe de 20 personnes (pour un prix de 3000 yens par personne). Notre visite se limitait en fait au réservoir, soit 1000 yens pour 1h de visite en tout. Si c’était à refaire, on tenterait également la visite du puit bien que les réservations semblent un peu plus compliquées à obtenir. En 1h, on a largement le temps de profiter de l’intérieur du sanctuaire souterrain et j’en profite pour prendre beaucoup de photos qui finissent d’ailleurs par toutes se ressembler. Mais je ne me lasse pas de prendre ce béton en photo sous tous les angles possibles. Je continuerai avec d’autres photographies dans un prochain billet. Comme je le mentionnais au début du billet, on peut également visiter un petit musée qui a le mérite de montrer visuellement l’agencement des puits, tunnel et réservoir sur une carte de la zone. On peut également voir le centre de contrôle du drainage par pompes (sur la deuxième photographie du billet). Elle contrôle les quatre gigantesques pompes en mesure de drainer 50m3 d’eau par seconde, soit l’équivalent d’une piscine de 25m de longueur remplie d’eau (200m3 donc). Ces pompes utilisant des turbines à gaz sont les plus grandes du Japon. Là encore, un autre tour permet la visite de cette machinerie. Cette salle de contrôle a été utilisée plusieurs fois pour des drama télévisés, comme récemment Captured Hospital (大病院占拠) avec Sho Sakurai (櫻井翔) et Fuma Kikuchi (菊池風磨), My Family (マイファミリー) avec Kazunari Ninomiya (二宮和也) et Mikako Tabe (多部未華子), mais également pour un des films de la série Ultraman. On imagine assez bien, comme pour les carrières souterraines de pierre d’Oya, le potentiel cinématographique de ce genre d’endroits. Et sur la photo du centre de contrôle, on ne manquera pas de remarquer la présence de Kobaton, la mascotte en forme de pigeon de la préfecture de Saitama.

そうだ、東北へ行こう!❻

Lorsqu’on s’intéresse à l’architecture japonaise, on ne peut pas ne pas remarquer une étrange pagode appelée Sazaedō située dans périphérie de la ville d’Aizu Wakamatsu car elle est si unique et particulière qu’on la voit souvent en photo dans les livres d’architecture. Je pense l’avoir aperçu pour la première fois en photo en 2010 car j’en parlais dans un billet à cette époque là et j’ai eu depuis une grande envie d’aller la voir. L’occasion ne s’était pas présentée jusqu’à maintenant, car je ne souhaitais pas non plus faire déplacer toute la famille jusqu’à Fukushima pour l’unique raison d’aller voir cette structure aux airs difformes. Elle se trouve sur le Mont Iimori mais est très facilement accessible, au bout d’un long escalier de pierre. Elle n’est par contre pas très bien indiquée depuis la route et nous avons fait quelques allés et retours avant de la trouver. Voir cet objet architectural devant moi pour la première fois a provoqué une émotion forte et j’en avais presque les larmes aux yeux. Mais ce sentiment s’est vite transformé en une excitation certaine de découvrir l’intérieur de la pagode.

Aizu Sazaedō (会津さざえ堂), de son vrai nom Entsū Sansōdō (円通三匝堂), a été construite en 1796 par le moine Ikudo. L’architecture de l’édifice est très particulière car elle se compose d’une double hélix dans une structure hexagonale mesurant 16.5 mètres de haut, faite entièrement de bois. Un peu comme l’escalier à double révolution du château de Chambord, les pèlerins qui monte l’escalier interne du Sazaedō ne rencontrent pas ceux qui descendent. L’intérieur de la pagode-temple n’est en fait qu’un long escalier qui monte jusqu’au sommet et redescend ensuite jusqu’à la sortie à l’arrière du bâtiment. Il n’y a aucun salle à l’intérieur, à part peut-être le dernier des trois étages placé juste au dessous du toit. Le terme Entsū Sansōdō utilisé pour nommer cette pagode signifie en fait de faire trois tours entiers. Marcher à l’intérieur de cette spirale qui monte et descend est une expérience en elle-même car on ressent l’âge du bâtiment, le bois craquant sous nos pas. On avance doucement en ayant un peu peur que tout s’effondre. Il y a heureusement assez peu de visiteurs. Je me dis qu’une structure pareille doit être impossible à restaurer.

La structure du Sazaedō formant un chemin hélicoïdal qui monte jusqu’au sommet et redescend ensuite jusqu’à la sortie sans que les pèlerins se croisent a une fonction bien précise. Il s’agit en fait d’une retranscription dans un unique bâtiment du pèlerinage de Chūgoku Kannon composé de 33 temples bouddhistes des préfectures d’Okayama, Hiroshima, Yamaguchi, Shimane et Tottori. On retrouve 33 statues de la déesse Kannon le long du chemin à l’intérieur du bâtiment. Le Sazaedō est donc conçu comme une version miniature de ce pèlerinage. Les statues originales ont par contre été enlevées au moment de la restauration Meiji. Nous prenons notre temps pour faire ce pèlerinage à notre façon, et je ne me lasse pas de prendre des photos de l’intérieur et de l’extérieur. L’entrée du Sazaedō est particulièrement étrange et détaillée avec une figure de dragon venant se faufiler dans le fronton de bois sculpté. Un petit temple se trouve à proximité de la pagode et on peut bien sûr y récupérer un sceau goshuin que je suis bien content d’ajouter dans ma collection. Les cerisiers nous font le plaisir d’être en fleurs à notre passage, et je tente bien entendu quelques photographies superposant Sakura et Sazaedō. D’autres sont visibles sur mon compte Instagram. Mais les cerisiers seront beaucoup plus nombreux lors de notre prochaine étape au château Tsurugajō d’Aizu Wakamatsu.