櫻vsミモザ

Les cerisiers sont clairement en retard à fleurir cette année alors on regarde plutôt les mimosas. Ceux des trois dernières photographies du billet viennent d’un arbre aperçu à l’entrée du temple Saihōji (西方寺) situé à Kōhoku (港北) dans la banlieue de Yokohama. Le temple est très fleuri, ce qui est peut être dû au fait qu’il est situé juste en face d’un grand magasin de plantes. C’était en fait notre destination car on avait l’intention d’acheter un petit arbuste mimosa pour le balcon de l’appartement. Il y a bien des cerisiers en fleurs sur ce billet mais ils proviennent d’un tout autre endroit. Nous sommes sur la troisième photographie à l’entrée du petit temple Jufukuji (寿福寺) à Kami-Meguro. Sur la première photo, il s’agit de la résidence Park Homes Nakameguro par IOA Takeda Architects Associates. J’avais en fait déjà mentionné cette résidence dans un billet précédent car ses lignes obliques sont remarquables.

Le morceau Zezezezettai Seiiki (絶絶絶絶対聖域) interprété par Ano (あの) avec Lilas Ikuta (幾田りら) de Yoasobi est le thème d’un film d’animation en deux parties intitulé Dead Dead Demon’s DeDeDeDe Destruction (デッドデッドデーモンズデデデデデストラクション) tiré d’un manga du même nom créé par Inio Asano (浅野 いにお). Les voix des deux protagonistes principales, les lycéennes Kadode Koyama (小山門出) et Ouran Nakagawa (中川凰蘭), sont assurées par Lilas Ikuta et Ano respectivement, ce qui explique certainement cette association inhabituelle pour le thème du film. J’ai entendu ce morceau pour la première fois lors de l’émission Music Station du 22 Mars 2024 et j’ai été très agréablement surpris par la voix d’Ano qui peut être très inégale suivant les morceaux qu’elle chante. Je pense aussi que la voix d’Ikura (diminutif de Lilas Ikuta) en duo place les parties chantées au bon niveau. Ano s’en sort en général bien pour les morceaux ayant une agressivité certaine et c’est le cas sur ce morceau lorsqu’elle crie à plusieurs reprises “DeDeDeDe Destruction”. En comparaison, la voix d’Ikura est clairement moins à l’aise sur ces parties agressives. Ce contre-emploi est en tout cas très intéressant, car on se dit qu’Ano apporte un élément musical qu’elle maitrise très bien par rapport à Ikura qui semble sortir de son domaine de prédilection. Ano a écrit les paroles du morceau et la composition musicale est de TK from Ling tosite Sigure (凛として時雨). On ressent fortement la touche musicale de TK sur ce morceau et on croirait même entendre TK chanter, et crier comme il sait si bien le faire, sur certaines parties du morceau. La vidéo du morceau est très réussie, reprenant à priori des éléments du film d’animation et des scènes ressemblant à un jeu vidéo de tir à la première personne qui dépasserait la réalité. Cette vidéo a été réalisée par Mizuno Cabbage du groupe UNDEFINED (アンディファインド) qui a également réalisé plusieurs vidéos pour Vaundy dont Tokyo Flash (東京フラッシュ) et Naki jizō (泣き地蔵), et un teaser pour un Live et documentaire du groupe PEDRO intitulé 1-Shūkan tōbō Seikatsu (1週間逃亡生活). Je vois aussi qu’UNDEFINED a créé une partie des effets spéciaux (CG) de la fabuleuse vidéo du single SPECIALZ de King Gnu.

En parcourant les rayons du Disk Union de Shimokitazawa, je prends en passant un petit livret gratuit avec justement Ano en couverture dans les rayons du dit magasin de disques. Ano sera en fait l’ambassadrice du RECORD STORE DAY JAPAN 2024 qui aura lieu le 20 Avril 2024. Je ne prête en général pas beaucoup attention à cette date annuelle car je ne collectionne pas les disques vinyles. Le petit livret contient une interview d’Ano et de son groupe rock I’s, également retranscrite sur une page web. L’interview n’a rien de transcendant à part le fait de nous apprendre qu’Ano choisit ses albums en fonction de la pochette. Je comprends bien cette approche dans la découverte de nouvelles musiques car je l’utilise également, bien que ça ne soit pas bien sûr mon seul critère de sélection. J’aurais par contre tendance à passer mon chemin si un ou une artiste ou un groupe a une approche artistique qui me déplaît. Ça dit à mon avis quelque chose sur sa musique. Dans cette interview, les membres de I’s choisissent certains albums dans les rayons du magasin, comme ils le montrent sur la photo ci-dessus extraite du livret. Ano choisit l’album rock alternatif Bandwagonesque du groupe écossais Teenage Fanclub, que je prends plaisir à réécouter en écrivant ce billet. L’album date de 1991 mais je ne l’avais malheureusement pas découvert à cette époque, bien que je me souvienne très bien de la pochette vue maintes fois dans les magazines musicaux que je dévorais pendant mes années adolescentes. La sélection du groupe m’est intéressante car on y trouve d’autres albums que j’apprécie, notamment Goo de Sonic Youth qui est le premier CD du groupe que j’ai acheté en 1991, peu de temps après Nevermind de Nirvana (toujours de 1991). Colors (2017) de Beck est également un album que j’aime beaucoup et que je réécoute assez souvent, bien que très différents des chefs d’oeuvre que sont Mellow Gold (1994) et Odelay (1996). Je ne connais pas par contre le groupe londonien The Hit Parade et l’album More pop songs, présenté sur la photo ci-dessus par un des membres du groupe. J’écoute par curiosité le morceau Hitomi évoquant Tokyo, mais cette pop indé ne me convient qu’à moitié. En lisant cette interview, je me dis que j’aimerais aussi pouvoir choisir des albums au feeling en ne connaissant absolument rien d’un groupe, mais ça m’est difficile. Peut-être est ce dû au fait que quand j’étais adolescent, l’accès à la musique alternative sans internet n’était pas aussi simple que maintenant. Il fallait se déplacer dans la ville voisine à plusieurs kilomètres en voiture et acheter un album en ne connaissant au mieux qu’un ou deux titres. Il fallait donc se renseigner en se fiant aux critiques d’albums publiées dans la presse musicale. Et quand on se trompait et achetait un album qu’on aimait plus que moyennement, on se forçait quand même à l’écouter vue la somme dépensée dans l’achat du CD. J’ai de ce fait un peu de mal à choisir des albums à la légère. Il faut parfois des années pour apprécier la juste valeur d’un album. C’était le cas de Heaven or Las Vegas de Cocteau Twins (1990) que j’ai mis beaucoup de temps à aimer, et dont certains morceaux comme Cherry-Coloured Funk et Heaven or Las Vegas sont pourtant de véritables chefs-d’œuvre.

un fragment d’océan

Cette série de photographies datent de la toute fin du mois d’août lors d’un passage dans la banlieue de Yokohama pour aller faire quelques courses dans le centre commercial contenant le magasin Uniqlo et GU conçu par Sou Fujimoto, que j’avais déjà montré sur Made in Tokyo. Comme je ne me sentais pas d’attaque pour marcher en rond dans les couloirs du centre commercial, après une bonne heure de circulation encombrée, je préfère marcher au bord de la Yokohama Bayside Marina (横浜ベイサイドマリーナ) où sont accostés de nombreux bateaux privés. On ne peut malheureusement pas les approcher de près, sans avoir accès aux quais de la Marina. Je n’ai strictement aucune connaissance et intérêt particulier pour les bateaux de plaisance, mais j’ai quand même été surpris de reconnaître sur le cruiser de la troisième photographie du billet le logo de la compagnie de design Fragment (フラグメント) d’Hiroshi Fujiwara (藤原ヒロシ). Hiroshi Fujiwara s’est fait connaître il y a de nombreuses années pour ses marques de street wear, au design grandement importé des modes vestimentaires US, que l’on pouvait trouver dès la fin des années 80 et début 90 dans les rues d’Ura-Harajuku avec ses compères Jun Takahashi (高橋盾) de Undercover ou Nigo de A bathing Ape. On le surnomme d’ailleurs le godfather d’Ura-Harajuku ou le King of Street (キング・オブ・ストリート) comme j’ai pu le voir écrit. Il a plus tard lancé Fragment design qui se base principalement sur des collaborations avec des grandes marques, comme Maserati dont j’avais déjà parlé. Le X47 EXPRESS CRUISER est un bateau conçu par le designer industriel Ken Okuyama (奥山清行) pour Yanmar, dont je parlais justement récemment pour son élégant quartier général à Tokyo. Ken Okuyama est un designer talentueux. Je pense par exemple aux lignes superbes du Shinkansen E7 HOKURIKU dont il a dessiné l’extérieur et l’intérieur. La version de ce même cruiser modifiée par Fragment prend le nom de X47FRGMT. Pour être très honnête, je suis à chaque fois dubitatif quant au véritable apport de Fragment sur ce type de projets. Le design n’est en rien modifié mais les peintures sont noires comme toujours avec un classique apport de boiseries sur le sol du bateau et le petit logo de la marque. Tout ceci manque quand même terriblement d’inventivité. Je suis sûr que les designers de Yanmar auraient pu imaginer eux mêmes une version luxe de leur propre cruiser.

チャイナアドバイス

Notre dernier passage dans le quartier chinois (中華街) de Yokohama date de Février 2021. Comme la dernière fois, nous y sommes allés à l’occasion du Nouvel An chinois. Nous y allons à chaque fois une semaine après l’événement pour éviter la foule mais elle était particulièrement présente cette année par rapport à la dernière fois. La crise sanitaire se fait petit à petit oublier mais ce réajustement à la normale prend décidément beaucoup de temps au Japon. Je ne suis pas en mesure de juger pour l’instant si c’est de bonne augure ou pas. Les rues du quartier sont décorées et prennent des couleurs alors que la nuit commence à tomber tranquillement. Il y a des spectacles de rue mais les files d’attente nécessaires pour y assister nous obligent à passer notre chemin. Nous passons visiter les deux temples extrêmement décorés du quartier chinois. Une fois n’est pas pas coutume, nous rentrons même cette fois-ci à l’intérieur après avoir déposé des tiges d’encens. On ne peut pas venir à Chinatown sans avoir déjeuné ou dîné dans un des nombreux restaurants. Celui où nous entrons a l’air de rien en apparence extérieure mais est très bon et même réputé. Nous l’avions sélectionné à l’avance mais nous avons hésité quelques instants avant d’y pénétrer car son entrée se situait dans une rue très étroite qui nous a fait douter sur le moment. Et le titre de ce billet m’est directement inspiré par un morceau que j’aime beaucoup du groupe SōTaisei Riron (相対性理論) intitulé China Advice (チャイナアドバイス) sur l’album Synchroniciteen. J’aime toujours beaucoup la manière avec laquelle Etsuko Yakushimaru vient faire jouer les mots les uns avec les autres. Ce morceau a été souvent repris et je connais notamment la version sous-titrée China Advice (blackboard version) de -RöE- (ロイ) où elle chante accompagnée de pandas musiciens particulièrement habiles.

Sur le blog, j’ai continué cette dernière semaine à simplifier l’entête en ne conservant que quelques liens vers les pages statiques les plus visitées à savoir celles des archives et celle de présentation générale intitulée A propos. Les liens sociaux et les autres pages statiques ont été regroupées sous un nouvelle page nommée En savoir plus. Ce nom de page ne me convient pas tout à fait, mais je n’ai rien trouvé de mieux pour l’instant. J’aimerais à l’avenir améliorer un peu ma page d’archives mais je n’ai pour l’instant qu’ajouté une photographie d’entête (plutôt ancienne d’ailleurs). Il n’y a donc plus que trois liens visibles sur l’entête de la page principale. Je ne suis habitué à ce nouveau titre encadré en japonais et c’est même ce nouveau titrage qui m’a obligé à aller vers plus de simplicité.

passage au temple Sojiji

J’ai en ce moment un peu de mal à tenir mon rythme de publication car j’ai beaucoup plus de photos en attente que de textes écrits pour former des billets. Mon appétit pour l’écriture était relativement en berne ces derniers jours. Malgré l’envie d’écrire, la fatigue accumulée m’a éloigné de la plume.

Ces quelques photographies ont été prises le mois dernier près de Kawasaki dans le grand temple bouddhiste de Sojiji. Ce n’est pas un endroit particulièrement touristique mais il vaut le détour pour la grandeur de ses temples. L’enceinte de Sojiji est vaste, comptabilisant en tout 500,000 m2. Un cimetière occupe une partie de l’enceinte, derrière le vaste parc dans lequel sont disposés plusieurs halls. On y trouve aussi une école avec université, lycée, collège et maternelle. Il devait y avoir une journée portes-ouvertes car les jeunes étudiants accompagnés de leurs parents étaient nombreux à attendre sagement devant l’entrée. Les origines du temple Sojiji remontent à l’an 1321, il y a donc environ 700 ans. Le temple fondé par Keizan Zenji se trouvait initialement sur la péninsule de Noto dans la préfecture d’Ichikawa. En 1898, un incendie entraîna le déménagement du temple. Il s’installa à Tsurumi près de Kawasaki en 1911. On y pratique et enseigne le Sōtō Zen, qui est la plus importante des écoles zen du Japon avec plus de 14,000 temples. Sojiji, qui veut dire temple dans lequel sont préservés les enseignement de Bouddha, en est le temple principal au Japon.

Uniqlo Park par Sou Fujimoto

Le Uniqlo Park (ユニクロパーク) se trouve dans l’arrondissement de Kanazawa à Yokohama, en bordure du grand espace commercial Mitsui Outlet Park Yokohama Bayside. Ce magasin regroupant en fait les marques Uniqlo et GU aurait pu être d’une conception et d’une apparence tout à fait classique mais l’architecte Sou Fujimoto (藤本壮介) proposa de le transformer en parc pour enfants. Je pense qu’il doit partir du principe qu’il faut bien occuper les enfants pendant que les parents font leurs achats vestimentaires. Le bâtiment entièrement de couleur blanche voit son plafond découpé à l’oblique. On peut y accéder par un grand espace ouvert donnant sur un port de plaisance. Ce toit de building construit à l’oblique se compose de plusieurs étages plateformes séparés par des escaliers, des toboggans et divers parois obliques destinées à être grimpées. Tout en haut du building, on trouve des jeux de cordes permettant aux enfants de grimper encore un peu plus haut. Les entrées à l’intérieur du magasin à chaque niveau se composent de blocs aux vitrages verdâtres. Ils sont très élégants tout comme l’ensemble de cet immeuble – espace de jeux. J’aurais bien essayé tous ces toboggans et cordages d’alpiniste amateur mais je n’étais malheureusement pas en tenue adaptée. C’est bien dommage car ça aurait été l’occasion sur ce blog de faire un article du type « J’ai testé pour vous » pour « valider » (ou pas) cet espace de jeux architectural. Ça sera certainement pour une prochaine fois. L’espace dégagé qui se crée sur ce plan à l’oblique est très agréable car la vue est également dégagée, donnant sur un brin de mer de la baie Negishi où sont amarrés quelques yachts qui n’ont pas l’air de souvent sortir en mer.