trois vues sur la ligne Yamanote

Les voies sont toutes tracées, il suffit de les suivre. On les suit jour après jour, du matin au soir, comme une mécanique bien huilée qui ne prend pas d’avance ni de retard. Les bifurcations sont peu nombreuses et pré-établies, on ne peut les changer qu’à ses risques et périls. On y pense de temps en temps mais on n’en fait rien, le chemin est déjà là, emprunté des milliers de fois sans incidents de parcours. La nuit, lorsque les machines mécaniques s’arrêtent, on est libre d’explorer d’autres lieux par l’esprit, de s’égarer dans les espaces inconnues de la ville, jusqu’au petit matin où il faut se remettre dans le rail, prêt au départ.

des structures et des notes

Alors que je m’étais décidé à terminer ma série de megastructures en créant une page dédiée appelée Megastruktur en en-tête du blog, l’envie me revient de créer une nouvelle composition dans ce style. J’ai créé cette structure flottante faite de surfaces de buildings depuis quelques temps, plusieurs années peut être, mais je ne l’avais pas encore placée dans son environnement tokyoïte. Ici, la structure se trouve au dessus du centre de Shinjuku. Bien que j’en avais pas l’intention initialement, il est fort possible que j’ajoute de temps en temps de nouvelles megastructures au dessus de Tokyo dans ma série.

Un billet de mahl sur son blog m’interpelle car il nous parle de son exercice régulier d’écriture sur des carnets – papier, comme une alternative à l’écriture sur un blog – électronique. Je ressens également ce besoin d’écrire régulièrement et jusqu’à récemment je le faisais uniquement sur Made in Tokyo. J’ai commencé à tenir un journal papier il y a plus de deux ans. A défaut de l’appeller journal intime, je l’appelais plutôt journal de bord. Il me servait d’abord à écrire des textes personnels que je ne pouvais pas écrire sur un blog, car trop personnel justement. Les périodes les plus difficiles étaient propices à l’écriture. Ce journal de bord est petit à petit devenu un carnet de préparation des billets que je publierais ensuite sur Made in Tokyo en les recopiant et en ajustant au passage certains mots et phrases. Depuis plus d’un an, pratiquement tous les billets de Made in Tokyo passent donc d’abord par cette préparation sur papier. Je me suis rendu compte que d’écrire sur papier me permettait une plus grande concentration par rapport à l’écriture directe sur un écran d’ordinateur. Ces carnets me permettent également d’y conserver des images, des tickets de musée, des essais de dessins, des mots clés de sujets qui m’interessent en vue d’une recherche ultérieure sur internet… Et puis, je prends un plaisir certain à reprendre l’écriture au stylo plume, que je n’avais pas utilisé depuis mes années d’étudiant. L’envie de concentrer ma modeste écriture sur papier seulement dans des carnets, plutôt que sur le blog, se fait très souvent sentir. À vrai dire, écrire sur internet sur un blog est censé avoir pour finalité le partage, mais ne va pas sans certaines frustrations parfois, lorsque par exemple, un billet qui a pris un certain temps à écrire n’est en fait vu que par très peu de personnes ou qu’on s’attend à des réactions sur certains billets qui nous semblent importants. Dans ces situations précises qui arrivent régulièrement, l’envie de faire table rase du blog tourne en boucle dans ma tête. Si j’étais impulsif, je l’aurais fait depuis longtemps, mais ça aurait été un grand tord. Dans ces moments là, je me replonge dans les archives du blog, je feuillette quelques billets d’un ou deux mois pris au hasard des 14 dernières années documentées sur Made in Tokyo. Je ne sais pourquoi mais je suis persuadé que Made in Tokyo a un destin plus grand que quelques billets publiés dans un recoin d’internet. C’est cette illusion qui me fait continuer de semaines en semaines et d’années en années, sans faiblir, ou très peu. Ou peut-être s’agit il seulement du besoin d’écrire en français qui se fait plus fort au fur et à mesure des années.

Ce long serpent à la couleur grisâtre couvre un tunnel routier. On peut marcher le long des deux côtés du tunnel ou rouler à vélo d’un côté seulement. Je ne savais plus vraiment où il était mais je l’ai retrouvé il y a quelques mois lors d’une promenade en famille. La photographie ci-dessus est prise après la visite de l’exposition Tadao Ando au NACT. Je fais un détour à vélo pour passer à côté du long serpent avant de rejoindre « Church in Hiroo » (du même architecte).

Cette rue en pente se trouve entre Naka-Meguro et Ebisu. C’est un de ces endroits que j’aime emprunter même si j’ai toujours un peu de mal à retrouver son emplacement exact, un peu comme pour le tunnel grisâtre au dessus. Cela fait partie du charme de l’endroit, de garder un certain secret. La photographie ne le montre peut être pas trop mais cette pente appelée Bessozaka est extrêmement accentuée et il est à peine possible de la monter à vélo. La dernière partie de la rue en haut de la colline se termine d’ailleurs en cul-de-sac avec un escalier. Au moment où je prenais la photographie, un couple commençait son ascension dans les rayons de soleil en bas de la rue. J’aime l’ambiance de cette photographie et ces recoins introuvables de Tokyo.

Après l’album Dig Me Out, je continue avec passion d’écouter le rock viscéral de Sleater-Kinney avec trois autres albums The Hot Rock (1999), One Beat (2002) et le plus récent No Cities To Love (2015). Après plus de 10 ans de hiatus jusqu’à ce dernier album de 2015, on retrouve la même tension permanente, comme une complainte, la même urgence que les albums précédents. J’aime ces voix qui se mélangent, celles de Carrie Brownstein et Corin Tucker, et le fait qu’elles ne lâchent rien, qu’elles ne semblent pas s’assagir en gardant cette ligne directrice du rock de combat. Et ce ne sont pas les combats qui manquent vue l’actualité de ces dernières semaines.

des couleurs imprimées pour surmonter la ville

En revenant de Ueno en voiture, nous nous arrêtons quelques instants près d’un nouvel espace aménagé sous les voies ferrées, aperçu brièvement sur le chemin allé. L’endroit s’appelle 2k540 Aki-Oka Artisan. Comme son nom le laisse en partie deviner, il s’agit d’un espace regroupant des dizaines de boutiques artisanales, de styles variés. Les marquages au sol ainsi que tout l’intérieur de l’espace sont peint en blanc. Cela donne un assez bel effet, notamment les piliers soutenant la voie ferrée, comme on peut le voir sur les photographies ci-dessus.

Le reste des photographies de ce billet est beaucoup plus décousu. On commence par les points noirs et blancs de la boutique Comme des Garçons, à Marunouchi sur Naka-dori. Il y en a plusieurs dans cette rue. Le dessin de fleur bleue ainsi que la maisonnette très colorée au bord du canal se trouvent à Tennozu Isle. Je profitais d’une petite heure de libre pendant que Zoa assistait à son cours de programmation de robot, pour aller faire un petit tour à Tennozu Isle. Mon but était de prendre en photo la peinture gigantesque d’un sumo, ressemblant comme deux gouttes d’eau à Edmond Honda dans Street Fighter II. Malheureusement, elle avait été effacée. C’est bien dommage mais je ne suis que moyennement étonné car l’art de la rue est de toute façon éphémère. La dernière photographie montre un petit bâtiment près de Ebisu, également sur-imprimé, avec un visage et un buste dessinés. Je pense qu’il s’agit d’un bar ou d’un restaurant, mais je n’ai pas été voir de plus près.