透明な街は影

Je reviens décidément très souvent dans le parc central de Nishi-Shinjuku, comme si le film Kyrie no Uta (キリエのうた) me poussait à y revenir sans cesse. En fait, Mari a régulièrement des choses à faire dans ce quartier et je profite d’une heure ou deux à attendre pour parcourir Nishi-Shinjuku ou m’assoir plusieurs dizaines de minutes sur un des bancs du parc. J’y passe cette fois-ci une bonne heure. Ce seront peut-être les seules photographies de feuilles rouges et jaunes d’automne que je montrerais cette année. Dans ce parc, ce sont les feuilles aux couleurs jaunes très vives des arbres gingko qui sont particulièrement remarquables. La lumière forte du soleil d’hiver, qui traverse les immeubles comme s’ils étaient transparents, laisse des empreintes qui sont également remarquable, mais ces ombres accentuées au sol ne détournent pas mon regard des couleurs automnales exagérément vives. Nous allons ensuite faire un petit tour dans les trois tours du Park Hyatt toujours à Nishi-Shinjuku. Dans le grand hall, un ensemble symphonique s’entraine pour un concert qui aura lieu un peu plus tard dans la soirée. On peut profiter de quelques morceaux tout en marchant dans le hall et en s’arrêtant quelques instants autour de l’espace délimité où sont placées les places assises.

J’ai bien sûr acheté le CD du nouvel album de Hitsuji Bungaku (羊文学), 12 hugs (like butterflies), le lendemain de sa sortie. Le Tower Records de Shibuya donnait en cadeau deux cartes postales, une de la photographie de l’album prise par Nico Perez et une autre de l’affiche « No music, No life! » de Tower Records avec les trois membres du groupe. Tower Records devrait réfléchir à proposer à la vente les cartes postales de toutes les affiches qu’ils ont créé jusqu’à maintenant. J’en achèterais pour sûr un certain nombre. Je me contente de les prendre en photo dans le magasin lorsqu’il en ressort quelques unes qui m’intéressent. Cette fois-ci, c’était une affiche signée de Number Girl qui doit dater de 1999, car elle était vraiment abîmée. Le nouvel album d’Hitsuji Bungaku contient 12 titres dont quatre déjà sortis en single à savoir more than words, GO!!, Eien no Blue (永遠のブルー) et FOOL. Ce sont tous d’excellents morceaux mais il faut reconnaître que le groupe a vraiment frappé fort avec le single more than words dont je ne me lasse pas, même après l’avoir écouté plusieurs dizaines de fois. Le dernier single en date, GO!!, a également un succès certain car il était en première position du classement hebdomadaire de la radio J-Wave il y a deux semaines. Je connaissais également deux autres morceaux, Flower et honestly, car le groupe les avait joué en avant première pendant le concert au Zepp Haneda le 3 Octobre 2023. Elles et il avaient joué un autre titre inédit dont le titre n’avait pas été dévoilé pendant le concert. Mes souvenirs sont malheureusement déjà un peu lointains mais je pense qu’il s’agissait du troisième morceau de l’album, Addiction, qui suit directement more than words sur l’album. Pendant le concert, Moeka avait indiqué ressentir une certaine pression pour placer sur l’album un morceau qui serait aussi marquant que more than words. Je pense que c’est réussi car ce morceau Addiction est un des plus réussis de l’album et un de ceux que je préfère. Le riff de guitare est particulièrement marquant, très rock alternatif américain des années 90, et le son est très rugueux et puissant par moment, ce qui contraste superbement avec la voix de Moeka. Je suis toujours impressionné par la présence forte de leur son en ne jouant pourtant qu’à trois. Samedi, nous avons rencontré un couple d’amis Fu. et Na. et leurs enfants que je n’avais pas vu depuis longtemps et la première chose que Fu. me dit est qu’il a vu que j’étais allé voir Hitsuji Bungaku en concert. Lui même écoute le groupe depuis plusieurs années, d’abord attiré par le fait que ce groupe ne joue qu’à trois, ce qui est relativement peu fréquent. Je pense que cet aspect là m’avait également intrigué et attiré en découvrant le groupe, et m’impressionne toujours beaucoup maintenant. Cet ami s’entraine à la guitare avec sa fille de 14 ans, ce qui est assez épatant. En demandant ce que sa fille écoute comme musique, elle mentionne timidement Ling Toshite Sigure (凛として時雨), ce qui est forcément un très bon choix, bien que le math rock ne soit pas des plus évidents pour démarrer. Je n’ai eu qu’à approuver, avec une envie soudaine de réécouter quelques morceaux clés du groupe comme Monster, Telecastic fake show, SOSOS, moment A rhythm, Sadistic Summer, entre autres. Pour revenir à cet excellent nouvel album d’Hitsuji Bungaku, les morceaux à la fin de l’album sont principalement inédits, sauf le morceau FOOL qui conclut brillamment l’album, et sont dans l’ensemble plus apaisés, contrebalançant les moments plus chargés de la première moitié de l’album. Cet album s’inscrit déjà comme une valeur sure dans la discographie du groupe et est même une bonne porte d’entrée vers le groupe.

僕の片隅に誰にも届かない景色

Malgré le temps très nuageux, je prends mon vélo en direction de la rivière Tamagawa. La longue Route 1 que j’emprunte depuis Meguro m’amène sur la rivière que je ne traverse pas volontairement. Je préfère la longer jusqu’à Futago-Tamagawa en roulant sur la route cyclable et piétonne de la berge. Cette route ne passe pas au plus près de la rivière mais longe plutôt les nombreux terrains de baseball et de football installés sur les berges. En ce dimanche, beaucoup d’enfants et d’adolescents s’y entraînent. J’ai plusieurs fois marché le long de la rivière Tamagawa, mais je me demande si ce n’est pas la première fois que j’y roule à vélo. Ça sera à refaire très vite. La piste cyclable ne s’étend malheureusement pas jusqu’à Futago-Tamagawa et la dernière partie du trajet doit se faire avec les voitures sur une route assez étroite. J’y trouve au passage de l’architecture intéressante qui m’oblige à m’arrêter un instant pour prendre quelques photos. Le retour se fera par la route Komazawa qui passe devant le parc olympique du même nom. J’aime beaucoup ce parc et j’ai eu envie de m’y arrêter quelques instants pour respirer le vent qui traverse la grande place devant la tour de contrôle, et entre le stade et le gymnase. Les formes architecturales, arrondies pour l’un et angulaires pour l’autre, me fascinent toujours autant. J’aimerais habiter un peu plus près de ce parc pour y aller plus souvent, mais peut-être m’en lasserais-je.

Le math rock de Ling tosite Sigure (凛として時雨) n’est pas pour moi une découverte, mais je ne connaissais de ce groupe que quelques morceaux que j’avais sélectionné dans une petite playlist il y a huit ans. L’idée me vient maintenant d’écouter la musique du groupe car Tōru Kitajima (北嶋徹), aka TK, le leader de Ling tosite Sigure, a récemment écrit et composé pour AiNA The End le morceau Red:birthmark dont je parlais récemment. Je ne connaissais jusqu’à maintenant que quelques morceaux du groupe comme SOSOS du EP es or s de 2015, les singles Who What Who What de 2015, Enigmatic Feeling de 2014, abnormalize de 2012 et JPOP Xfile de 2009 entre autres. Ces morceaux sont pourtant très puissants mais je n’avais, à l’époque, pas continué ma découverte. Écouter ce nouveau single d’AiNA et réécouter ces quelques morceaux que j’avais sur mon iPod m’ont donné l’envie irrésistible d’approfondir mon écoute de Ling tosite Sigure. Direction donc le Disk Union de Shinjuku pour voir ce que je pourrais bien y trouver en CDs. J’y trouve trois albums: Still a Sigure Virgin? de 2010, just A moment de 2009 et i’mperfect de 2013. J’écoute beaucoup ces trois albums dans la continuité. La densité des guitares, la complexité des sons, les changements de rythmes soudains rapprochent très clairement cette musique au math rock. On retrouve cette technicité du math rock dans les sons des guitares et dans ceux de la batterie. L’émotion des voix qui se répondent dans de nombreux morceaux et l’ambiance électrique qui s’en dégage ne laissent pas indifférent. Mais la musique du groupe ne se laisse pas facilement apprivoiser, car il faut y mettre un peu du sien. Les voix de TK et 345 (de son vrai nom Miyoko Nakamura) sont loin d’être évidentes, tendant souvent vers les aigus et parfois vers les cris. Il y a des morceaux aux ambiances plus calmes, atmosphériques, même si les meilleurs morceaux sont en général ceux où TK et 345 dialoguent à travers des invectives verbales, se relayant l’un après l’autre comme pour repousser un démon intérieur. Il y a beaucoup de morceaux dans ce style, Telecastic fake show en est un très bon exemple, surtout quand le morceau atteint une catharsis vers la fin. Si on est réceptif à ce genre de choses musicalement parlant, c’est un bonheur d’écoute qu’on a envie de répéter pour la dopamine que cette musique procure. Les morceaux atmosphériques peuvent également être magnifiques à en pleurer, moment A rythm par exemple sur l’album just A moment. Il est magnifique lorsqu’un tourbillon de guitares vient soudainement interrompre la plénitude du morceau. En écoutant Ling tosite Sigure, j’en viens à penser que je m’étais bien trompé quant à mon impression initiale du math rock que j’imaginais froid car privilégiant l’aspect technique sur l’émotion, mais je me rends compte avec Ling tosite Sigure qu’il s’agit plutôt d’un catalyseur de cette émotion. La technicité et la rapidité sur le morceau MONSTER de l’album i’mperfect impressionnent autant qu’elles procurent des émotions palpables. La plupart des morceaux des albums que j’écoute en ce moment communiquent cette urgence, mais gardent toujours une très grande élégance dans l’exécution, même quand TK crie à en perdre la voix. Le trio composé de Tōru « TK » Kitajima (北嶋徹) à la guitare et au chant, Miyoko « 345 » Nakamura (中村美代子) à la basse et au chant et Masatoshi « Pierre » Nakano (ピエール中野) à la batterie (et mari de Seiko Ōmori) vient d’ailleurs de sortir un nouvel album intitulé last aurorality sorti le 12 Avril 2023. Mais avant d’attaquer ce dernier album, j’ai bien l’intention d’écouter tous les albums et EP du groupe, les uns après les autres.

once upon the street (1)

Je marche souvent sans destination très précise ces derniers week-ends mais en essayant de découvrir de nouvelles rues. Pour changer de point de vue et me soulager un peu les épaules, j’amène avec moi le petit et léger objectif pancake 40mm de Canon. Sa taille est vraiment idéale et relativement discrète. J’avais quand même une destination prévue ce jour là qui était de passer par Jingū Gaien pour vérifier si les deux rangées d’arbres ginkgos avaient bien jaunies comme prévu. C’était bien le cas mais les pointes des ginkgos commençaient déjà à se découvrir. La foule était présente et j’en extrais la première photographie d’un jeune couple (peut-être) qui m’a vu mais ne m’a heureusement pas poursuivi mécontent avec une tronçonneuse. Bon, je regarde un peu trop Chainsaw Man en ce moment. A propos de cet anime d’ailleurs, alors que le thème d’ouverture est à chaque fois le morceau Kick-Back de Yonezu Kenshi (avec la présence inattendue de Daiki Tsuneta dans la vidéo), le thème musical de fin change par contre pour chaque épisode. Chaque morceau est interprété par des artistes différents et ce sont assez souvent des noms que j’ai déjà évoqué sur ce blog: Vaundy reprenant ici une approche rock agressive avec un morceau intitulé Chainsaw Blood, ZuttoMayo plutôt fidèle à leur style electro-pop sur Zanki (残機), Ano sur Chu, Tayōsei. (ちゅ、多様性。) également fidèle à elle-même dans son chant dans une vidéo assez amusante, le math rock dense et la voix ultra aiguë de TK from Ling Toshite Sigure (凛として時雨) sur le morceau First Death ou encore Aimer avec le morceau Deep Down qui n’est pas encore disponible en entier mais qui s’annonce déjà très beau. Je ne dirais pas que j’accroche complètement à tous ces morceaux mais la renommée certaine des artistes invités donne une bonne idée de la popularité de la série, bien qu’elle soit interdite au moins de 16 ans pour sa violence.

Mais la musique que j’aime et écoute beaucoup en ce moment est plus apaisé. Ce sont des morceaux que j’ai d’abord entendu à la radio, qui reste pour moi une excellente source de découverte d’artistes qui je ne connais pas ou que j’avais perdu de vue. Il y a d’abord les français de Phoenix avec un morceau intitulé After Midnight dont la vidéo a été tournée à Tokyo vu à travers les vitres d’une ancienne voiture de sport, la Toyota Sprinter Trueno AE86, que l’on trouve également dans le manga Initial D (頭文字D) écrit et illustré par Shuichi Shigeno. J’avais perdu de vue le groupe depuis leur album Wolfgang Amadeus Phoenix que j’avais pourtant beaucoup aimé et écouté. After Midnight est tiré de leur nouvel album Alpha Zulu sorti le 4 Novembre 2022. Je devrais l’explorer un peu plus car ça fait vraiment plaisir de retrouver la voix de Thomas Mars. Ce n’est pas lui, à priori, qui conduit la Toyota vintage de la vidéo, ce qui est bien dommage car je l’aurais bien vu au volant filer vers l’hôtel Park Hyatt de Shinjuku qui sert de lieu principal du film Lost in Translation (le film de son épouse). J’écoute aussi beaucoup le morceau My Girl de Kan Sano qui est tout simplement superbe dans son ambiance jazz. Ce morceau est tiré de son album Ghost Notes sorti en 2019. J’adore le rythme des percussions, ce brin de musique électronique venant ponctué le flot et ce final instrumental jazz très inspiré.

Surrounded by cold seasonal rain

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J’aime beaucoup et j’ai été surpris de découvrir ce panneau publicitaire revisité sur la première photographie. En pleine urbanité à Shimo Kitazawa, retrouver un petit moment de paysage dégagé et tranquille fait un peu de bien. On retrouve cette tranquillité contenue chez les deux personnages aux poissons sur la deuxième photo, dessinés sur une devanture. Cet air serein et détaché, ainsi que les deux poissons rouges sont intriguant. Peut être profitent ils du calme du matin avant le brouhaha de la journée et du soir dans les petits rues animées par la jeunesse de Shimo Kitazawa. On retrouve une ambiance marine sur la troisième photographie. L’ambiance y est aussi assez étrange. Je ne me souviens plus s’il s’agit d’un bar ou d’un restaurant, mais il est situé à quelques pas des personnages aux poissons. Si on continue un petit peu sur la même rue, le regard est attiré par une autre devanture fermée aux couleurs vives. On y devine une autre forme de poisson, mais cette fois-ci accompagnée de visages d’autres animaux comme ce singe sur la quatrième photographie. Les dessins s’improvisent ensuite en graffiti sur la cinquième photo et se transpose en formes viscérales sur le papier pour ma nouvelle forme organico-futuriste. Cette forme ressemble un peu plus à une forme vivante, une sorte de coeur avec toute sorte de tubes se mélangeant.

Je suis pris de passion soudainement pour quelques morceaux de rock par le groupe japonais 凛として時雨 (Ling Toshite Sigure), en découvrant un premier morceau intitulé SOSOS. je suis saisi par le rythme complexe des guitares, l’urgence que se dégage des morceaux de ce groupe indie. J’apprécie assez peu de rock japonais mais j’aime beaucoup celui-ci, notamment pour ce mélange des voix, masculine et féminine, frêles ou fortes comme des cris et même légèrement dissonantes.