見たことない花が咲いていたよ

On trouve l’architecture de Kengo Kuma un peu partout à Tokyo et au Japon. Je découvre cette fois-ci l’Aroma Terrace conçue pour AEAJ (Aroma Environment Association Japan) comme un petit centre d’aromathérapie avec salon de thé au rez-de-chaussée et vue sur le gymnase olympique de 1964 par Kengo Tange. Je montre cet élégant bâtiment sur les deuxième, troisième et quatrième photographies. Il se compose d’un bloc de verre et la structure intérieure contient de nombreuses plaquettes de bois de différentes tailles, typiques de Kengo Kuma, donnant l’impression d’une toiture intérieure partielle. Sur les photos du site de l’architecte, les parois de verre sont beaucoup plus grandes et donnent l’effet de transparence, ce qui n’est pas le cas sur le projet fini où les vitrages plus petits sont entourés d’armatures métalliques réduisant grandement cet effet. Ça m’étonne assez que le site de l’architecte ne montre pas de photos réelles du bâtiment, car l’impression générale est très différente et a quand même beaucoup moins d’impact. Aroma Terrace se trouve dans une petite rue à l’écart près d’Harajuku, mais loin de la foule encombrante de ce quartier. L’avant dernière photographie est prise le long de l’avenue longeant le parc de Yoyogi et le gymnase olympique de Kenzo Tange. Au croisement de cette avenue avec celle d’Inokashira, se dégage un large bâtiment de béton à la façade quadrillée. Je suis toujours frappé par l’élégance de ce bâtiment, peut-être en raison de ce large quadrillage qui donne l’impression que l’espace intérieur est immense et haut de plafond. Il s’agit du Studio Tanta contenant plusieurs studios d’enregistrements de musique, des salles de repos pour artistes. Il doit également y avoir un restaurant. C’est peut-être le fait de savoir que cet immeuble est utilisé pour enregistrer de la musique qui me le fait aimer inconsciemment. J’avais aperçu il y a quelques temps Shinichi Osawa et Rhyme So marcher pas loin de ce studio dans la rue commerçante passant devant la station de Yoyogi-kōen. Je me demande s’ils étaient là suite à un enregistrement. La dernière photographie est prise sur la longue rue Komazawa près de la station d’Ebisu. Sur le mur, il ne s’agit pas d’une fleur au nom inconnu, mais une représentation d’un Goldorak en mosaïque créé par Invader. Je l’ai déjà montré sur ce blog et il n’a heureusement pas été enlevé. C’est le premier dessin animé japonais que j’ai vu étant tout petit, et comme pour beaucoup d’enfants de ma génération, ce devait être un des premiers contacts avec la culture japonaise. Il est menacé par des tags qui l’entourent mais semble tenir bon à son emplacement. Astro a déjà succombé suite aux actions de nettoyeurs urbains.

L’album No Evil du groupe YAYYAY est une très belle surprise. Il s’agit de leur deuxième album après le mini-album intitulé I’m Here sorti en Octobre 2020. L’album No Evil est sorti récemment, le 18 Janvier 2023. L’idée m’est venu de partir à la découverte de ce groupe, car Yū (ユウ), dont je parle souvent pour son ancien groupe GO!GO!7188 et son actuel groupe Chirinuruwowaka (チリヌルヲワカ), y chante et y joue de la guitare. Elle est décidément hyperactive, comme d’ailleurs tous les membres de ce groupe, qu’on pourrait appeler super-groupe car ils sont tous impliqués dans d’autres projets. YAYYAY a été initialement fondé par Kazushi Tanaka (田中一志). Il est originaire d’Hokkaido et prend également le nom d’artiste Shizuka Kanata. Il a des activités de producteur, mais pour le groupe YAYYAY, il est aux claviers, à la programmation et au mixage. Il avait d’ailleurs participé au premier album de Yū, Ten no Mikaku (てんのみかく), ce qui nous permet de comprendre le lien avec Yū. La particularité de ce groupe à tendance rock alternatif est l’utilisation du violon et du violoncelle comme instruments majeurs des morceaux. Ils ne sont pas là en accompagnement pour agrémenter l’atmosphère mais dirigent véritablement les morceaux. Anzu Suhara (須原杏) joue du violon. Elle fait également partie du groupe ASA-CHANG, que je ne connais que de nom. Il m’intrigue en fait beaucoup depuis que j’ai entendu le morceau Hana (花) d’ASA-CHANG & JUNRAY pendant qu’on attendait le début du concert de Tricot au LiquidRoom le mois dernier. J’avais été subjugué par la beauté du violon, les percussions aux sonorités ethniques et les expérimentations dans le chant désarticulé. Ce morceau est fabuleux. Il n’est pas récent car il est inclu dans un album sorti en 2001. Au passage, je me demande bien si Tricot choisit les morceaux passés en fond sonore en attendant le démarrage du concert, car je vois une certaine influence de ce morceau d’ASA-CHANG sur la composition vocale d’Ikkyu sur le premier morceau expérimental Mozōshi Hideki-chan (模造紙ヒデキちゃん) de Tricot sur leur dernier album Fudeki (不出来). Dans cette playlist d’attente, j’ai eu également la surprise d’entendre le morceau Tokyo Shandy Rendez-vous (トウキョウ・シャンディ・ランデヴ) de MAISONdes avec KAF (花譜) et Tsumiki (ツミキ). Anzu Suhara supporte également au violon d’autres artistes comme Aoba Ichiko. Junpei Hayashida (林田順平) est lui au violoncelle. En dehors de YAYYAY, il joue également pour des artistes comme Kaho Nakamura et Salyu. Bref, on peut imaginer que leurs calendriers respectifs rendent difficile leur rencontre, mais la qualité qui ressort de leurs créations musicales n’en est pas moins remarquable. Il est difficile de qualifier clairement le style de cette musique bien qu’elle se rapproche du rock, mais n’hésite pas à partir dans certaines explorations sonores. Les cordes sont très présentes et rivalisent en puissance avec le son de la guitare. Cette piste sonore se mélange avec diverses sonorités et craquements électroniques, ce qui donne un ensemble tout à fait unique. L’approche mélodique n’en est pas moins très présente et le premier morceau Saimin (催眠) accroche tout de suite l’auditoire. Le troisième morceau Refrain est plus calme et met en valeur la voix de Yū, que j’adore tout simplement car elle est pleine d’ondulations, prenant parfois des airs de kayōkyoku (ou pop de l’ère Shōwa), et elle a une puissance émotionnelle que je qualifierais de fragile. Ce morceau est également un des sommets de cet album assez court de 8 morceaux. Certains morceaux, comme The Line, me rappelle un peu des morceaux de l’album solo de Yū (qui me rappelait déjà un peu KSK de Sheena Ringo). D’autres morceaux mettent un peu plus de temps à se révéler, comme Tokyo Motokurashi (東京下暗し) ou le morceau titre de l’album No Evil. J’aime beaucoup ce dernier morceau car il est chanté à deux voix par Kazushi Tanaka et Yū, et parce qu’il est particulièrement tourmenté et chaotique. Cet album est une petite merveille, même pendant les interludes musicaux. Il faut ouvrir grand les oreilles et ne pas avoir peur de se laisser envahir pendant une trentaine de minutes.

不出来ではないか

J’attendais ce concert de Tricot (トリコ) depuis un petit moment car j’avais acheté mon billet depuis déjà plusieurs mois, quelques jours après l’ouverture du guichet internet. C’était une bonne idée d’acheter son billet tôt car l’ordre d’entrée dans la salle où le concert avait lieu semblait dépendre du moment où on avait acheté sa place. Le concert se déroulait dans la salle LIQUIDROOM à Ebisu, au pied du carrefour de Shibuyabashi le long de l’avenue Meiji. Je suis bien passé des centaines de fois devant cette salle sans jamais y être entré. Cette date à Tokyo le dimanche 12 Février 2023 à partir 17:30 était le final d’une tournée nationale de 6 dates intitulée Zang-Neng tour 2023. Je comprends ce nom de tournée Zang-Neng comme étant dérivé du mot Zannen (ざんねん) qui veut dire « dommage! ». Ce nom de tournée fait en fait écho au nom du dernier album de Tricot intitulé Fudeki (不出来), qu’on peut traduire par « imparfait » ou « infructueux ». Ce nom d’album est volontairement l’opposé du nom de l’album précédent Jōdeki (上出来) qui signifie « Excellent ». Avec ce nom de tournée et d’album, on pouvait légitimement se demander quelle direction prendrait le concert. Mais connaissant très bien l’esprit joueur d’Ikkyu Nakajima, je n’étais pas vraiment inquiet quant au résultat final. Il est clair que, contre toute attente, l’ambiance du dernier album était moins pop que le précédent, allant même vers des ambiances expérimentales et bruitistes sur certains morceaux. Ikkyu a pris plusieurs fois la parole pendant le concert et a notamment fait part de sa joie et satisfaction de voir autant de monde dans la salle malgré cette approche plus ‘bizarre’, pour reprendre ses propres mots. Le public de Tricot est clairement prêt à les suivre dans toutes leurs explorations sonores, pour la simple et bonne raison qu’elles et il excellent dans l’exécution de leurs morceaux tout en conservant un esprit qui leur est bien particulier. La technique est clairement un atout du groupe, que ça soit la guitare imprévisible de Motifour Kida, la voix pleine d’ondulations et qui sait prendre de la puissance d’Ikkyu Nakajima, la basse enveloppante d’Hiromi Hirohiro et la batterie de Yusuke Yoshida qui vient cimenté l’ensemble. Et cette batterie m’a impressionné car chacun de ses coups semblait faire trembler le sol de la salle de concert. J’avais comme l’impression qu’un fort coup de vent venait me passer entre les pieds à chaque percussion. C’est une sensation étrange certainement dû à la configuration de la salle, mais il n’en reste pas moins que le jeu de Yusuke Yoshida ne manque pas de puissance et de dextérité.

J’étais plutôt bien placé près de la scène à la quatrième ou cinquième rangée bien que celles-ci ne soient pas clairement définies car on était tous debout dans la fosse. Je me suis volontairement placé légèrement sur la droite car je sais que c’est l’emplacement typique d’Ikkyu sur scène. Avant d’entrée dans la salle de concert se trouvant au rez-de-chaussée, il nous faut d’abord monter à l’étage pour attendre notre tour. On nous appelle de manière très organisée, des blocs A , B puis C dans l’ordre des numéros de nos billets. Mon numéro était A108 et l’attente était relativement courte et m’a permis de bien me placer avant que le concert démarre. Il faudra bien ensuite attendre une trentaine de minutes en musique avant que les lumières s’éteignent et que le groupe prenne place sur scène. Le concert dura presque deux heures pour 19 morceaux joués et quelques moments où le groupe, principalement Ikkyu en fait, s’adressait au public. Tous les morceaux du nouvel album Fudeki faisaient partie de la playlist sauf le morceau Endroll ni Maniau Youni (エンドロールに間に合うように) qui était le premier single de l’album déjà sorti et joué au moment de la tournée précédente Walking x Walking de 2022 auquel j’avais déjà assisté à Toyosu PIT. Le concert commence par Mozōshi Hideki-chan (模造紙ヒデキちゃん), le premier morceau de l’album Fudeki, mais il est très modifié et tout aussi expérimental que la version de l’album. Ikkyu entre d’abord sur scène avec sa guitare et manipule un répéteur de sons qui construit une ambiance sonore étrange. Les morceaux s’enchainent ensuite assez vite avec Android (アンドロイド) et Jōdan kentei (冗談検定). Tricot revient parfois vers des morceaux plus anciens comme Right Brain Left Brain (右脳左脳) et Himitsu (秘密) de l’album Makkuro et WARP de l’album 10. Le public réagit très énergiquement, ce qui change de l’ambiance plus calme de l’année dernière en raison des contraintes de la crise sanitaire. Il semble maintenant autorisé de pousser un peu de la voix pour encourager le groupe et exprimer sa joie d’être là. Ikkyu exprime clairement sa satisfaction de retrouver des conditions plus normales où les réactions du public peuvent se faire plus franche, n’étant pas limitée aux simples applaudissements. Ochansensu-Su (おちゃんせんすぅす) du premier album THE est un des morceaux emblématiques du groupe et c’est également celui que le groupe choisit pour s’amuser, en faisant des arrêts et redémarrages soudainement, prenant des pauses bizarres sur scène en marchant au ralenti. Ikkyu s’est décidé pendant ce morceau à effectuer un petit jeu avec les autres membres du groupe pendant ce morceau. Elle déroule sur sa guitare des accords atypiques et demande d’abord à Motifour Kida de l’imiter à la guitare. Viennent ensuite le tour d’Hiromi à la basse et Yusuke à la batterie. Ils arrivent tous très bien à prendre le rythme imprévisible d’Ikkyu comme si elles et il pouvaient prévoir son jeu. Dans le passage de MC qui suit ce petit jeu qui a fait sourire, Ikkyu exprime d’ailleurs sa joie d’être dans un groupe qui se comprend si bien. C’est vrai qu’ils ont l’air très soudé. Elle s’excuse également au nom du groupe d’avoir joué une version complètement décousue et différente de l’album de ce morceau Ochansensu-Su qui est pourtant reconnu comme étant le préféré des fans. Mais là est peut-être le sens du mot Fudeki qui est la ligne directrice de ce concert. Ikkyu parle la plupart du temps mais la sempai Kida lui retourne souvent des piques pleines d’humour. Hiromi est toujours très souriante. Elle ne parle pratiquement jamais devant le public mais exprime très bien avec son grand sourire son plaisir d’être sur scène. En la regardant jouer de la basse sur scène, comme emportée par le rythme des morceaux, me vient parfois l’envie d’être à sa place. Kida est toujours très dynamique sur scène, sautant souvent sur place et se déplaçant au tout devant de la scène pour voler la vedette à Ikkyu et attraper l’attention du public qui lui rend bien. Tout ceci est extrêmement bon enfant, et on ressent très bien la bonne entente qui reigne dans la groupe. C’est très communicatif. Yusuke Yoshida à la batterie est beaucoup plus stoïque, concentré sur son jeu. Il est arrivé plus tard dans la formation mais en fait désormais partie de manière intégrante. C’est une très bonne chose car le jeu de Yoshida est également un atout majeur de Tricot. Son jeu sait pleinement s’adapter à la complexité du match rock. En fait, Tricot ne se limite pas qu’au match rock et mélange les genres, notamment sur ce dernier album qui part même vers le rock alternatif grunge des années 90 (un son que j’aime particulièrement).

Le morceau Kujira (鯨) de l’album Fudeki m’a particulièrement impressionné. Il s’agit d’un des morceaux que je préfère sur le dernier album mais il prend une autre dimension pendant ce concert grâce à la voix d’Ikkyu qui atteint des sommets de puissance et me donnent des frissons. Ikkyu est capable vocalement de sensibilités variées et la mélancolie qu’elle transmet sur ce morceau est particulièrement poignante. Le public l’écoute avec attention. Il y a trois morceaux joués en rappels. Le dernier était le morceau éponyme de l’album Fudeki (celui aux ambiances de rock alternatif américain). Il se termine sur des nappes de bruit sur l’album et elles sont décuplées ici pendant le concert. Motifour Kida se roule même par terre avec sa guitare et fait durer le son tout en distorsion. Pendant ce temps là, Yusuke Yoshida se déchaîne sur sa batterie au point de faire tomber une des caisses. On sent qu’il se pousse à bout pour la dernière de cette tournée et me viennent même en tête tout d’un coup des images de Yoshiki jouant à l’extrême jusqu’à se blesser (ce qui arrivait régulièrement). Ils ont tous les deux un physique d’apparence frêle qui ne laisse pas présager la puissance de frappe et l’endurance dont ils sont capables. Lorsqu’il quitte la scène, à bout de force, on le voit marcher en se tenant à peine debout. Kida continue pendant ce temps ses expérimentations bruitistes alors que les autres membres sont déjà sortis depuis quelques temps. Elle est à terre, tentant d’extraire les derniers sons de sa guitare. Le public est impressionné. C’était un moment très fort qui conclut bien ce concert car l’ambiance qui s’en dégage correspond, encore une fois, bien à l’idée du mot Fudeki. Ikkyu disait au public qu’il fallait être bizarre pour apprécier cette musique et qu’elle était très heureuse d’avoir cette réception du public, se sentant elle-même atypique. C’est bien entendu cette approche atypique qu’on aime chez Tricot et on en redemande.

Ikkyu dit à chaque fois qu’il faut qu’elle parle moins pendant les passages de MC, mais elle ne peut s’empêcher de donner des anecdotes. Elle nous parle cette fois-ci si d’une vidéo qu’elle avait publié sur sa chaîne YouTube Ouchide Naka-chan! (お家でなかちゃん!) montrant son appartement et nous fait part d’un commentaire qui l’avait particulièrement amusé de quelqu’un lui faisant remarquer que son appartement était mal rangé et devait par conséquence sentir mauvais (汚ない、臭そう). Elle insiste d’ailleurs sur le fait qu’elle aime beaucoup ce type de commentaires, bien entendu écrits sur un ton humoristique. Là est encore le sens de Fudeki! Les finales de tournée sont également le moment privilégié pour faire des annonces. Cette fois-ci, Tricot annonce le nom du groupe qui partagera l’affiche du prochain concert à Osaka au Gorilla Hall (les noms de salles sont bizarres à Osaka – je me souviens que Miyuna jouait au Banana Hall l’année dernière). Il s’agit du groupe Genie High (ジェニーハイ), dans lequel, comme par hasard, Ikkyu est la chanteuse avec la bande d’Enon Kawatani. Ikkyu s’amuse à nous dire qu’il s’agira d’une soirée spéciale Naka-chan (son véritable surnom dans le groupe), ce qui tombe très bien car la date du concert est proche de son anniversaire. Le petit passage amusant est que l’anniversaire de la bassiste Hiromi est également très proche, mais Ikkyu prend le soin de nous préciser que ce concert sera seulement à son honneur et qu’il fallait oublier un peu Hiromi. Ce petit passage est évidemment teinté d’humour et à fait réagir le public. Dans mon petit message de remerciements au groupe sur Twitter pour ce concert, je n’ai pu m’empêcher d’ajouter un petit message en la faveur d’Hiromi. Le groupe a dû lire ce message car il a aimé mon tweet (Yeah!). Le concert a duré presque deux heures mais m’a donné l’impression d’être un peu trop court. On a un peu de mal à sortir de la salle. En regardant sur Instagram et Twitter les messages de personnes ayant assistées au concert, je suis surpris d’apprendre que DAOKO (ダヲコ) était également présente dans la salle. J’y avais pensé pendant une minute, car on voit régulièrement DAOKO et Ikkyu ensemble sur Instagram à l’occasion d’événements ce qui me fait dire qu’elles sont très amies. Je ne l’ai bien sûr pas vu dans la salle et je me demande même comment elle pouvait passer inaperçue. Je ne pense pas être le seul à apprécier à la fois Tricot et DAOKO. Je ne suis par contre pas surpris d’apprendre que le designer Masamichi Katayama (片山正通) de l’agence Wonderwall était également dans la salle, car il avait déjà assisté à la tournée précédente et il déborde de superlatifs sur le groupe. Ils nous dit sur son compte Instagram : « The band « tricot » has a tremendous groove that gets me every time! The flow of the live performance, which is so well calculated that it seems like they are innocently enjoying the music, and the ensemble of four crazy techs who are like a skilled jam band, are truly a national treasure. « tricot » is so great!!!« . 国宝ですよ! Ces connections apporteront peut-être un jour une collaboration avec Ichiro Yamaguchi (山口一郎) de Sakanaction (サカナクション), qui sait.

Les quelques photos en tête du billet « rapport de concert » sont les miennes. Celles en petit format sont tirées du compte Twitter de Tricot. Je note ci-dessous la playlist de ce concert de la tournée Zang-Neng tour 2023 au LIQUIDROOM le 12 Février 2023, pour référence ultérieure.

1. Mozōshi Hideki-chan (模造紙ヒデキちゃん), de l’album Fudeki (不出来)
2. Android (アンドロイド), de l’album Fudeki (不出来)
3. Jōdan kentei (冗談検定), de l’album Fudeki (不出来)
4. Omotenashi (おもてなし), de l’album THE
5. Right Brain Left Brain (右脳左脳), de l’album Makkuro (真っ黒)
6. Anamein (アナメイン), du EP Bakuretsu Tricot San (爆裂トリコさん)
7. Ochansensu-Su (おちゃんせんすぅす), de l’album THE
8. WARP, de l’album 10
9. #Achoi (#アチョイ), de l’album Fudeki (不出来)
10. OOOL, de l’album Fudeki (不出来)
11. crumb, de l’album Fudeki (不出来)
12. Himitsu (秘密), de l’album Makkuro (真っ黒)
13. Kujira (鯨), de l’album Fudeki (不出来)
14. Sthenno (ステンノー), de l’album Fudeki (不出来)
15. Afureru (あふれる), de l’album Makkuro (真っ黒)
16. Aquarium (アクアリウム), de l’album Fudeki (不出来)
17. (Rappels) POOL, de l’album THE
18. (Rappels) Fudeki (不出来), de l’album Fudeki (不出来)
19. (Rappels) Jōdeki ~Fudeki Remix~ (上出来 – 不出来Remix), de l’album Fudeki (不出来)

祭りがない間に

Je continue tranquillement mais plus intensément ces deux derniers jours, comme vous l’aurez peut-être remarqué, l’alternance entre les photographies prises pendant quelques journées d’été en dehors de Tokyo et d’autres journées du même été dans le centre de Tokyo. Dans l’ordre de bas en haut: la façade arrière grillagée avec des formes de fleurs du Department Store PARCO d’Ueno, un graffiti bleu montrant un animal ressemblant à une pieuvre sur une avenue de Meguro mais on en trouve des similaires dans d’autres quartiers, la tour Octagon avec des yeux noirs de créatures maritimes par l’architecte Shin Takamatsu, une grande fresque intitulée Art in The Park par l’artiste Shun Sudo autour du Ginza Sony Park (銀座ソニーパーク), des constructions d’immeubles au niveau de la sortie Sud de la gare de Shibuya et les formes blanches réminiscentes de l’ancienne gare de Shibuya situées sur la grande passerelle reliant la gare à la tour Shibuya Stream que l’on peut traverser comme un coup de vent. Ces photographies ne sont pas prises lors des mêmes journées. Ce sont des photographies que je n’ai pas pu intégrer dans d’autres séries déjà publiées pour des raisons qui peuvent être, même pour moi, assez floues. Le choix des photographies que je retiendrais dans une série relève souvent d’un ressenti qui n’a pas toujours d’explications très logiques.

Suite à un concours de circonstances, je me retrouve avec un billet en main pour aller voir l’entrainement de l’équipe de football masculine du Paris Saint Germain au stade Chichibu no Miya à Kita Aoyama. Je ne suis pas particulièrement fanatique de football ni du PSG en particulier, mais j’étais tout à fait partant pour aller voir les stars Kylian Mbappé, Lionel Messi et Neymar toucher le ballon sous la chaleur tokyoïte. Le PSG était en fait pendant quelques journées du mois de Juillet en tournée japonaise pour disputer trois matches contre des équipes japonaises dont les Urawa Reds de Saitama, une équipe de Kawasaki et une autre d’Osaka. La photo ci-dessus est prise avant le début de l’entrainement et on constate que le stade est plein. Je n’ai malheureusement pas de photos montrant les joueurs stars car mon zoom ne permettait pas de bien saisir les joueurs. Le fan club japonais du PSG était également présent dans les tribunes. J’étais d’abord surpris d’apprendre l’existence d’un fan club au Japon mais pourquoi pas après tout, on trouve bien à Tokyo plusieurs magasins vendant des t-shirts et autres vêtements aux couleurs du club. Le moment le plus intéressant pour moi, néophyte que je suis, était de constater la vitesse de course de Mbappé. Je n’ai pas beaucoup vu Messi sur le terrain, peut-être parce qu’il s’entraînait plutôt de l’autre côté des tribunes où je me trouvais, mais j’ai vu Neymar particulièrement actif. Le moment le plus amusant était à la toute fin quand quelques enfants tentaient chacun à leur tour une échappée sur le terrain pour faire signer leur maillot par un des joueurs, avant de se faire gentiment rattraper par les personnes de la sécurité. Tout ceci était bon enfant et particulièrement rare, à mon avis, au Japon. Mais parfois, les passions sont plus fortes que tout et j’imagine bien les pères de ces enfants les pousser gentiment à enfreindre les règles pour courir à toute vitesse sur le terrain pour une signature. Je les ai envié pendant quelques instants, car rien que le fait de courir sur ce terrain doit être un plaisir en soit.

J’aime énormément et par dessus tout les découvertes musicales inattendues. Je connais la compositrice et interprète Reol depuis un petit moment et j’ai plusieurs fois essayé d’écouter ses morceaux sans y trouver une accroche. Je tente une nouvelle fois ma chance avec son nouveau morceau sorti il y a 10 jours, Aogeya Tōtoshi (煽げや尊し) et son énergie me surprend tout de suite beaucoup. Ce morceau est une excellente surprise notamment le refrain très accrocheur par sa manière de chanter très marquée. Ce morceau est comme un matsuri et ce sont certainement les danses qui accompagnent la vidéo prise en grande partie dans un bain sento de Chiba qui me font penser ça. Il y a également les « Sore Sore » qui agrémentent par moment les paroles, une référence au Mikoshi et au Hyakki Yagyō (百鬼夜行) et une certaine intonation occasionnelle de voix de Reol me rappelant cette ambiance de matsuri. Le morceau a déjà largement dépassé le million de vues sur YouTube et ça ne m’étonne pas du tout tant l’énergie positive qui s’en dégage est communicative. Du coup, je m’en vais écouter quelques uns de ses morceaux récents, ce qui tombe très bien car je suis plutôt en ce moment dans une période musicale un peu éloignée du rock alternatif. Et mentionner le Hyakki Yagyō me rappelle qu’il faut que j’aille voir l’exposition de Shigeru Mizuki à Roppongi Hills avant qu’elle ne se termine le 4 Septembre 2022.

死神の目に負けず

Les premières photographies de ce billet sont prises un jour de pluie où il fallait inévitablement sortir le parapluie. Sous un pont ferroviaire près de la station d’Ebisu, les graffitis sont sans cesse effacés mais réapparaissent rapidement sous d’autres formes et couleurs. Celui de la deuxième photographie est intéressant car on a l’impression qu’il a été à moitié effacé. C’est certainement le cas mais je préfère imaginer que cette coupure franche est volontaire et participe au design du graphisme mural. A Daikanyama, j’ai remarqué depuis plusieurs semaines une affiche publicitaire géante pour le magazine féminin Spur. La personne qui pose sur cette photo ressemble étrangement à Michelle Zauner du groupe Japanese Breakfast. J’ai d’abord eu un doute car le groupe n’est pas, à ma connaissance, particulièrement connu au Japon, mais une recherche rapide m’a vite confirmé qu’il s’agissait bien d’elle. De Japanese Breakfast, je ne connais qu’un album, le deuxième intitulé Soft sounds from Another Planet que j’avais beaucoup écouté pendant l’été 2018. Le groupe a sorti un nouvel album intitulé Jubilee sorti il a tout juste un an, mais je ne l’ai pas encore écouté. Il faudrait que j’y jette une oreille curieuse. Michelle Zauner n’a pas une voix fabuleuse mais l’ambiance des morceaux que compose le groupe est souvent assez profonde pour me plaire. En ce moment, j’ai quelques doutes sur la qualité des photos que je peux prendre, mais j’aimerais en prendre plus dans l’esprit de la quatrième montrant des affiches mouillées par la pluie avec des perruques blondes qui interrogent. Les photos suivantes reviennent vers les quartiers proches du pont Rainbow Bridge avec notamment une autre vue de la tour Yokoso dont j’avais déjà parlé.

J’ai beaucoup réfléchi sur l’utilisation de cette dernière photographie prise il y a plusieurs mois dans un des immeubles de la galerie TERRADA près de Toyosu. Cet espace se trouve au dernier étage. Il y a plusieurs espaces pouvant être utilisés comme des galeries mais seulement une était occupée. L’ascenseur qui amène à cet étage est lent et peu pratique car il ne s’arrête qu’à un seul étage à la fois. Il s’agit plutôt d’un monte-charge reconverti en ascenseur pour les besoins de cet ensemble de galeries d’art. Cet immeuble était initialement un entrepôt, ce qui explique cette configuration. J’étais seul à m’aventurer jusqu’à ce dernier étage, un jour de semaine alors que j’avais pris une journée de congé. Cet étage n’était en fait pas ouvert à la visite mais je n’ai vu qu’après le petit écriteau en japonais qui l’indiquait. En arrivant à cet étage quasiment vide, j’ai d’abord pensé faire demi-tour mais les lumières dans une des pièces parfaitement agencée ont tout de suite attiré mon regard et ma curiosité. Les autres pièces délimitées par des baies vitrées étaient vides. Ce vide était même oppressant au point où je ne pouvais détourner mon regard de la pièce lumineuse agrémentée de meubles soigneusement choisis. Je m’imagine tout de suite assis sur ce long fauteuil éclairé par la lumière tamisée du gigantesque soleil placé en orbite au milieu de la pièce. Le silence donne de la consistance au bruit de mes pas alors que je m’approche de cette pièce. La porte vitrée doit être fermée. Il suffirait de la pousser pour vérifier, mais elle est certainement restée fermée pour une bonne raison. J’observe d’abord à travers le vitrage s’il y a une ou des personnes à l’intérieur. La pièce est vide tout comme l’immense espace ouvert où je me trouve. Je ressens une étrange sensation en regardant l’intérieur de la pièce comme si le temps s’y était arrêté. Tout est parfaitement immobile, rien ne bouge sauf une vapeur diffuse s’échappant d’une petite tasse blanche posée sur la table basse. Si on se fit à la couleur du liquide qui remplit cette tasse, je dirais qu’il s’agit d’un café encore chaud. Je ne remarque que maintenant qu’un petit mot est posé sur cette table juste à côté de la tasse. On peut lire en gros caractère le mot anglais « Welcome ». Une ou deux phrases sont écrites en plus petit dessous ce mot de bienvenue mais je n’arrive pas à les lire d’où je me trouve. Est ce que ce message et cette tasse de café me sont destinés, j’en doute fortement mais la disposition de l’ensemble m’invite à rentrer et à m’asseoir. Je pourrais toujours dire que j’ai pensé que cette tasse m’était destinée si on me surprend soudainement assis sur le long fauteuil. Je réfléchis à ce que je dois faire, mais je me persuade rapidement de rentrer à l’intérieur car cette pièce m’a intrigué dès que je l’ai vu à la sortie de l’ascenseur. Je pousse doucement la porte vitrée en évitant de faire le moindre bruit. Elle n’est bien sûr pas fermée. J’en étais sûr. Pourquoi aurait elle été fermée si un message de bienvenue nous invite clairement à entrer. L’intérieur de la pièce me semble encore plus silencieux que l’espace ouvert à l’extérieur. L’air y est sec et un peu frais, mais pas assez pour avoir froid. Un tableau de Tomoo Gokita est posé sur un des murs de la pièce, devant le fauteuil. Comme souvent, les peintures de Gokita représentent des personnages sans visage en noir et blanc. Celui-ci, rempli de couleurs noires, ressemble étrangement à un visage que je connais mais je ne parviens pas à l’identifier de manière claire. Le petit message posé sur la table est écrit en petits caractères à l’encre noire. On peut y lire la phrase suivante 「どうぞ、アームチェアに座って、コーヒーを飲んで、想像力を駆使してください」qui recommande de s’assoir sur le fauteuil, de boire un peu de café et de laisser aller son imagination. Il est également écrit en plus petit comme une signature: 「パラレル東京観測委員会」, le Comité d’observation du Tokyo parallèle. Mon visage, si quelqu’un pouvait le voir, doit certainement trahir l’appréhension certaine qui me saisit à la lecture de cette signature. Je la reconnais, c’est la même que celle de l’oeil de Shinjuku et du télescope d’Aoyama. Je regarde autour de moi mais rien n’attire mon attention à part cette lampe en forme de soleil en orbite et le tableau noir de Gokita. Il y a bien un petit télescope posé derrière le fauteuil mais, pointé vers le mur, il ressemble plus à un objet de décoration. Je décide de m’asseoir quelques instants pour remettre mes idées en ordre. Boire une gorgée de café est tentant mais je ne sais pas d’où il provient. Je regarde plutôt vers le tableau de Gokita. Les couleurs noires sont fascinantes. A qui peut bien me faire penser ce visage. Les cheveux sont mi-longs avec quelques mèches rebelles. On dirait un visage de femme mais je n’en suis pas certain, car son visage est entièrement noir, sans aucuns traits. Il est d’une teinte aussi noire que le café dans la tasse que je saisis sans réfléchir. En boire inconsciemment une gorgée me plonge tout d’un coup dans les ténèbres de ce visage. D’abord d’un noir profond, des lueurs infimes s’y dessinent progressivement. Un décor sombre prend place sur ce visage. Il se fait de plus en plus précis mais ses contours restent flous. On dirait une scène de spectacle. Une foule est devant moi debout entassé dans un espace compact. On devine une chaleur intense et des cris qui restent pourtant inaudibles. La scène qui prend place devant moi à l’intérieur du visage noir de la peinture de Gokita est un concert que je vois à la première personne, à travers mes propres yeux. Je suis moi-même debout derrière un groupe de musiciens. Un des membres tient une guitare des deux mains et se déplace sur la scène de manière saccadée. Ses mouvements incessants m’empêchent d’observer attentivement la foule devant moi. Je reconnais pourtant un visage dans cette foule, derriere ces mouvements confus qui me gênent. Je m’approche doucement en me concentrant sur ce visage. La coupe de cheveux mi-longue avec quelques mèches rebelles me rappellent maintenant le visage de Kei, dont je raconte l’histoire depuis quelques années déjà. Cette scène m’est maintenant familière. Je suis sur la scène de la salle de concert Loft à Kabukichō que je décrivais dans un des épisodes de mon histoire. Pourquoi ces images soudaines apparaissent devant moi? J’en ai strictement aucune idée et il me faut le découvrir. Kei, peux tu me donner des réponses? Alors que je m’approche encore un peu plus, accroché à ma tasse de café, les yeux rivés sur cette toile, Kei tourne le regard dans ma direction. Elle me fixe maintenant intensément. Je ne peux me détacher de ses yeux noirs. Son visage se rapproche mais son regard est fixe. Il occupe maintenant la totalité du visage noir de la toile de Gokita. Cette superposition lui donne une réalité inattendue. Le regard de Kei est accusateur. Ces yeux me font penser à deux dagues lancées à l’attaque pour terrasser un ennemi, comme les yeux du Dieu de la Mort. Cette intensité me met mal à l’aise et j’ai du mal à retenir mes forces. Je pose la tasse brusquement et me retient avec mon autre main sur le bord du fauteuil. Qu’est ce qui m’arrive? Les yeux de Kei m’hypnotise et je ne peux pas m’en échapper. Ils me traversent le cerveau et me font perdre l’équilibre en tombant à la renverse la tête la première sur le fauteuil. De l’autre côté du tableau, Kei tombe dans les pommes parmi la foule dans la salle de concert. Son amie Rikako qui l’accompagnait n’est déjà plus dans la salle.

Je me réveille un peu plus tard, allongé sur le fauteuil. La lumière de la lampe en soleil a perdu de son intensité et est désormais beaucoup plus sombre. Je ne reconnais d’abord pas les lieux mais je me rends vite compte que je suis toujours dans la même galerie vide. La tasse et le message ont été enlevé de la table. Est ce un rêve ? Est ce que je me suis simplement assoupi sur ce canapé après avoir longtemps marché dans les rues de Tokyo. Le regard de Kei ne s’imprime plus sur le tableau mais il reste très présent dans mon esprit. Est ce que son regard accusateur me reproche de lui faire subir les histoires que j’écris. Je comprends très bien qu’elle voudrait être une personne normale mais je n’ai pas les pouvoirs de changer son histoire. J’espère qu’elle pourra comprendre que j’essaie simplement de l’aider. Mes jambes sont engourdies mais je parviens tout de même à me lever. En sortant de la pièce, je jette un dernier regard au tableau de Tomoo Gokita qui reste impassible. Il ne reste aucune trace de mon passage. L’ascenseur arrive lentement à mon étage. En appuyant sur le bouton du rez-de-chaussée, je remarque qu’un petit écriteau indique que l’étage où je me trouve est interdit au public. Je regarde ma montre, il est tard, j’ai passé presque cinq heures dans cette galerie. Avant de sortir de l’ascenseur, je repense à Kei. J’espère que tu m’en veux pas…

(Quelques références pour le texte ci-dessus: des oeuvres de Tomoo Gokita, le texte de l’histoire de Kei, Du songe à la lumière, en cours d’écriture, et les deux autres textes de la série Tokyo Parallèle liés à celui-ci: l’oeil de Shinjuku et le télescope d’Aoyama).

De haut en bas, deux images extraites respectivement des vidéos sur YouTube des morceaux Shinigami Eyes de Grimes et de Iro Iro d’Aya Gloomy.

Je n’écoutais plus beaucoup Grimes depuis la sortie de son dernier album et je n’avais pas eu vraiment envie d’écouter ces deux derniers singles car le personnage qu’elle s’est construit ces derniers temps avait fini par m’agacer. Mais je ne sais pour quelle raison je me suis mis à écouter son dernier morceau Shinigami Eyes (les yeux du Dieu de la Mort), une recommandation YouTube peut-être ou peut-être était ce le fait de voir Yeule et Grimes ensemble sur une photo sur Twitter. J’aurais eu tord de ne pas l’écouter car le morceau est assez fantastique, tout comme la vidéo d’ailleurs. L’esthétique est étrange mais a quelque chose d’assez fascinant. Cette esthétique est par moments japonisante, mais semble plutôt mélanger toutes sortes de cultures virtuelles. A noter également l’inclusion d’un brin de K-pop avec la présence dans la vidéo de Jennie Kim du groupe Blackpink aux côtés de Grimes sur un camion japonais Dekotora futuriste. Tout se mélange mais ce n’est pas très grave. Certains parlaient d’appropriation culturelle mais je trouve ce genre de commentaire un peu ridicule. Le morceau a un rythme particulièrement marqué et accrocheur, mélangé aux ambiances sonores et vocales plus éthérées que l’on connaît bien de Grimes. Ça me plaît en fait beaucoup de revenir vers la musique de Grimes et m’inspire même quelques passages du texte que j’ai écrit ci-dessus. Je reviens également vers la musique d’Aya Gloomy car elle vient juste de sortir un nouveau single intitulé Iro Iro, qui est excellent. C’est un autre genre, mais Aya Gloomy évolue dans un monde à part, tout comme Grimes. J’ai beaucoup de mal à décrire ce que j’aime dans la musique et la voix d’Aya Gloomy. L’ambiance lente y est mystérieuse et contient à chaque fois quelque de nostalgique. Les sonorités minimalistes de synthétiser rétro jouent en ce sens, mais c’est aussi le cas de la vidéo du morceau. Aya s’y amuse avec des navettes spatiales d’un jardin pour enfants. On peut très facilement imaginer ce genre d’endroits, qu’on croirait laissé à l’abandon, quelque part au Japon. Je me suis rendu compte du coup que je n’avais pas écouté en entier son dernier album Tokyo Hakai. Je me rattrape en écoutant quelques autres morceaux de cet album comme Saisei(楽) et Turn Off. Cette ambiance musicale est vraiment unique et aux limites de la réalité.

valiant girl

音楽を聴いているから邪魔しないで。La jeune fille en kimono rouge qu’il ne faut pas déranger car elle écoute de la musique s’appelle Valiant Girl. Il s’agit d’une illustration de l’artiste répondant au nom de code Backside works (バックサイドワークス), vu dans une vitrine d’immeuble à Azabu Jūban. Cette illustration est apparemment évaluée à 2.5M Yens (quand même). La plupart des autres photographies de ce billet ont été prises à Daikanyama et Ebisu, dans des lieux vus et revus de nombreuses fois. Les habitués de ce blog se rappelleront peut-être de ces deux visages féminins de couleur orangée sur une fresque murale, sur la dernière photographie.