aux limites de la péninsule

Pour aller en voiture jusqu’à Numazu dans la province de Shizuoka, il faut prendre l’autoroute Tomei à partir de Tokyo. Il faut entre 1h30 et 2hrs de route. Cette autoroute est souvent synonyme de bouchons, ralentissements pour des raisons souvent inconnues. Cette fois-ci, nous avons eu droit à un container tombé d’un camion au milieu des trois voies de l’autoroute. Voir soudainement un object tombé d’un camion au beau milieu d’une autoroute est assez rare, mais les accidents sont assez nombreux sur les autoroutes japonaises, bien que la vitesse soit très limitée. Cela n’empêchent pas les bolides de foncer sur la voie de droite. Nous arrivons tout de même sans encombres à Numazu pour rejoindre ensuite l’océan tout proche. Nous allons en fait dans un cimetière en cette toute fin d’année 2016, un peu avant les fêtes de fin d’année. La grand mère de Mari, originaire de Shizuoka, y est enterrée depuis quelques années.

Nos visites vers Shizuoka sont assez rares malgré que l’envie de s’y rendre soit bien présente. L’emplacement du cimetière est assez particulier, dans une forêt longeant l’océan. On y accède par une petite route de terre. Si l’on continue la route sur quelques mètres seulement, on tombe tout de suite sur les plages de Shizuoka. Ce n’est pas un endroit fréquenté par les baigneurs et c’est plutôt sauvage. La dernière fois que nous sommes venus ici, il faisait un vent terrible. Cette fois-ci, la pluie était au rendez-vous et elle s’est accentuée pendant notre recueillement. Elle s’est mystérieusement estompée alors que nous remontions dans la voiture pour le départ. Nous voyons dans cette pluie soudaine un signe.

Le retour vers Tokyo nous fait prendre étape à Atami, station balnéaire aux limites de la péninsule de Izu. Atami est une petite ville mélangeant montagne et océan. Les hôtels, ryokan, maisons secondaires, magasins de rues ou simples habitations sont entassés à flanc de montagnes jusqu’à la courte plage. Atami a eu son heure de gloire pendant la bulle économique et après des périodes difficiles, elle regagne petit à petit en intérêt pour les voyageurs. Il y a un charme un peu désuet dans cette ville de bord de mer. Il y a quelque chose qui m’attire à Atami, peut être les rues en labyrinthe dès que l’on quitte la plage qui semblent garder des secrets que l’on ne découvrira que si on s’y enfonce. Ou peut être tout simplement le fait d’imaginer le prestige passé des ryokan dont on aperçoit seulement les entrées.

Nous passerons une nuit seulement dans un hôtel avec bains chauds « onsen » donnant directement sur l’océan. Le soir, on peut aller à l’étage pour accéder aux bains. Par chance, il n’y a personne et on apprécie le bain ouvert sur l’extérieur pour nous tous seuls. Avec Zoa, dans le bain des garçons, on se raconte des histoires pour nous faire oublier que l’eau est vraiment trop chaude pour s’y éterniser. On s’habitude pourtant assez vite. En regardant vers l’extérieur, nous imaginons l’océan tout proche. Il fait déjà nuit depuis longtemps à 8h du soir en hiver. Nous n’y voyons absolument rien. Il faut donc faire jouer son imagination.

La météo du soir nous donne l’heure du levé du soleil pour le lendemain, à 6h34 si mes souvenirs sont corrects. Il faudra absolument se réveiller à cette heure pour apprécier le soleil levant sur l’océan pacifique depuis la chambre de l’hôtel. Nous n’y manquerons pas. Pendant la nuit, un vent agité avait nettoyé le ciel pour dégager la vue au petit matin. le matin, nous irons à la plage, sauter de rocher en rocher pour se réchauffer car le vent et fort et frais. Nous capitulons assez rapidement pour remonter vers les hauteurs de la ville.

En passant la station de train derrière la ligne de Shinkansen, un petit sanctuaire se cache. Il s’agit de Kinomiya Jinja 来宮神社. L’approche est agréable. On y accède par une allée remplie de verdure. Nous sommes déjà venus ici il y a six ou sept ans, mais les lieux ont beaucoup changé, se sont pour ainsi dire « commercialisés ». Un café a ouvert dans l’enceinte même du sanctuaire, devant le bâtiment principal. Il se fond assez bien dans les lieux mais on ressent clairement l’envie des propriétaires de profiter pleinement de la manne touristique venue visiter ce « power spot ». J’avais le souvenir d’un lieu beaucoup plus calme et discret il y a de cela quelques années.

La particularité de Kinomiya Ninja, c’est son arbre millénaire (le dit « power spot ») qui remplit les lieux de sa présence et accapare toute l’attention des visiteurs. Il est écrit qu’il faut faire un souhait tout en faisant le tour de l’arbre, pour qu’il soit exhaussé. On essaie pour voir ce que ça donne, appareil photo en mains pour ne rien perdre des formes compliquées et tout en courbes du tronc et des branchages. Cet arbre est impressionnant et me fait penser à revoir Princess Mononoke もののけ姫 (que je viens de terminer alors que j’écris aujourd’hui ces quelques lignes).

Nous rentrons ensuite vers Tokyo en passant près de Odawara. L’autoroute est très occupée mais on s’en sort relativement bien.