色々ウォーク➓

Les deux premières photographies font suite au billet précédent de cette série estivale car elles sont prises à Nihonbashi à quelques mètres des installations d’art contemporain d’Olympic Agora. Sur la deuxième photo, la statue de la déesse de la sincérité Magokoro dans le grand hall du grand magasin Mitsukoshi de Nihonbashi m’impressionne toujours autant. Elle est tellement détaillée, colorée et grandiose que je la trouve difficile à prendre en photo. C’est particulièrement étonnant de trouver ce genre de statue dans un grand magasin mais cet immeuble historique de Mitsukoshi est dans son ensemble tout aussi grandiose. La statue Magokoro a été créée par le maître artisan Gengen Sato et son élaboration a pris dix années. Elle a été placée dans le grand hall du Mitsukoshi Nihonbashi en 1960 à l’occasion du cinquantième anniversaire du grand magasin. Les photographies qui suivent sont prises dans des quartiers résidentiels d’Azabu où la nature prend parfois d’assaut les immenses demeures. Au milieu de tout cela, se dresse Europa House, le siège de la Commission Européenne au Japon. J’en montre un morceau de façade sur la quatrième photo et j’en avais déjà parlé dans un billet de Juillet 2012, un an après la construction de ce complexe. Je me souviens à l’époque avoir été surpris d’apprendre que ce bâtiment était conçu par la filiale ingénierie et architecture des Aéroports de Paris (ADPI). ADPI a d’ailleurs également conçu l’actuelle ambassade de France à Tokyo, par très loin d’ailleurs d’Europa House. Le dernier bâtiment de la série avec un bloc noir en position légèrement décalée m’intrigue beaucoup mais je n’en connais malheureusement pas l’architecte. Je ne sais pas non plus s’il s’agit de bureaux ou d’une résidence privée, ou peut-être les deux à la fois comme c’est souvent le cas.

Je garde toujours une oreille curieuse pour les compositions rock indé du groupe Yonige composé d’Arisa Ushimaru et Gokkin. Elle viennent de sortir un nouveau mini-album de six titres intitulé Sanzen Sekai (三千世界). J’ai pris l’habitude ces derniers temps de faire des écoutes sélectives en me procurant d’abord sur iTunes que les morceaux qui me paraissent à priori les plus attirants, pour continuer ensuite petit à petit avec d’autres morceaux lorsque le style m’intéresse. Le single de ce mini-album, le premier morceau intitulé Taigan no Kanojo (対岸の彼女) est excellent. C’est un morceau rock à la composition vraiment accrocheuse, qui me fait penser une fois de plus que les filles savent mieux faire du rock que les groupes masculins, ou du moins savent trouver un point d’équilibre idéal entre une certaine mélancolie et une énergie revigorante. La vidéo du morceau dure 11 minutes et ressemble un court métrage. Le morceau en lui-même ne démarre qu’à mi-chemin. Un peu comme le morceau Kenzen na Asa (健全な朝) sur leur album précédent Kenzen na Shakai (健全な社会) dont je parlais auparavant, il y a une certaine impression de solitude urbaine qui se dégage des vidéos du groupe. Sur le mini-album Sanzen Sekai, j’écoute également deux autres morceaux Saimin Ryōhō (催眠療法) et 27 Sai (27歳) qui n’ont pas l’énergie du premier morceau mais cette même atmosphère rock mélancolique que j’aime beaucoup.

Europa House

Je découvre le premier bâtiment, en photos ci-dessus, par hasard en grimpant la longue et étroite rue en pente Aoki-zaka depuis l’ambassade de France. Il s’agit de Europa House, siège de la Commission Européenne au Japon, inauguré en novembre 2011. On doit la conception de ce grand ensemble d’environ 10,000 m2 au français ADPI. Je ne connaissais pas ce bureau d’architecture, il s’agit en fait de la filiale d’ingénierie et d’architecture d’Aéroports de Paris. Ils sont spécialisés bien entendu dans les projets d’infrastructure aéroportuaire mais se lancent également dans quelques projets internationaux. A Tokyo, ADPI a également conçu la nouvelle Ambassade de France à quelques centaines de mètres de Europa House. L’ensemble a été construit par le japonais Taisei. Europa House comprend des bureaux donnant sur les jardins et les logements du personnel donnant sur la rue (en photos ci-dessus). Ce sont deux espaces bien séparés, des bâtiments parrallèles séparés par un jardin suspendu, que l’on distingue de l’extérieur par la couverture des façades. La façade avec logements donnant sur la rue est couverte d’un alliage de cuivre et de bronze de couleur brune, qui s’oxydera lentement pour donner une couleur verdâtre (dans une vingtaine d’années), tandis que la partie bureaux est en cuivre oxydé donc déjà de couleur verte. Je n’ai pas pu prendre en photo la partie bureaux, mais on l’apercoit depuis la rue. On retrouve cette utilisation du cuivre et son oxydation sur un autre bâtiment « français » à Tokyo: le Nani Nani de Philippe Starck à Shirogane. J’aime beaucoup cette conception d’un bâtiment comme une chose vivante qui va évoluer avec le temps.

Sur les deux dernières photos, ce petit bâtiment de béton aux murs obliques était le but initial de ma chasse à l’architecture tokyoïte. Je ne connais pas l’architecte malgré mes quelques recherches, j’aurais dû noter le nom du bâtiment. Il se trouve tout près de l’ambassade.

A propos, Métropolitains sur France Culture proposait en podcast quelques émissions sur l’architecture japonais. Ca date un peu (du mois de Mai de cette année) mais je n’écoute les émissions que maintenant. J’ai apprécié notamment l’émission du 27 Mai sur Antonin Raymond. Christine Vendredi-Auzanneau nous parle de cet architecte américain d’origine tchèque et de l’introduction de l’architecture occidentale au Japon dans les années 1920.