derrière le bruit urbain

Les cinq photographies prises à Shibuya sont volontairement perturbées par le bruit urbain. Nous sommes pourtant dans des rues assez calmes de Tokyo, mais le sur-plein de la ville m’inspire régulièrement ce type de compositions. Je fais un peu moins ces derniers temps de compositions graphiques. Cela a d’ailleurs toujours été un dilemme pour moi en terme de direction à suivre entre photographies « authentiques » qu’on pourrait catégoriser comme « straight photography« , et les compositions graphiques qui altèrent volontairement le décor urbain et donnent à Tokyo un aspect différent. J’appelle cela « shoegazing photography » car, comme pour la musique, on se perd dans des nuages de bruits. J’ai une attirance naturelle pour les altérations de l’image comme sur les photographies ci-dessus. C’est un besoin de casser l’image en quelque sorte, mais je n’ai pas poussé l’inspiration très souvent ces dernières années (depuis le photobook In Shadows).

Dans un tout autre style, mais toujours en compositions graphiques, je repense à mes séries que je considère comme « emblématiques » de Made in Tokyo, que sont les séries urbano-végétal et megastruktur. Je viens de regrouper toutes ces compositions construites au fur et à mesure des années sur deux pages que l’on trouvera en liens en en-tête du blog, en dessous du titre Made in Tokyo (pour le moment). Comme pour la série d’illustrations futurOrga également en lien en en-tête, ce sont deux séries que je pense avoir terminé, c’est à dire que je ne pense pas créer de nouvelles compositions ou illustrations de ce style dans un futur proche.

Côté musique, je suis attiré ces derniers jours par le rock de Bikini Kill, du rock punk de la mouvance Riot grrrl. J’écoute les deux premiers albums du groupe, le Bikini Kill EP (1992) et le suivant Yeah Yeah Yeah Yeah (1993), aux accents féministes forts. J’aime beaucoup cette musique sans concessions. Ceci dit, ces deux albums ont dû être enregistrés live car la qualité de la prise de son n’est pas excellente. En même temps, ça contribue à la grande spontanéité de cette musique. Dans une même continuité, je me suis décidé à écouter Sleater-Kinney. J’avais l’album Dig Me Out (1997) dans ma liste des disques à écouter depuis longtemps et j’ai enfin plongé les oreilles dans cette musique rock énergétique et pleine d’urgence, tant dans les voix de Corin Tucker et de Carrie Brownstein que par le rythme rapide des guitares. Alors que Bikini Kill est considéré comme précurseur du mouvement Riot grrrl, Sleater-Kinney en a été très influencé. Tous les albums de Sleater-Kinney sont très bien apprécié sur Pitchfork. Cela annonce de bonnes d’heures dans les oreilles, tant j’aime ce rock là.

Tiens, une anecdote amusante concernant Tobi Vail et Kathleen Hanna du Bikini Kill et Kurt Cobain de Nirvana, sur la page Wikipedia de Tobi Vail:

Vail met Kurt Cobain when he was hanging around with the Melvins in 1986. Cobain played guitar on one of the Go Team songs. Vail and Cobain briefly dated beginning in July 1990. The two discussed the possibility of starting a music project, and recorded a few songs together. Some of these songs ended up being Nirvana tracks. In October 1990 after Dave Grohl joined Nirvana, Hanna and Grohl started dating, making for two couples linking Nirvana to the new band Bikini Kill. Referring to the Teen Spirit deodorant brand that Vail once used, Hanna spray-painted « Kurt smells like Teen Spirit » on the wall of Cobain’s bedroom. Cobain, unaware of the deodorant brand, saw a deeper meaning in the spray-painted phrase, and he wrote the song « Smells Like Teen Spirit » which became a monumental hit song for Nirvana. Cobain and Vail soon split but they remained friends.

Et une autre anecdote sur un des morceaux intitulé « Thurston Hearts The Who » du EP de Bikini Kill. Le Thurston du titre du morceau est bien entendu Thurston Moore de Sonic Youth, comme nous le dit les paroles du début du morceau « If Sonic Youth thinks you’re cool, Does that mean everything to you? ». Dans un article du magazine Spin, Tobi Vail nous explique:

[“Thurston Hearts The Who”] was recorded live in between the time that our EP was recorded and came out. We were living in Washington D.C. and toured the East Coast quite a bit in 1991-92. Whenever anyone played New York, everyone would talk about Kim and Thurston coming to the show as this idea of that’s how your band becomes “cool” or whatever. One night Kathi and I just made up this song as we were falling asleep and we ended up playing it live soon after — maybe a few days later. We thought it was funny. Reading the show review into the mic was in homage to “HC Rebellion” by Pussy Galore. Later on, Sonic Youth were incredibly supportive of us. The song was not meant as a dis. It was our sense of humor, but it was also a way for us to question the “authority” of “the scene” or whatever.

Et pour mentionner un autre lien entre les deux groupes, Kathleen Hanna de Bikini Kill faisait une apparition au côté de Kim Gordon dans la vidéo de Bull In The Heather, de l’album Experimental Jet Set, Trash and No Star (1194).