why everything…

En marchant dans les rues de Daikanyama et Naka-Meguro, je redécouvre le petit bâtiment tout en distorsion, Natural Stick Ⅱ par EDH Endoh…

En écoutant le superbe album de rock indé aux accents pop de Deerhunter, Why hasn’t everything already disappeared?…

à la tombée de la nuit

Je ne prends pas souvent de photographies à la tombée de la nuit, mais l’occasion s’est présentée un dimanche soir pour une promenade improvisée entre Shibuya et Shinjuku, en empruntant la ligne de métro Fukutoshin entre les deux quartiers. Pour rejoindre Shibuya, j’emprunte une rue parallèle à l’avenue Meiji, une rue que je connais très bien mais que je n’ai pas emprunté depuis plusieurs mois. Je scrute les façades des buildings dans l’espoir d’y percevoir un changement. Tokyo étant en éternelle destruction et reconstruction, il n’est pas rare de découvrir des nouveaux visages dans le paysage urbain lorsqu’on n’a pas emprunté une rue depuis quelques temps. Et c’est d’autant mieux si ce nouveau visage possède des lignes architecturales remarquables.

Mais en cette fin de journée de dimanche à la tombé de la nuit, mon regard photographique se tourne plutôt vers un sanctuaire, celui de Konnō Hachiman-gū 金王八幡宮. Je ne l’avais jamais remarqué auparavant mais ce sanctuaire fut autrefois le château de Shibuya (château est un bien grand mot cependant) et une des pierres de l’édifice reste visible dans le sanctuaire qui le remplace maintenant. Le site internet du sanctuaire nous apprend qu’ici est né le quartier de Shibuya, reprenant le nom du clan Shibuya. Par le hasard des recherches internet, je trouve un blog en anglais « Japan This! » d’un certain Marky Star qui tente d’expliquer avec une dose d’humour le sens et l’origine de certains quartiers de Tokyo, notamment celui de Shibuya. Sur la photographie ci-dessus du sanctuaire Konnō Hachiman-gū, j’aime beaucoup les couleurs des dernières lumières du jour qui se reflètent sur le toit humide, après la pluie. Tokyo est très photogénique après la pluie, quand l’eau de pluie accentue les marques et l’âge des murs de béton. Me reviennent en tête quelques photographies prises pendant la saison des pluies en 2009 pour ma série Made in Tokyo Series.

Les lumières de la ville se reflètent également au grand carrefour routier de Shibuya. La voie suspendue de l’autoroute intra-muros surplombant la route 246 est aussi très photogénique d’une certaine façon, par ses dimensions imposantes qui découpent le tissu urbain. Tout autour, on construit. La gare de Shibuya continue sa mutation lente et progressive, sans affecter les nombreuses lignes de train et de métro qui traversent la station. C’est déjà en soi une prouesse. Des nouvelles tours vont voir le jour d’ici 2020 avant les Jeux Olympiques de Tokyo, et vont répondre à la tour Hikarie située de l’autre côté de l’avenue Meiji. Depuis un restaurant au 8ème étage de la tour Hikarie (le restaurant d47食堂 que je recommande chaudement), on peut apprécier une vue d’ensemble des travaux de la gare à travers les grandes baies vitrées.

Depuis les sous-sols de la tour Hikarie, on rejoint la ligne de métro Fukutoshin, une des plus récentes de Tokyo. Etonnament, c’est peut être la première fois que je l’emprunte, bien que j’y sois venu plusieurs fois pour prendre en photo l’oeuvre architecturale de Tadao Ando pour cette station. Lorsque j’arrive à Shinjuku Sanchōme, la nuit est déjà tombée. En remontant à la surface au niveau de l’avenue Meiji, j’aperçois trois punks iroquois colorés. Ils ont l’air plus étonné de mon regard, que moi de les voir ici à Shinjuku. Il y a apparemment une salle de concert en sous-sol dans le coin. Ma marche me fait passer devant l’immeuble IDC Otsuka, qui prend des couleurs vertes un peu extra-terrestres. Un peu plus loin près de la station de Shinjuku, on ne manquera pas un passage devant le Yasuyo Building de Nobumichi Akashi. Pour ceux et celles qui me suivent depuis longtemps, j’ai utilisé cet immeuble en image d’en-tête de Made in Tokyo pendant de nombreuses années. J’aime ses formes très accentuées et agressives. Mais sous les lumières de la nuit, ses formes s’adoucissent et l’immeuble revêt même une couleur dorée du plus bel effet. Et si ce petit immeuble noir au centre de Shinjuku serait le joyau du quartier révélant toute sa splendeur une fois la nuit venue?

Tout en continuant ma marche dans Shinjuku, j’ai en tête la musique de Sheena Ringo 椎名林檎. Pendant mon petit périple dans les rues sombres jusqu’aux panneaux ultra lumineux de Kabukichō, j’écoute Shōso Strip 勝訴ストリップ et Kalk Samen Kuri no Hana 加爾基 精液 栗ノ花. Je reviendrais certainement avec Eddie un soir de février pour prendre des photos vers Kabukichō (Golden Gai probablement). Près de sortie Sud de la station de Shinjuku, la rue pratiquement piétonne où l’on peut voir un magasin remplie de lanternes en façade (Beams) cache également plusieurs disquaires que je viens explorer régulièrement ces derniers temps.

Le double album Microcastle / Weird Era Cont. de Deerhunter n’est pas une nouveauté, mais je ne le découvre en entier que maintenant, après l’avoir trouvé en CD dans un Disk Union de Shinjuku. La couverture de l’album est à la fois étrange, inquiétante et superbe. Peut être s’agit il du visage du leader du groupe Bradford Cox, affublé d’une tête de mort à la place d’un oeil. Microcastle, accompagné du disque bonus Weird Era Cont., est le troisième album de Deerhunter, sorti en 2008. On y découvre une musique indie rock faite de guitares sur des paroles très souvent désespérées et d’une grande sensibilité. C’est également le cas pour les autres projets et groupes de Bradford Cox, comme Atlas Sound. Les voix y sont souvent frêles et répétitives et on ressent une certaine douleur qui demande à être expulsée par des flots de guitares terminant assez régulièrement les morceaux. On est proche de morceaux instrumentaux dans certains cas. Le très beau morceau « Nothing ever happened » en est un bon exemple.

海へ

Je trouve encore de l’inspiration pour mes images de Tokyo envahi par les éléments. Ici, les vagues, la mer prennent place à Shibuya, Ebisu ou encore au pied de la tour de Tokyo. L’ambiance est de plus en plus sombre alors que j’avance petit à petit dans cette série, il faudra que je reprenne un peu de couleurs prochainement.

Alors que je parlais de ma découverte d’un nouveau morceau de Deerhunter dans le billet précédent, le nouvel album Halcyon Digest est sorti le jour d’après, le 25 septembre sur iTunes Japon. Je n’ai pas l’habitude d’acheter un album en entier, mais plutôt de le découvrir petit à petit, morceau par morceau, mais j’ai fait une exception pour celui-ci. Je le découvre donc en ce moment, tranquillement, et en étant déjà pris par l’ambiance de Earthquake, le morceau d’ouverture, Desire Lines avec sa partie instrumentale comme sait si bien le faire Deerhunter, le magnifique Helicopter, Revival que je redécouvre. J’aime vraiment beaucoup ce son. A lire, la critique sur Pitchfork.

When all the ghosts are quiet

Pour continuer la série sur l’invasion de la ville par les éléments naturels, les nuages ici errent comme des fantômes silencieux dans les rues de Shibuya. Le titre de ce billet est en fait un extrait d’une chanson que j’aime beaucoup et que j’écoute beaucoup en ce moment: I Can’t Wait de Twin Shadow, nouveau membre de la famille 4AD. J’avais découvert Twin Shadow avec un autre morceau, Slow, également disponible en téléchargement sur Pitchfork. J’avais aimé cette voix à la Morrissey sur le morceau Slow. Le morceau I can’t wait est assez différent, il y a une sorte de mélancolie qui me touche beaucoup. En plus, 4AD est un de mes labels préférés depuis la découverte de Pixies il y a 20 ans (ça fait drôle de dire ça tout d’un coup). Halcyon Digest, le nouvel album de Deerhunter, devrait également sortir sur ce label, à la fin du mois. Ca sera certainement un bel album. He would have laughed est un très beau morceau.

Darkness, always

Une phrase d’un nouveau titre de Deerhunter, Revival, qui sortira sur l’album Halcyon Digest un peu plus tard cette année. On reconnaîtra aussitôt le chant si particulier de Bradford Cox aka Atlas Sound et une certaine noirceur, toujours. Autre chant reconnaissable immédiatement, celui de Noah Lennox, aka Panda Bear quand il s’échappe de Animal Collective. Il sort aussi un nouvel album cette année et on peut écouter par-ci par là des morceaux comme l’hypnotique Slow Motion. Bien que très différent, ils ont tous les deux un style très marqué et personnel, qui me plait beaucoup.