不出来ではないか

J’attendais ce concert de Tricot (トリコ) depuis un petit moment car j’avais acheté mon billet depuis déjà plusieurs mois, quelques jours après l’ouverture du guichet internet. C’était une bonne idée d’acheter son billet tôt car l’ordre d’entrée dans la salle où le concert avait lieu semblait dépendre du moment où on avait acheté sa place. Le concert se déroulait dans la salle LIQUIDROOM à Ebisu, au pied du carrefour de Shibuyabashi le long de l’avenue Meiji. Je suis bien passé des centaines de fois devant cette salle sans jamais y être entré. Cette date à Tokyo le dimanche 12 Février 2023 à partir 17:30 était le final d’une tournée nationale de 6 dates intitulée Zang-Neng tour 2023. Je comprends ce nom de tournée Zang-Neng comme étant dérivé du mot Zannen (ざんねん) qui veut dire « dommage! ». Ce nom de tournée fait en fait écho au nom du dernier album de Tricot intitulé Fudeki (不出来), qu’on peut traduire par « imparfait » ou « infructueux ». Ce nom d’album est volontairement l’opposé du nom de l’album précédent Jōdeki (上出来) qui signifie « Excellent ». Avec ce nom de tournée et d’album, on pouvait légitimement se demander quelle direction prendrait le concert. Mais connaissant très bien l’esprit joueur d’Ikkyu Nakajima, je n’étais pas vraiment inquiet quant au résultat final. Il est clair que, contre toute attente, l’ambiance du dernier album était moins pop que le précédent, allant même vers des ambiances expérimentales et bruitistes sur certains morceaux. Ikkyu a pris plusieurs fois la parole pendant le concert et a notamment fait part de sa joie et satisfaction de voir autant de monde dans la salle malgré cette approche plus ‘bizarre’, pour reprendre ses propres mots. Le public de Tricot est clairement prêt à les suivre dans toutes leurs explorations sonores, pour la simple et bonne raison qu’elles et il excellent dans l’exécution de leurs morceaux tout en conservant un esprit qui leur est bien particulier. La technique est clairement un atout du groupe, que ça soit la guitare imprévisible de Motifour Kida, la voix pleine d’ondulations et qui sait prendre de la puissance d’Ikkyu Nakajima, la basse enveloppante d’Hiromi Hirohiro et la batterie de Yusuke Yoshida qui vient cimenté l’ensemble. Et cette batterie m’a impressionné car chacun de ses coups semblait faire trembler le sol de la salle de concert. J’avais comme l’impression qu’un fort coup de vent venait me passer entre les pieds à chaque percussion. C’est une sensation étrange certainement dû à la configuration de la salle, mais il n’en reste pas moins que le jeu de Yusuke Yoshida ne manque pas de puissance et de dextérité.

J’étais plutôt bien placé près de la scène à la quatrième ou cinquième rangée bien que celles-ci ne soient pas clairement définies car on était tous debout dans la fosse. Je me suis volontairement placé légèrement sur la droite car je sais que c’est l’emplacement typique d’Ikkyu sur scène. Avant d’entrée dans la salle de concert se trouvant au rez-de-chaussée, il nous faut d’abord monter à l’étage pour attendre notre tour. On nous appelle de manière très organisée, des blocs A , B puis C dans l’ordre des numéros de nos billets. Mon numéro était A108 et l’attente était relativement courte et m’a permis de bien me placer avant que le concert démarre. Il faudra bien ensuite attendre une trentaine de minutes en musique avant que les lumières s’éteignent et que le groupe prenne place sur scène. Le concert dura presque deux heures pour 19 morceaux joués et quelques moments où le groupe, principalement Ikkyu en fait, s’adressait au public. Tous les morceaux du nouvel album Fudeki faisaient partie de la playlist sauf le morceau Endroll ni Maniau Youni (エンドロールに間に合うように) qui était le premier single de l’album déjà sorti et joué au moment de la tournée précédente Walking x Walking de 2022 auquel j’avais déjà assisté à Toyosu PIT. Le concert commence par Mozōshi Hideki-chan (模造紙ヒデキちゃん), le premier morceau de l’album Fudeki, mais il est très modifié et tout aussi expérimental que la version de l’album. Ikkyu entre d’abord sur scène avec sa guitare et manipule un répéteur de sons qui construit une ambiance sonore étrange. Les morceaux s’enchainent ensuite assez vite avec Android (アンドロイド) et Jōdan kentei (冗談検定). Tricot revient parfois vers des morceaux plus anciens comme Right Brain Left Brain (右脳左脳) et Himitsu (秘密) de l’album Makkuro et WARP de l’album 10. Le public réagit très énergiquement, ce qui change de l’ambiance plus calme de l’année dernière en raison des contraintes de la crise sanitaire. Il semble maintenant autorisé de pousser un peu de la voix pour encourager le groupe et exprimer sa joie d’être là. Ikkyu exprime clairement sa satisfaction de retrouver des conditions plus normales où les réactions du public peuvent se faire plus franche, n’étant pas limitée aux simples applaudissements. Ochansensu-Su (おちゃんせんすぅす) du premier album THE est un des morceaux emblématiques du groupe et c’est également celui que le groupe choisit pour s’amuser, en faisant des arrêts et redémarrages soudainement, prenant des pauses bizarres sur scène en marchant au ralenti. Ikkyu s’est décidé pendant ce morceau à effectuer un petit jeu avec les autres membres du groupe pendant ce morceau. Elle déroule sur sa guitare des accords atypiques et demande d’abord à Motifour Kida de l’imiter à la guitare. Viennent ensuite le tour d’Hiromi à la basse et Yusuke à la batterie. Ils arrivent tous très bien à prendre le rythme imprévisible d’Ikkyu comme si elles et il pouvaient prévoir son jeu. Dans le passage de MC qui suit ce petit jeu qui a fait sourire, Ikkyu exprime d’ailleurs sa joie d’être dans un groupe qui se comprend si bien. C’est vrai qu’ils ont l’air très soudé. Elle s’excuse également au nom du groupe d’avoir joué une version complètement décousue et différente de l’album de ce morceau Ochansensu-Su qui est pourtant reconnu comme étant le préféré des fans. Mais là est peut-être le sens du mot Fudeki qui est la ligne directrice de ce concert. Ikkyu parle la plupart du temps mais la sempai Kida lui retourne souvent des piques pleines d’humour. Hiromi est toujours très souriante. Elle ne parle pratiquement jamais devant le public mais exprime très bien avec son grand sourire son plaisir d’être sur scène. En la regardant jouer de la basse sur scène, comme emportée par le rythme des morceaux, me vient parfois l’envie d’être à sa place. Kida est toujours très dynamique sur scène, sautant souvent sur place et se déplaçant au tout devant de la scène pour voler la vedette à Ikkyu et attraper l’attention du public qui lui rend bien. Tout ceci est extrêmement bon enfant, et on ressent très bien la bonne entente qui reigne dans la groupe. C’est très communicatif. Yusuke Yoshida à la batterie est beaucoup plus stoïque, concentré sur son jeu. Il est arrivé plus tard dans la formation mais en fait désormais partie de manière intégrante. C’est une très bonne chose car le jeu de Yoshida est également un atout majeur de Tricot. Son jeu sait pleinement s’adapter à la complexité du match rock. En fait, Tricot ne se limite pas qu’au match rock et mélange les genres, notamment sur ce dernier album qui part même vers le rock alternatif grunge des années 90 (un son que j’aime particulièrement).

Le morceau Kujira (鯨) de l’album Fudeki m’a particulièrement impressionné. Il s’agit d’un des morceaux que je préfère sur le dernier album mais il prend une autre dimension pendant ce concert grâce à la voix d’Ikkyu qui atteint des sommets de puissance et me donnent des frissons. Ikkyu est capable vocalement de sensibilités variées et la mélancolie qu’elle transmet sur ce morceau est particulièrement poignante. Le public l’écoute avec attention. Il y a trois morceaux joués en rappels. Le dernier était le morceau éponyme de l’album Fudeki (celui aux ambiances de rock alternatif américain). Il se termine sur des nappes de bruit sur l’album et elles sont décuplées ici pendant le concert. Motifour Kida se roule même par terre avec sa guitare et fait durer le son tout en distorsion. Pendant ce temps là, Yusuke Yoshida se déchaîne sur sa batterie au point de faire tomber une des caisses. On sent qu’il se pousse à bout pour la dernière de cette tournée et me viennent même en tête tout d’un coup des images de Yoshiki jouant à l’extrême jusqu’à se blesser (ce qui arrivait régulièrement). Ils ont tous les deux un physique d’apparence frêle qui ne laisse pas présager la puissance de frappe et l’endurance dont ils sont capables. Lorsqu’il quitte la scène, à bout de force, on le voit marcher en se tenant à peine debout. Kida continue pendant ce temps ses expérimentations bruitistes alors que les autres membres sont déjà sortis depuis quelques temps. Elle est à terre, tentant d’extraire les derniers sons de sa guitare. Le public est impressionné. C’était un moment très fort qui conclut bien ce concert car l’ambiance qui s’en dégage correspond, encore une fois, bien à l’idée du mot Fudeki. Ikkyu disait au public qu’il fallait être bizarre pour apprécier cette musique et qu’elle était très heureuse d’avoir cette réception du public, se sentant elle-même atypique. C’est bien entendu cette approche atypique qu’on aime chez Tricot et on en redemande.

Ikkyu dit à chaque fois qu’il faut qu’elle parle moins pendant les passages de MC, mais elle ne peut s’empêcher de donner des anecdotes. Elle nous parle cette fois-ci si d’une vidéo qu’elle avait publié sur sa chaîne YouTube Ouchide Naka-chan! (お家でなかちゃん!) montrant son appartement et nous fait part d’un commentaire qui l’avait particulièrement amusé de quelqu’un lui faisant remarquer que son appartement était mal rangé et devait par conséquence sentir mauvais (汚ない、臭そう). Elle insiste d’ailleurs sur le fait qu’elle aime beaucoup ce type de commentaires, bien entendu écrits sur un ton humoristique. Là est encore le sens de Fudeki! Les finales de tournée sont également le moment privilégié pour faire des annonces. Cette fois-ci, Tricot annonce le nom du groupe qui partagera l’affiche du prochain concert à Osaka au Gorilla Hall (les noms de salles sont bizarres à Osaka – je me souviens que Miyuna jouait au Banana Hall l’année dernière). Il s’agit du groupe Genie High (ジェニーハイ), dans lequel, comme par hasard, Ikkyu est la chanteuse avec la bande d’Enon Kawatani. Ikkyu s’amuse à nous dire qu’il s’agira d’une soirée spéciale Naka-chan (son véritable surnom dans le groupe), ce qui tombe très bien car la date du concert est proche de son anniversaire. Le petit passage amusant est que l’anniversaire de la bassiste Hiromi est également très proche, mais Ikkyu prend le soin de nous préciser que ce concert sera seulement à son honneur et qu’il fallait oublier un peu Hiromi. Ce petit passage est évidemment teinté d’humour et à fait réagir le public. Dans mon petit message de remerciements au groupe sur Twitter pour ce concert, je n’ai pu m’empêcher d’ajouter un petit message en la faveur d’Hiromi. Le groupe a dû lire ce message car il a aimé mon tweet (Yeah!). Le concert a duré presque deux heures mais m’a donné l’impression d’être un peu trop court. On a un peu de mal à sortir de la salle. En regardant sur Instagram et Twitter les messages de personnes ayant assistées au concert, je suis surpris d’apprendre que DAOKO (ダヲコ) était également présente dans la salle. J’y avais pensé pendant une minute, car on voit régulièrement DAOKO et Ikkyu ensemble sur Instagram à l’occasion d’événements ce qui me fait dire qu’elles sont très amies. Je ne l’ai bien sûr pas vu dans la salle et je me demande même comment elle pouvait passer inaperçue. Je ne pense pas être le seul à apprécier à la fois Tricot et DAOKO. Je ne suis par contre pas surpris d’apprendre que le designer Masamichi Katayama (片山正通) de l’agence Wonderwall était également dans la salle, car il avait déjà assisté à la tournée précédente et il déborde de superlatifs sur le groupe. Ils nous dit sur son compte Instagram : « The band « tricot » has a tremendous groove that gets me every time! The flow of the live performance, which is so well calculated that it seems like they are innocently enjoying the music, and the ensemble of four crazy techs who are like a skilled jam band, are truly a national treasure. « tricot » is so great!!!« . 国宝ですよ! Ces connections apporteront peut-être un jour une collaboration avec Ichiro Yamaguchi (山口一郎) de Sakanaction (サカナクション), qui sait.

Les quelques photos en tête du billet « rapport de concert » sont les miennes. Celles en petit format sont tirées du compte Twitter de Tricot. Je note ci-dessous la playlist de ce concert de la tournée Zang-Neng tour 2023 au LIQUIDROOM le 12 Février 2023, pour référence ultérieure.

1. Mozōshi Hideki-chan (模造紙ヒデキちゃん), de l’album Fudeki (不出来)
2. Android (アンドロイド), de l’album Fudeki (不出来)
3. Jōdan kentei (冗談検定), de l’album Fudeki (不出来)
4. Omotenashi (おもてなし), de l’album THE
5. Right Brain Left Brain (右脳左脳), de l’album Makkuro (真っ黒)
6. Anamein (アナメイン), du EP Bakuretsu Tricot San (爆裂トリコさん)
7. Ochansensu-Su (おちゃんせんすぅす), de l’album THE
8. WARP, de l’album 10
9. #Achoi (#アチョイ), de l’album Fudeki (不出来)
10. OOOL, de l’album Fudeki (不出来)
11. crumb, de l’album Fudeki (不出来)
12. Himitsu (秘密), de l’album Makkuro (真っ黒)
13. Kujira (鯨), de l’album Fudeki (不出来)
14. Sthenno (ステンノー), de l’album Fudeki (不出来)
15. Afureru (あふれる), de l’album Makkuro (真っ黒)
16. Aquarium (アクアリウム), de l’album Fudeki (不出来)
17. (Rappels) POOL, de l’album THE
18. (Rappels) Fudeki (不出来), de l’album Fudeki (不出来)
19. (Rappels) Jōdeki ~Fudeki Remix~ (上出来 – 不出来Remix), de l’album Fudeki (不出来)

slow down don’t calm down

#1: slow down. Shibuya.

#2: chandelier princess. Daikanyama & Yebisu Garden Place.

#3: walking bridges. Aobadai & Ebisu.

#4: thin trees. Aobadai & Omotesando.

#5: yellow pattern. Nihonbashi & Mitaka.

J’avais initialement dans l’idée de créer une série au long court fait de billets numérotés composés de diptyques, c’est à dire deux photographies ayant un lien plus ou moins fort entre elles ou du moins une correspondance de thème. Mon idée était de faire une centaine de billets de cette série pendant la durée de cette année mais je me suis assez rapidement ravisé. J’avais publié deux billets séparés mais que j’ai finalement regroupé dans un seul billet avec d’autres photos. Je suis moins certain de continuer cette manière de faire sur de nombreux billets mais je commence au moins par celui-ci. Je me suis posé la question de changer quelque chose sur la manière dont je construis mes billets, mais est ce vraiment nécessaire?

Musicalement parlant, je découvre deux morceaux épatants de hip-hop teinté de sons électroniques produits par Shinichi Osawa de MONDO GROSSO. C’est probablement le producteur électro que je préfère en ce moment et je n’ai pas encore écouté le morceau de Sheena Ringo qu’il a remixé avec des apports voix de DAOKO. Je pensais d’ailleurs avoir commandé l’album de remixes de Sheena Ringo mais je ne me rends compte que maintenant que ma commande sur le site Universal Music Japan a été annulé suite au problème d’utilisation du logo de La Croix rouge pour les goods fournis avec l’album. Sur les deux morceaux que j’écoute en ce moment, en boucle il faut bien le dire, Shinichi Osawa s’associe avec le duo hip-hop Dongurizu (どんぐりず) pour former une unité appelée DONGROSSO. J’écoute d’abord RAVE (Hungry Driver) qui inclut également RHYME au chant en deuxième partie de morceau. J’aime beaucoup le gros son électro assez lourd qui semble décéléré, le phrasé hip-hop agressif de Dongurizu et le virement plus enlevé quand RHYME pose sa voix sur ce rythme qui ne prend pas de pause. Le son et ses cassures me rappellent un peu certains morceaux de Mr Oizo (le nom de code de Quentin Dupieux) et je me suis mis du coup à réécouter les excellents morceaux Steroids et Positif. L’autre morceau produit par Shinichi Osawa que je découvre sur YouTube ne semble pas être sorti en single et je ne suis pas sûr que ça soit un morceau terminé car la vidéo ressemble plus à une session d’enregistrement. Il semble s’intituler Red Bull 64 Bars. Mori (森) de Dongurizu est seul à rapper devant un micro du studio d’enregistrement mais Shinichi Osawa n’est pas loin de l’autre côté de l’écran de verre. J’adore la manière dont il perd contrôle de lui-même en se mettant à danser frénétiquement quand le rap de Mori vient s’accorder parfaitement avec le rythme crescendo électro de Shinichi Osawa pour atteindre une sorte d’harmonie. Le morceau ne manque pas de punch et il devient vite addictif. Je peux comprendre qu’on puisse avoir envie de dégager cette énergie par le mouvement en écoutant ce phrasé rap très rapide et rythmé. Bien que les styles soient tout à fait différents, cette danse me ramène vers une vidéo d’une danse automatique que j’aime beaucoup inspirée par le morceau Lovers who uncover de Crystal Castles vs The Little Ones.

ヴァントロワ

Démarrons ce premier billet de l’année en souhaitant à toutes et à tous une très bonne et heureuse année 2023. Ça pourrait devenir une habitude de démarrer l’année avec quelques photos d’Enoshima, car nous y allons régulièrement à la toute fin de l’année pour profiter des dernières lumières sur le Mont Fuji. Il avait pourtant préféré cette fois-ci se cacher dernière un épais voile de nuages. Nous profiterons tout de même du soleil couchant sur l’océan pacifique tout en dégustant une pizza aux petits poissons shirasu dans un des restaurants sur les hauteurs d’Enoshima. On profitera également de la foule venue visiter l’île. Je n’utilise ces derniers temps que mon petit objectif fixe 40mm, et j’aime par conséquent prendre des photos plongées dans la foule comme sur les première et cinquième photographies. Ces photos à Enoshima datent du 30 Décembre tandis que les deux dernières ont été prises le 31 Décembre à Daikanyama et à Ebisu pour une dernière marche de l’année avant de se préparer pour le réveillon.

J’ai l’impression que la soirée du 31 Décembre 2022 a passé très vite en regardant comme tous les ans l’émission Kōhaku Uta Gassen (紅白歌合戦) sur NHK, peut-être parce qu’il n’y avait pas de points très marquants cette année. J’avais déjà vu les artistes qui m’intéressaient (King Gnu, Ado, Aimer…) dans d’autres émissions télévisées de fin d’année interpréter les mêmes morceaux qu’à Kōhaku donc l’effet de surprise était grandement atténué. Mon principal intérêt était de voir Vaundy sur scène en solo puis en groupe avec Aimer, Ikura de Yoasobi et Milet pour le morceau Omokage (おもかげ). J’ai beaucoup aimé la dynamique de leur interprétation groupée sur scène, et on avait vraiment l’impression qu’il et elles appréciaient pleinement le moment. Il faut dire que c’est un sacré quatuor et l’apport de la voix de Vaundy par rapport à la version originale de The First Take est un vrai plus. Ça m’a même donné envie d’aller voir Vaundy en live. J’ai aussi beaucoup aimé le morceau de Fujii Kaze (藤井風) intitulé Shinu no ga ii wa (死ぬのがいいわ) qui me disait vaguement quelque chose sans le connaître vraiment. Ce morceau n’est pourtant pas tiré de son dernier album, donc le choix pour Kōhaku me paraît étonnant. Il y avait quelques curiosités comme le super-groupe rock auto-proclamé The Last Rockstars composé de Yoshiki de X Japan, Miyavi, Hyde de L’Arc~en~Ciel et Sugizo de Luna Sea (et X Japan ces dernières années). Contrairement au quatuor mentionné ci-dessus, leur interprétation démontrait qu’on peut regrouper les plus grandes stars et pourtant créer une musique et interprétation insipide. En comparaison, le rock band old-school de Keisuke Kuwata (桑田佳祐) avec Motoharu Sano (佐野 元春), Masanori Sera (世良公則), Hisato Takenaka (竹中 尚人, aka Char) et Goro Noguchi (野口 五郎) était plus intéressant à regarder et écouter. Ce super-groupe temporaire que seul Kōhaku est en mesure de créer était accompagné par Yuko Hara (原 由子, épouse de Kuwata et clavier de Southern All Stars), Kohei Otomo (大友 康平) et Hama Okamoto (ハマ・オカモト, bassiste du groupe Okamoto’s). Je n’ai réalisé que récemment que Hama Okamoto, de son vrai nom Ikumi Hamada, est le fils du comédien Masatoshi Hamada du duo Downtown. Une autre curiosité était de voir Shinohara Ryōko (篠原涼子) sur scène (avec Tetsuya Komuro au piano) car j’avais oublié qu’elle chantait. On se demandait un peu la raison de sa présence soudaine, mais Kōhaku invite régulièrement des célébrités lors des années anniversaire de leur carrière musicale. C’était le cas de Shizuka Kudo (工藤静香) au chant accompagnée de sa fille Cocomi à la flute, mais cette musique là ne m’intéresse pas du tout. Et il y a des groupes ou artistes dont je ne suis particulièrement fan mais que j’aime voir sur scène comme Ryokuōshoku Shakai (緑黄色社会) dont c’était la première apparition à Kōhaku. J’aime beaucoup la voix de Haruko Nagaya, tout comme celle d’Aimyon (あいみょん) qui est habituée de toutes les émissions musicales de fin d’année. Elle chante cette fois-ci un morceau de son nouvel album et un plus ancien qui m’intéresse plus: Kimi ha Rock wo Kikanai (君はロックを聴かない). Comme l’année dernière, Yō Ōizumi (大泉洋) présentait l’émission, accompagné cette fois-ci de Kanna Hashimoto (橋本環奈) remplaçant Haruna Kawaguchi (川口春奈) qui présentait l’année dernière. Comme d’habitude, Yō Ōizumi en fait trop en imitant sans cesse le « Bravo » du footballer Nagatomo. Kanna Hashimoto m’agace aussi toujours un peu car elle n’a jamais le tract et je préfère quand on ressent l’esprit un peu solennelle que peut prendre cette émission. La comédie est bien présente mais par petites doses avec Akiyama qui me fait à chaque fois rire rien qu’en le voyant, cette fois-ci prenant les traits d’un faux producteur et d’un jeune supporteur un brin émotif. Et lorsqu’on approche du final, on attend toujours MISIA qui fait à chaque fois sensation avec ses robes volumineuses. Cette fois-ci, sa robe était rouge et MISIA portait des longues oreilles de lapin du plus bel effet. Sheena Ringo ou Tokyo Jihen n’étant pas présents cette année, l’émission ne m’a que moyennement intéressé dans son ensemble.

La courte émission qui suit sur NHK, Yuku Toshi Kuru Toshi (ゆく年くる年), juste avant les douze coups de minuit, avait la particularité d’être présentée depuis le grand sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu à Kamakura. Ce sanctuaire a une valeur toute particulière pour nous car nous nous y sommes mariés il y a presque 20 ans. Nous n’y sommes par contre pas retournés depuis quelques années, et voir ces images sur NHK m’a vraiment donné envie d’y aller bientôt. Un jour peut être, il sera enregistré au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je sais que la demande est faite régulièrement pour le classer mais ça n’a pas encore été réalisé. Minuit annonce un passage au sanctuaire d’Hikawa. Un verre d’amazake et de shiruko nous y attendent. J’aime ce moment passé dans le froid à boire cette boisson qui nous réchauffe un peu. Les soirées du premier de l’an sont toujours très programmées, mais nous n’allons à Hikawa que depuis peu. La première visite au sanctuaire le lendemain matin pour le hatsumode se passe plutôt au sanctuaire Konnō Hachimangu (金王八幡宮) de Shibuya (où se trouvait autrefois le château). Le premier jour de l’année, je me pose toujours la question du premier morceau que je vais écouter. C’est une reflexion un peu vaine car ne conditionne rien du tout pour le reste de l’année, mais je ne sais pour quelle raison j’y accorde une certaine importance. Je commence donc avec le dernier morceau de Miyuna, Aiai dana (愛愛だな), qui doit être le plus pop qu’elle ait créé jusqu’à maintenant et c’est un morceau qui me met immédiatement de bonne humeur.

Ces derniers jours, j’écoute quelques morceaux de Capsule sur leur dernier album Metro Pulse sorti le 14 Décembre 2022: Virtual Freedom, Give me a ride et Start. J’avais déjà parlé de deux autres morceaux sortis précédemment en single, Hikari no Disco et Future Wave. Les trois nouveaux morceaux que j’écoute maintenant sont tout à fait dans le même esprit électronique rétro-futuriste. A défaut d’être nuancée, la musique de Yasutaka Nakata sur ces morceaux est terriblement efficace, avec une atmosphère assez similaire à ce qu’il a pu composer pour Ado sur Shinjidai, son single au succès énorme. Toshiko Koshijima n’a pas tout à fait les mêmes capacités vocales qu’Ado, mais sa voix constitue à part entière l’empreinte musicale de Capsule. Parfois j’ai du mal à me rappeler que Koshijima et Nakata sont des personnes humaines et pas des représentations androïdes. La couverture du nouvel album les montrant en personnages fait de polygones des années 90 aide à brouiller un peu plus les pistes. Je n’avais jusque là pas d’intérêt particulier pour Capsule à part quelques morceaux passés comme Jumper sur l’album More! More! More! (2008) ou Sugarless Girl sur l’album du même nom (2007) qui m’avaient pourtant beaucoup plu à l’époque.

Une émission musicale du soir sur NHK attire mon attention car elle interview le groupe rock japonais Ellegarden que je connais de nom depuis longtemps, sans n’avoir jamais eu l’intention d’écouter. Ils viennent de sortir un nouvel album intitulé The End of Yesterday le 21 Décembre 2022, après un long hiatus. Le premier morceau de l’album Mountain Top passe dans l’émission et ce son rock me ramène soudainement 30 années en arrière me rappelant le rock FM américain très populaire dans les années 90, comme Blink-182 sur lequel Ellegarden aurait entre autres modelé son identité sonore. A part Weezer, je n’étais pas à cette époque particulièrement amateur de rock californien et je préférais le Nord de la côte Ouest américaine du côté de Seattle. Mais pour reprendre une phrase du paragraphe ci-dessus qui s’applique également très bien à Ellegarden: à défaut d’être nuancée, la musique de Ellegarden est terriblement efficace. Et écouter ce morceau Mountain Top me rajeunit de quelques décennies, donc je suis preneur. Comme le chanteur Takeshi Hosomi chante parfaitement en anglais, on a un peu de mal à imaginer qu’ils ne proviennent pas des plages ensoleillées californiennes, mais plutôt de celles de Chiba. Et pour continuer un peu, j’écoute également Strawberry Margarita qui enfonce un peu plus le clou dans l’esprit teenage rock, jusque dans la légèreté des paroles. Mais, ça reste un sacré plaisir quasiment impulsif d’écouter ces deux morceaux.

Pour revenir vers des sons plus electro-jazzy, on me conseille dans les commentaires d’un billet précédent de revenir vers Kiki vivi lily que j’avais découvert par son morceau New Day (feat. Sweet William) sur son album Tasty sorti en 2021. J’écoute deux morceaux Blue in Green et Pink Jewelry Dream d’un album intitulé Over the rainbow qui est une collaboration de Kiki vivi lily avec Sukisha (aka Hiroyuki Ikezawa). Sur ces morceaux, j’aime beaucoup la manière dont l’ambiance musicale vient s’installer tranquillement sans forcer, notamment dans les répétitions sur Blue in Green. La voix légèrement voilée de Kiki vivi lily a quelque chose d’un peu nonchalant qui vient joliment contraster avec la rythmique apportée par Sukisha. Cette association fonctionne très bien, notamment sur le refrain de Pink Jewelry Dream.

Pour continuer avec mes écoutes musicales, je fais volontairement une faute de quart (c’est de saison même si je n’ai pas skié depuis longtemps) en écoutant deux morceaux de Tommy february6 qui finissent par me fasciner. Tommy february6 est un projet solo de Tomoko Kawase (Tommy étant son surnom), chanteuse du groupe The Brilliant Green qui avait connu son heure de gloire à la fin des années 90 et au début 2000. Si mes souvenirs sont bons, j’avais même acheté le CD de leur album Terra 2001 sorti en 1999 mais je pense bien l’avoir revendu. J’ai un très clair souvenir du premier single de Tommy february6, Everyday at the bus stop, librement inspiré de pop américaine volontairement kitsch. Ce morceau passait souvent sur Space Shower TV en 2001, et comme je ne regardais pratiquement que cette chaine à cette période là, j’avais fini par être entrainé de force dans cette musique entêtante (en traînant des pieds mais en tendant l’oreille). Les hasards de Twitter me font écouter un autre morceau de Tommy february6 intitulé je t’aime ★ je t’aime, sorti le 6 février 2003 (le jour de son anniversaire donc). Le kitsch est toujours omniprésent mais me rappelle maintenant plutôt la variété française des années 80 (mais je n’arrive pas à savoir quoi, juste une vague impression). Je n’aurais certainement pas dû écouter cette chanson une première fois car je ne peux m’empêcher de la réécouter. Ça veut peut être dire que le morceau est réussi?

Et pour terminer ces découvertes de fin et de début d’année, je reviens vers le groupe rock indé japonais For Tracy Hyde qui vient également de sortir un nouvel album le 14 Décembre 2022. Son titre est Hotel Insomnia et l’album est composé de 13 morceaux. Je n’en écoute que trois pour le moment, qui doivent correspondre aux singles car des vidéos sont disponibles sur YouTube: Friends, Milkshake et Subway Station Revelation. Le style Dream Pop riche en distorsions de guitares ne diffèrent pas de ce qu’on pouvait connaître du groupe sur ses précédents albums et c’est une très bonne chose. For Tracy Hyde est pour moi une des valeurs sûres du rock indé japonais, à défaut d’apporter des sons originaux à la scène rock japonaise. Un morceau comme Friends en est un très bon exemple, très bien construit et fluide. Je me souviens avoir eu un peu de mal à apprécier la voix d’Eureka sur les premiers albums, mais je n’ai pas du tout cette impression sur ces quelques morceaux, au point où elle devient la véritable marque stylistique du groupe au delà même des compositions shoegaze toujours impeccables d’Azusa Suga. Friends prend des accents plutôt pop tandis que Milkshake est beaucoup plus proche du shoegaze. Chaque album de For Tracy Hyde me rappelle que le rock est toujours très présent au Japon, ce qui n’est pas pour me déplaire. Mais alors que j’écris ces quelques lignes, on apprend par le compte Twitter du groupe que cet album sera le dernier et que For Tracy Hyde se séparera après tout juste 10 ans d’existence, à l’issue d’un dernier concert en Mars 2023 dans une salle de Shibuya. C’est bien dommage d’apprendre cet arrêt d’activité du groupe et la raison exacte n’est pas donnée. J’imagine qu’Azusa Suga continuera ses autres projets menés en parallèle de For Tracy Hyde, à savoir son autre groupe AprilBlue et ses contributions de morceaux au groupe d’idoles alternatives RAY. Ce sont deux formations que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur Made in Tokyo. Mais continuons un peu plus la découverte de ce nouvel album avec le premier morceau Undulate et le troisième Kodiak qui sont particulièrement intéressants. A suivre mais ces cinq morceaux sont en tout cas excellents, certainement les meilleurs du groupe.

slipping on out my ordinary world, out my ordinary eyes

On marche autour de la station d’Ebisu le long de la voie ferrée qui monte jusqu’à l’entrée de Yebisu Garden Place, puis en direction du croisement de Yarigasaki à la limite de Daikanyama, puis dans une toute autre direction vers l’église de béton conçue par Tadao Ando dans une petite rue étroite proche de la rue commerçante principale d’Hiroo. Rien d’extraordinaire dans ces photographies qui montrent des lieux plutôt ordinaires. J’aimerais montrer des choses étonnantes et extraordinaires sur mes photos mais elles se contentent de l’ordinaire qui m’entoure. Enfin, de cet ordinaire, j’essaie principalement d’en saisir les pointes de couleurs: celles géométriques imprimées sur le muret d’un garage pour bus, celles des scooters stationnés méthodiquement sous le train de la ligne verte Yamanote, celles des petites bouteilles d’eau et de jus de fruits d’un distributeur automatique égaillant tant qu’il le peut une veille baraque semblant abandonnée, celles triangulaires inversées disposées sur le gris du béton de l’église mentionnée ci-dessus, celle d’une plante exotique semblant disproportionnée par rapport au pot bleu qui la porte, celle d’un passant en manteau jaune fluo contrastant avec d’autres manteaux verdâtres montrés de manière répétitive sur un mur d’immeuble du croisement de Yarigasaki. Les couleurs des choses sont un thème récurrent et une inspiration régulière de mes photographies, bien que je ne m’attarde pas souvent à en parler. J’aime par dessus tout le détachement des couleurs sur le gris des murs de la ville.

Je mentionnais dans un billet précédent partir à la découverte de la musique rock indé de Yū après avoir écouté son album de 2004, Ten no Mikaku. Je continue donc avec le premier album de son groupe au nom bizarre Chirinuruwowaka (チリヌルヲワカ), intitulé Iroha (イロハ). L’album n’est pas vraiment facile à trouver car il n’est à priori pas vendu d’occasion au Disk Union de Shinjuku. Du moins, je ne l’ai pas trouvé en cherchant dans les catégories alphabétiques et sous le nom de l’autre groupe de Yū, GO!GO!7188. Dans ces cas là, il m’a fallu le chercher sur Mercari. L’album Iroha est sorti le 28 Septembre 2005, la même année que la formation du groupe qui est d’ailleurs toujours actif aujourd’hui avec 12 albums à leur actif. Leur dernier album intitulé Apocalypse (アポカリプス) vient d’ailleurs tout juste de sortir en Septembre. Sur Iroha, les amateurs de la musique de GO!GO!7188, dont je fais partie, ne seront pas dépaysés car la voix de Yū est tellement marquante qu’elle est immédiatement reconnaissable. L’ambiance reste également fortement empreinte de rock indépendant riche en guitares, mais avec un peu moins d’agressivité que GO!GO!7188. La voix de Yū me fait souvent penser aux chansons Enka sauf qu’elles seraient ici électrisées par les guitares très présentes. Le rythme général n’est pourtant pas apaisé, et même loin de l’être, et les morceaux s’enchaînent sans répit. Le groupe permet l’écoute de l’album dans son intégralité sur YouTube et je conseille fortement aux amateurs de rock indé japonais d’y jeter une oreille attentive. Les deux premiers morceaux de l’album, Kasugai (カスガイ) et Hanamuke (はなむけ), sont une très bonne entrée en matière. La voix de Yū y est tout en modulation et le rythme effréné. Par rapport à son album solo, Ten no Mikaku (てんのみかく), que je mentionnais précédemment, l’album Iroha reste dans le rock pur sans faire des écarts vers le jazz, par exemple. Musicalement, l’ensemble est très cohérent et parfaitement exécuté avec de nombreux riffs accrocheurs. Yū (中島優美, Yumi Nakashima de son vrai nom) joue de la guitare en plus de chanter et elle est accompagnée par Eikichi Iwai (イワイエイキチ) à la basse (je l’évoquais très rapidement de mon billet précédent), Kōsaku Abe (阿部耕作) à la batterie. Sur cet album, le deuxième guitariste était Haruhito Miyashita (宮下治人), mais il a quitté le groupe et Natsuki Sakamoto (坂本夏樹) a pris la relève en 2010 suite à un hiatus de 3 ans du groupe. Entre GO!GO!7188 que je continue a beaucoup écouter (j’en parlerais certainement plus tard) et les 11 autres albums de Chirinuruwowaka qu’il me reste à explorer (il faut d’abord que je les trouve), je vais certainement avoir beaucoup de rock dans les oreilles ces prochaines semaines ou mois. Mais, je ferais quelques passages un peu plus pop, ne serait ce que pour aller voir Miyuna (みゆな) en concert prochainement (si tout se passe bien). En faisant quelques recherches de revue des albums de Chirinuruwowaka sur internet, je trouve les avis d’un passionné francophone sur le site Rate Your Music (RYM), un amoureux du chant de Yū, et ça fait plaisir à lire car je partage complètement son avis, qu’il formule d’ailleurs mieux que moi.

青く冷えてゆく東京

Je pense avoir déjà montré au moins une fois ces bâtiments sur Made in Tokyo, à part la maison noire aux lignes obliques sur la quatrième photographie et la résidence de béton sur la dernière photographie. La petite maison noire avait arrêté notre élan alors que je me promenais à vélo avec Zoa jusqu’au parc olympique de Komazawa en traversant le quartier de Shimouma. Dans ces cas là, Zoa m’autorise à chaque fois à m’arrêter quelques minutes au bord de la route pour prendre des photos. Je retiens parfois mon besoin compulsif de prendre des photos, mais la tentation est trop forte dans certains cas, surtout lorsqu’il y a de l’oblique ou d’une manière générale des formes non conventionnelles. Le bâtiment long et massif sur la dernière photographie se trouve à proximité de la tour Prime Square à Ebisu. Le béton est massif, sans fenêtres sur la rue, et sa texture est superbe. L’architecture que j’aime voir ne correspond pas toujours à l’architecture dans laquelle j’aimerais vivre. J’imagine que les fenêtres se trouvent de l’autre côté car il semble y avoir une cour intérieure. La rue est certes étroite mais n’est pas excessivement empruntée et il n’y pas de très fort vis-à-vis. Je me pose donc la question de la suppression quasi-totale des ouvertures. L’espace creusé dans le béton au rez-de-chaussée est une place de parking et donne accès à une porte qui n’est pas à priori la porte d’entrée principale de chaque habitation à l’intérieur de cette résidence. Elle s’appelle Kōyōsō (向陽荘) mais je n’ai pas trouvé d’autres informations à son sujet. Les autres photographies ont été prises principalement à Yoyogi Uehara et un peu plus loin vers Shōtō. Je marche assez souvent vers Yoyogi Uehara en ce moment, quartier que j’ai beaucoup exploré il y a plusieurs années. Sur l’avant dernière photographie, la lumière du soir vient se refléter doucement sur les parois de l’hôtel Prince Smart Inn à Ebisu. En prenant cette photo, je me rends compte que je pense un peu trop mes photographies en terme d’objet plutôt qu’en terme de lumière. Il faudrait que je garde cela un peu plus en tête, quitte à me diriger vers un peu plus d’abstraction visuelle.

Image montrée sur le compte Twitter de Music Station: AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) à gauche et Sheena Ringo (椎名林檎) à droite, toutes les deux vêtues d’une robe Prada, superbe il faut bien le dire, avant l’interprétation de Gunjō Biyori (群青日和).

Je mentionnais dans un billet récent que j’attendais avec une certaine impatience de voir à la télévision la prestation de la formation spéciale Elopers réunie par Sheena Ringo. C’était le Vendredi 15 Octobre 2021, à l’occasion des 35 années de l’émission musicale Music Station animée sans discontinuer par Tamori. Tamori est d’ailleurs désormais inscrit au livre Guinness des records pour cette longévité inégalée pour une émission se déroulant en direct. Autant j’aime sa présence et sa vivacité d’esprit dans une émission comme Bura Tamori (ブラタモリ) sur NHK, autant il semble un peu ailleurs sur Music Station. Il faut dire qu’il a plus de 70 ans. Je ne critique pas du tout le personnage ceci étant dit, car je pense qu’il aime authentiquement les artistes qui participent à son émission tant qu’ils ou elles lui retournent bien les marques de respect. Tous les artistes ne sont malheureusement pas invités dans cette émission et il est extrêmement rare d’y voir des artistes indépendants s’y produire. Même dans le mainstream, j’ai l’impression qu’il faut avoir la bonne carte pour y participer et ce sont souvent les mêmes têtes que l’on voit. Sheena Ringo est mainstream et possède la carte, et ce depuis ses débuts, donc on la voit assez régulièrement, au moins quand elle ou Tokyo Jihen sortent un nouveau single ou un nouvel album. C’est très loin de me déplaire bien entendu. Elle a tellement la carte qu’elle peut même se permettre de jouer un ancien morceau comme Gunjō Biyori (群青日和) de Tokyo Jihen, sorti il y a plus de 15 ans. Cette émission spéciale de 4 heures fêtant les 35 ans de Music Station comportait de toute façon de nombreuses séquences rétrospectives, donc jouer un morceau classique de Tokyo Jihen était loin d’être hors sujet.

Image montrée sur le compte Twitter de Music Station: La formation Elopers au complet avec de gauche à droite: Sheena Ringo (椎名林檎), Hona Ikoka (ほな・いこか), Yuu (ユウ), AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) et Shiori Sekine (関根史織). Les chemises de style grunge sont, contrairement à ce qu’on pourrait d’abord penser, de la marque Gucci, Celine ou encore Loewe.

Sheena s’était entourée de Yuu (ユウ, Yumi Nakashima) du groupe Chirinuruwowaka (チリヌルヲワカ) mais auparavant de GO!GO!7188, Shiori Sekine (関根史織) du groupe Base Ball Bear, Hona Ikoka (ほな・いこか) du groupe Gesu no Kiwami Otome (ゲスの極み乙女。) et AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) de BiSH. Hona Ikoka était à la batterie, Shiori Sekine à la guitare basse, Yuu et Sheena à la guitare électrique et AiNA seule au chant. La surprise, mais je m’y attendais un peu, était que Sheena ne chantait pas et jouait seulement de la guitare. Elle s’était même placée un peu en retrait dans le coin gauche de la scène, comme pour laisser la place aux autres et notamment à AiNA au chant. J’imagine la pression pour AiNA si Sheena était juste à côté et ce retrait est certainement volontaire. Dans l’interview avec Tamori avant l’interprétation sur scène, AiNA nous explique qu’elle avait demandé cinq fois à Sheena si elle voulait vraiment qu’elle fasse partie du groupe au chant. AiNA est clairement la plus jeune et deux autres membres sont également chanteuses dans leurs groupes respectifs (Yuu et Sheena). Je trouve qu’on remarquait cette pression sur ses épaules notamment au début du morceau, mais AiNA a fini par libérer son chant dans la deuxième partie du morceau. A ce moment là, elle chantait un peu plus à sa manière et c’est ce qu’on attendait. C’est d’ailleurs amusant de voir Sheena sourire légèrement de satisfaction vers la fin du morceau. La voix d’AiNA est loin d’égaler celle de Sheena mais elle est différente, plus torturée peut-être, et elle ne sera pas excellente sur tous les morceaux qui se présentent à elle. Le final de Gunjō Biyori était particulièrement savoureux. La force des trois guitares s’y conjuguaient dans un bruit électrique qui faisait sourire AiNA de soulagement. Ce dernier solo était moins bien exécuté que quand Tokyo Jihen le joue à quatre guitares (Ukigumo, Izawa, Kameda et Sheena) mais il s’en dégageait beaucoup de puissance. J’aimerais bien que ce groupe continue en parallèle de Tokyo Jihen, même de manière très épisodique, et pourquoi ne pas composer des nouveaux morceaux chantés à trois voix (Sheena, Yuu et AiNA)? Il y a là, à mon avis, un potentiel à développer. Sheena nous disait dans l’interview initial de Tamori qu’elle avait découvert AiNA dans cette émission Music Station et avait été impressionné par sa voix. On sait aussi que Kameda avait arrangé les musiques et produit le premier album d’AiNA. Il y a donc fort à parier que ça ne sera pas la dernière collaboration entre ces deux artistes. Ceci étant dit je ne pense pas avoir déjà entendu un morceau en duo entre Sheena et une autre chanteuse. Elle a fait de nombreux duo mais toujours avec des voix masculines fortes et typées (Miyamoto Hiroji par exemple, qui était également présent dans l’émission ce soir là).

Image montrée sur le compte Twitter de Daiki Tsuneta: Le groupe King Gnu au complet avec de gauche à droite: Yū Seki (Batterie), Kazuki Arai (Basse), Daiki Tsuneta (guitare) et Satoru Iguchi (Voix et clavier), ainsi que leurs versions enfants que l’on peut voir dans la vidéo du morceau BOY et sur la scène de Music Station. A noter que satoru Iguchi a le même t-shirt que dans la vidéo de Teenage Forever, ce qui semble créer des liens entre les morceaux.

L’autre groupe que je voulais absolument voir lors de cette émission était King Gnu. Ils passaient juste après Elopers et interprétaient un nouveau morceau intitulé BOY que je n’avais jamais entendu car il sortait le jour même. Dans la vidéo réalisée par Osrin de Perimetron, les membres de King Gnu sont joués par des enfants et la surprise était que ces mêmes enfants étaient présents sur scène à la place de King Gnu pendant l’émission Music Station. Ils étaient d’abord présents près de Tamori pour une courte interview, et le petit garçon jouant le rôle de Satoru Iguchi ne s’est pas démonté en répondant aux questions. Mais comme on lui posait une question enfantine (qu’est ce que tu aimes comme plat), il a eu la bonne répartie de poser exactement la même question avec un air un peu moqueur à un des invités assis à côté de Tamori, sous l’étonnement général. Je n’ai malheureusement pas pu me concentrer sur l’écoute du morceau pendant la prestation, car voir des enfants faire semblant tant bien que mal de jouer sur scène comme King Gnu m’a quand même un peu perturbé. Le groupe intervenait quand même en deuxième partie de morceau, ce qui m’a tout de suite rassuré. J’ai eu peur qu’ils n’apparaissent pas du tout sur scène pendant l’émission. Ils en auraient été capable. Le morceau en lui même est dans la ligne directe des autres morceaux de King Gnu. On n’y trouvera pas une grande originalité mais il est accrocheur dans l’ensemble. Sur la scène, j’ai particulièrement aimé le jeu de guitare de Daiko Tsuneta, tout en distorsions ce qui m’a rappelé l’émission KanJam avec Tokyo Jihen où le sujet des distorsions (歪み) était longuement évoqué (à propos des distorsions à la guitare basse dont Seji Kameda est spécialiste). Après plusieurs écoutes du morceau BOY sur YouTube, je l’aime finalement beaucoup.

L’autre curiosité était un morceau d’une dizaine de minutes de Perfume et Daichi Miura, accompagnés des danseuses et danseurs de ELEVENPLAY et SP Dancers. Je ne suis pas particulièrement amateurs de Daichi Miura (三浦大知) ou de Perfume, mais j’étais très curieux de voir les chorégraphies imaginées par MIKIKO et les effets spéciaux sur scène de Rhizomatiks. Ce n’est pas la première fois que MIKIKO et Rhizomatiks interviennent sur les chorégraphies et l’animation sur scène de Perfume. Le groupe est d’ailleurs connu pour sa qualité scénique. ELEVENPLAY faisait les raccords entre les prestations de Perfume et Daichi Miura, ce qui donnait un ensemble très fluide et beau visuellement. J’en arrive même à apprécier le morceau que Perfume interprétait, leur dernier single Polygon Wave, ce qui est une première pour moi. Mais je suis en ce moment dans une phase où j’aime à peu près toutes les compositions musicales de Yasutaka Nakata, j’y reviendrais certainement un peu plus tard.

Le titre du billet est tiré des paroles de Gunjō Biyori (群青日和) et vient signifier que Tokyo se refroidit, ce qui est tout à fait de saison aujourd’hui.