東京の夜空の星になる

羽根がないのならそれはそれで
それじゃ何処にも行けない
冷たいビル風があたしの真ん中凍らせた
夢がないのならそれはそれで
思い出に浮かんでいられて丁度いい
それじゃ朝日も仰げない
夜空を踊る 星になる 星になる…

C’est dans le noir et blanc que se cache réellement la lumière et c’est au fond de sa substance sombre que se trouve la source des rêves. La lumière nous invite à une chaleur loin du vent froid rôdant autour des buildings. Sans rêves, on se contentera de flotter dans nos souvenirs, sans aller nulle part. Les rêves nous donnent par contre des ailes qui nous permettent de danser dans le ciel nocturne jusqu’à devenir des étoiles.

Ce petit texte m’est inspiré par une sélection de paroles en japonais d’un morceau intitulé Tokyo (東京) sur l’album Ryūzetsuran (竜舌蘭) de GO!GO!7188 sorti en 2004. J’accole certaines paroles sélectionnées de ce morceau sur des images en noir et blanc, la plupart du temps prise de nuit de manière à faire danser les lumières. Le petit texte est une interprétation tout à fait libre des paroles en japonais. J’utilise souvent des paroles de morceaux pour composer mes titres de billets en japonais ou en anglais, mais c’est la première fois que je les associe directement avec des photographies. Ce morceau aurait pu faire partie de ma playlist composée uniquement de morceaux intitulé Tokyo.

Je continue donc à écouter avec beaucoup de passion les albums de GO!GO!7188 au fur et à mesure que je les trouve dans les magasins Disc Union. En fait, on ne trouve les albums de ce groupe qu’au magasin de Shinjuku et ils disparaissent petit à petit, les uns après les autres, au fur et à mesure que je les achète. La musique rock alternative de GO!GO!7188 sonne à mon avis assez bien avec le son Shinjuku-Kei même si le groupe est originaire de Kagoshima. Partit acheter ces disques me donne également une occasion de marcher jusqu’à Shinjuku, ce que j’aime beaucoup faire sans vraiment savoir pourquoi. J’écoute les albums de GO!GO!7188 dans l’ordre chronologique et je trouve, sans grande surprise, qu’ils gagnent en maturité. Les guitares sont toujours bien présentes même si elles sont un peu moins agressives et la voix de Yū est toujours aussi addictive car pleine de variation. J’y trouve toujours une pointe d’ambiance Showa ou de Kayōkyoku à défaut de tendre vers une version rock du Enka. Ce n’est pas une impression marquée mais une atmosphère que transmet le chant de Yū. J’aime vraiment beaucoup ce son qui a pour moi des vertus apaisantes malgré le fait que ça soit bien du rock tout à fait électrique. Et pour alterner encore, je reviens vers les anglais d’Arctic Monkeys avec leur deuxième album Favourite Worst Nightmare sorti en 2007. Je connaissais depuis quelques années le morceau Brianstorm mais je n’avais jamais écouté cet album en entier. L’énergie qui s’en dégage à quelque chose de jubilatoire et correspond bien à ce que j’ai envie d’écouter en ce moment. L’album gagne en intensité jusqu’au morceau 505 qui est un des meilleurs de l’album, mais il y en a beaucoup d’autres. Et comme c’est l’édition japonaise de l’album, il y a deux morceaux en bonus à la fin qui ne dépareillent pas avec l’ensemble de l’album. Bref, j’ai envie de continuer encore un peu en écoutant d’autres albums de ces deux groupes.

不可欠歩行

Ces rues, plutôt inhabituelles pour moi, se trouvent près de Jiyūgaoka dans l’arrondissement de Meguro. Je reviens de la vallée de Todoroki (等々力渓谷) et je me rends compte que je n’ai pas encore montré de photos de cet endroit. Mes séries s’inscrivent la plupart du temps dans un ordre non chronologique car la séquence des billets est plus importante pour moi que la chronologie, vu que mes textes ne s’inscrivent pas dans l’actualité du moment. Quand je le peux, j’aime alterner les billets purement architecturaux avec ceux de paysages urbains, en général plus désordonnés et accompagnés de recommandations musicales. Après avoir aperçu une étrange maison de béton aux angles affûtés, je suis pendant quelques secondes une dame en noir avant de bifurquer rapidement vers une rue longeant la voie ferrée. Le centre de Jiyūgzoka n’est pas très loin et je le traverse rapidement pour m’en échapper après avoir retourné le bonjour à Arale placée sagement dans une vitrine à côté de bottes Louis Vuitton. La résidence d’acier et de verre sur la dernière photographie est intéressante car le balcon est traversé par endroits par un grand arbre. Un homme est assis sur un des balcons et je le vois déjeuner à côté de cet arbre traversant. Je l’envie quelques instants car ça doit être agréable de manger dehors avec une vue dégagée sur la rue.

Je reviens vers le groupe rock alternatif GO!GO!7188 avec les deux premiers albums Dasoku Hokō (蛇足歩行) et Gyotaku (魚磔), que j’écoute déjà depuis quelques semaines. Ils sont sortis en Novembre 2000 et Décembre 2001 respectivement. J’y reviens ces derniers jours et me replonge volontiers dans l’intensité inarrêtable et pleine d’urgence de cette musique rock indé. Rappelons que GO!GO!7188 est un trio, formé en 1998, originaire de Kagoshima dans le Kyūshū, qui a malheureusement arrêté ses activités en 2012 après huit albums studio. Avec Sheena Ringo originaire de Fukuoka, Miyuna de Miyazaki et GO!GO!7188 de Kagoshima, je me rends compte tout d’un coup que j’écoute beaucoup de musique des filles du Kyūshū. Yumi Nakashima (中島優美), surnommée Yū (ユウ) que j’évoque souvent ces derniers temps est accompagnée par Akiko Noma (野間亜紀子) qui se fait appeler Akko (アッコ) et par Takayuki Hosokawa (細川央行) se faisant lui appeler Turkey (ターキー). Akko est à la guitare basse et écrit les paroles, tandis que Yū écrit les musiques, joue de la guitare et chante sur tous les morceaux. Turkey est lui le batteur du groupe et la seule présence masculine à bord. Ils chantent tous les trois, mais c’est surtout la voix très distinctive et parfois haut perchée de Yū que l’on entend et qui nous entraîne dans les méandres des riffs de guitare. Le premier album Dasoku Hokō (蛇足歩行) est plein de fougue, qui va même crescendo jusqu’au morceau intitulé tout simplement Punk (パンク) ondulant en des phases lentes et d’autres soudainement rapides me laissant extatique. On y trouve l’instinctivité et l’énergie de la jeunesse, et une certaine légèreté malgré la densité des guitares. Chaque morceau est extrêmement efficace et ne laisse pas beaucoup de répit, à part le morceau central de l’album Koi no Uta (こいのうた) qui vient marquer une petit pause bien méritée. Écouter les onze morceaux de Dasoku Hokō (蛇足歩行) me donnent envie de continuer avec l’album suivant Gyotaku (魚磔) qui semble démarrer dans la continuité du précédent. On est dans la même atmosphère faite de guitares déferlantes et de batterie martelante sur ce deuxième album, même il me semble un peu plus mâture, ne serait-ce que par la présence d’un morceau comme Sakurajima (桜島). Il s’agit du morceau central de l’album prenant pour titre le nom du volcan encore actif à Kagoshima. C’est le morceau le plus étrange, ressemblant à un ancien compte sombre qui ferait peur aux enfants. « Ne vas pas nager dans cette mer noire » (海が黒いから泳ぐのをやめて) nous dit par exemple les paroles du morceau. Sur ce morceau comme sur les autres, on y trouve un grand sens mélodique qui rend cette musique très addictive. Je l’ai déjà dit auparavant, mais la voix et la manière de chanter de Yū, parfois empreinte de tonalités Enka, me fait revenir sur les albums de GO!GO!7188, que ça soit quand elle pousse sa voix jusqu’à ses propres limites ou qu’elle roule de temps en temps les « r » comme une ’mauvaise fille’. Il y a beaucoup de spontanéité dans cette musique qui reste dans l’ensemble beaucoup plus directe que le rock compliqué de Tricot par exemple. Le petit détail qui m’amuse est l’utilisation du mot « corn potage » dans un des meilleurs morceaux de l’album Gyotaku, A.M.7:30, me rappelant Tricot utilisant ce mot « potage » comme titre de morceau sur un de leurs albums. Je vais en tout cas continuer encore un peu la découverte progressive des autres albums, car j’ai besoin de ce rock là dans les oreilles en ce moment.

tant qu’il y a un soleil (2)

Ces quelques photographies sont également prises pendant les premiers jours de cette année, cette fois-ci dans le quartier de Kugahara et un peu plus loin jusqu’au grand étang Senzoku-Ike. L’étang a pris ce nom suite au passage du moine bouddhiste Nichiren Shonin qui s’y est arrêté pour se laver les pieds, lors de son pèlerinage vers le grand temple Ikegami Honmonji (que je montrais sur quelques photographies sur le billet précédent). Senzoku (洗足) veut dire se laver les pieds. Le parc est très agréable et ombragé, avec un petit sanctuaire posé sur un îlot auquel on peut accéder par un pont. Ce style de parc autour d’un étang me rappelle beaucoup les parcs de Inokashira ou de Shakujii. Il y a des carpes et de nombreux canards qui attendent patiemment, mais avec une certaine insistance, qu’on vienne les nourrir. Le petit garçon sur la dernière photographie leur envoie des morceaux de pain avec tant d’énergie que j’ai même un peu de mal à saisir son mouvement en photo.

Alors que je cherchais dans mon tiroir de CDs l’album de DJ Krush, je tombe par hasard sur l’album Tategami (鬣) du groupe de rock japonais GO!GO!7188, trio originaire de Kagoshima composé de Yū (Nakashima Yumi) à la guitare et au chant, Akko (Akiko Noma) à la guitare basse et au chant et Turkey (Takayuki Hosokawa) à la batterie. J’avais un peu oublié à quel point cet album est excellent, notamment pour la manière à laquelle le groupe mélange le rock le plus puissant avec un chant qui empreinte parfois aux tonalités Enka. Les voix très affirmées de Yū et Akko sont un réel atout, surtout quand elles se mélangent en duo, et s’ajustent parfaitement au rythme rapide des compositions. En fait, j’avais d’excellents souvenirs du single Ukifune et notamment de sa vidéo, car je l’ai régulièrement écouté mais j’avais un peu oublié le reste de l’album que je redécouvre maintenant sous un nouveau jour (je dis ça assez souvent ces derniers temps). Cet album sorti en Février 2003 est le troisième du groupe. J’en avais en fait parlé dans l’un des premiers billets de ce blog en Mai 2003. C’est amusant de se relire 17 ans après et de constater qu’à l’époque je m’étais tourné vers GO!GO!7188 car je recherchais de la musique rock dans l’esprit de ce que faisait Sheena Ringo à cette époque (d’autant plus qu’ils sont également originaires du Kyūshū et chez EMI). C’est vrai qu’il y a un petit air de ressemblance dans la manière de chanter par moments et sur certains morceaux avec des roulements de ´r’ occasionnels, mais GO!GO!7188 reste quand même plus lourd en guitares avec un côté plus spontané et moins excentrique. La plupart des morceaux tournent sans répit et lorsque le groupe s’accorde quelques moments de repos comme sur le morceau Ame nochi Ame nochi Ame (雨のち雨のち雨), c’est pour ensuite repartir de plus belle au quart de tour. L’ensemble de l’album Tategami suit une unité de style très cohérente, même si certains morceaux prennent des sonorités plus pop. Sans forcément être capable de le confirmer précisément, certains morceaux, notamment le dernier Tane (種), me rappelle l’ambiance des chansons folkloriques japonaises, avec même un côté insulaire. En fait, il s’avère que Yū apprécie beaucoup le groupe The Boom qui chantait le morceau très connu Shima Uta (que j’ai d’ailleurs ‘brillamment’ interprété en duo lors de mon mariage à Kamakura). Un des morceaux de l’album devait d’ailleurs prendre le même titre, comme une sorte d’hommage. Il s’agit du cinquième morceau qui s’est finalement appelé Nanashi (ななし – Sans nom), mais cette petite anecdote montre bien une certaine attirance pour ce côté folklorique insulaire, sans aller jusqu’aux spécificités de la musique d’Okinawa qu’on trouve dans Shima Uta. Après avoir réécouté Tategami plusieurs fois, ce morceau Tane est peut-être bien celui que je préfère. Je vais creuser un peu plus l’univers de GO!GO!7188.

Photos et Musiques à voir

Sur un pont au dessus la voie ferrée Yamanote: devant Ebisu, à droite Daikanyama et derrière Shibuya.

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Beaucoup de poésie dans la série de photos les 4 saisons du photographe Bertrand Desprez. On y sent les émotions à travers ces visages adolescents pendant les 4 saisons de l’année: printemps à Tokyo, été à Yamada, automne à la campagne de Hannamaki et hiver sur la pointe nord de Hokkaido à Wakkanai. Ces photos sont certainement relativement récentes (exposées en 1999), mais paraissent comme délavées, usées par les saisons, ce qui donne beaucoup de charme et de mélancolie à cette gallerie.
(les 2 photos ci-dessus proviennent du site internet de l’auteur)

nishizawa-kawauchi-palla

3 articles en forme d’entretiens à noter sur pingmag. Le photographe Joe Nishizawa en exploration des sous-terrains de Tokyo et centrales nucléaires high-techs. Dans un style tout à fait opposé, la photographe Rinko Kawauchi nous présentent ses couleurs quotidiennes à travers 10 questions. Finalement, pingmag nous présente un peu plus Pallalink.net (aka Kazuhiko Kawahara), un site que je suis depuis longtemps pour ses formidables symetries tournantes-superposées-compliquées à base de photographies urbaines.
(les 3 photos de l’assemblage hétéroclite ci-dessus sont dans l’ordre Joe Nishizawa, de Rinko Kawauchi et de Kazuhiko Kawahara)

Une série de graphs ou stickers aperçus contre un mur à Ebisu.

Je ne me promène pas souvent sur youtube. Comme l’indiquait l’auteur de l’article pingmag sur Nishizawa, un des éléments nucléaires de son bouquin Deep Inside, fait beaucoup penser par ses couleurs et ses formes lisses et rondes, au videoclip All is full of love de Bjork par Chris Cunningham. Quand on rentre sur youtube, on ne peut plus en sortir, à la recherche de vidéo connues: la vidéo animée Wamono de Hifana par W+K Tokyo Lab, la musique sur scène avec Ukifune de Go!Go!7188 (la video est très sympa mais je ne l’ai pas trouvé en définition acceptable), quelques chansons de Sheena Ringo (Koko de kiss shite, Kabukicho no Jyoou ou honnou) avec, en suite, Tokyo Jihen et le blanchâtre Shuraba, en terminant par le Rock alternatif sur CIBICCO San de NUMBER GIRL.