au premier jour d’une nouvelle décennie

L’émission annuelle musicale Kōhaku 紅白歌合戦 de la NHK du 31 décembre 2019 que l’on regarde à chaque fois comme une tradition ne m’a pas fait découvrir de groupes ou des morceaux que je ne connaissais pas. Cette année ressemblait plus à une compilation de la décennie, car beaucoup des artistes invités faisaient des medley de quelques uns de leurs morceaux les plus connus. Même Sheena Ringo, dont c’est la septième participation, n’a interprété que des moitiés de deux morceaux plus anciens, à savoir Jiyu-dom ジューダム et Jinsei ha yumei darake 人生は夢だらけ, notamment car ces deux morceaux apparaissent sur la compilation sortie en 2019. Le morceau que j’ai préféré de l’émission était celui de King Gnu, Hakujitsu 白日 qui sera présent sur leur prochain album Ceremony prévu pour le 15 janvier 2020. Le groupe est une des révélations de cette année et ce morceau Hakujitsu a eu beaucoup de succès. Nous écoutons d’ailleurs de temps en temps leur précédent album intitulé Sympa, dans la voiture pendant les trajets un peu plus longs que d’habitude. Un peu avant King Gnu dans l’émission, LiSA chantait le thème de l’anime Kimetsu no Yaiba (鬼滅の刃) que j’ai commencé à regarder sur Netflix car le petit est en train de lire le manga et que cette histoire de chasseur de démons m’intriguait. J’ai commencé à regarder les quatre ou cinq premiers épisodes de l’anime et bien que l’histoire de démons mangeurs d’Homme ne soit pas en elle-même très originale pour le moment, l’ambiance générale de l’anime et son univers graphique sont très beaux. Il s’agit de l’histoire d’un jeune chasseur de démons Tanjirō Kamado cherchant un antidote pour sauver sa petite sœur Nezuko, transformée en démon avec un morceau de bambou dans la mâchoire pour éviter qu’elle morde. L’histoire se passe dans les campagnes japonaises à l’ère Taisho et ces lieux sont remplis de folklore et de croyances fantastiques. Je n’avais pas regardé d’anime depuis très longtemps et je me suis laissé emporter par cette histoire et ce monde. Le manga est toujours en cours avec 18 volumes. Le morceau que chantait LiSA à Kōhaku intitulé Gurenge 紅蓮華 est en fait le thème d’ouverture de chaque épisode de l’anime. Il n’a rien de vraiment original. Je trouve qu’il ressemble à un morceau classique d’anime, il doit y avoir des codes spécifiques au genre, mais LiSA met beaucoup de ferveur dans son interprétation sur la scène de Kōhaku.

On n’a pas vu la soirée passer que minuit approche déjà. La nouvelle décennie n’est plus qu’à quelques minutes de nous lorsque nous regardons les images de la NHK montrant des temples et sanctuaires aux quatre coins du Japon. Année olympique oblige, on nous montre également des images du nouveau stade olympique de Kuma Kengo qui est maintenant achevé. Après s’être souhaité une bonne et heureuse année, nous allons comme d’habitude au sanctuaire du quartier. Un feu brûle devant le sanctuaire pour réchauffer les visiteurs de minuit comme nous. Le verre de amazake offert par le sanctuaire est le bienvenu. On le boit tranquillement en regardant les flammes dans la nuit. Il y a du monde autour de nous malgré le froid. J’hésite à rester un peu plus longtemps que d’habitude mais il se fait déjà tard.

Une surprise m’attendait en rentrant à la maison un peu avant 1h du matin après la visite du sanctuaire. Un email de Ringohan dans ma boîte aux lettres annonce la réformation de Tokyo Jihen à compter du 1er janvier 2020 avec un nouveau single Erabarezaru Kokumin (選ばれざる国民). Quel plaisir et surprise de voir Tokyo Jihen se réformer, surtout que leur nouveau morceau est excellent. On ne les avait pas entendu depuis 8 ans car leur dernier album Color Bars date de janvier 2012. On retrouve le style des derniers albums, avec ici une construction assez atypique sans véritable refrain mais avec mélange des voix. A la voix de Sheena Ringo, s’ajoutent celles de Ichiyo Izawa et Ukigumo. C’est un morceau à la fois élégant, sophistiqué et rafraîchissant comme sait si bien le faire le groupe, ce qui est de bonne augure pour l’album. En attendant l’album, le groupe annonce une tournée au Japon appelée ‘Live Tour 2020 News Flash’ à partir de 29 février. Ce morceau est le premier que j’écoute en cette nouvelle année et décennie. Il me donne envie de me replonger encore dans la discographie complète de Tokyo Jihen en réécoutant chaque album en ordre chronologique.

Le premier jour de l’année n’est pas très mouvementé. Comme tous les ans, une bonne partie de la journée se passe à table devant les Oseichi pour le déjeuner, tout en regardant distraitement les émissions spéciales à la télévision, principalement des émissions humoristiques en direct animées par des comédiens confirmés ou en devenir. Mais il faut bien faire notre première sortie au sanctuaire ou au temple avant leur fermeture vers 16h. Nous allons d’abord au sanctuaire du quartier puis nous marchons une bonne heure jusqu’au temple Kencho-ji de Kamakura. Je le connais moins que le temple Engakuji à Kita Kamakura bien qu’ils soient assez proches l’un de l’autre. Kencho-ji est un des grands temples zen de Kamakura et un des plus anciens monastères d’entrainement zen du Japon. Sa construction date de 1253 sous l’ère Kenchō d’où il prend d’ailleurs son nom. La composition de Kencho-ji variera avec le temps car certains des bâtiments du temple seront détruits par des incendies. Dès notre entrée dans l’enceinte, on est face à face avec l’immensité de la porte principale appelé Sanmon et datant de 1754. On peut entrer dans plusieurs grands halls dont le Butsuden, contenant une grande statue de Bouddha. Il fut déplacé du temple Zozo-ji à Tokyo jusqu’à Kamakura en 1647. Le hall suivant, le Hatto datant de 1814, est impressionnant pour sa peinture de dragon au plafond appelée Unryu-zu. C’est en fait une peinture récente datant de 2003 par Koizumi Junsaku, créée à l’occasion du 750ème anniversaire de Kencho-ji. Une autre porte appelée Karamon, plus petite mais luxueuse car couverte de dorures, renferme le jardin intérieur du hall principal du temple. Ce hall nommé Hojo était autrefois la résidence du responsable religieux des lieux, mais s’est depuis transformé pour accueillir les services religieux pour les fidèles. On peut également visiter l’intérieur en retirant nos chaussures. Il n’y a pas de services pendant notre visite et on découvre donc le hall principal couvert de tatami entièrement vide. Au fond de la vaste pièce, on peut y voir un grand dessin de dragon. On appelle également ce hall le Ryuo-den, le hall du Roi Dragon. Un espace de cette pièce est réservé aux visiteurs pour exercer le Zazen. Un homme qui était assis à cet endroit me conseille de m’y asseoir également quelques instants, en m’indiquant la position assise adéquate. Je n’ose pas refuser car l’homme prend de son temps pour m’expliquer l’assise à prendre. Je m’assois donc seul pendant quelques instants devant le Roi Dragon. J’apprécie ces instants dans la lumière jaune du soir, mais on m’attend un peu plus loin à l’autre bout du bâtiment, donc aucune possibilité d’approcher une possible plénitude zen en si peu de temps. Il m’effleure l’idée d’y revenir seul un jour pour m’asseoir ici pendant des heures, mais je sais déjà que cette idée ne se concrétisera probablement jamais. Le soleil commence déjà à se coucher un peu après 16h. Nous rentrerons à pieds comme à l’aller. Cette longue marche aura été utile pour se nettoyer le corps du sake bu pendant le long déjeuner, et la visite du Kencho-ji nous aura chargé en énergie pour cette nouvelle année.

Swirling whirling to the skies of other places

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La Golden Week cette année fut active. Nous avons beaucoup marché en famille dans les montagnes de Kamakura, en se perdant un peu parfois pour trouver les entrées des pistes de randonnées. A Kamakura, les zones de villes et de forêts montagneuses se mélangent. Nos parcours partaient de Kita-Kamakura pour arriver vers le centre de Kamakura, non loin de Tsurugaoka Hachimangu. Nous avons démarré une des marches depuis le temple Kenchō-ji à Kita-Kamakura. Il faut d’abord entrer à l’intérieur de l’ensemble de temples que forment Kenchō-ji. Au passage, on remarque une très belle porte dorée, qui vient d’être rénovée récemment à mon souvenir. Nous grimpons la montagne derrière les temples pour rejoindre le tracé de la piste de randonnée. A Kamakura, si on connaît un peu son chemin, on peut accéder à certains temples gratuitement en y accédant par la montagne. Pour le temple Engakuji à Kita-Kamakura, c’est assez facile et il n’y a pas de surveillance, mais pour Kenchō-ji, on veille en haut de la montagne à ce que chaque visiteur venant de la montagne se soit bien acquitté de son billet d’entrée au temple (le contrôle a l’air assez souple cependant). A Kamakura en période de Golden Week, nous ne sommes évidemment pas les seuls à avoir l’idée de se promener dans les montagnes. On ne se bouscule pas quand même, et le parcours est agréable. Sur les hauteurs de Kenchō-ji, à environ 150 mètres (on n’est pas très haut certes), on a une belle vue sur les temples émergeant de la forêt et sur la baie de Sagami au loin. Après quelques heures, nous ressortons de la forêt vers le sanctuaire de Kamakura-gū. Un groupe s’y faisait prendre en photo en kimono, peut être pour une célébration interne au sanctuaire.

Quelques jours auparavant, une autre randonnée dans les montagnes de Kamakura nous avait amené jusqu’au temple Meigetsu-in (réputé pour ses hortensia au mois de juin). Tout près de l’entrée du temple, une maison individuelle attire tout de suite mon attention par son design, notamment la forme angulaire de son toit et les lamelles de bois sur la façade. Je pense tout de suite à une création de Kengo Kuma, ce qui est apparemment le cas (mais j’en ai pas la certitude). J’adore ces découvertes architecturales inattendues, ce qui est d’autant plus rare et difficile à trouver à Kamakura. On peut également faire quelques découvertes inattendues dans certains temples à Kamakura, comme des dessins plutôt contemporains de personnages proches du manga. J’avais pu voir ce type de peintures dans un autre temple à Kamakura il y a quelque temps.

Entre ces deux « périples », nous avons passé une journée à Yokohama, à Minato Mirai, en haut de la tour Lundmark, histoire de re-vérifier que la terre est bien ronde. Mais pour cette vérification, l’objectif Grand angle Fish Eye que j’utilisais aidait beaucoup.