真夏.2

(カ) Shibuya (渋谷): Illustration de couverture du nouvel album de Yonezu Kenshi dessiné par lui-même et affiché en grand format sur la devanture vitrée du Tsutaya de Shibuya. (キ) Togoshi (戸越): Train arrêté en gare de Togoshi aux intéressantes formes architecturales en bois. (ク) Kichijōji (吉祥寺): Temple Inokashira Benzaiten posé sur une île, aperçu à travers les feuillages du parc. (ケ) Shibuya (渋谷): Replica de petits restaurants de quartier sous le nouveau parc surélevé de Miyashita. (コ) Gaien (外苑): Entrée d’une élégante patinoire temporairement fermée au public, située juste en face du nouveau stade olympique. (+) Accompagnement musical: deux morceaux de Yonezu Kenshi, カムパネルラ et 感電 de son album STRAY SHEEP sorti en Août 2020.

真夏.1

(ア) Harumi (晴海): Structure temporaire CLT Park Harumi, par Kengo Kuma, composée de grandes plaques de bois faites de couches collées orthogonalement entre elles, appelées CLT pour ‘Cross-Laminated Timber’, et dont l’intérieur est utilisé comme espace de jeux pour enfants. (イ) Kichijōji (吉祥寺): Nature débordante le long de la voie ferrée de la ligne Inokashira près du parc du même nom. (ウ) Ginza (銀座): Grande avenue au centre de Ginza ouverte aux piétons le dimanche. (エ) Jingūmae (神宮前): Ruelle peu fréquentée à Jingumae, parallèle à l’avenue Meiji et donnant une vue intermittente sur la ligne de train Yamanote. (オ) Jingūmae (神宮前): Glaçon dessiné par Creative Designers International pointant vers le ciel comme un iceberg qui tenterait de nous rafraichir des 36 degrés quasi-permanents. (+) Accompagnement musical: deux morceaux de King Gnu, 白日 et どろん de leur album CEREMONY sorti en Janvier 2020.

from the shore to the city

When all the ghosts are quiet, when everything is blue. J’ai parfois l’impression d’un long monologue qu’on aurait même plus envie de faire taire. On voyage sur ce billet dans le temps et l’espace entre les plages de Kamakura, la station de train monorail de Ofuna, la zone d’arrêt autoroutier Hanyu à la mode Edo sur l’autoroute de Tohoku, un arbre à l’oblique près de la station de Gokurakuji, une étrange maison inhabitée à Kichijoji et le petit poste de police au milieu du parc de Ueno. Autant de photographies prises à différents moments ces derniers mois, que je n’ai pas réussi à placer ailleurs et que je réunis ici entre les côtes du Pacifique et les recoins de la ville. Le monologue devrait sans doute être plus court et impersonnel, mais après tant d’années je n’arrive toujours pas à trouver la formule qui convient.

En alternance avec des albums ou des morceaux récents, j’écoute des albums plus anciens que j’avais parfois manqué à l’époque de leurs sorties dans les années 90. C’est le cas de l’album Ten, le premier album de Pearl Jam. Je ne connaissais jusqu’à maintenant que l’album Vs. sorti l’année suivant Ten en 1993. C’était la pleine période grunge. Nirvana sortait cette année là son meilleur album In Utero. Après avoir écouté Pixies presque exclusivement, je m’étais passionné comme beaucoup pour Nevermind, sorti en 1991, et par extension j’avais cherché à découvrir d’autres groupes de cette mouvance Grunge comme Pearl Jam ou Alice In Chains (l’album Dirt en particulier). Pour Pearl Jam, je m’étais arrêté à l’album Vs. Bien que j’aimais beaucoup cet album, je retrouvais pas chez Eddie Vedder et Pearl Jam, l’émotion brut que pouvait provoquer le chant de Kurt Cobain et musique de Nirvana. En écoutant l’album Ten maintenant, je me dis que j’aurais quand même dû l’écouter à l’époque. Même sentiment en écoutant l’album I.A.B.F. du groupe français Les Thugs sorti en 1991. J’aurais dû connaître un peu mieux ce groupe car ils sont originaires d’Angers, mais à cette époque je n’y faisais pas encore mes études. On ne décèle pas la douceur angevine dans la musique du groupe. Ils chantent en anglais et les guitares ont toute la puissance du grunge, et vont même vers les territoires punk sur certains morceaux (des atomes crochus avec Jello Biafra et les Dead Kennedys). Le morceau le plus marquant de cet album est I love you so, plus proche du shoegazing avec ces voix un peu effacées. Je suis étonné par la qualité de cet album mais il faut dire que le groupe a fait les premières parties de groupes importants comme Nirvana ou Noir Désir, en plus de leurs propres tournées bien entendu. Je pense que je connais le nom du groupe en raison de leur association à ces autres groupes plus majeurs que j’écoutais à l’époque. J’écoute aussi soudainement l’album The Lonesome Crowded West de Modest Mouse sorti un peu plus tard en 1997. On le trouve souvent dans les listes des meilleurs albums de rock indépendant des années 90. Je ne sais pour quelle raison je ne me suis jamais lancé dans l’écoute de cet album, peut être le nom du groupe ne m’inspirait pas beaucoup. Et pourtant, c’est une musique qu’il faut écouter pour ce sentiment d’instabilité qui ponctue les morceaux. Difficile de deviner sur quel pied va danser le groupe. Les changements de rythme sont nombreux. Les éclats dans le chant semblent imprévisibles. Ces morceaux n’ont pas une construction ordinaire et on apprécie cette liberté et ce son définitivement indé. Cet album est un régal et mérite bien sa notation de 10/10 sur Pitchfork. Cette même année 1997, Elliot Smith sort son troisième album Either/or que j’écoute ensuite pour calmer un peu les esprits. 1997 était apparemment une grande année pour le rock indé, car Either/or est tout aussi fabuleux. Le quatrième morceau à la guitare acoustique Between The Bars ne peut pas laisser indifférent. A chaque fois que je commence l’écoute de cet album, j’ai hâte d’arriver a ce quatrième morceau. Mais sur tous les morceaux, la voix et les mots sous-pesés de Smith sont d’une émotion palpable jusqu’à notre for intérieur.

la fin des sakura à Inokashira

Même quand la saison des cerisiers en fleurs est terminée, il en reste encore un peu à montrer. Les photographies ci-dessus sont prises au parc Inokashira à Kichijoji le week-end dernier. Il y avait beaucoup moins de monde que d’habitude au moment du hanami, mais il y avait tout de même la foule typique des week-ends. Ce parc est particulièrement visité à tous moments de l’année. Les pédalos et barques étaient cependant plus nombreux que d’habitude sur l’étang du parc, car on pouvait naviguer sur l’eau en dessous des quelques cerisiers encore en fleurs. Je n’avais pas pris en photo ces pédalos en forme de cygnes depuis très longtemps car le sujet ne présentait pas beaucoup d’intérêt, mais j’y trouve ce jour-là un attrait particulier. Peut-être parce que la fin des cerisiers en fleurs vient prendre écho avec ces objets d’une autre époque. Je revois ici un certain charme de la désuétude, comme j’en parlais dans un billet précédent. Les photographies ci-dessus sont prises vers 4h du soir alors que les lumières se jaunissent et commencent doucement à s’estomper entre les feuilles du parc.

Je garde toujours une oreille attentive sur la musique de Fujimoto Chao 藤本ちゃお lorsqu’elle donne des liens sur Twitter vers ses nouveaux morceaux au fur et mesure qu’elle les construit. Le dernier morceau en date s’intitule Alone in the desert et je l’aime beaucoup, dans le style de l’album Yokoso bokura no homepage he. Comme souvent chez cette artiste, le morceau se compose d’un ou de plusieurs motifs électroniques plutôt sombres se répétant à l’infini, et sur lesquelles vient s’inscrire une voix parlée, parfois brouillée d’interférences. Sur la vidéo YouTube du morceau, Fujimoto Chao a monté sa musique sur des extraits du film Nobody Knows 誰も知らない de Hirokazu Kore-eda, et on comprend alors que les paroles du morceau sont directement inspirées par ce film. Comme j’en parlais dans un article précédent quand j’avais vu ce film, il m’avait beaucoup marqué par son histoire terrible et la force insoupçonnable des enfants (sujet continuel de Kore-eda), protagonistes principaux de cette histoire. J’imagine que Fujimoto Chao a dû également être marqué par ce film. Au bout de trois minutes, le morceau se termine brusquement par une coupure, comme dans un changement de scène du film.

avant la fin de l’année 2018 (1)

L’année se termine bientôt. Elle a été chargée en contenu sur Made in Tokyo, que ça soit au niveau des textes ou des photographies. J’ai publié en tout, à l’heure où j’écris ces lignes, un total de 124 billets pour l’année 2018. C’est un chiffre plus important que pour l’année 2017 qui avait atteint les 95 articles publiés (chiffre qui était à l’époque presque le triple de l’année 2016 avec seulement 35 articles). Je ne suis pas certain de la raison de ce regain de productivité sur ce blog, format désormais un peu délaissé par les masses d’utilisateurs du web. Le format blog est toujours à mon avis un outil constructif par rapport aux plateformes Twitter et Instagram. Beaucoup d’anciens bloggers ont laissé tomber leurs blogs pour le flot continu de micro-informations sur Twitter ou pour les photographies au format minimisé sur Instagram, par facilité certainement mais aussi par recherche d’une plus grande interaction avec les visiteurs. J’ai aussi été tenté à un certain moment, il y a quelques années, d’arrêter ce blog pour passer pleinement sur Instagram. Je suis content, maintenant, de ne pas avoir fait ce choix. J’utilise toujours occasionnellement Instagram mais il a perdu beaucoup de son intérêt et de son attractivité ces derniers temps, en ce qui me concerne. Je suis en comparaison plus actif sur Twitter, mais je connais aussi ses limites et l’addiction absurde qu’il peut provoquer. J’entends certains, de temps à autres, nous dire qu’ils ou elles passent trop de temps sur les réseaux sociaux et qu’il faudrait y remédier. Au final, c’est un média où peu de choses se construisent. J’apprécie y trouver des liens et informations intéressantes de temps en temps, mais c’est au prix d’un temps précieux passer à faire défiler ses pages.

Le nombre de visites sur Made in Tokyo est stable sur les trois dernières années avec environ 19200 visites annuelles pour 2018 (un peu plus de 1500 visites en plus par rapport à 2017) ce qui fait une moyenne de 53 visites par jour. Il y a dix ou onze ans, le nombre de visites étaient dix fois supérieur à maintenant, mais il y avait à l’époque moins de sources d’information sur Tokyo et surtout moins d’emprise des réseaux sociaux. Sur les 53 visites journalières en 2018, près de la moitié consulte des articles anciens sur l’architecture japonaise: un billet sur le mouvement des Métabolistes des années 60, des articles sur l’architecture de SANAA, Kazuyo Sejima, Ryue Nishizawa ou plus récemment Sou Fujimoto. L’autre moitié consulte les derniers billets publiés au moment de leur publication. Je donne ces chiffres pour donner une idée générale du nombre de personnes passant par ici, mais je n’ai pas (ou plus) d’objectif d’expansion de ma base de visiteurs. D’une certaine manière, cette décroissance est comfortable car je ne me sens aucunement dicté sur le contenu que je dois mettre sur ce blog. Je n’ai par exemple plus d’appréhension à me répéter dans mes textes et mes images. Je dirais que ça fait même parti maintenant du concept. Bizarrement, l’inspiration ne se tarit pas car je trouve sans cesse des choses à écrire ici. En fait, plus que de montrer des photographies (qui reste je pense le principal point d’intérêt des visiteurs), je continue ce blog car j’ai tout simplement envie d’écrire. Cette reprise d’inspiration à écrire est aussi lié à mon regain soudain cette année pour la musique indépendante japonaise. C’est peut être le point le plus nouveau sur ce blog cette année, je me passionne dans la recherche de nouvelles musiques nées de la scène alternative, parfois en remontant les années pour découvrir les précurseurs comme Jun Togawa dont j’ai beaucoup parlé ces dernières semaines. Je sens le besoin d’écrire sur cette musique japonaise là, en dehors de la J-POP mainstream parce que je ne vois que très peu ou même pratiquement pas d’information en français au sujet de ces groupes et artistes. Il y a une fraîcheur artistique dans cette scène musicale japonaise là qui me pousse à continuer à explorer un peu plus en avant. Je ne suis pas sûr de conserver le même rythme de publication l’année prochaine mais je compte continuer à partager ici mes découvertes musicales. Et j’essaierais d’intercaler cela habillement avec les découvertes architecturales.

Parlons maintenant des photographies de ce billet. La première a été prise au sanctuaire Ana Hachiman situé à Nishi-Waseda. On peut se demander pourquoi il y a tellement de monde à attendre en file indienne devant le sanctuaire… J’y vais seul tous les ans à ce moment de l’année pour aller y acheter des talismans pour toute la famille. C’est une mission que me donne Mari et que j’accepte volontiers. Parmi les talismans, il y en a un que l’on doit accrocher dans une pièce de la maison dans une orientation particulière qui change tous les ans. Cette année, on pouvait se procurer ces talismans au sanctuaire Ana Hachiman à partir du Samedi 22 décembre et les jours où l’on peut les accrocher dans la pièce de sa maison sont définis à l’avance, soit le premier jour, c’est à dire le 22 décembre cette année, soit le premier jour de l’an, soit au moment de la fête de Setsubun au début du mois de février. Il faut l’accrocher à minuit. Nous suivons ces règles à la lettre. En général, nous accrochons le talisman le soir de Setsubun, mais comme cette année, je les ai acheté dès le premier jour, nous n’avons pas attendu jusqu’à Setsubun. On pouvait prévoir qu’il y aurait foule tôt le matin, mais je ne pensais pas à ce point là. Le sanctuaire ouvrant cette journée là spécialement à 5h du matin, je me lève à 3h30 pour prendre le premier train à 4h30 du matin et arriver un peu après 5h devant le sanctuaire. Je ne pensais pas que la file d’attente commencerait sur le trottoir en dehors de l’enceinte du sanctuaire. Il aura fallu attendre environ une heure en dehors de l’enceinte du sanctuaire puis une autre heure à l’intérieur pour pouvoir enfin approcher les comptoirs où on pouvait acheter ces fameux talismans. Pendant l’attente dans le noir d’abord tôt le matin et dans le froid, je me suis laissé accompagner par la musique de Guernica dans les écouteurs, en écoutant à la suite et plusieurs fois les trois albums qu’ils ont sorti et dont je parlais dans un billet précédent. Pour se rendre à Nishi Waseda, je passe par la gare de Takadanobaba que je connais très peu, à part cette fresque sous les rails, inspirée des personnages de Osamu Tezuka, que je prends en photo tous les ans. Le mangaka Osamu Tezuka est apparemment né dans le quartier en 1928 et y a passé sa vie. Je suis d’ailleurs en ce moment en plein milieu de ma lecture du manga sur l’histoire de Bouddha. C’est en fait le premier manga de Tezuka que je lis, mais j’avais bien sûr suivi avec beaucoup d’attention l’anime du petit robot Astro (Atomu ici) quand j’étais tout jeune. Les autres photographies du billet sont prises le matin dans les rues de Kichijoji, assez tôt car certaines devantures de magasins n’étaient qu’entrouvertes. Je me promènes au hasard des rues, mais la pluie intermittentes à limiter mes ardeurs exploratrices. Les derniers jours de l’année sont par contre beaucoup plus ensoleillés mais froids. Les rues de Tokyo se vident petit à petit car beaucoup partent rejoindre leurs villes ou villages natals.