Iidabashi Oedo Station par Makoto Sei Watanabe

En continuant ma marche dans les rues de Iidabashi, je voulais ensuite revoir la station de métro de la ligne Oedo, conçue par Makoto Sei Watanabe. J’étais passé la voir pour la première fois en 2005, cinq années après son ouverture le 12 Décembre 2000, mais je n’étais jamais entré à l’intérieur au delà des portes automatiques. Je descends cette fois-ci dans ses profondeurs. Une structure de tubes accompagne les passagers. Cette structure se nomme Web frame et se compose d’une ramification de tubes verts de 7.6cm de diamètre. Sa composition spatiale, dans toute sa complexité, a été auto-générée par ordinateur. Ce réseau de tubes s’étend des portes automatiques à l’entrée jusqu’au niveau des plateformes où circulent les trains, sur une longueur de 2,200m, en surplombant les escaliers et les escalators. Ces tubes représentent en quelque sorte le réseau sous-terrain du métro. A travers cette structure, l’architecte souhaitait rendre visible les structures habituellement enfouies sous terre. Dans cette station Oedo, ce qui attire d’abord le passant est bien entendu la forme organique posée à la surface du sol. Cette structure ressemblant à une plante se nomme Wing et il s’agit avant tout d’une tour de ventilation pour l’ensemble de la station. Les formes organiques de cette plante de science-fiction ont également été conçues par ordinateur. Lorsqu’on pense à l’ensemble de la station, les tubes verts me font penser à des racines venant nourrir la forme végétale poussant à l’extérieur, comme une graine donnant une plante (Architecture as « Seed », comme il écrit sur son site web). L’entrée de cette station est située dans une petite rue, ce qui m’a toujours un peu étonné car les structures de Makoto Sei Watanabe mériteraient d’être plus visible. Comme l’école Aoyama Technical College ou le K-Museum, l’architecture de Makoto Sei Watanabe se trouve à l’écart des grandes artères visibles, sans pour autant être complètement excentrée. Le soucis du détail dans la station d’Oedo est saisissant. Il faut par exemple aller faire un tour aux toilettes entièrement métalliques juste après les portes automatiques. Il faut faire attention à l’agencement apparemment aléatoires des néons au plafond. Il faut également remarquer la création artistique de l’architecte formant un texte flottant en braille intitulé « TACTILE WIND・・・・・brain BRAILLE », inscrit sur un des murs de la station. Les détails sont parfois subtils comme les fines lignes vertes claires sur les murs lisses du dernier tunnel donnant accès aux quais. Makoto Sei Watanabe explique en longueur (et en anglais) la conception de cette station et ses choix de design sur son site web.

Je suis entré exprès dans la station pour voir la structure web frame et la prendre en photo, mais je n’avais pas spécialement l’intention de prendre le métro. Ou puis-je aller maintenant pour continuer cette journée de marche ensoleillée. Il me revient en tête une autre autre architecture très particulière située à quelques stations seulement de là. Ça sera la prochaine étape dans un prochain billet. Et en écrivant ces quelques lignes sur l’architecture inspirante de Makoto Sei Watanabe, me vient soudainement l’envie indescriptible de réécouter la musique de Tomo Akikawabaya, le premier morceau instrumental Rebirth en particulier. Je dois y trouver des similitudes que j’aurais pourtant du mal à expliquer.

K-Museum par Makoto Sei Watanabe

Je profite de mon passage à Ariake pour aller revoir le K-Museum conçu par l’architecte Makato Sei Watanabe, à qui on doit le futuriste Aoyama Technical College. Le K-Museum est tout aussi futuriste mais possède un design post-moderne beaucoup plus rectiligne, composé de formes simples collées les unes aux autres pour former un ensemble complexe. Seule une bulle dorée posée sur une partie du toit vient contraster avec les ensembles monolithiques du building. Ce bâtiment de taille relativement réduite ressemble à une sculpture. Il est posé sur un socle en son centre et ses parties avant et arrière s’élèvent dans le vide au dessus du sol. Cette élévation est impressionnante et la dynamique du building posé sur un terrain tout en formes courbes fait penser à un paquebot futuriste dont le pont avant s’échapperait d’une grande vague. Les surfaces sont couvertes de métal réfléchissant la lumière en contraste avec le sol courbé recouvert de granite noir absorbant les rayons lumineux. Ce contraste est volontaire pour faire apparaître le building comme un vaisseau de lumière.

Les quatre petites photographies ci-dessus montrant l’intérieur du musée et une vue extérieur à la fin de la construction du building sont tirées du site internet de l’architecte Makato Sei Watanabe.

C’est en fait la deuxième fois que je viens voir ce building. La première fois était il y a un peu plus de douze ans en juin 2007. Depuis la dernière fois, les espaces vides autour du building ont été remplis par de nouvelles constructions. Rappelons que cette zone de Tokyo gagnée sur la mer était promise à un important développement urbain pendant la bulle économique, mais que l’éclatement de celle-ci a laissé ces espaces vides pendant de nombreuses années, laissant le K-Museum isolé et loin des regards. Avec les Jeux Olympiques de 2020, Ariake poursuit de nouveau son développement. Le K-Museum était déjà fermé en 2007, entouré d’une barrière grillagée. C’est toujours le cas actuellement, ce qui est vraiment dommage pour un building au design si inhabituel dans Tokyo. On aurait envie de visiter l’intérieur du musée, même si l’espace semble très réduit et éclairé artificiellement. En fait, je ne suis pas certain si ce building était pleinement opérationnel en tant que musée après sa construction en 1996. Il était apparemment destiné à montrer des expositions sur l’infrastructure urbaine de Tokyo, mais aurait fermé ses portes assez rapidement, laissé seul dans les espaces vides d’Ariake. On aimerait voir ce musée réhabilité, d’autant plus que les surfaces sans être correctement entretenues finissent par être attaquées par les éléments. Les surfaces de métal continuent tout de même à réfléchir la lumière, l’image des arbres plantés autour et les reflections de la ville. C’est peut être en réfléchissant des images de la ville que ce musée devient lui-même une œuvre d’art à l’intérieur du musée-ville. C’est une des réflexions abordées par l’architecte sur son site internet. Cette petite merveille d’architecture post-moderne reste relativement méconnue et mériterait qu’on s’y intéresse un peu plus.

i was a window

Je ne me souviens pas avoir déjà vu l’école Aoyama Technical College par l’architecte Makoto Sei Watanabe sous cet angle là, sur la première photographie de ce billet. J’ai déjà pris maintes fois en photo la façade principale ou celle arrière, mais on peut en fait entrevoir la face latérale à travers un espace ouvert entre deux buildings d’habitation. Depuis la face avant du building, on ne devine pas cette forme d’œuf et les implantations de tiges métalliques rouges pointant vers le ciel. Les photographies suivantes sont pleines de fenêtres et de reflections. On y distingue, à peine parfois, des formes humaines derrière ces vitrages. J’aime beaucoup l’agencement assez hétéroclite d’ouvertures sur le nouveau bâtiment montré sur la deuxième photographie. Je prends assez souvent en photo des mannequins placés à nu à l’intérieur des vitrines. Nous sommes à Shibuya et il y a un grand nombre de boutiques de mode vestimentaire. Ces mannequins forcément immobiles ont toujours un côté inquiétant, mais en même temps photogénique. Sur la quatrième photographie, il s’agit du grand magasin Seibu en plein centre de Shibuya. Je me suis souvent amusé en composition photographique avec ces répétitions de baies vitrées pseudo futuristes, mais je me retiens cette fois-ci. A vrai dire, j’avais commencé à triturer cette image en la superposant avec d’autres paysages de ville, mais il faut parfois savoir maîtriser ses pulsions créatrices. La dernière photographie est une autre représentation d’ouvertures mais dessinées cette fois-ci sur les devantures de protection d’un des nouveaux immeubles en construction à Shibuya. Quand au titre de ce billet en relation avec ces images, il s’agit du titre du premier morceau de l’album qui va suivre.

Images extraites des videos des morceaux « Free (feat. Devendra Banhart) » et « Not the time » de Sasami Ashworth disponible sur Youtube. Il y a une amusante allusion au groupe rock japonais The Blue Hearts sur la vidéo de Not the time où un groupe d’enfants appellent leur groupe The Linda Lindas.

Et qu’est ce qu’il est beau et délicat cet album que j’écoute en boucle depuis quelques jours. Il s’agit du premier album de SASAMI. Sasami Ashworth, de son nom complet, est compositrice et interprète américaine basée à Los Angeles, mais également musicienne touche-à-tout. Je la mettrais à côté de Deerhunter mais en version féminine au chant. J’attendais l’album discrètement depuis la sortie du premier morceau Callous, il y a plusieurs mois (en Avril 2018) et qui présageait du meilleur. Mitski fait part sur Twitter de la sortie de cet album. Il faut dire que Sasami Ashworth a déjà fait la première partie de quelques concerts de Mitski aux US. A la première écoute de l’album, le cinquième morceau Pacify My Heart me marque tout de suite. C’est ce style musical rock emprunt de mélancolie qui me parle le plus, musicalement, surtout quand le morceau se conclut par une partie instrumentale profonde en émotion (un peu comme Deerhunter sur des morceaux de Microcastle). Le morceau suivant At Hollywood, qui suit immédiatement après, est dans la même lignée émotionnelle. Je me dis à ce moment de la première écoute qu’il s’agit là d’un excellent album qui se révèle. Le shoegazing de My Bloody Valentine, plutôt période Isn’t Anything, me vient aussi en tête en écoutant certains morceaux comme le deuxième Not the Time. Il y a plusieurs invités sur l’album comme Devendra Banhart ou la française Soko sur l’avant dernier morceau Adult Contemporary. Elle chante en anglais et sa voix se mélange avec celle de Sasami au point où on n’arrive pas vraiment à les distinguer l’une de l’autre. L’album se termine avec le morceau Turned out I was everyone, sur une boucle où quelques paroles se répètent sans cesse jusqu’à l’obsession. Pour ne rien gâcher, j’aime beaucoup la pochette de l’album sur un morceau de banquise. Un album réussi est un tout, dommage que Pitchfork n’ait pas un peu plus boosté la note qu’ils lui donnent en revue.

Le tigre veille sur nous

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Le tigre et le bambou de Kyosai Kawanabe. J’adore ces yeux et cette bouche, un mélange d’humour et de férocité. On a l’impression qu’il va vous sauter dessus et vous manger tout cru mais pour rigoler. Comme toutes les photographies de ce billet, cette photo de tigre est prise sur iPhone et déjà publiée sur Instagram, il y a de cela quelques semaines ou quelques mois. Cette image provient en fait d’un livre feuilleté dans un salon à Marunouchi.

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Sans crier gare, Made in Tokyo vient de fêter il y a quelques jours (le 23 mai) ses 13 années d’existence. Je suis moi-même impressionné par la longévité de ce blog, car beaucoup des blogs qui sont nés à l’époque où j’ai démarré celui-ci (en 2003 donc) sont depuis longtemps morts et enterrés. Certains renaissent, mais il ne faut pas se faire d’illusion, le format blog est mort au profit du web d’Instagram, Twitter, Facebook, Tumblr éventuellement.

13 ans d’existence, c’est à la fois une fierté et un fardeau. L’obligation de continuer en quelque sorte, se mélange au besoin de continuer. Mais au final, ce blog est une forme de libération de mon besoin créatif. Et pour cette date d’anniversaire, plutôt que de faire un long récapitulatif de ce qui fait la particularité de ce blog, je préfère encore et toujours diriger le visiteur vers la page A propos qui est un bon résumé des passions diverses qui alimentent ce blog.

Je préfère également montrer de nouvelles photographies, des photographies d’architecture bien sûr. La maison aux ouvertures triangulaires ci-dessus est située à Yoyogi Uehara. Je ne connais pas l’architecte, mais j’aime ces formes qui semblent s’inspirer de l’immeuble TOD’s de Toyo Ito à Omotesando.

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Les deux maisons individuelles ci-dessus se trouvent pas très loin l’une de l’autre à Higashi, près du sanctuaire de Hikawa dans Shibuya-Ku. Comme les autres photos d’architecture de ce billet, ce n’est pas la première fois que je les prends en photo et les montre sur le blog.

Le visiteur attentif remarquera peut être que sur ce billet et les précédents les commentaires sont fermés. J’ai fait pas mal d’aller retour sur le sujet, mais la réalité étant ce qu’elle est, l’activité des commentaires est proche du néant depuis quelques années. La succession des billets sur ce blog s’inscrivant dans une certaine continuité pour former un flot d’images interconnectées ne force pas vraiment aux commentaires individuels sur un billet en particulier. Le formulaire dans la page Contact est toujours disponible pour me contacter et me donner des avis sur ce blog. Mon adresse email est également affichée en bas de page. Les messages de soutien sont importants pour continuer mais pas indispensables car ce blog répond avant tout à un besoin créatif. Fut une époque où je souhaitais ou recherchais une certaine reconnaissance à travers mon travail sur ce blog, mais l’internet n’est qu’éphémère et illusion.

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J’aime vraiment ces formes courbes, celle du bâtiment GUN-AN par Tadasu Ohe. Il se trouve dans un petite rue à Hiroo, non loin de la rue de Roppongi.

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Nous sommes ici à Ebisu. Cette forme me faisait penser à une sorte de canon atomique.

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Le chat, la grenouille et les cerisiers en fleur. Nous sommes ici à Naka-Meguro.

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La maison de béton se trouve à Shibuya. Ce monolithe hermétique à l’espace extérieur est assez fascinant. Il doit certainement y avoir un jardin intérieur avec ouverture sur le ciel, mais la vue depuis la rue ne nous permet pas de deviner la structure intérieure.

Les graffiti sont dessinés sur un mur de Udagawa-cho dans le centre de Shibuya. Ces dessins sont éphèmères et remplacés régulièrement par des nouveaux motifs. J’y reviens donc assez souvent pour voir ce qu’il en est et comment le décor urbain évolue. Ce bâtiment est assez ancien et va certainement bientôt disparaitre dans une tentative de standardisation du paysage urbain à Shibuya, comme dans tout autre quartier de Tokyo d’ailleurs.

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L’effet d’étonnement est automatique et ne s’estompe pas lorsqu’on aperçoit le Collège Technique de Aoyama par l’architecte Makoto Sei Watanabe. C’est une oeuvre futuriste originale qui se rapproche plus de l’art que de l’architecture. J’aime d’ailleurs quand la frontière entre les deux s’estompe.

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La photographie ci-dessus nous montre Ebisu au loin. C’est un endroit assez particulier car on est nul part entre Shibuya et Ebisu, le long de la voix ferrée. Un petit pont piéton nous fait traverser les voix ferrées. Le pont est grillagé pour éviter que des imprudents se jettent volontairement par dessus bord. Il y a de cela quelques années, on pouvait également voir la ligne de Train Toyoko croisant en hauteur la ligne circulaire Yamanote. J’emmenais quelques fois Zoa quand il était petit pour regarder les trains depuis la passerelle. Il n’est maintenant heureusement pas fanatique de trains, comme le sont beaucoup de japonais. Je ne comprends d’ailleurs pas cette passion des trains, j’y suis complètement hermétique.

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Les couleurs des azalées attirent les visiteurs au sanctuaire de Nezu près de Ueno. J’avais montrer en plans plus serrés quelques unes de ces fleurs dans un billet précédent.

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Les fresques murales m’intéressent en ce moment. Celle ci-dessus est dessinée par Imaone et Zed1 et se trouve sur le côté d’un petit building à Kichijoji. Comme pour la découverte inattendue d’architecture, tomber par hazard sur ce type d’art urbain apporte une satisfaction certaine, d’autant plus que je l’avais déjà aperçu sur Internet.

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Yokohama, tout en haut de la tour Landmark, avec vue sur le quartier de Minato Mirai.

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Sonic Youth, je suis grand amateur du groupe depuis le début des années 90, avec des hauts et des bas, mais cette inventivité du son rock et le mélange des voix m’a toujours impressionné. J’ai découvert Sonic Youth juste après Nirvana (alors que c’est Sonic Youth qui a fait découvrir au monde le groupe Nirvana) avec l’album Goo (1990) d’abord, puis ensuite Dirty (1992) et Experimental Jet Set Trash and No Star (1994). Après une pause de quelques albums, j’ai redécouvert le génie du groupe avec les deux albums ci-dessus en photo, Sonic Nurse (2004) et Murray Street (2002). J’étais déjà à Tokyo à cette époque et un concert au Blitz à Akasaka avait réanimé la flamme. Je suis donc remonté dans le temps vers les incontournables Daydream Nation (1988), Sister (1987) et Evol (1986). Plus récemment, je complète la discographie avec des albums que je n’avais pas écouter entièrement comme Washing Machine (1995) ou le plus récent Rather Ripped (2006), ou que je ne connaissais pas comme les tous premiers albums. Il n’y a pas que des bons disques dans la discographie de Sonic Youth, mais ils définissent un son que l’on entend pas ailleurs. C’est bien dommage que le groupe se soit séparé. Après avoir lu l’histoire de Sonic Youth dans Goodbye 20th century, je me mets maintenant à la lecture du bouquin de Kim Gordon, Girl in a Band. Alors que j’achetais ces dernières années la musique dématérialisée sur iTunes, l’envie me reprend d’acheter les CDs, histoire d’avoir du concret. Je les achète petit à petit d’occasion au Disk Union du coin.

K-MUSEUM

Il y assez longtemps, j’avais écrit dans mes petites notes (mon moleskine que je devrais utiliser plus souvent) qu’il fallait aller voir le musée K-Museum de Makoto Sei Watanabe. J’aime beaucoup cet architecte et déjà admiré quelques unes de ses oeuvres, notamment le Aoyama Technical College ou la sortie de métro Oedo C3 à Iidabashi.

Le K-Museum se trouve à Ariake, près de Odaiba et du centre d’exposition et de conférence Tokyo Big Sight. C’est un endroit où je ne vais pratiquement jamais. J’ai profité d’un après midi tranquille et d’un temps splendide pour m’y déplacer en moto. Ca faisait quelques semaines que j’avais délaissé la moto, la reprendre pour une longue promenade dans Tokyo est un plaisir. Après la traversée du pont Arc en Ciel sur la baie de Tokyo, je trouve assez facilement le K-Museum, au millieu d’Ariake, sur la promenade pédestre centrale. Je comptais voir l’intérieur, mais le musée est apparemment fermé, entouré de grillages. L’intérieur du musée et ce qu’on y expose restera donc un mystère. J’essaie d’admirer les formes extérieures en faisant le tour du batiment. Le déclencheur de l’appareil photo attire le gardien du parking à côté, se demandant ce que je peux bien prendre en photo par ici (c’est une attitude que je remarque beaucoup en ce moment).

Comme on nous l’explique sur une page du site d’Archilab, l’architecte Makoto Sei Watanabe, dans ses créations, essaie de se libérer de la gravité, une des grandes contraintes de l’architecture. K-Museum est concu comme un défit aux forces de la pesanteur avec un bâtiment rectiligne accroché au sol en son centre seulement. Les ailes avant et arrière sont suspendues dans le vide, on dirait que le batiment est flottant.

Le building de ligne rectangulaire et de formes abstraites couvertes de métaux réfléchissants est concu pour répondre à la lumière, tandis que le sol ondulé est couvert d’un matériau absorbant la lumière. Le musée montre un extrème et sa contrepartie, comme principe fondamentale de la ville. Le musée ressemble à un vaisseau de lumière voguant sur une mer aux vagues noires. Ces vagues noires sont plantées par endroit de tiges argentées bougeant avec le vent. Ils s’agit de sculptures intitulées « Touching the Wind », jouant comme interface entre le building solide et statique et l’environnement naturel changeant. On peut penser que le vaisseau-building est en phase d’attérisssage ou de décollage, il touche le sol pour un bref instant pour repartir. Tous ces éléments de mouvement et de contraste représentent la ville en mouvement, sans cesse changeante et constituée d’extrèmes.

Comme je le précisais plus haut, K-MUSEUM se trouve au millieu d’Ariake, une vaste zone gagnée sur la mer et qui a connu une forte expansion pendant la bulle économique des années 1980. Pendant la bulle, les infrastructures de la zone se sont développées mais le développement urbain, la construction des grands ensembles de buildings de bureaux, a été interrompue par la récession économique des années 1990, laissant une grande partie de l’espace d’Ariake vide, déserté par la ville qui n’a pas eu le temps de naître autour du musée et des quelques autres constructions telles que Tokyo Big Sight. Dernièrement, l’expansion semble reprendre doucement. Tout près du musée, on peut y voir une gigantesque double tour en M, l’hotel privé de luxe Tokyo BayCourt Club, avec aux pieds un village de mariage Partire à la mode franco-italienne, dans un style très kitch.