Kagura à Hikawa

Le matsuri d’automne du sanctuaire Hikawa à Shibuya n’avait pas eu lieu ces dernières années en raison de la crise sanitaire. On le retrouvait cette année avec un plaisir certain, synonyme de retour à la normale, bien que je ne pense pas que le mikoshi ait fait le tour du quartier comme c’est normalement le cas. Dans l’enceinte du sanctuaire, on pouvait toutefois assister à des danses théâtrales rituelles shintoïstes appelées Kagura et il ne me semble pas avoir assisté à ce genre de spectacle à cet endroit les années passées. Six représentations de ces danses cérémonielles se sont déroulées dans l’après-midi jusqu’au soir, le 11 Septembre. Celle que j’ai vu et que je montre en photos ci-dessus s’intitulait Inariyama Iitsuke (稲荷山・言付). L’histoire qui était narrée restait pour moi assez floue car principalement basée sur les danses des trois personnages masqués présents sur scène, mais il était question de chasser les démons avec un arc et des flèches. La foule était présente en nombre dans l’enceinte du sanctuaire et il était difficile de circuler rapidement sur l’étroite allée entourée de yatai en bas des escaliers de pierre menant au sanctuaire. Cet après-midi au sanctuaire m’avait également inspiré une série de photographies dans le mouvement sur un billet précédent.

le matsuri du sanctuaire de Hikawa

Nous allons tous les ans au Matsuri d’automne du sanctuaire de Hikawa à Shibuya, qui doit être le sanctuaire le plus proche de chez nous. Nous nous rendons également dans ce sanctuaire à chaque début d’année, pour qu’il nous protège, l’air de rien, des aléas d’une nouvelle année qui démarre. Pendant le Matsuri, le mikoshi est porté sur les épaules par des habitants du quartier dans les rues alentours pendant deux jours et finit sa course au sanctuaire. Il y rentre par l’avenue Meiji sur laquelle débouche la large allée du sanctuaire. Cette allée ressemble presque à une place. Un petit marché à légumes y prend souvent place le week end. Il y a également quelques restaurants dont un café assez récent et un très bon restaurant de pâtes tenu par un italien. Nous y allons de temps en temps, c’est une très bonne adresse. Pendant le Matsuri et plus particulièrement le soir alors que le mikoshi rentre au sanctuaire, ces restaurants et cafés sont ouverts sur la rue. De nombreux stands de bouffe les accompagnent. On y trouve également les stands de jeux pour enfants, qui comme partout ailleurs, les font rêver en accrochant sur leurs devantures des prix « magnifiques » comme des consoles de jeux Nintendo Switch et autres jeux que l’on ne reçoit normalement qu’à Noël ou pour un anniversaire. Les enfants ne sont pas dupes et savent déjà que seuls les lots de consolation sont à portée de mains, mais l’excitation de l’instant où tout semble possible est bien présente.

Le sanctuaire est perché en haut d’une petite colline boisée. On peut y accéder directement par la route au niveau de l’université Kokugakuin, ou par une allée de pierre démarrant de la place marchande dont je viens de parler. L’entrée de cette allée était il y a quelques années marquée par un torii de pierre, mais il a disparu depuis le tremblement de terre de Mars 2011. Il s’était effondré et n’a jamais été reconstruit. Il reste les deux socles, comme des arbres centenaires que l’on aurait coupé. L’allée pavée de pierres monte en virage vers le sanctuaire par des séries d’escaliers. On passe devant un terrain de jeux pour enfants et un autre pour les entraînements de combattants sumo. Je n’ai vu ces entraînements qu’une ou deux fois, mais ils sont impressionnants car on peut approcher les sumos et apprécier leurs techniques de près. Je venais souvent dans le parc du sanctuaire avec Zoa quand il était plus petit et quand on habitait juste au bout de la rue. Je me souviens d’une rare journée de neige sur Tokyo, un samedi matin. Nous avions passé de nombreuses heures à construire un bonhomme de neige dans un coin de l’allée, à mi-chemin de la montée vers le sanctuaire, à l’intersection de deux escaliers. Ce souvenir me revient à chaque fois que je parcours cette allée.

L’ambiance y est d’habitude très paisible et calme, si ce ne sont les cris enjoués des enfants le week-end ou le chant des grillons en plein été. Il n’y a en général pas grand monde dans l’enceinte du sanctuaire. La situation est bien différente un jour de Matsuri. La foule s’amasse dans les allées rendues plus étroites par les stands de chaque côté, et parle fort, accompagnée par la musique du festival. J’aime beaucoup la vue que l’on peut avoir depuis le haut des escaliers, sous les arbres, sur la chaîne de stands et la foule qui s’y agglutine. Les Matsuri réunissent en général les gens du quartier, mais celui de Hikawa réunit une foule plus importante. Cela reste tout de même à taille humaine et sans commune mesure avec d’autres Matsuri beaucoup plus connus à Tokyo. Zoa y avait donné rendez-vous à trois de ses copains. Avec un peu d’argent en poche, ils vont faire le tour des stands pour y trouver leur bonheur. Je suis chargé de les surveiller de loin sans qu’ils me voient, mais je surveille également le mikoshi qui entre et sort de la grande allée. Cela fait partie du cérémonial de faire durer le final du parcours du mikoshi. Un homme avec deux plaquettes de bois en mains guide le mikoshi jusqu’à son emplacement final. Il semble prendre un malin plaisir à obliger les porteurs du mikoshi à peaufiner leur arrivée devant le sanctuaire. Il leur demande plusieurs fois de recommencer leur entrée jusqu’à ce qu’elle soit parfaite. Une petite vidéo ci-dessus montre les derniers instants de l’arrivée du mikoshi. Dans un autre billet, je montrerais une version photographique alternative de ce Matsuri.

fin de matsuri

En fin de journée, dans une petite rue de Hiroo, devant l’école primaire Rinsen, le matsuri d’automne du quartier touche à sa fin. Des tables basses sont dressées sur des toiles bleues temporaires pour les porteurs de mikoshi qui ont parcouru les rues du quartier pendant les deux jours du week end. On les a croisé plusieurs fois à divers moments de la journée, au hasard de nos déplacements du week end. On les entendait également au loin depuis le balcon de notre appartement. Il y a d’abord le premier cortège le matin avec un mini mikoshi porté par les enfants, et ensuite celui porté par les adultes jusqu’à la fin de journée. Je n’ai pas pu l’observer cette fois-ci, mais je me souviens il y a quelques années avoir assisté à un rassemblement de plusieurs cortèges sur la grande avenue Meiji, près du centre de Shibuya. Les mikoshi de plusieurs quartiers limitrophes se regroupaient sur l’avenue en fin de journée pour former une espèce de danse. Les cortèges se tournaient autour en chantant au croisement de Namikibashi. Il y a deux ans, j’avais sorti l’appareil photo argentique pour prendre en photo le cortège du quartier de Daikanyama. Ces matsuri d’automne ayant lieu à la mi-septembre sonnent la fin de l’été.

Je viens enfin de terminer une opération de longue haleine dans les coulisses du blog. Il s’agissait de supprimer l’utilisation du software de galerie de photos nommé Gallery, qui était devenu obsolète. J’utilisais Gallery depuis les débuts du blog en 2003 jusqu’à l’année 2008. A cette époque là, je partageais mes photographies principalement sur Gallery et je les montrais en lien sur le blog sous WordPress (ou Movabletype avant) sans les uploader directement sur WordPress. Elles étaient en version grand format de 900 px ou 1000px sur Gallery tandis que je montrais des versions réduites de 600px sur le blog WordPress pour des raisons de bande passante. Depuis 2009, j’ai commencé à montrer directement les photographies en grand format sur le blog et l’utilisation de Gallery était devenu par conséquent redondant et j’ai stoppé son utilisation. Il me restait à migrer toutes les photographies de 2003 à 2008 de Gallery vers WordPress. C’est un travail qui m’a pris des années (en discontinue bien entendu) car il fallait mettre à jour chaque billet un à un dans WordPress en uploadant les photos correspondantes au billet. J’ai enfin terminé cette opération le week end dernier et mettant à jour les derniers billets des années 2007 et 2008. Du coup, toutes les photos du blog sont centralisées dans WordPress qui devient l’unique software utilisé sur ce site web, et j’ai supprimé les pages de Gallery. Tout comme la suppression de mes comptes Tumblr ou Instagram, la suppression du software Gallery vient simplifier un peu plus ma présence Internet et la représentation de mes photographies.

Dans la série des excellents albums que je ne découvre que 15 ans après, il y Turn On the Bright Lights des new yorkais d’Interpol. J’aurais certainement adoré découvrir cet album en 2002 au moment de sa sortie, mais je ne le fais que maintenant. J’aime la force qui se dégage des guitares et ce ton de voix désespéré du chanteur Paul Banks. Sur le morceau « The New », il y a une sonorité de guitares tout en puissance et en distorsions passagères qui me rappelle avec bonheur le son de Pixies. Mais Interpol garde un style bien personnel et on ne peut pas dire que le disque respire la joie de vivre. Pour ceux qui pourrait se demander quel est mon état d’esprit à l’écoute de ce type de musique sombre et désespéré ces derniers temps (après Vulnicura de Björk dans un tout autre style), disons que ça a, en fait et heureusement, l’effet totalement inverse sur moi. Et je vais même enchainer avec Closer de Joy Division. Mais avant cela, il faut que je creuse un peu plus la musique de Interpol avec l’album sorti juste après Antics. Je n’arrive malheureusement pas à le trouver au Disc Union du coin.

Pour terminer le billet, les quelques photographies ci-dessus montrent des vues du Mont Fuji et de la côte du Shonan depuis Enoshima, mais encombrées par des obstacles (en référence indirectes à deux titres Obstacle 1 et 2 de cet album d’Interpol).