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J’aime beaucoup le morceau d’électro immédiate, comme une petite addiction passagère, de Daisuke Endo, alias De De Mouse, Baby’s Star Jam, surtout pour cette voix dans un dialecte que je ne connais pas, peut être d’Okinawa comme on semble dire. Je suis assez (même très) impatient d’aller voir l’exposition sur le mouvement métaboliste au Mori Art Museum de Roppongi Hills. Ca commence le 17 septembre. Il y a des conférences avec F. Maki, F. Kikutake, Rem Koolhaas mais malheureusement déjà complètement réservés. J’imagine que tout a du déjà être réservé avant même que les réservations commencent. 320 places seulement, c’est bien dommage.

Les Métabolistes

Nous avons vu auparavant dans Tokyo 2050 Fibercity, une étude de rétrécissement de la ville dans le contexte actuel de décroisssance démographique au Japon. Il y a un peu plus de 40 ans, naissait au Japon un courant architectural aux idées créatives diamétralement opposées. Le contexte à l’époque était bien différent.

Le mouvement Métaboliste est fondé par des jeunes architectes japonais théorisant, entre 1958 et 1975, sur la croissance urbaine des mégalopoles, avec des concepts en rupture avec les formes traditionnelles. Le mouvement a à sa tête Kisho Kurokawa et Fumihiko Maki, accompagnés de quelques grands noms tels que Kiyonori Kikutake, Arata Isozaki. Kenzo Tange se rapprochera également du mouvement Métaboliste.

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Dans un manifeste « Metabolism: the proposals for a new urbanism », ils tentent d’apporter des réponses à la densité problématique des villes, la croissance démographique et l’accroissement des flux, à travers une vision originale croisant biologie et informatique. Leur vision de la ville du futur est caractérisée par de grandes structures flexibles et extensibles, pour une population de masse à la croissance organique.

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Floating City (1961), la ville flottante (représentée ci-dessus à gauche et en bas à droite), par Kisho Kurokawa est un des projets emblématiques de ce mouvement. Il s’agit d’un projet d’habitations construites sur la surface d’un lac à proximité de l’actuel aéroport de Narita. Kurokawa présente ici un principe de croissance urbaine cellulaire, avec un déploiement organique d’unités identiques (des spirales sur l’eau). L’ensemble ressemble à des formes végétales, comme des nénuphars. Les transports routiers sont possibles sur le toit des structures s’interconnectant, des escalators en spiral permettent l’accès au ports sur la surface du lac pour les transports maritimes.

Ce système en spiral est un prototype de la ville en hélice en 3 dimensions, Helix City (1961), un autre projet emblématique du mouvement Métaboliste imaginé par Kisho Kurokawa (représentée ci-dessus en haut à droite). Etudiée pour une réorganisation d’un quartier de Tokyo, cet forme hélicoïdale de type ADN propose une forme originale de l’espace urbain avec des circulations possibles dans le sens horizontal et vertical. Kurokawa publiera d’autres études comme l’Agricultural City et de nombreux sketches.

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La proposition de ville Ocean ou Marine City (1958-1963) de Kiyonori Kikutake prend elle aussi des formes organiques et extensibles. Les tours d’habitation ressemblent à des arbres sur lesquels on peut emboîter des anneaux d’habitations. Ces cellules cylindriques habitables peuvent être ajoutées ou enlevées en fonction des besoins. Là encore, le complexe d’habitation est posé sur l’eau.

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Par sa verticalité et sa structure en arbre à la densité modulable, Tower City est une variation du concept précédent. Même s’il a été construit bien plus tard (1994) dans la carrière de Kikutake, l’hôtel Sofitel Tokyo (en photo ci-dessus), au bord de l’étang Ikenohata d’Ueno, reprend les lignes directrices de Tower City. Cet immeuble si remarquable est apparemment malheureusement en cours de démolition. L’architecture métabolique demeure encore maintenant la fondation de la philosophie de l’architecte.

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Clusters in the air (1960-62) est une autre métaphore organique, toujours en forme d’arbre. Arata Isozaki y prévoit des lignes de capsules habitables fixées comme des branches sur le tronc. Cette mégastructure futuriste et extensible est assez fantastique et défie les lois de la pesanteur.

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Associé aux Métabolistes, Kenzo Tange proposa en 1960 un vaste plan de réorganisation structurelle de Tokyo. Ce plan idéaliste, ayant suscité l’attention internationnale, présente un nouveau concept d’extension de la ville pour répondre à une population croissante (plus de 10 millions d’habitants en 1960) et à un traffic accru. La baie de Tokyo empêche la croissance de la ville dans la direction sud-est, mais Kenzo Tange propose une aternative au dévelopement organique radial de Tokyo, une expansion linéaire au dessus de la baie par un systèmes de ponts, de méga-structures et d’îles artificielles.

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Cet extension utopique de la ville sur un axe linéaire, comme une colonne vertébrale, devait permettre une croissance de 15 millions d’habitants, tout en permettant une communication directe à travers la baie entre le centre de Tokyo et la zone de Chiba.

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Cette ville sur ponts suspendus au dessus de la baie s’appuyait sur un réseau d’autoroutes interconnectées: des routes sur 3 niveaux assurant un accès rapide à travers la ville. Des tours espacées de 200 mêtres et montant jusqu’à 150-250m au dessus du niveau de l’océan suportaient cette ville suspendue contenant des unités résidentielles, centres commerciaux, jardins publics, et autres facilités.

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De tous ces projets métaphoriques et utopiques, seul le concept flexible et extensible des habitats-capsules a vu le jour avec le Nakagin Hotel de Kisho Kurokawa (1970-1972). J’avais présenté auparavant en photos ces espaces personnels dans des containers industriels recyclables. Ce concept de vie dans des capsules a été appliqué également pour le New Sky Building No.3 de l’architecte Youji Watanabe en 1970. Je suis allé voir de mes yeux cet immeuble hallucinant, j’en parlerais bientôt en photos. Ces immeubles métabolistes sont malheureusement menacés, on sait le Nakagin condamné à la destruction.

NAKAGIN

Nakagin est un bâtiment assez connu à Tokyo, un hôtel bon marché à capsules, de 14 étages derrière le complexe de Shiodome. Chacune des capsules, en tout 140 dans l’hotel, est un container de béton conçu pour une personne avec tout le minimum, du lit à la douche en passant par la télé et la fenêtre sur l’extérieur. Avec des mesures de 4m sur 2m50, ce sont des petites unités qu’on penserait interchangeables et empilables à souhait sur la tour, c’était d’ailleurs l’idée originale de recyclage de l’architecte Kisho Kurokawa, concepteur du nouveau National Art Center Tokyo à la surface ondulée et prétendant à la mairie de Tokyo. Il lui faudra peut être cette place à la mairie pour espérer sauver son oeuvre de la destruction. Cette expérimentation de vie en miniature est apparemment vouée à la destruction après 35 ans d’existence sans maintenance. C’est bien malheureux, espérons que ce ne soit pas le cas…

Je rappelle l’adresse: 8-16-10 Ginza, Chuo-ku, Tokyo.