櫻のち晴れ

Les fleurs de cerisiers sont éphémères et c’est ce qui fait toute leur beauté. Le plaisir a été de courte durée à Tokyo cette année et je n’ai pu saisir qu’une matinée de week-end pour marcher une nouvelle fois en direction de Naka-Meguro, après un premier essai sous la pluie. Le cerisier de la maison de la chanteuse Misora Hibari sur la troisième photographie est toujours magnifique. En descendant vers la rivière, la foule est de retour mais je n’y resterais pas longtemps. Les photographies de cerisiers en fleurs à Tokyo s’arrêteront là. A l’heure où j’écris ce billet, les fleurs de cerisiers ont déjà complètement disparues, envolées par les bourrasques de vent et la pluie. J’aurais aimé écouter la musique qui va suivre en regardant les fleurs de cerisiers s’envoler, loin de la foule, car on y trouve une même délicatesse, mais je ne l’ai découvert que quelques jours plus tard.

All this time, we were only what we dreamed, and all those dreams were true but we never really knew.

Depuis la disparition de Ryuichi Sakamoto (坂本龍一), on entend régulièrement des morceaux de sa composition à la radio. Ce soir là, on y passe le morceau Chronic Love (クロニック・ラヴ) interprété par Miki Nakatani (中谷美紀) sur son album Shiseikatsu (私生活) sorti en 1999. Je suis tout de suite happé par la beauté et l’élégance de cette musique electro-pop et par la voix de Miki Nakatani chantant en anglais. Je connaissais Miki Nakatani en tant qu’actrice, mais je n’avais pas saisi qu’elle avait également eu une carrière de chanteuse et sorti trois albums produits par Ryuichi Sakamoto. L’album Shiseikatsu est composé, arrangé et produit par Ryuichi Sakamoto. Il y joue également du clavier. Le détail qui m’attire inévitablement est d’entendre que SUGIZO de LUNA SEA y joue même de la guitare sur quelques morceaux dont Chronic Love dans une version réarrangée par rapport au single, Frontier (フロンティア) qui ouvre l’album et l’avant dernier morceau all this time (dont sont extraites les quelques paroles ci-dessus). J’étais très loin d’imaginer une association pareille et une telle beauté conceptuelle dans cet album. Parmi les treize morceaux, on trouve de nombreux moments instrumentaux sur lesquels Ryuichi Sakamoto expérimente différents sons électroniques se mélangeant avec des sons de la vie quotidienne et des brins de voix de Miki Nakatani. J’adore le dixième morceau intitulé Leave me alone où elle cuisine et se fait déranger par le téléphone, quelque peu agacée car elle doit se lever tôt le lendemain matin pour travailler, mais reste tout de même polie. Ce sont comme des scènes d’un film d’art et essai mélangées avec les sons inventifs et les nappes sonores de Sakamoto. Les trois morceaux principaux Frontier, Chronic Love et Fetish sont parmi les plus remarquables de l’album, mais la délicatesse du deuxième Amadare (雨だれ) et la beauté expérimentale des sons sur le huitième Automatic Writing, par exemple, me laissent sans voix. Avec toujours la voix de Nakatani comme extraite de différentes situations de sa vie privée, comme le suggère d’ailleurs le titre de l’album. « Kitanai na… » (quel désordre!) chuchote t’elle sur le morceau Automatic Writing parlant à elle-même comme si elle inspectait des yeux son appartement mal rangé. C’est une œuvre conceptuellement intéressante et musicalement très belle. Miki Nakatani devait avoir environ 22 ans à cette époque et c’est en fait son dernier album. C’est à cette époque également qu’elle jouait le rôle de Mai Takano dans la série de films Ring et Ring 2 d’Hideo Nakata. Elle a tourné dans de très nombreux films et séries télévisées. J’avais déjà parlé ici de la série Followers de la photographe et réalisatrice Mika Ninagawa (蜷川 実花) sur NetFlix dont elle jouait le rôle principal et qui avait d’ailleurs lancé la carrière d’une autre jeune actrice-chanteuse Elaiza Ikeda (池田エライザ). De Miki Nakatani, j’ai également le souvenir de l’avoir vu invitée à une émission de la NHK, habillée d’un kimono, pour présenter le concert classique du Nouvel An à la Philharmonie de Vienne. Son mari, Thilo Fechner, y est en fait violoniste. L’album Shiseikatsu est une excellente surprise mais on ne le trouve étrangement pas sur iTunes. Je pense qu’il doit également être difficile à trouver en CD d’occasion.

雨のち櫻

La météo était peu clémente à Tokyo pendant le pic de floraison des cerisiers. Les occasions de voir les sakura à Tokyo étaient par conséquent peu nombreuses pour nous cette année. On se rattrapera pourtant un peu plus tard en dehors de Tokyo, mais cela sera l’occasion d’autres billets. Les quelques photographies ci-dessus ont été prises sous une pluie continue, qui n’a pourtant pas décourager les visiteurs et touristes le long de la rivière Meguro près de la station de Naka-Meguro. Je n’y passe que rapidement car je préfère marcher en direction de Meguro où la rivière est plus large et la foule moins présente. Je prends assez rarement des photos sous la pluie, bien que le paysage urbain humidifié ait aussi un intérêt certain, photographiquement parlant. J’ai même l’impression de voir la rivière de Meguro sous un autre jour, comme si la pluie révélait un aspect plus naturel voire sauvage de cet endroit. Nous sommes pourtant bien au beau milieu de Tokyo, comme en atteste la haute tour Atlas à quelques mètres de la station de Naka-Meguro.

oublier les cerisiers (1)

Le titre de cette série consacrée aux cerisiers en fleurs vient signifier que la période du hanami semble déjà bien lointaine. Je les aurais presqu’oublié si je n’avais pas pris autant de photos qu’il faut bien que je montre maintenant sur ce blog. Comme pratiquement tous les ans, je ne peux pas m’empêcher de marcher le long de la rivière Meguro, malgré la foule qui semble de plus en plus importante d’années en années. Il me semble même qu’il y avait beaucoup plus de monde que l’année dernière en direction de Meguro où la rivière se fait plus large. Les trois dernières photographies sont prises près de la gare de Naka Meguro où la foule se fait plus dense. On oublierait presque qu’il y a des cerisiers a regarder.

一瞬の光を切り取って

Un des objectifs de ma marche dans les quartiers de l’arrondissement de Meguro était de trouver une maison de béton près de la station de Yūtenji. Elle s’appelle Sky Cave et a été conçue par Ikawaya Architects. Je la montre sur les quatre photographies ci-dessus. Joël me l’avait indiqué par e-mail il y a plusieurs semaines et je me devais d’aller partir à sa recherche. Cette maison contient une clinique au rez-de-chaussée, tandis que les deuxième et troisième étages sont des étages privées pour deux générations d’une même famille. La qualité de cet espace vient en grande partie de la voûte au troisième étage couvrant en partie la terrasse et l’espace intérieur composé du salon et de la salle à manger. Elle surprend lorsqu’on l’aperçoit à travers l’espace urbain alentour. La maison est idéalement placée devant une petite forêt, tandis que la station de Yūtenji est assez proche derrière. La grande et superbe maison de béton des deux dernières photographies se trouve elle à Naka-Meguro. Je l’ai déjà prise en photo il y a longtemps et montré dans un billet de 2010. Je l’ai souvent recherché distraitement jusqu’à ce que je la retrouve volontairement pendant cette marche. J’avais déjà fait deviner qui habite dans cette riche maison de béton dans mon billet précédent et la réponse avait été facilement trouvée.

En reprenant ma route en direction de Kami-Meguro, une jeune fille aux cheveux teints en blond et coupés au carré, portant un carton des deux mains, m’arrête soudainement alors qu’elle descendait la rue que je parcourais en sens inverse. Elle avait l’air pressée mais avait en même temps un petit air enjoué. Il est relativement rare qu’un ou une inconnue m’adresse la parole en pleine rue, et ça m’a d’abord surpris. Elle m’explique qu’elle est maraîchère en me faisant un signe de la main en arrière pour m’indiquer vaguement d’où elle vient, et essaie de vendre un surplus de clémentines. La démarche m’étonne un peu surtout qu’il ne s’agit pas ici d’une rue commerçante mais plutôt d’une rue résidentielle quasiment déserte. Elle semble en fait descendre vers la station, certainement pour aller les vendre là bas et elle a vu en moi un éventuel client. Je devais avoir la tête de quelqu’un qui allait lui acheter des clémentines et, pris dans l’action, je ne pouvais que difficilement lui refuser. Elle me demande d’abord si j’aime les clémentines et m’indique que celles-ci sont très bonnes car elles viennent de Nagasaki. Il y avait une quinzaine de clémentines dans son carton, mais je ne me voyais pas en manger autant donc on se met d’accord sur cinq. En voyant mon appareil photo en bandoulière, elle me demande si je suis photographe. Et peu après, elle reprend sa route au pas de course et disparaît comme une fille éclair (閃光少女) dans le coin d’une rue.

Je me suis donc acheté comme cadeau de Noël le coffret de Tokyo Jihen composé du best album Sōgō (総合), du Blu-Ray Prime Time et d’une cassette audio incluant deux morceaux remixés. Sōgō contient en tout trente morceaux dont les deux inédits Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩) et Genzai to Fukuin (原罪と福). Plus je l’écoute, plus j’aime le morceau Hotoke Dake Toho écrit et composé par Sheena Ringo. Il n’était pas évident à la première écoute mais c’est un morceau qui se révèle après plusieurs écoutes. Genzai to Fukuin est composé par Seiji Kameda et ça se ressent dès les premières notes. Il n’est pas spécialement mémorable car plus classique. Je n’aime pas beaucoup la première partie mais il monte en intensité émotionnelle dans sa deuxième partie, ce qui rattrape un peu l’ensemble. Le principal problème de cette compilation Sōgō est le nouveau mix par Uni Inoue. Inoue est le mixeur officiel du groupe et est même considéré par certains membres de Tokyo Jihen comme le sixième membre du groupe. Il a eu la désagréable idée de monter beaucoup trop fort les niveaux, notamment de basse et de batterie. Ce boost fonctionne assez bien sur certains morceaux comme OSCA, mais est une catastrophe sur Killer Tune par exemple. La voix de Sheena Ringo sature quand elle monte en puissance et le hi-hat de la batterie est beaucoup trop prononcé. J’ai remarqué ce problème sur plusieurs morceaux et ça passe difficilement pour une écoute avec des écouteurs. J’ai beaucoup de mal à comprendre ce choix de mixage, qui se trouve être moins bon que ce qu’on peut entendre sur les originaux. Le Blu-Ray Prime Time donne une bien meilleure expérience bien qu’il soit sans grande surprise. On retrouve toutes les vidéos musicales du groupe depuis le début. La qualité d’image est plutôt bonne sur les morceaux plus anciens et excellente sur les nouveaux. Je suis toujours épaté par la qualité visuelle de la vidéo du morceau Sora ga Natteiru (空が鳴っている) de l’album Daihakken (大発見), réalisée par Yuichi Kodama comme la plupart des vidéos récentes du groupe. Ma vidéo préféré, comme celle du public, est celle du récent Ryokushu (緑酒) que Tokyo Jihen jouera d’ailleurs à Kōhaku ce 31 Décembre. Il y a quelques bonus sur Prime Time: les courtes vidéo promotionnelles pour l’album Music (音楽) avant sa sortie, une version de Senkō shōjo (閃光少女) de l’album Sports (スポーツ) composée d’extraits vidéos d’autres clips, entre autres. Mais rien de vraiment nouveau, à vrai dire. La plupart des vidéos étaient en fait déjà sortis à ma connaissance sur les DVD/Blu-ray accompagnant chaque album après leur sortie et je les avais déjà. Il y avait également une compilation de vidéos intitulée Golden Time sortie après la séparation de Tokyo Jihen en 2012, qui contenait les morceaux Konya wa karasawagi (今夜はから騒ぎ, Beaucoup de bruit pour rien) et Tadanaranu kankei (ただならぬ関係, And the beat goes on), jamais sorties auparavant en DVD/Blu-ray. Prime Time est beaucoup plus complet, comprenant en tout 28 morceaux dont certains récents jamais sortis en DVD/Blu-ray comme Eien no fuzai shōmei (永遠の不在証明, The Scarlet Alibi), Aka no dōmei (赤の同盟, Alianza de sangre), Ryokushu (緑酒) et bien sûr Hotoke dake toho (仏だけ徒歩, To Nirvana). Au final, redécouvrir sur grand écran et en excellente qualité tous ces morceaux à la suite vaut le détour. Une très bonne surprise du coffret est la mix tape de deux morceaux, Karada (体) (B-side du single Killer Tune) et Zettaizetsumei (絶体絶命), par Yoshinori Sunahara. Le mix donne par exemple beaucoup de sensualité au morceau Karada, et le côté rétro sur Zettaizetsumei fonctionne très bien. Sunahara ajoute beaucoup d’effets supplémentaires mais ça ne surcharge pas à mon avis les morceaux. Je me dis en écoutant cette mix tape, que ça aurait été excellent de laisser Sunahara remixer la totalité de la compilation, ce qui aurait apporter une vraie nouveauté. Yoshinori Sunahara (砂原良徳) est producteur et DJ, ancien membre de Denki Groove et membre actuel du super-groupe Metafive, fondé par Yukihiro Takahashi du YMO. Dans un billet de 2017, j’essayais de trouver des liens entre Sheena Ringo et Yukihiro Takahashi, et je pense que je m’en approche doucement.

Comme je le mentionnais déjà, Tokyo Jihen est très présent ces derniers temps dans les médias pour la promotion du best album. Et peut être un peu trop d’ailleurs car Sheena Ringo en est tombée malade bien qu’on ne sache pas la cause exacte de cette maladie. Elle n’était par conséquent pas présente pour certaines émissions, dont celle Live sur YouTube Hanakin Night Ajito Nau (花金ナイト -ビヨンド- 「アジトなう。」) du 22 Décembre 2021. Kameda menait donc l’émission sans Sheena mais avec les trois autres garçons ce qui était assez drôle car l’émission était du coup décousue. Mais la « cheffe » regardait quand même l’émission depuis chez elle et envoyait par moment des messages SMS pour recentrer la discussion. Pendant cette émission, Izawa nous confirme encore que le groupe avait l’intention initiale de se reformer pour une seule année, mais qu’il avait fait exprès de créer des nouveaux pour que le groupe puisse continuer. Izawa nous a dit plusieurs fois lors d’autres émissions son attachement pour Tokyo Jihen. Ça paraissait d’ailleurs très clair lors de cette émission. Un autre détail amusant est d’entendre Ukigumo se plaindre qu’il n’arrive pas toujours à lire les kanji dans les paroles de certains morceaux écrits par Sheena (on sait qu’elle utilise souvent des kanji compliqués ou anciens). Kameda revient encore sur le fait qu’il avait découvert très tard que le titre du morceau Hotoke Dake Toho était un palindrome. Ces petits moments où ils abordent la personnalité particulière de Sheena étaient assez amusants. L’émission, bien qu’assez désordonnée, était intéressante mais était seulement disponible en Live et n’est plus actuellement disponible sur YouTube. Le mardi 28 Décembre, une autre émission appelée MVP Music Awards avec le groupe et le réalisateur Yuichi Kodama était visible en Live sur le site de Pia pour celles et ceux qui avaient acheté Sōgō et Prime Time. Une loterie sélectionnait 600 personnes pour y assister sur place dans une salle de Yurakuchō, mais je ne faisais malheureusement pas partie des heureux gagnants. Je me suis contenté de la version retransmise en simultané sur internet. MVP Music Awards mimait en fait une cérémonie de remise de prix, genre MTV vidéo music awards, sauf que seul Tokyo Jihen était nominé et la présentation était assurée par Sheena Ringo, qui imitait une présentatrice de spectacle, comme elle sait très bien le faire. L’émission était pleine d’humour mais tout de même assez anecdotique.

J’ai beaucoup plus aimé l’émission radio Wow Music sur J-Wave le 18 Décembre car elle était présentée par Seiji Kameda et avait Sheena Ringo comme invitée. Kameda lui posait des questions sur ses influences comme s’il ne les connaissait pas déjà. En fait, il s’avère que Kameda a une très mauvaise mémoire car il oublie beaucoup de détails sur l’histoire du groupe. Il dit même que les fans doivent être beaucoup plus informés sur le groupe qu’il l’est lui-même. Sheena nous parle de sa méthode de création musicale. Elle nous dit qu’elle démarre en général d’un visuel, en imaginant par exemple des scènes de la vie quotidienne. Elle évoque également la difficulté qu’elle peut avoir à écrire les paroles sur des morceaux composés par les autres membres du groupe. Vers la fin de l’émission radio, Kameda demande à Sheena quel est l’artiste qu’elle a apprécié en concert et elle mentionne James Blake qu’elle aurait vu lors d’un concert au festival Fuji Rock. Tokyo Jihen ne s’est à priori pas produit en même temps que James Blake lors de ce festival. Kameda passe le morceau Voyeur de l’album Overgrown sorti en 2013. J’avais beaucoup aimé et écouté quelques morceaux de James Blake sur ses premiers EPs Klavierwerke et CMYK puis sur son premier album éponyme sorti en 2011 (The Wilhelm Scream est fabuleux), mais je n’avais pas suivi sa carrière. Je ne découvre donc que maintenant l’album Overgrown que je cours acheter au Disk Union d’Ochanomizu (pour la modique somme de 300 yens). Le morceau Voyeur passé pendant l’émission Wow Music m’avait beaucoup impressionné (cette nappe sonore unie qui couvre une partie du morceau) et je découvre que l’album dans sa totalité est assez fabuleux, notamment les morceaux Retrograde, Digital Lion en collaboration avec Brian Eno, To the Last. J’avais oublié la grâce de la voix de James Blake, tout en nuances. Musicalement, l’atmosphère ne respire pas la joie de vivre, mais on y trouve quand même une chaleur humaine certaine dans le froid hivernal qu’il nous montre sur la pochette de l’album. En fait, je suis assez surpris que Sheena Ringo mentionne James Blake, mais je suis en même temps bien content d’avoir découvert cet album.

新宿から中目黒へ

Les photographies de ce billet mélangent Shinjuku et Naka Meguro. On reconnaît Shinjuku sur les trois premières photographies. Sur la première photo, j’aime prendre la sortie Sud de la gare de Shinjuku pour l’affiche publicitaire géante du Department Store Lumine et ses messages parfois mystérieux. Cette fois-ci, on y voit la jeune actrice de 19 ans originaire de Fukuoka, Hinako Kikuchi, accompagnée du message: « 泣いたのは、わたし。泣き止んだのも、わたし。 » qui veut dire « C’est moi qui ai pleuré. C’est moi qui ai arrêté de pleurer ». Je ne connais pas la raison exacte de l’utilisation de ces phrases dans ce message publicitaire mais le caractère émotionnel me rappelle le mot Emoi (エモい) beaucoup utilisé par la jeunesse japonaise ces derniers temps. En fait, cette photographie et la vidéo qui l’accompagne entendent représenter la force de vaincre ses propres faiblesses et ses peurs à travers des gestes simples de la vie quotidienne, comme par exemple manger des ramens. Autrement dit, l’image est d’encourager à prendre conscience de sa propre personnalité à travers des choses simples, sans exagération. Il s’agit apparemment du message publicitaire de Lumine à travers cette campagne Hiver 2021. La photographie suivante est prise devant le magasin d’électronique Yodobashi Camera au niveau de la sortie Est de la station de Shinjuku. Les panneaux lumineux d’une autre époque sont populaires auprès des photographes sur Instagram qui répètent d’ailleurs à peu près tous la même photo, surtout après la pluie quand les lumières des panneaux lumineux se reflètent dans les flaques d’eau. Il y a un autre spot connu des photographes sur Instagram pas très loin, une entrée de métro qu’il faut prendre de nuit pour que les lumières se détachent bien du reste. je suis passé volontairement devant cette devanture du Yodobashi Camera car j’avais oublié à quoi elle ressemblait et je me suis demandé si les photos que j’avais vu sur Instagram n’exagéraient pas un peu l’aspect dramatique du lieu. En y regardant de plus près, c’est vrai que cette devanture est très photogénique. Sur la troisième photographie du billet, je reviens encore une fois volontairement vers l’Oeil de Shinjuku (新宿の目) de Yoshiko Miyashita. Je ne suis pas sûr d’être passé le voir depuis son apparition dans la vidéo de Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚 – Gate of Living) de Sheena Ringo. Dans la vidéo, cet oeil agissait comme une sorte de passage emprunté par le personnage ailé de Sheena Ringo. Enfin, c’est l’impression qu’on pouvait avoir avec une bonne dose d’imagination. Il y a en tout cas un caractère très énigmatique à cet art de rue et on lui imaginerait facilement des vertus magiques. Les quatre photographies suivent sont prises depuis la station de Naka-Meguro en remontant la pente en direction de Kami-Meguro. Des petites choses attirent parfois mon regard comme cette multitude de petites figurines de Peko chan accrochées derrière la vitre d’une maison, mais je recherche toujours l’architecture. Celle en béton brut aux ouvertures de tailles aléatoires sur la dernière photographie m’attire beaucoup, notamment dans la manière où la plante grimpante parvient à y trouver matière pour y vivre. L’association entre le béton brut et la nature envahissante prend parfois des airs poétiques.

Je pense que je vais bientôt supprimer, ou du moins enlever de mes liens, la page Tumblr Daydream Number 5 que j’avais créé avec des liens vers des vidéos YouTube, tout simplement parce que je ne l’ai pas mis à jour depuis très longtemps. Je préfère maintenant créer une playlist publique directement sur YouTube avec une sélection de morceaux que j’aime. Cette playlist YouTube sobrement intitulée pour l’instant « made in tokyo playlist » est loin d’être exhaustive. Elle comprend quelques morceaux que j’aime beaucoup de divers artistes ou groupes. J’essaie de ne pas mettre trop de morceaux du même groupe ou artiste et j’essaie également dans la mesure du possible de ne mettre que des vidéos provenant de comptes officiels. Il doit également y avoir une vidéo plutôt qu’une image fixe accompagnant la musique. Parmi la soixantaine de morceaux de cette playlist, il y en a trois dont je n’ai pas encore parlé ici. Il y a un nouveau morceau de Vaundy intitulé Naki Jizō (泣き地蔵) à l’approche très pop-rock qui ressemblerait presque à du [Alexandros] à un moment particulier. Le morceau est court mais très dense et accrocheur. Je parle régulièrement de Vaundy ici car il me redonne envie d’écouter de la pop. L’image ci-dessus est tirée de la vidéo. J’écoute également le très beau morceau de Kiki Vivi Lily intitulé New Day. Je l’ai découvert à la radio dans l’émission du dimanche après-midi de J-Wave en conduisant. La partition musicale est très belle, très accentuée en basse. C’est un morceau qui pousse à la tranquillité ce qui m’avait bien convenu lorsque je l’ai entendu pour la première fois ce dimanche là. Cette émission de radio me faisait également découvrir un morceau plus rock aux allures indé de Kūhaku Gokko (空白ごっこ) intitulé Playbutton. Les guitares du début et la voix de la chanteuse me rappellent tout de suite le style mélancolique de Kinoko Teikoku (きのこ帝国) à leurs débuts. Le morceau n’est pas aussi puissant émotionnellement que ce que peut jouer Kinoko Teikoku, mais il est tout de même très beau. Dans ma playlist YouTube, je mets d’ailleurs volontiers le morceau Umi to Hanataba (海と花束) de Kinoko Teikoku qui est vraiment très beau. Construire cette playlist me rappelle vers certains EPs ou albums que j’avais évoqué sur ce blog il y à longtemps mais que je n’avais pas écouté depuis de nombreux mois ou années: c’est le cas du sublime morceau Luminous de MINAKEKKE ou le morceau que je préfère de Seiko Ōmori, Tokyo Black Hole. Je me remets d’ailleurs à beaucoup écouter cet album Tokyo Black Hole de Seiko Ōmori (大森靖子) lors de mes promenades urbaines. Je suis surpris moi-même d’avoir envie de réécouter encore et encore cet album mais je le redécouvre maintenant. Le morceau Tokyo Black Hole m’avait d’ailleurs inspirer le titre d’un billet récent Tokiga Kita Ima (時が来た今).