林檎齧って空ばかりを見てる

La chaleur estivale bat déjà son plein dans les rues de Shirogane où je me promène rapidement cette fois-ci. Cette fin du mois de Juin et ce début Juillet sont particulièrement occupés et je manque par conséquent de l’énergie nécessaire pour prendre suffisamment de photographies qui alimenteront ce blog. Je repasse vers des endroits déjà empruntés et photographiés dans le passé. Il y a d’abord Oyagi House par Ryue Nishizawa (2018), puis le temple Zuishōji à Shirogane dont les nouvelles dépendances de bois ont été conçues par Kengo Kuma et finalement le fameux building verdâtre de cuivre oxydé nommé Nani Nani (1989) par Philippe Starck en collaboration avec Makoto Nozawa de GETT. Bref, rien de vraiment très neuf sous le soleil tokyoïte. J’ai ouvert un compte sur Threads, la nouvelle application liée à Instagram venant concurrencer directement et frontalement Twitter. J’étais assez motivé pour l’utiliser à la place de Twitter dans les premiers jours, mais l’excitation du moment est déjà retombée. L’interêt par rapport à Instagram est plutôt limité. J’utilise principalement Twitter pour suivre l’activité des artistes et groupes que j’apprécie, et je ne suis pas prêt à passer du temps pour vérifier s’ils et elles ont un compte sur Threads. L’application sans publicité pour l’instant est pourtant agréable, très axée photographies du fait de son lien direct avec Instagram.

Je suis toujours sous l’emprise irrésistible de Yuki sur les albums de Judy and Mary que je continue de découvrir. Mais, j’ai également envie de changer quelque peu d’ambiance avec quelques excellents morceaux d’une jeune compositrice et interprète appelée Rinne Amano (天野凛音) que je ne connaissais pas. Je la découvre vraiment par hasard au milieu de story Instagram. Ce personnage aux cheveux décolorés surgit soudainement avec un morceau intitulé Orange like the Chuo Line (中央線のオレンジ), qui me rappelle un peu l’ambiance musicale de Hidefumi Kenmochi pour Wednesday Campanella. Mais c’est seulement au début du morceau, car il part ensuite vers une atmosphère plus contemplative. Rinne Amano mélange les passages de hip-hop avec d’autres moments plus chantés. Ce morceau est très inspiré tout comme celui intitulé There was a Landlord (家主がいた) que j’écoute ensuite et que j’aime vraiment beaucoup. Il y a une certaine fluidité et un automatisme dans son chant qui rendent ce morceau particulièrement évident. On se laisse attraper par son flot très assuré, mais qui ne surjoue pourtant pas les émotions. Il y a une certaine joie mélancolique dans ses morceaux qui me plait beaucoup. Le fait que le morceau dure assez longtemps, environ 4 mins 30, me plait aussi beaucoup car on se sent bien dans ce refrain qui se répète. Ces deux morceaux sont sortis respectivement en Octobre et en Décembre 2022. Rinne Amano n’a pas encore sorti de EP ni d’album, mais seulement quelques morceaux très prometteurs. Le plus récent sorti en Janvier 2023 intitulé Chiki-Po, est assez différent, partant vers des ambiances beaucoup plus électroniques. Elle y chuchote sur des nappes sonores, mais le rythme est tout de même très présent. Ces quelques morceaux sont une belle découverte et sa musique est déjà très prometteuse. Et en parlant d’Hidefumi Kenmochi (ケンモチヒデフミ) qui est très présent dans le paysage musical électronique japonais en ce moment, il a récemment collaboré avec KAF (花譜) sur un très joli morceau intitulé Shuge-Hai!!! (しゅげーハイ!!!). On ne reconnaît pas immédiatement le style d’Hidefumi Kenmochi, ce qui est assez inhabituel. Le phrasé rapide de la mystérieuse KAF est toujours excellent, surtout quand le rythme s’emballe gentiment vers la fin du morceau.

stuck inside the circumstances

J’ai découvert cette étrange maison couverte de plaquettes de bois dans un recoin de Shirogane. Je suis presque certain de l’avoir déjà vu quelque part sur un site web ou un magazine d’architecture mais je ne retrouve pas qui en est l’architecte. Vue de l’extérieur, elle se compose de trois blocs simples posés les uns au dessus des autres mais cet escalier courbe ressemblant à un toboggan est assez intriguant et me laisse penser qu’une originalité doit aussi se cacher à l’intérieur. L’étrange forme arrondie verte en cuivre oxydé sur la troisième photographie est celle du petit bâtiment NANI NANI de Philippe Starck. C’est un de ces bâtiments que je ne peux m’empêcher de photographier lorsque je passe devant, un peu comme le petit bâtiment blanc de la dernière photographie. Je lui trouve des formes futuristes le faisant ressembler à un robot. J’aurais pu inscrire ce billet dans la série des Petits Moments d’architecture que j’avais commencé il y a très longtemps, mais l’architecture fait de toute façon partie intégrante de pratiquement tous mes billets. Pour titre, j’ai préféré emprunté un morceau de paroles du morceau 36 degrees de Placebo sur leur premier album éponyme de 1996. Les titres de mes billets sont souvent emprunter à des paroles.

En relisant certains de mes anciens billets comme j’aime parfois le faire, notamment le long billet que j’avais écrit sur l’album Sandokushi de Sheena Ringo, je me rends compte que je n’ai pas encore évoqué le dernier EP News (ニュース) de Tokyo Jihen, bien qu’il soit déjà sorti depuis plus d’un mois, le 8 Avril 2020. À vrai dire, j’ai un peu de mal à cacher ma déception. J’ai déjà parlé dans des billets précédents de deux des morceaux sortis avant l’album 選ばれざる国民 (Erabarezaru kokumin – The Lower Classes) et 永遠の不在証明 (Eien no fuzai shōmei – The Scarlet Alibi). Le premier était sorti le 1er Janvier 2020 et avait été une très agréable surprise. Il annonçait la reprise des activités de Tokyo Jihen sous les meilleurs auspices car la composition du morceau était très intéressante. Le deuxième morceau 永遠の不在証明 (Eien no fuzai shōmei) m’avait laissé un avis un peu mitigé lorsque je l’ai écouté pour la première fois. Mais après quelques écoutes et après avoir vu la vidéo dont j’extrais quelques images ci-dessus, c’est désormais le morceau que je préfère du EP. Je ne peux, par contre, pas m’empêcher de penser au fait que le morceau soit utilisé pour un des films d’animation de la série Conan et ça gâche un peu mon écoute. Je n’ai pas d’avis particulier sur cette série car je n’ai jamais regardé un seul épisode, mais j’ai tendance à éviter l’écoute de morceaux liés à un anime (je fais parfois des exceptions). Mais la vidéo du morceau que l’on peut voir sur Youtube est superbe. Le groupe y met en scène son retour depuis une planète lunaire jusqu’au centre de Tokyo, en passant j’imagine par la porte dérobée de l’oeil de Shinjuku, ou en se transmettant peut être à travers les antennes de la tour de Tokyo. Ce qui est intéressant sur cette vidéo, c’est qu’on y voit des scènes liées à la vidéo du morceau Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚) de Sandokushi. On y trouve des images qui se répètent sur les deux morceaux comme l’allée devant la tour de Tokyo, le ballon géant en forme de cochon flottant au dessus de Shinjuku, une forme d’oeil se trouvant sur la batterie de Toshiki Hata, une image du pont de Nihonbashi, ou encore des vues similaires sur le Rainbow Bridge depuis des toits d’immeubles. L’esthétique visuelle entre les deux morceaux est très similaire et j’aime beaucoup ces points de liaison, très intrigants, d’autant plus qu’ils font ici le lien entre la carrière solo de Sheena Ringo et celle renaissante de Tokyo Jihen. J’ai aussi malheureusement tendance à penser que la qualité visuelle de la vidéo dépasse la qualité intrinsèque du morceau. Comme sur le reste du EP, le groupe reste clairement dans sa zone de confort, ce qui n’est pas désagréable à priori mais qui donne l’étrange impression de revenir huit ans en arrière pour écouter des morceaux un peu moins intéressants ou novateurs. L’ensemble se tient tout de même bien. J’aime beaucoup le deuxième morceau うるうるうるう (Uru Uru Urū – Leap & Peal), un peu moins les deux suivants 現役プレイヤー (Geneki Player – Active Players) et 猫の手は借りて (Neko no te ha karite – The Cat From Outer Space). Mais malgré ces quelques critiques, la musique de Tokyo Jihen reste tout de même pour moi au dessus de la mêlée. Espérons tout de même qu’ils prennent un peu plus de risques à l’avenir en expérimentant un peu plus. J’ai peut être moi-même une pointe d’aigreur du fait de ne pas avoir pu aller au concert de fin Mars à cause des circonstances actuelles. Comme maigre consolation, je me contente du t-shirt édition 2020 du groupe que je viens de recevoir au début du mois.

Ah oui, j’allais presque oublier que Made in Tokyo vient tout juste d’avoir 17 ans. Comme je le mentionne à chaque fois tous les ans, je me surprends moi-même de sa longévité, qui ne tient pas à grand chose finalement si ce n’est à mon envie d’écrire, de photographier et de partager, et aux commentaires que je reçois des quelques visiteurs réguliers qui se reconnaîtront. Le nombre de visites se tient toujours à une moyenne de 50 par jour avec des hauts et des bas. Ces visites couvrent en grande partie les nouveaux billets publiés mais également, pour moitié environ, mes articles sur l’architecture tokyoïte, notamment celle de Ryue Nishizawa, Kazuyo Sejima ou Sou Fujimoto. Je pense avoir pris une vitesse de croisière depuis quelques années dans la publication de mes billets. Et un petit rappel sur l’enquête pour ceux qui veulent bien y répondre.

courir entre les buildings

Ces dernières semaines, je me décide à partir courir un peu le samedi. Une bonne heure tout au plus suffit largement à me fatiguer. J’aime beaucoup marcher et je pourrais marcher très longtemps, mais moins courir. Même en courant, je ne peux m’empêcher de prendre des photographies en cours de route. Je n’emmène bien entendu pas le réflex avec moi dans mes courses effrénées mais seulement l’iPhone dans une petite pochette que j’accroche autour du bras.

Cette fois-ci, je pars faire ma course vers le quartier de Shirogane. Plus la fatigue me gagne, plus les photographies sont nombreuses car j’utilise le prétexte de la prise de photo pour faire un arrêt quelques instants. En fait, je décide mon parcours en fonction des bâtiments que j’ai envie de revoir sur mon chemin. Je fais d’ailleurs un tour vers Shirogane pour revoir le Nani Nani, la forme de montagne verte, de Philippe Starck. Je passe également devant l’ambassade de France, près de Hiroo, pour prendre en photo un petit bâtiment de béton aux formes asymétriques. Mais je découvre aux hasards des rues de nouveaux objets architecturaux que je ne connaissais pas, comme cette maison blanche aux formes particulières. Une partie de l’escalier est ouvert sur l’extérieur et des plantes commencent à envahir la petite terrasse à l’entrée.

J’aime partir au hasard des rues en me demandant à tout instant si elles ne cachent pas des choses intéressantes, une architecture remarquable. Courir a l’avantage de scruter un quartier rapidement. Je dirige mes pas vers un morceau de béton au loin qui dépasse et qui semble avoir une forme singulière. Je recherche également les endroits où la végétation se mélange à l’urbain comme sur cette résidence aux briques rouges. Mon réflexe d’association urbano-végétal me revient en tête certainement. Un arbuste semble pousser à l’étage et grimpe chez les voisins du dessus sans y être invité.

Nani Nani (2)

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Cet étrange bâtiment de cuivre oxydé, on le doit à Philippe Starck, Il s’agit du Nani Nani et on le trouve à Shirogane. J’avais déjà pris en photo cet étrange objet architectural il y a quelques années (7 ans). Coté musical, quelques morceaux que j’écoute en boucle tout en dessinant ce matin avant que Mari se réveille (Zoa étant en vadrouille): le nouveau morceau de SBTRKT intitulé New Dorp. New York avec la voix de Exra Koenig, assez différent de ce que je connaissais de SBTRKT en plus underground peut être et j’aime beaucoup les associations de voix et les percussions sur ce morceau. J’écoute aussi quelques morceaux électroniques de l’américain de Los Angeles Lost Midas sur son album Off the Course notamment Sunset Strut, et finalement retour au Japon avec Aquarius de Primula. Petite nouvelle photographique, mon objectif photo Sigma 20mms grand angle est apparemment revenu à la vie… Il est increvable mais à surveiller quand même car c’est peut être un dernier sursaut avant de s’éteindre définitivement.