se perdre dans nos écouteurs

Cette année 2022 a été particulièrement riche en découvertes musicales, avec des groupes et artistes qui comptent maintenant parmi mes préférés comme Tricot, AAAMYYY et Miyuna (みゆな). J’ai écouté toutes leurs discographies sans être déçu un seul instant et cette musique a bien rempli mon paysage musical cette année. Ce qui me plait beaucoup, c’est que ce sont des artistes qu’on m’a fait connaître ou que j’ai fait connaître. J’aime beaucoup cet aspect de transmission et c’est d’ailleurs la contribution que j’essaie de faire à travers ce blog à qui aurait la curiosité nécessaire d’y jeter une oreille ou deux. Ce n’est pas forcément facile de se plonger dans la musique d’un ou d’une artiste ou groupe que l’on ne connaît pas, mais j’ai toujours l’espoir qu’un texte et quelques liens pourront susciter un intérêt. En écrivant ce billet, j’écoute une musique bien différente, celle du piano de Ryuichi Sakamoto pour Krug qu’il a composé en 2008 et qui est disponible à l’écoute sur YouTube depuis Septembre 2022. Cette suite durant une trentaine de minutes est très belle et me semble idéale pour terminer tranquillement cette fin d’année. On y ressent une mélancolie certaine de scènes de film qui n’existent pas. La force d’évocation de la musique de Ryuichi Sakamoto peut être bouleversante.

Pendant cette dernière selaine de l’année, comme je manque d’inspiration et de motivation pour écrire, j’ai regardé beaucoup de séries et de films, en particulier les 8 épisodes de la deuxième saison de la série Alice in Borderland (今際の国のアリス) sur Netflix toujours réalisée par Shinsuke Sato. La série est toujours aussi captivante et est même meilleure que la première saison, notamment car on arrive finalement à obtenir une explication sur la transformation de Tokyo en un monde parallèle. Et voir Shibuya en ruine envahi par la végétation vaut le coup d’oeil. Dans un style complètement différent, j’ai aussi regardé les neuf épisodes de la série First Love (初恋) toujours sur Netflix réalisée par Yuri Kanchiku et vaguement inspirée des morceaux First Love (1999) et Hatsukoi (2018) d’Utada Hikaru. Hikari Mitsushima et Takeru Satoh jouent les rôles principaux de cette histoire où l’on suit leur premier amour contrarié à plusieurs étapes de leurs vies. Dans cette série, j’étais assez surpris de voir jouer Aoi Yamada dans un second rôle car je suis ses danses bizarres (celle des légumes notamment) depuis un bon petit moment sur Instagram. Je comprends aussi mieux pourquoi Aoi Yamada et Hikari Mitsushima étaient réunies pour le court film publicitaire intitulé Kaguya, très bien réalisé pour la marque Gucci. J’ai également été voir au cinéma le plus proche le film d’animation Suzume no Tojimari (すずめの戸締まり) réalisé par Makoto Shinkai. Je ne l’ai pas trouvé aussi captivant que Your Name (君の名は) ou Tenki no ko (天気の子) qui avaient mis la barre très haut, mais on reste dans un même niveau de qualité et d’intérêt. Cette histoire nous amène aux limites du réel et de l’imaginaire, comme toujours chez Makoto Shinkai et ça me plait beaucoup. L’intrigue me semble être inspirée de la légende du poisson-chat turbulent Namazu (鯰) déclenchant les tremblements de terre au Japon. Nous avions été voir l’année dernière l’endroit où il est maintenu sous terre, sous une pierre de voûte nommée kaname ishi (要石), dans la forêt sacrée du sanctuaire Kashima Jingū à Chiba. A noter le superbe morceau intitulé Suzume (すずめ) accompagnant le film, composé par RADWIMPS (comme d’habitude) mais chanté par Toaka (十明).

Building/flowers/electric

Depuis que j’ai un ipad2, je re-découvre youtube (que je n’utilisais pratiquement pas) pour découvrir des morceaux de musique. J’ai beaucoup procédé de cette façon avec Autechre en écoutant d’abord les morceaux sur youtube avant des les télécharger sur itunes. Comme je suis assez difficile, je n’achète jamais un album en entier mais morceau par morceau. Et pour Autechre, ça permet de varier entre les morceaux plus ambiants et ceux plus abstraits. On trouve parfois les deux dans un seul morceau, Surripere par exemple commençant par une mélodie construite qui se fait égratigner petit à petit par des sons tranchants. Il y a un côté Mishima avec en quelque sorte une destruction de beauté. Beaucoup de morceaux d’Autechre suivent ce principe, Pir sur EP7 par exemple, la destruction/dé-construction ou alteration d’une mélodie qui peut être belle parfois pour construire ensuite quelque chose de plus rude et dur. J’aime beaucoup les quelques monuments polymorphes que j’ai pu découvrir sur Untilted comme Ipacial Section ou Parhelic Triangle sur Confield, des morceaux vraiment étranges et certainement pas la meilleure porte d’entrée pour le néophyte. LP5 est décidément rempli de beaux morceaux, notamment Vose In ou Fold 4, Wrap 5 et son rythme qui semble ralentir et accélérer sans arrêt. Arch Carrier est une mélodie assez entêtante et gagne en profondeur au fur et à mesure du morceau. Sur le plus ancien Tri-Repetae, des morceaux comme Rsdio, Eutow, C/Pach ou Vletrmx sur le EP Garbage (ce morceau me fait penser à l’ambiance des morceaux sombres de Mondkopf) sont quand même plus facile d’accès. Des très beaux morceaux mais je préfère quand même quand la musique est plus accidentée. Et aussi parmi ma sélection: y7 sur Move of Ten, ilanders sur Oversteps, Tilapia sur Cichli Suite, 6IE.CR sur Draft 7.30, , Simmm sur Quaristice (pour sa transformation minimaliste finale). Ma passsion récente pour Autechre m’a amené jusqu’à télécharger la version d’essai de MAX/MSP tout en comprenant assez vite la complexité de la chose et qu’il faut certainement y passer une vie pour arriver à la complexité de programmation musicale d’Autechre.

Donc, pour alterner un peu avec la folie musicale (certains diront une forme d’autisme) d’Autechre, je fais une petite pause vers un autre style non dénué d’un brin de folie. Un peu de rock japonais. Je découvre un nouveau morceau de Tokyo Jihen appelé Brand New Civilization (新しい文明開化), plus pop que le précédent morceau de l’album The Reverberation. J’aime beaucoup l’énergie qui se dégage et la folie de la vidéo (sur youtube). Et de fil en aiguille, je découvre des morceaux avec cette même énergie mais en format un peu plus rock alternatif. Sheena Ringo et Tokyo Jihen étaient moins mainstream à ses débuts mais depuis qu’elle fait de la publicité pour du maquillage et des bonbons à la menthe… En plus alternatif donc, je découvre un groupe que je ne connaissais pas du tout, Radwimps, et un très bon morceau DADA, la vidéo est vraiment très bien faite. Il y a encore cette énergie et cette façon rapide de chanter en parlant. Les morceaux de The Mirraz également comme あーあ, dont le clip vidéo se passe pas loin de chez moi. Toujours dans un registre indie, le morceau Five Senses-Five Minutes de Qomolangma Tomato. La vidéo se passe dans un supermarché Carrefour de la banlieue de Tokyo (J’imagine), assez inhabituel pour une vidéo musicale. En plus calme et mélancolique mais toujours rock indie, je découvre également ce morceau 「ボクのために歌う吟」(Boku no tame ni utau uta) de Plenty, dans une ambiance vidéo éthérée. Et pour terminer avec les groupes japonais que je découvre soudainement grâce à Youtube, 0.8秒と衝撃 (Rei Ten Hachi Biyou to Syooogeki) et le morceau Beatnik Killers. J’ai un peu de doute sur l’authenticité de ce goupe… La chanteuse étant également modèle, je me demande s’il ne s’agit pas d’un groupe fabriqué de toutes pièces. Il faut toujours ce méfier au Japon. Mais j’aime quand même beaucoup ce morceau très désorganisé et son duo de voix. Et si vous m’avez suivi jusque là, félicitations.