飲み込んで東京

Les rues que je montre sur les photographies de ce billet sont bordées d’architecture mais je n’en connais pas toujours l’architecte. Je me dis en prenant les deux premières photographies du billet que c’est une bonne idée de laisser des passants intégrer le cadre même si leurs mouvements parfois incontrôlés car non-linéaires m’obligent à réagir vite, ce qui n’est pas toujours mon fort. Mon temps de réflexion prend malheureusement souvent le dessus sur celui de l’instinct. Ce type de composition apporte une dynamique un peu différente. Le bâtiment blanc de forme massive sur la deuxième photographie me fait penser à une forteresse imprenable. Les fines fenêtres ressemblant à des meurtrières de château fort renforcent cette impression. La forme coupée à l’oblique de sa base donne une certaine élégance à l’ensemble et vient laisser un peu de place pour un étroit bassin dans lequel court un filet d’eau. Cette forme oblique et le petit cours d’eau apportent une certaine délicatesse qui vient adoucir l’impression massive de l’ensemble. Il s’agit du building des éditions Shogakukan (小学館ビル) à Jimbocho, conçu par Nikken Sekkei (日建設計).

Même sous la chaleur intenable de l’été, je marche en ce moment beaucoup pendant les week-ends, au point où j’ai tendance à oublier le parcours que j’ai suivi, ces photographies datant déjà d’il y a plusieurs semaines. La troisième et la cinquième photographie me rappellent que je suis passé par Hitotsubashi. On traverse à cet endroit la rivière Nihonbashi (日本橋川) qui diverge de la rivière Kanda un peu plus haut et vient se déverser dans la rivière Sumida après être passée sous le fameux pont Nihonbashi. Cette rivière a le malheur d’être presqu’entièrement recouverte par l’autoroute circulaire métropolitaine. Un jour peut-être, elle retrouvera un ciel. À Hitotsubashi, juste à côté de la station de métro Takebashi, se dressent les 9 étages du Palaceside building conçu par l’architecte Shoji Hayashi pour les quartiers généraux du journal Mainichi Shimbun. Je le montre sur la cinquième photographie prise depuis le bord des douves du Palais Impérial. La dernière photographie est prise dans un tout autre endroit car il s’agit de Minami Azabu. Je suis souvent passé devant cet élégant bâtiment de verre, sans savoir qu’il s’agissait de l’architecture de Tadao Ando. L’oeuvre d’art disposée au dessus de l’entrée est vraiment étrange. Je n’en connais pas l’artiste mais j’ai lu quelque part qu’il s’agirait probablement d’un hommage au Saut dans le vide d’Yves Klein. Derrière les parois de verre et de béton de ce bâtiment appelé Yuan (游庵), se cache un musée privé contenant la collection d’art contemporain du constructeur Obayashi Corporation. Ce musée n’est pas ouvert au public et on ne sait donc pas ce qu’il contient exactement, mais on y trouverait apparemment des œuvres d’Olafur Eliasson et de Tokujin Yoshioka, entre autres. Cet endroit reste bien mystérieux et on n’en saura pas beaucoup plus tant que ce musée restera fermé au public.

Je ne pensais pas me lancer dans la collection d’anciens magazines musicaux japonais abordant Sheena Ringo, mais on dirait bien que j’ai posé un pied dans cette direction en trouvant soudainement sur Mercari le fameux numéro du mois de Mars 2000 du magazine Sony Music Gb montrant en couverture Sheena Ringo marchant dans les rues d’Ueno en robe de mariée. Ces photographies prises par Meisa Fujishiro sont particulièrement iconiques et je n’ai pu m’empêcher de l’acheter dès que je l’ai vu en vente. Le magazine n’est pas vraiment facilement trouvable et en général beaucoup plus cher que le prix auquel je l’ai trouvé. Le numéro contient 20 pages de photographies à Ueno et 4 pages d’interview par Yuichi Hirayama, couvrant la sortie récente simultanée des deux singles Tsumi to Batsu (罪と罰) et Gips (ギブス) le 26 Janvier 2000, deux mois avant la sortie de son deuxième album Shōso Strip. Il y a d’ailleurs une publicité pour ces deux singles en double page dans le magazine. La série de photographies en robe de mariée se déroule principalement dans le parc d’Ueno et dans la rue commerçante Ameyoko (アメ横). Quand elle était plus jeune, Sheena avait un petit boulot dans un magasin de disques d’Ameyoko et nous dit dans l’interview être passée voir son ancien patron pendant la prise des photos. Je pense qu’une des photos a d’ailleurs été prise dans ce magasin de disques. L’interview ne donne pas d’explication sur le fait qu’elle porte une robe de mariée, mais nous parle assez longuement des deux nouveaux singles: Tsumi to Batsu et Gips. Elle nous explique que Gips est un morceau assez ancien car elle l’a écrit quand elle avait 17 ans, tandis que Tsumi to Batsu est plus récent. Comme elle l’expliquait également dans son émission Etsuraku Patrol, Sheena a d’abord joué ces morceaux en concert l’année précédente (en 1999) et avait même demandé au public d’écrire à la maison de disques pour faire pression pour sortir Tsumi to Batsu en single. Il semble que l’idée de Toshiba EMI était plutôt de sortir Gips en single en Janvier 2000, après Honnou (本能) sorti en Octobre 1999. Elle a finalement obtenu ce qu’elle souhaitait car le morceau est sortie en single en simultané avec Gips. Elle nous dit dans l’interview qu’elle avait d’abord un avis un peu partagé sur son morceau Gips mais que les arrangements de Seiji Kameda lui ont donné un nouvel attrait qu’elle ne soupçonnait pas. Elle insiste beaucoup dans l’interview sur la venue de Kenichi Asai (aka Benji) de Blankey Jet City pour l’enregistrement de la partie guitare de Tsumi to Batsu, le 13 Juillet 1999. Elle lui a apparemment adressé une lettre de fan quelques mois plus tôt pour lui demander de jouer sur ce morceau en insistant bien sur le fait qu’il n’y a que lui qui pourrait jouer dessus. Il faut se rappeler que Sheena est une fan excessive (et même maladive) de Benji à cette époque. Lire Sheena dans cette interview quand elle parle avec enthousiasme de Benji est particulièrement intéressant et amusant. Benji semble avoir accepté assez facilement son offre, car ça transparaît assez clairement qu’ils s’apprécient mutuellement. Sheena le décrit souvent comme une personne qui vit sa musique plutôt qu’il en joue. Elle le dit quelques fois à cette époque mais elle a une passion proche du fétichisme pour les guitaristes, mais l’histoire ne raconte pas jusqu’où ça va. Sur Tsumi to Batsu, je n’avais pas réalisé que les sifflements à la fin du morceau étaient aussi ceux de Kenichi Asai et qu’ils sont différents, plus longs et accentués, sur la version single par rapport à la version de l’album. Dans les crédits sur le livret du single, Sheena mentionne « 恰好良い電気式ギターと歯笛 » (belle et cool guitare électrique et sifflements entre les dents) à côté du nom de Kenichi « Benji » Asai. Je ne connaissais pas cette méthode du sifflement entre les dents plutôt qu’entre les lèvres. Une autre anecdote est que pendant cette session d’enregistrement, Seji Kameda qui assure la basse en plus de la production, Kenichi Asai et Masayuki Muraishi à la batterie se rendent compte qu’ils sont tous les trois du même signe astral chinois, celui du dragon (ils sont tous les trois nés en 1964). Cette coïncidence leur fait dire, en plaisantant très certainement, qu’ils devraient par conséquent monter un groupe. En continuant cette plaisanterie, l’interviewer ajoute qu’ils auraient pu s’appeler les Dragons. Ceci me fait me rendre compte que je suis du même signe chinois qu’eux, mais plus jeune d’un cycle.

L’interview aborde également les morceaux en B-side, notamment Σ sur le single Gips, qu’elle a déjà joué auparavant en concert pendant sa tournée universitaire Manabiya Ecstasy (学舎エクスタシー). Hisako Tabuchi du groupe Number Girl y joue de la guitare. Sheena precise dans Le magazine qu’elles sont amies depuis longtemps (Number Girl est aussi originaire de Fukuoka). Sheena l’appelle même Chako chan (チャコちゃん) dans l’interview (bien qu’elle soit de trois ans son aînée). Sheena lui aurait demandé du jour au lendemain de jouer sur ce morceau ce qu’elle aurait tout de suite accepté. Hisako serait venue en train le lendemain jusqu’à l’appartement de Sheena pour ensuite partir toutes les deux vers le studio. Elle ne le dit pas, bien sûr, dans l’interview mais il est possible qu’elle habitait à Okachimachi (御徒町) à cette période là, lieu qui est d’ailleurs proche d’Ueno et Ameyoko. L’enregistrement de Σ aurait seulement demandé quelques prises ce qui aurait surpris Hisako car elle est habituée aux enregistrements de Number Girl prenant beaucoup plus de temps. Sheena nous donne ce genre de petits détails et anecdotes dans l’interview. En lisant l’interview, j’imagine très bien sa voix nous expliquant tout cela, celle de l’époque, pleine d’une sorte d’excitation et d’énergie un peu naïve de la jeunesse. Sur le même single Gips, j’adore la reprise du morceau Tokyo no Hito (東京の女) du groupe The Peanuts sorti initialement en 1970. J’avais d’ailleurs récemment repris les dernières paroles de ce morceau comme titre de billet. Le morceau 17 présent sur le single Tsumi to Batsu est également ancien, car elle l’a écrit au lycée alors qu’elle venait d’avoir 17 ans. Elle nous dit que les paroles sont restées inchangées depuis cette époque, à part quelques mots qu’elle a remplacé alors qu’elle était en homestay à Londres. C’est à peu près à cette période qu’elle décide de quitter le lycée. Elle a écrit les paroles en anglais car elle appréciait beaucoup la chanteuse Janis Ian à cette époque. L’anglais donne une impression très mature à son chant sur ce morceau (c’était d’ailleurs ce qu’indiquait Ikkyu Nakajima à propos de ce morceau lors d’une interview ). L’autre morceau du single Tsumi to Batsu, Kimi no Hitomi ni Koi shiteru (君ノ瞳ニ恋シテル), est également chanté en anglais car il s’agit d’une reprise du morceau Can’t Take My Eyes Off You écrit par Bob Crewe et Bob Gaudi pour le chanteur Frankie Valli en 1967. Dans l’interview, Sheena nous dit qu’elle aimait en fait chanter la version du chanteur anglais Engelbert Humperdinck. L’interviewer aborde les paroles du morceau Gips en disant qu’elles ont quelque chose d’effrayant, ce qui me rappelle qu’elles font référence à Kurt Kobain en mentionnant directement les prénoms de Kurt et Courtney et en évoquant l’arrivée du mois d’Avril comme un mauvais souvenir (c’était le mois de son suicide en 1994). Sheena a écrit ce morceau un an après sa mort, quand elle avait 17 ans.

L’interviewer Yuichi Hirayama pose ensuite la question du prochain album Shōso Strip qui n’est pas encore sorti au moment de l’interview mais qui sortira dans quelques mois. Elle ne donne en fait pas le titre de l’album dans cette interview mais donne seulement les initiales SS, tout en indiquant qu’il vient après Muzai Moratorium qui avait les initiales MM. Elle ne l’indique pas clairement dans l’interview mais suggère une logique dans le choix des noms d’albums à travers les initiales choisies. Je me demande s’il ne s’agit pas de M pour Masochisme et S pour Sadisme, car on sait qu’elle utilisait souvent ce dernier qualificatif à son propos au début de sa carrière. La suite est plus mystérieuse car elle indique que MM et SS à eux deux font 24 morceaux (11 sur Muzai Moratorium et 13 sur Shōso Strip) et ça a l’air de beaucoup la satisfaire. Elle explique à l’interviewer qu’elle aime les maths et que pour elle, 24, c’est « ハッサンニジューシ » ou à l’inverse « サンパニジューシ ». L’interviewer, un peu perdu dans cette explication, lui dit qu’il ne comprend pas ce qu’elle veut dire et change donc rapidement de sujet. J’aurais bien aimé écouter une version audio de cette interview à ce moment particulier d’incompréhension. Je me suis aussi demandé ce qu’elle voulait dire. J’ai vite compris que « ニジューシ » correspond à 24, le nombre total de morceaux des deux albums, mais pourquoi « ハッサン » pour 83 et « サンパ » pour 38… Ne trouvant pas d’explications logiques, je fais appel au fiston qui, lui, comprend très vite que ça correspond à 8 multiplié par 3 (ハッサン) ou 3 multiplié par 8 (サンパ). Il s’agit apparemment d’un moyen mnémotechnique pour se souvenir des tables de multiplication. Le mystère est peut être résolu mais ce qui m’intéresse quand même beaucoup, c’est que Sheena accorde une importance certaine à ce genre de chose pour ses albums. Ce détail mathématique vient compléter certaines des propriétés arithmétiques et géométriques de l’album Shōso Strip (symétrie des morceaux, durée de 55mins 55sec) que l’on connaît déjà. L’interview ne fait que quatre pages mais il est riche en information, dont un grand nombre que je ne connaissais pas. J’aime surtout les petites anecdotes qui permettent de mieux comprendre la construction d’un morceau qu’on a déjà beaucoup écouté et qui permettent de l’écouter ensuite avec une oreille un peu différente. Le problème qui découle de ce genre de lecture est que j’ai bien peur d’être parti pour rechercher d’autres anciens magazines de cette époque. En attendant, j’irais bien faire un petit tour dans les rues d’Ueno, à Ameyoko, pour voir si j’y trouve la trace du vendeur de disques dans lequel elle aurait travaillé.

Je partage ci-dessous une petite playlist de 8 morceaux à l’esprit rock, se composant exclusivement de morceaux intitulés Tokyo ou 東京. Les trois images ci-dessus sont extraites des vidéos YouTube de trois des morceaux de cette playlist: De haut en bas, PEDRO, Kinoko Teikoku (きのこ帝国) et Kuwata Keisuke (桑田佳祐).

1. Tokyo par SCANDAL
2. 東京 (Ewig Wiederkehren) par Haru Nemuri (春ねむり)
3. 東京 par Kinoko Teikoku (きのこ帝国)
4. 東京 par PEDRO
5. 東京 par Quruli (くるり)
6. TOKYO par Sheena Ringo (椎名林檎)
7. 東京 par Yazawa Eikichi (矢沢永吉)
8. 東京 par Kuwata Keisuke (桑田佳祐)

Allez savoir pourquoi, l’idée m’est soudainement venue de construire une playlist avec uniquement des morceaux de musique japonaise dont le titre est Tokyo (ou 東京). En fait, il y a un morceau de Keisuke Kuwata (桑田佳祐) prenant ce titre que j’écoute régulièrement, une fois de temps en temps quand l’envie me prend soudainement. Il est sorti en 2002 et je me souviens l’avoir acheté en digital peu de temps après sa sortie. Je n’ai pourtant aucune attirance pour la musique de Keisuke Kuwata ni pour celle de son groupe Southern All Stars (サザンオールスターズ), bien qu’il me soit déjà arrivé plusieurs fois quand j’étais plus jeune de chanter en groupe le morceau Tsunami de Southern All Stars. Ce morceau était extrêmement populaire à sa sortie le 26 Janvier 2000 (tiens, le même jour que la sortie de Gips et Tsumi to Batsu). Tokyo de Keisuke Kuwata m’a beaucoup impressionné dès la première écoute, notamment en raison de sa manière de chanter très lente et insistante. Ce morceau accompagnerait bien un film noir avec une histoire d’amour compliquée, car je lui trouve une ambiance de passion toute cinématographique. Le morceau n’a pas, à ma connaissance, été utilisé pour un film mais Kuwata dit lui même de ce morceau qu’il a une atmosphère de drama à suspense (サスペンスドラマ的な雰囲気). Réécouter ce morceau m’a rappelé que j’ai dans ma librairie iTunes plusieurs morceaux prenant le titre de Tokyo, et m’a donc donné envie de faire une petite playlist. On trouve bien entendu dans cette playlist le morceau TOKYO se trouvant en position centrale sur le dernier album de Sheena Ringo, Sandokushi. C’est un de mes préférés sur l’album. L’intensité du chant et la beauté impressionnante de la partition de piano y sont pour beaucoup. Le titre de ce billet est en fait la dernière phrase des paroles de ce morceau. Tout comme sur Tokyo no Hito (東京の女), le morceau se termine sur le mot Tokyo s’allongeant longuement pour évoquer peut être la taille gigantesque de cette ville. Ma playlist est très variée mais a quand même clairement une tendance rock. Elle démarre par un morceau du groupe de filles, originaires d’Osaka, SCANDAL. Le Tokyo de SCANDAL est plein d’une énergie puissante en guitares mais conservant une certaine légèreté dans son approche très pop. Je ne connaissais pas vraiment ce groupe et je découvre ce morceau récemment. Je m’étais toujours dit qu’il s’agissait d’un groupe monté de toute pièce, mais en fait non, les quatre membres de SCANDAL se sont en fait rencontrées au lycée et ont commencé leur carrière musicale en jouant des live de rue avant de se faire rapidement remarquer par un label de rock indé. Le morceau qui suit dans ma playlist est 東京 (Ewig Wiederkehren) par Haru Nemuri (春ねむり). Il est beaucoup plus sombre et introspectif. J’avais déjà parlé de cette version de ce morceau, légèrement différente de l’originale, lorsque je l’avais découvert, il y a quelques années de cela. Il y a dans ce morceau une tension musicale et vocale très forte et prenante, brute et instinctive surtout dans sa deuxième partie et sur le final. Je me demande rétrospectivement si ce n’est pas le morceau que je préfère de Haru Nemuri, peut-être plus que les morceaux de Haru to Shura. J’y trouve une intensité émotionnelle que je ne retrouve pas dans les derniers morceaux qu’elle compose. Ce morceau me rappelle tout l’enthousiasme que j’éprouvais pour la musique de Haru Nemuri à sa découverte. 東京 par Kinoko Teikoku (きのこ帝国) est également un morceau rock indé chargé d’émotions. Je le découvre également récemment alors que j’avais beaucoup écouté les premiers albums du groupe, notamment Eureka, que j’avais déjà évoqué sur ce blog. Chiaki Satō, qui mène le groupe au chant et à la guitare, est une de ces interprètes qui vivent la musique avec passion. On le ressent également sur ce morceau qui est le premier de l’album Fake World Wonderland sorti en 2014. Le 東京 qui suit est interprété par le groupe PEDRO, composé entre autres d’Ayuni D de BiSH à la basse et au chant et d’Hisako Tabuchi à la guitare électrique. J’ai déjà parlé de PEDRO ici. Je n’aime pas tous les morceaux du groupe mais celui-ci me plaît beaucoup. Une des conditions est d’accepter la voix d’Ayuni qui part volontiers vers les aigus. J’aime beaucoup l’atmosphère rock du morceau et les petits sursauts de voix d’Ayuni à la fin des refrains. 東京 par Quruli (くるり) est également un morceau dont j’ai déjà parlé sur Made in Tokyo alors que je découvrais l’album Sayonara Stranger (さよならストレンジャー) sorti en 1999. Comme je l’évoquais précédemment, ce morceau évoque le départ de sa ville natale pour aller vivre à Tokyo en laissant une personne aimée derrière soi. C’est ce qu’on appelle le jōkyō (上京), le départ vers Tokyo, en japonais. Il faut noter que tous les groupes, compositeurs, compositrices et interprètes de cette playlist ont fait ce départ vers Tokyo, ce qui explique certainement ce besoin de prendre Tokyo comme thème d’un morceau. Quruli est par exemple un groupe originaire de Kyoto. SCANDAL, je le mentionnais vient d’Osaka. Haru Nemuri est originaire de Yokohama. Chiaki Satō de Kinoko Teikoku vient de la préfecture d’Iwate. Ayuni D de PEDRO est originaire de Sapporo tandis qu’Hisako Tabuchi vient de Fukuoka, tout comme Sheena Ringo. Keisuke Kuwata est né à Chigasaki dans la préfecture de Kanagawa, tandis que Yazawa Eikichi (矢沢永吉) est originaire d’Hiroshima. Je n’ai pas encore évoqué Yazawa Eikichi dont le morceau Tokyo, datant de 1993, fait également partie de ma petite playlist. Yazawa Eikichi est un monstre sacré au Japon fêtant tout récemment ces 50 années de carrière musicale. Il n’est pas rare d’apercevoir dans tout le Japon des voitures ou des camions décorés d’autocollants du logo de Yazawa. A vrai dire, je n’ai pas l’habitude d’écouter sa musique, mais j’ai tout de suite été saisi par celle-ci. Comme pour le morceau de Keisuke Kuwata, on y ressent une atmosphère cinématographique. Le Tokyo de Yazawa Eikichi a en fait été utilisé pour un drama policier. Je ne suis pas sûr de poursuivre l’écoute avec d’autres morceaux de Yazawa Eikichi, mais j’aime beaucoup le fait que cette petite série prenant pour titre Tokyo, m’a ouvert quelques nouveaux horizons.

霧になるなる東京

Les plantes grimpantes du parc Miyashita sur la première photographie poursuivent leur ascension pour former un toit au dessus du parc le long des tiges métalliques. On est encore loin du compte et ses plantes ne permettent pas encore de rafraîchir la jeunesse se regroupant dessous pendant ces journées chaudes du début de l’été. Je me dirige vers le quartier résidentiel de Shōtō pour le traverser jusqu’à l’avenue Yamate avec dans l’idée de revoir une petite tour en coin de rue que je pensais être grise argentée. Je la retrouve sur la troisième photographie mais elle est désormais peinte en blanc. Le petit immeuble de la cinquième photo a été construit très récemment. La première fois que j’ai vu ce bâtiment, il était encore en construction et la forme en angle d’une des ouvertures m’a tout de suite rappelé l’église de béton à Hiroo conçue par Tadao Ando. Il s’agit en effet d’un bâtiment de Tadao Ando pour la petite agence publicitaire Sima Creative House. Les photographies suivantes partent en direction de Minami Aoyama pour saisir la jeunesse qui s’affichent sur les vitrages de la boutique agnès b puis vers Omotesando avec la devanture cartoonesque de la boutique Comme des garçons. Et pour ce qui est du chat dessiné sur un mur de briques le long d’un parking, je n’ai plus de souvenirs très précis d’où je l’ai aperçu.

Je connaissais l’existence de versions démo de certains premiers morceaux de Sheena Ringo pour les avoir découvert par hasard sur YouTube, mais je n’ai découvert que récemment, il y a quelques mois en fait, qu’une chaine Youtube les regroupait tous par cassette. Il existe en tout cinq cassettes de démo (des demo tapes) dont deux remontant à ses années lycées, une datant d’avant ses débuts et deux autres de l’époque de son premier album Muzai Moratorium. On y trouve de nombreux morceaux qui apparaîtront sur ses deux premiers albums Muzai Moratorium et Shosō Strip, mais également d’autres qui seront ensuite des B-sides et un assez grand nombre de morceaux jamais sortis en CDs et qui m’étaient par conséquent inconnus. La qualité musicale des premières versions est souvent très primaire, genre machine à karaoke, mais on reconnaît tout de suite sa voix si particulière et unique qui pouvait déjà nous faire ressentir tout le potentiel de chaque morceau. Les morceaux sont parfois incomplets et en version très différente de ce qu’on connaîtra ensuite en version finale sur les albums. Ces démo tapes s’écoutent certes comme des curiosités qui intéresseront avant tout les fans (les OTK quoi) et elles m’intéressent donc énormément. Par exemple, la deuxième cassette datant de l’époque où elle était au lycée contient la toute première version de Marunouchi Sadistic (on retrouve également une version assez similaire sur la cinquième cassette). Cette version initiale s’appelait A New Way To Fly et elle a été enregistrée alors que Sheena était en homestay à Londres. Les paroles entièrement en anglais sont complètement différentes de la version Marunouchi Sadistic que l’on connait sur Muzai Moratorium. Cette version intitulée A New Way To Fly est en fait composée d’un patchwork de couplets de trois morceaux du groupe américain d’inspiration grunge Stone Temple Pilots (STP). Les trois morceaux en question sont Tumble In The Rough, Seven Caged Tigers et Adhesive, provenant tous les trois de l’album Tiny Music… Songs from the Vatican Gift Shop sorti en 1996. De STP, je ne connais que leur deuxième album Purple sorti en 1994 et je n’avais pas poussé plus en avant à l’époque de mon adolescence la découverte de ce groupe, bien que j’écoutais beaucoup de rock alternatif américain. Découvrir que Sheena Ringo s’inspirait de cet album avant ses débuts me pousse maintenant à le découvrir et il s’avère être excellent, car il me ramène vers ce style de guitare et de voix assez typique du son grunge, bien que STP part volontiers vers d’autres sonorités, par moments plus mélodiques. Marunouchi Sadistic retrouvera des paroles en anglais pour la version du concert Ringo Expo 08, que l’on trouve également en morceau bonus sur Sanmon Gossip sorti en 2009. Les paroles en anglais sur Marunouchi Sadistic (Expo Ver.) ne reprennent pas les paroles des trois morceaux de STP, mais il y reste une allusion avec les paroles « way to fly » / « way to die » dans le dernier couplet ainsi qu’une référence directe au mouvement grunge en mentionnant Nirvana et Kurt Cobain.

Marunouchi Sadistic n’est pas le seul morceau présent sur les cassettes de démo ayant un titre différent de celui qui sera finalement retenu sur les albums. Les premières versions de Akane sasu kiro terasaredo (茜さす 帰路照らされど・・・) de l’album Muzai Moratorium s’appellent par exemple Headphone (ヘッドフォン). Le morceau B-side 17 s’appelle d’abord Now I’m Seventeen, le morceau intitulé Don’t you think?correspond à Gips (ギブス), Daijōbu (大丈夫) au morceau Kyogenshō (虚言症), le morceau B-side Remote (リモコン) sera plus tard renommé Remote Controller (リモートコントローラー). On trouve sur ces cassettes démo des morceaux que Sheena Ringo donnera ensuite à d’autres, notamment le morceau intitulé Shampoo (シャンプー) pour Rie Tomosaka sur son album Murasaki. (むらさき。). Le cas du morceau intitulé Unconditional Love (アンコンディショナル・ラブ) sur ces cassettes de démo est intéressant. D’après le titre, on pourrait penser qu’il s’agit de la reprise de Cindy Lauper qui sera plus tard présent en B-side du single Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), mais il s’agit en fait d’une première version du morceau Private (プライベイト) que Sheena donnera à Ryoko Hirosue. Sur les démos, il y a quelques morceaux comme l’inédit LAY DOWN et Rinne Highlight (輪廻ハイライト) qui reprennent des extraits de paroles de morceaux de la compositrice et interprète américaine Susanna Hoffs, connue pour être la co-fondatrice du groupe pop rock californien The Bangles, populaire dans les années 80 (Eternal Flame, Walk like an Egyptian, Manic Monday sont quelques uns de leurs gros succès). Après The Bangles, Susanna Hoffs a démarré une carrière solo avec un premier album intitulé When You’re a Boy en 1991. Les paroles du morceau LAY DOWN sont en partie tirées du morceau My side of the Bed de cet album. Le morceau Rinne Highlight (輪廻ハイライト), qu’on trouvera ensuite en B-side du single Honnō (本能), comprend certaines paroles du morceau No Kind of Love de Susanna Hoffs sur ce même album. Le point intéressant est que sur ce même album When You’re a Boy de 1991, Susanna Hoffs reprend le morceau Unconditional Love de Cindy Lauper (datant de 1989) mais en modifiant certaines paroles dans un des couplets. En B-side du single Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), Sheena Ringo reprend en fait la version de Susanna Hoffs plutôt que celle de Cindy Lauper. En regardant les crédits du single, on voit en effet mentionné que la version contient des nouvelles paroles expressément écrites par Susanna Hoffs. Je n’avais jusqu’à maintenant jamais entendu parlé de cette compositrice / interprète bien que je connaissais The Bangles. Il semble que Sheena Ringo l’appréciait pour reprendre plusieurs de ses paroles. Leurs styles musicaux sont pourtant très différent et l’interprétation pleine de passion faite par Sheena Ringo de Unconditional Love est bien supérieure à mon avis à celle plus posée de Susanna Hoffs. En regardant par curiosité certaines vidéos de The Bangles, he le demande d’ailleurs si Sheena n’a pas été influencé par Susanna Hoffs pour ses tenues de scène, notamment sur Senkō Xstacy. L’autre morceau inspiré de paroles de Susanna Hoffs, Rinne Highlight (輪廻ハイライト), est chanté en anglais sur ces cassettes démo et sur la version finale du single Honnō, mais en regardant maintenant les crédits sur le livret du CD de Honnō, je me rends compte que les paroles sont écrites dans un japonais approximatif qui vient en fait imiter les sonorités des mots anglais (on appelle ça le Sora Mimi). On voit une fois de plus que Sheena aime s’amuser avec les mots et j’ai parfois l’impression que ces découvertes inattendues et mystères sont sans fin.

Sur ces cassettes démo, on trouve bien sûr de nombreux morceaux qu’on trouvera ensuite avec les mêmes titres sur les deux premiers albums de Sheena Ringo, et c’est intéressant d’entendre les évolutions au fur et à mesure des morceaux. Les musiques sont bien sûr loin d’être les versions finales riches en guitares et peuvent sonner parfois un peu kitsch car elles sont souvent une idée initiale qui semble être avant tout destinée à accompagner son chant. En tout cas, dès les années lycées, Sheena a déjà cette voix si particulière et on se rend compte tout de suite de son potentiel. Il y a également des curiosités amusantes comme cette courte reprise live de la musique de la publicité Hitachi, Kono Ki Nan no Ki (この木なんの木), qu’on l’on peut entendre toutes les semaines dans l’émission du Samedi soir sur TBS Sekai Fushigi Hakken (世界ふしぎ発見!). Sheena chante le morceau assez calmement au début mais le rythme s’accélère forcément pour dérailler à la fin. Il y a également quelques reprises comme le morceau Today Tomorrow Sometime Never du groupe Echobelly, tiré de l’album Everyone’s got one sorti en 1994. Mais il y a surtout de nombreux morceaux inédits que je n’avais jamais entendu et qui ne sont à priori jamais sorti officiellement. Certains ont beaucoup de potentiel comme par exemple le morceau Shiroi e to Guitar (白い絵とギター) que je voudrais bien qu’elle reprenne un jour ou l’autre. Ce n’est pas impossible car un morceau comme Kudamono no Heya (果物の部屋) qu’elle a écrit au lycée sera intégré beaucoup plus tard à l’album Hi Izuru Tokoro sous le titre Shizuka naru Gyakushu (静かなる逆襲) dans une version forcément beaucoup plus sophistiquée et puissante. Parmi les morceaux inconnus, celui intitulé Kaigun Politician (海軍ポリティシャン) interprété en live a attiré ma curiosité car Sheena y cite à répétition le nom d’un homme politique japonais nommé Yasuhiro Nakasone. Les paroles répètent en refrain Nakasone moto sōri Kaigun Politician (中曽根元総理海軍ポリティシャン), c’est à dire l’ancien Premier Ministre Nakasone politicien de la marine. Le sens de tout cela est plutôt flou et je doute qu’il y ait un message politique derrière ce court morceau. Il est en tout cas vrai que Nakasone était Premier Ministre de 1982 à 1987 et qu’il était lieutenant-commander dans la Marine impériale pendant la deuxième guerre mondiale. Ce n’est pas la première fois qu’elle cite le nom d’un homme politique dans les paroles d’un morceau à ses débuts. Le nom d’un homme politique coréen était également cité mais bippé sur un morceau joué par Hatsuiku Status (発育ステータス) sur la tournée Gokiritsu Japon (御起立ジャポン) en 2000. La troisième cassette de démo contient de nombreux morceaux inédits pris en live avec un esprit punk rock et dont les titres ne sont pas vraiment précisés. Ces quelques morceaux représentent bien la boule d’énergie qu’elle devait être à l’époque. Le morceau Juwaki no naka (受話器のなか) apparaît plusieurs fois sur les cassettes, dont une version proche d’une version finale, mais reste à ma connaissance inédit. Il y a là encore un potentiel non exploité qu’on aimerait entendre plus tard sur un futur album. C’est également le cas d’un autre morceau intitulé Ano ko wo mae ni shite (あのコを前にして). Bref les découvertes sont nombreuses et je ne vais pas toutes les citer car ces cassettes comprennent en tout 72 morceaux. Mais je citerais quand même pour terminer qu’on y trouve également la première version du morceau Gamble (ギャンブル) qu’on trouvera sur le EP SR/ZCS mais surtout en version sublimée sur Heisei Fūzoku (平成風俗). Quand on compare ces deux versions par exemple, on mesure bien sûr toute la différence.

Les trois photos accompagnant ce billet sont tirées du numéro de Mars 1999 du magazine Ongaku to Hito (音楽と人). Elles ont été prises dans la station de Nakano Shimbashi.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la liste des morceaux que l’on trouve sur ces cassettes de démo:

Demo Tape 1 (高校時代 ~ High School days)
1. Marvelous Days
2. Headphone (ヘッドフォン) [Akane sasu kiro terasaredo (茜さす 帰路照らされど・・・)]
3. Shiroi e to Guitar (白い絵とギター)
4. Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。)
5. Toki ha Bōsō suru (時は暴走する)
6. Now I’m Seventeen [17]
7. Sanso wo Kudasai (酸素をください)
8. How Are You
9. Jesus Loves Me [morceau incomplet, hymne chrétien]
10. Daijōbu (大丈夫) [Kyogenshō (虚言症)]
11. Aozora (青空)
12. Don’t you think?[Gips (ギブス)]
13. GIRL
14. LOVE plus PEACE
15. Denaosu kara (出直すから)
16. Ano ko wo mae ni shite (あのコを前にして) [morceau incomplet]
17. Juwaki no naka (受話器のなか) [morceau incomplet]

Demo Tape 2 (高校時代 ~ High School days)
1. Rinne Highlight (輪廻ハイライト) [Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Susanna Hoffs]
2. Onaji Yoru (同じ夜)
3. Kudamono no Heya (果物の部屋)
4. Tsuki ni Make Inu (月に負け犬)
5. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王)
6. Σ
7. Kōfukuron (幸福論)
8. Identity (アイデンティティ)
9. LAY DOWN [Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Susanna Hoffs]
10. A New Way To Fly [Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック). Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Stone Temple Pilots]
11. Shampoo (シャンプー)
12. Sakana (サカナ)
13. Remote (リモコン) [Remote Controller (リモートコントローラー)]
14. Yami ni Furu Ame (闇に降る雨)
15. Before You Walk Out My Life [morceau incomplet, reprise du morceau de Monica sur l’album Miss Thang (1995)]

Demo Tape 3 (デビュー前音源20曲 ~ 20 songs before Debut)
1. 17
2. Marvelous Days
3. Headphone (ヘッドフォン) [Akane sasu kiro terasaredo (茜さす 帰路照らされど・・・)]
4. (Unknown) [1] TAKE IT!
5. Juwaki no naka (受話器のなか)
6. (Unknown) [2] SOMEDAY
7. Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。)
8. Ano ko wo mae ni shite (あのコを前にして)
9. Kaigun Politician (海軍ポリティシャン)
10. Today Tomorrow Sometime Never [reprise du morceau d’Echobelly de l’album Everyone’s got one (1994)]
11. Kono Ki Nan no Ki (この木なんの木) [Musique de publicité pour Hitachi]
12. Daijōbu (大丈夫) [Kyogenshō (虚言症)]
13. Toki ga Bōsō suru (時が暴走する)
14. Denaosu kara (出直すから)
15. Shiroi e to Guitar (白い絵とギター) [LIVE]
16. How are You
17. (Unknown) [3] Jesus (ジーザス)
18. Morphine (モルヒネ) [LIVE]
19. Don’t you think [Gips (ギブス)]
20. Aozora (青空)

Demo Tape 4
1. Negative (ネガティブ) [reprise du morceau Hari no Nai Tokei (針のない時計) de Terasaka Tomohiro (寺坂トモヒロ)]
2. Unconditional Love (アンコンディショナル・ラブ) [Private (プライベイト)]

Demo Tape 5 (無罪エトセトラ ~ Muzai et cetera)
1. Tadashii machi (正しい街)
2. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王)
3. Headphone (ヘッドフォン) [Akane sasu kiro terasaredo (茜さす 帰路照らされど・・・)]
4. Sid to Hakuchūmu (シドと白昼夢)
5. Honnō (本能) [morceau incomplet]
6. Orgel (オルゴール)
7. Suberdai (すべりだい) [Pre-mastered]
8. Gamble (ギャンブル)
9. Remote (リモコン) [Remote Controller (リモートコントローラー)] [morceau incomplet]
10. LAY DOWN [Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Susanna Hoffs]
11. Keikoku (警告) [Pre-mastered]
12. Onaji Yoru (同じ夜)
13. Kōfukuron (幸福論) [Pre-mastered]
14. A New Way To Fly [Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック). Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Stone Temple Pilots]
15. Identity (アイデンティティ)
16. Kudamono no Heya (果物の部屋)
17. Rinne Highlight (輪廻ハイライト) [Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Susanna Hoffs]
18. Unconditional Love (アンコンディショナル・ラブ) [Private (プライベイト)] [morceau incomplet]

extraits d’architecture de tokyo dai

Ces photographies prises sur le campus de Hongō de l’Université de Tokyo datent d’il y a plusieurs semaines. Je m’y étais rendu pour aller voir le bâtiment que je montre sur la dernière photographie, le Daiwa Ubiquitous Computing Research Building, conçu par Kengo Kuma. Depuis la station de métro, je pensais pouvoir entrer facilement sur le campus par la porte la plus proche de ce building, la porte Kasuga, mais elle était malheureusement fermée. Je décide de faire le tour du campus en remontant d’abord la rue Kasuga, pour trouver une porte ouverte au public, mais sans succès. Je finis par me résigner en pensant que le campus est complètement fermé au public en cette période de pandémie. Alors que je marche un peu plus en avant, les limites entre la ville et le campus se font plus floues et je me retrouve sans crier gare devant l’emblématique Yasuda Auditorium que je montre sur la première photographie. Cette immeuble, comme quelques autres sur le campus, a été conçu par l’architecte Yoshikazu Uchida. J’avais parlé de cet architecte dans un billet évoquant Nishi Shinjuku qui m’avait d’ailleurs donné l’envie, en l’écrivant, d’aller faire un tour sur le campus de l’Université de Tokyo. Il faut dire que ce campus est une très belle promenade architecturale. Près de l’auditorium, le Faculty of Engineering Bldg.2 m’impressionne beaucoup car on y voit un bâtiment récent posé sur le bâtiment historique. Je ne connais pas sa structure mais il semble porté, du moins en partie, par des piliers obliques. Je le montre sur les deuxième et troisième photographies. Je ne suis cependant pas très confortable de marcher dans les rues du campus car j’ai l’impression d’y être entré par une porte de derrière. Il y a en fait d’autres personnes qui marchent sur le campus, même si elles ne sont pas très nombreuses. Certaines se prennent en photo dans une des allées principales très ombragée. Sur mon chemin, je longe le Fukutake Hall, un long bâtiment de béton aux formes simples conçu par Tadao Ando, et j’approche finalement de l’ancienne porte rouge Akamon. La porte ouverte au public se trouve en fait là, mais je l’approche en sens inverse car je suis déjà entré. Le garde m’explique gentiment qu’il faut remplir un papier avec le lieu de visite dans le campus. Je mentionne l’étang Sanshirō, en souvenir du roman de Natsume Sōseki, que j’ai lu il y a bien longtemps. Mais avant de me rendre vers l’étang, je bifurque pour aller voir la bâtiment de Kengo Kuma. On se perd sur le campus comme dans un labyrinthe car j’ai le sentiment que certains bâtiments plus récents ont été construits sur les espaces laissés disponibles. J’arrive finalement devant le Daiwa Ubiquitous Computing Research Building, mais deux gardes au fond s’approchent de moi pour connaître ma destination. A la mention de l’étang Sanshirō, un des gardes m’indique que ce n’est pas ici l’endroit et qu’il faut éviter de se promener dans le campus en cette période de pandémie. Je n’ai finalement pas pu prendre beaucoup de photos du building que j’étais venu voir, mais le campus en lui-même vaut vraiment le détour, en espérant pouvoir y revenir un peu plus tard.

from daido to the railways

Passage rapide dans le centre de Aoyama pour y apercevoir aux hasards des rues une affiche géante avec une photographie noir et blanc de Daido Moriyama. Il y aurait-il une exposition du photographe en ce moment? L’affiche donne quelques addresses et on comprend vite qu’il s’agit plutôt de boutiques d’une marque appelée Kolor que je ne connaissais pas. Cette appellation Kolor m’avait d’abord fait penser qu’il s’agissait d’une exposition de photographies couleurs de Moriyama. Il s’avère en fait qu’il a plutôt pris des photos pour la collection Automne/Hiver 2021 de cette marque pour un projet appelé 撮 qui veut dire photographier. On peut voir toutes les photographies sur le site web de la marque Kolor et j’imagine que ces photographies sont montrées dans les boutiques à Minami Aoyama, à Omotesando Hills, à Dover Street Market Ginza, au PARCO de Shibuya et de Shinsaibashi à Osaka. Je trouve les photos dans le plus pur style Moriyama très réussies dans l’ensemble, ceci étant dû en partie au physique plutôt atypique des deux modèles photographiés. Certaines photographies utilisent parfois un effet de superposition qui fonctionne bien je trouve. En continuant à marcher, je prends une nouvelle fois en photo des autocollants de rue. On trouve souvent un ou deux autocollants de la marque Supreme dans l’abondance de stickers amoncelés à certains endroits de la ville. C’est le cas sur le petit camion d’un vendeur ambulant sur la troisième photographie, si on y regarde de très près. Je ne suis pas spécialement amateur de la marque Supreme, mais j’avoue que ces trois planches de skateboard posées les unes à côté des autres ont tout de suite attiré mon regard. Je pense bien que personne aurait l’idée de faire du skateboard avec des planches pareilles et qu’elles doivent plutôt être destinées à être accrochées en décoration sur un mur dans un salon. Éventuellement, on pourrait l’utiliser comme support pour poser une guitare, comme le font très habilement certaines. En fait, si je devais accrocher une planche de skateboard dans le salon, ce que Mari ne me laisserait pas faire de toute façon, je préférerais celle décorée des points rouges de Kusama Yayoi, vendue au MoMA Store à l’intérieur du Loft de Shibuya. Les deux dernières photographies du billet nous font sortir du centre nerveux de Tokyo, en partant de la station Fukutoshin de Shibuya dessinée par Tadao Ando en direction des arrondissements périphériques au Nord à la frontière de Saitama. Ce que j’y découvrirais sera le sujet d’un prochain billet.

let it vanish under the sun

Sur la série de photographies ci-dessus, j’extrais de Tokyo quelques formes courbes et d’autres angulaires. La première courbe est celle du nouveau YouTube Space Tokyo près de la sortie Sud de la gare de Shibuya. La suivante vient d’une terrasse en hauteur du building Spiral de Fumihiko Maki à Aoyama. Je ne soupçonnais pas la présence d’une terrasse au 5ème étage avec un café fort agréable lorsque les températures sont douces. Au milieu de la partie intérieure du café, on y trouve un dôme qui dépasse à l’extérieur. Je ne fais que rarement le lien entre ce blog et ma page Instagram, mais j’y montre parfois des photos différentes et même de temps en temps plus intéressantes, car le format vertical obligé d’Instagram permet parfois de montrer des choses que le format horizontal ne permet que difficilement (d’autant plus avec un objectif 40mm). Dans le cas présent, la photo que je montre sur Instagram en format vertical montre également les derniers étages du building me faisant penser à une tête de robot par l’agencement des ouvertures. On ne peut pas voir cette partie du building depuis la rue. En parlant d’Instagram, j’y ai maintenant plus de Followers que sur ce blog, car j’atteints de justesse les 400, ce qui ne veut pas dire grand chose j’en conviens. Je ne publie pourtant pas souvent de nouvelles photos sur Instagram et je n’y vais pas non plus très régulièrement, mais le très grand avantage est que les personnes que je suis sur Instagram, étant principalement des amateurs d’architecture, me donnent des idées sur les buildings à voir. Nous descendons ensuite sous terre dans la station de métro Fukutoshin conçue par Tadao Ando. J’ai souvent montré ces formes elliptiques mais je ne me lasse jamais de lsaisir en photo. Les deux dernières photographies sont prises à Roppongi 1-Chōme et Akasaka. Le toit biseauté angulaire d’une des entrées de la tour Roppongi Grand Tower a une forme étrange qui donne l’impression d’être déséquilibrée. J’aime beaucoup les angles de la dernière photographie. Il s’agit de la salle de concert Blitz Akasaka qui a malheureusement fermé ses portes en Septembre 2020. Le concert de Tokyo de la tournée Spa & Treatment de Tokyo Jihen s’y été déroulé en 2007. J’avais assisté à quelques concerts dans cette salle, il y a très longtemps.

Je parlais il y a plusieurs semaines de l’album de rock indé Before Sunrise (夜明け前) de la compositrice et interprète Nana Yamato. En lisant la page bio de l’album sur Bandcamp, il était mentionné qu’elle avait pour habitude d’aller quotidiennement au magasin de disques Big Love Records à Harajuku pour y découvrir les dernières sorties indie rock. Plus spécifiquement, le groupe danois Iceage semble avoir été un déclencheur de sa carrière d’artiste musicale. La musique de Nana Yamato n’a pas grand chose de similaire à la musique de Iceage mais cette anecdote a eu le mérite de me rappeler qu’il fallait que je jette une oreille curieuse à l’univers musical de Iceage. En fait, je connais ce groupe de nom depuis longtemps car tous les albums du groupe ont reçu d’excellentes revues sur Pitchfork et leur dernier album Seek Shelter vient de sortir. Je n’ai pas encore écouté ce dernier album car je préfère commencer par celui d’avant, Beyondness sorti en 2018, tout simplement car je suis plus attiré par l’image de couverture. Je suis également attiré par le fait qu’il y ait un morceau en duo avec Sky Ferreira, intitulé Pain Killer. De Sky Ferreira, j’ai toujours en tête le duo au chant avec Zachary Cole Smith sur le morceau Blue Boredom (Sky’s Song) du deuxième album de DIIV. Sky Ferreira était la compagne du chanteur de DIIV à cette époque là. Iceage a démarré sur ses deux premiers albums sous une influence punk, mais leur univers musical s’est diversifié et a pris de l’ampleur en incluant des cordes et des cuivres. La composition musicale est précise et impeccable mais c’est la voix tendue et incontrôlable de Elias Rønnenfelt qui attire énormément. Même s’il ne force pas sa voix sur la plupart des morceaux, la tension est palpable comme une douleur qu’il essaie d’évacuer. Le troisième morceau Under the sun est un des nombreux sommets de l’album. Son chant lent accentue chaque mot et les guitares viennent appuyer cette accentuation vocale. Il y a quelque chose de brut réminiscent des débuts punk du groupe mais avec une très grande élégance. La vidéo du morceau tournée à Tokyo où le groupe est entouré de fleurs aux couleurs saturées démontre bien cela et donne un côté gothique à la musique du groupe. L’installation florale s’intitule Crazy Garden et est l’oeuvre de l’artiste Makoto Azuma, dont j’avais d’ailleurs déjà parlé pour ses bonsaïs en bocal sur Cat Street. Comme je le dis très souvent, j’aime beaucoup quand mes sujets d’interêt se rejoignent d’une manière ou d’une autre. L’ensemble de l’album est excellent avec quelques cimes comme par exemple le sixième morceau Catch it. Pour les amateurs de sons rock alternatif, il me semble difficile de passer à côté d’un tel album d’autant plus qu’il se révèle un peu plus à chaque écoute. Plutôt que d’écouter Seek Shelter, je ne sais pour quelle raison je préfère continuer avec l’album sorti avant Beyondness. Plowing in the Field of Love est sorti en 2014. Il est tout de suite plus difficile d’approche que Beyondness, car la voix d’Elias Rønnenfelt y est beaucoup plus brute et mouvante. Le premier morceau m’a d’abord surpris par sa manière de chanter comme un électron libre. On retrouve bien cette même manière de chanter sur Beyondness, mais c’est beaucoup moins cadré sur Plowing in the Field of Love. A vrai dire, il s’opère une sorte d’addiction au fur et à mesure qu’on évolue dans l’écoute de l’album, avec des morceaux comme Let it vanish par exemple. Il y a une intensité et une authenticité que j’aime beaucoup. Après avoir écouté cet album, l’idée me revient d’écouter Tostaky et quelques morceaux Live de Dies Irae: La chaleur, A l’arrière des taxis, Le fleuve… Je réécoute souvent les morceaux de Tostaky pour me souvenir de mon adolescence française mais je n’avais pas écouté ces morceaux de Dies Irae depuis plus de 20 ans car le double album doit être resté parmi les trop nombreux CDs que je n’ai pas encore ramené de France.