藝祭2019

C’est la fin de l’été et on entre tranquillement dans le mois de septembre. A ce moment chaque année, les matsuri de quartier envahissent les rues de Tokyo et d’ailleurs. Celui que nous allons voir ce dimanche est un peu différent car il s’agit du matsuri de l’école des Beaux Arts de Tokyo (Geidai), où Mari a étudié quand elle était plus jeune. Nous allons tous les ans à cette fête de l’école appelée Geisai qui se déroule sur trois jours du vendredi au dimanche. Nous y faisons toujours une visite rapide car il nous faut ensuite aller faire un tour au matsuri du sanctuaire Hikawa qui se déroule la plupart des années le même week-end. Ce n’est pas le cas cette année car le matsuri de Hikawa se déroule une semaine après celui de l’école des Beaux Arts. Cela ne nous a pas vraiment donné plus temps car un grand typhon, le numéro 15, arrivait tout droit sur Tokyo le jour de notre visite. On attendait d’abord ce typhon en début d’après-midi, mais il n’arrivera finalement que tard le soir. Une bourrasque de vent et de pluie nous a quand même surpris pendant notre visite, alors que nous étions à l’extérieur. La masse de visiteurs s’est à ce moment regroupée à l’intérieur des immeubles de béton de l’école. Nous en profitons comme tous les ans pour passer en revue les œuvres étudiantes du département de peinture à l’huile et de nihonga. J’y trouve toujours des belles choses inspirantes, mais aussi beaucoup d’œuvres naissantes qui se cherchent et qui n’ont pas encore grand intérêt. En plus des peintures sur les murs, j’aime observer discrètement et sans photographies les jeunes artistes eux-mêmes. Dans une salle blanche, un jeune homme aux cheveux bouclés blonds couvert d’un manteau en mouton tout aussi bouclé semble être hypnotisé par son œuvre. Dans un couloir du même étage, une jeune fille gothique a une étrange coiffure dont la mèche, coincée sous un bonnet, dépasse pour lui couvrir presque tout le visage. On se demande comment elle peut voir devant elle, mais elle a l’air de maîtriser ses mouvements. On voit parfois dans les couloirs de l’école des personnages singuliers. Le but de notre visite en ce dimanche matin, avant que le typhon ne vienne frapper le centre de Tokyo, était de voir les quatre chars mikoshi créés par les étudiants à l’occasion de ce matsuri. Ils sont en général inspirés de personnages imaginaires ou d’animaux mythiques, qu’on a parfois du mal à reconnaître. Un des chars est disposé à l’intérieur de l’école tandis que les autres sont mis en exposition près de la gare de Ueno, comme l’année dernière. Nous ne les avons jamais vu en mouvement car la parade avait lieu le vendredi. Alors que nous sortons de l’école pour regagner le parc de Ueno, nous tombons sur un autre mikoshi qui retourne prématurément, avant le typhon, vers l’intérieur de l’école. C’est un cheval couvert de fleurs géantes, très bien exécuté. Nous verrons malheureusement pas les deux autres mikoshi. A ce moment là, l’arrivée du typhon ne montrait aucun signe, à part des grandes montagnes de nuages. Depuis le huitième étage du building du département de peinture, la vue sur l’enceinte très verdoyante de l’école, avec la tour Tokyo Sky Tree en fond de tableau, est d’ailleurs vraiment superbe. Nous regagnons ensuite l’appartement en milieu d’après-midi, allons ensuite à la piscine car le typhon se fait attendre. Alors que je pensais qu’il frapperait de plein fouet Tokyo dans la soirée du dimanche, l’oeil du typhon sera en fait au dessus de Tokyo à 3h du matin. Les vents seront forts jusqu’au matin vers 6h. De nombreuses lignes de trains sont fermées jusqu’à 8h ou plus pour effectuer des vérifications. Le métro n’est par contre pas vraiment affecté. En me levant tôt, je n’ai pas de problème de transport. Ce n’est pas le cas pour tous. J’ai le sentiment que l’intensité des typhons touchant le Japon augmente d’années en années. Le lendemain, après que le ciel se dégage enfin, le thermomètre affiche 36 degrés, des températures inhabituellement hautes pour un mois de septembre.

NI/O at 3331 Arts Chiyoda

Nous allons l’après midi du dimanche 13 Janvier faire un tour à l’exposition NI/O ayant lieu à la galerie 3331 Arts Chiyoda du 6 au 14 Janvier 2019. À vrai dire, je ne connaissais pas cette galerie avant que Mari m’en parle, mais en regardant d’un peu plus près le site de cette galerie, j’apprends que cet espace était autrefois une école. Il s’agissait du collège Rensei qui a fermé ses portes en Mars 2005. Il faudra attendre cinq ans, en Juin 2010 donc, pour que cette galerie 3331 Arts Chiyoda y démarre ses activités. En fait, bien que je n’y sois jamais allé, cet endroit me dit quelque chose. En me creusant un peu la mémoire, je me souviens qu’une foire d’art indépendante appelé 101TOKYO Contemporary Art Fair avait eu lieu dans une ancienne école en 2008. Il s’agissait de cette école Rensei. A l’époque, cette nouvelle foire d’art se voulait plus indépendante et axée sur les nouveaux talents, par rapport à la foire existante Art Fair Tokyo, qui se déroule au Tokyo International Forum de Yurakucho et qui est beaucoup plus ancienne et établie. La première édition de 101TOKYO fut établie par un petit groupe de personnes à majorité non japonaise, et n’a malheureusement pas tenu les années. L’édition 2009 n’a pas eu lieu dans le même collège Rensei pour des raisons de disponibilité, et ce fut la deuxième et dernière édition de cette foire alternative d’art contemporain, puisque la version 2010 n’a jamais eu lieu. Ceci étant dit, 101TOKYO est en quelque sorte précurseur de la galerie actuelle 3331 Arts Chiyoda.

Le nom de la galerie « 3331 » correspond un rythme traditionnel de frappement de mains appelé Edo Ippon Tejime. On frappe trois fois dans ses mains trois fois de suite espacées par une courte pause, pour conclure sur un unique frappement de mains final. Ce frappement de mains est traditionnellement utilisé lors de célébrations ou pour se féliciter ensemble d’une tâche bien accomplie. Ce rythme datant de l’ère Edo est très naturel au Japon et a une signification très positive. Ce nom utilisé pour cette galerie entend transmettre cette idée de positivité. La galerie a pour ambition de briser les barrières qui peuvent rendre difficile l’accès aux musées. En ce sens, l’entrée de cette galerie est un grand espace ouvert qui facilite grandement son accès. Le fait que cette galerie était autrefois une école et qu’elle en a toujours l’apparence, fait que cet espace s’intègre plus facilement comme un élément à part entière du quartier, un peu comme le musée Hokusai attaché à un jardin public avec des jeux pour enfants.

Pour revenir à notre visite, nous connaissons, sans l’avoir jamais rencontrée, une étudiante de l’école des Beaux Arts de Tokyo Geidai qui expose avec un groupe de 50 élèves de son école pour cette exposition NI/O. Il s’agit de la grande sœur d’un bon copain de classe de Zoa. L’exposition couvrait seulement les œuvres des étudiants de troisième année du département de peinture à l’huile, le même département où étudiait Mari à l’époque. Cette exposition NI/O est en quelque sorte une continuation du travail montré pendant la fête-matsuri de l’école appelée Geisai, que nous avions été voir en automne de l’année dernière. NI/O signifie New Input / Output. Les étudiants artistes organisent leur espace d’exposition comme un mini atelier et viennent y faire développer leurs œuvres en cours de création. Le Input est l’apport amené par le visiteur lors de sa visite et le Ouput est le résultat altéré qui en découle. Je ne suis pas certain quelle est l’influence réelle du visiteur sur les œuvres en cours de création, surtout que les étudiants artistes ne sont bien sûr pas présents en permanence. En fait, un des principes de l’exposition est qu’on donne à chaque visiteur un crayon à papier et un petit carton sur lequel on peut écrire une impression ou un commentaire adressé à un ou une artiste. On accroche ensuite le petit carton près d’une des œuvres ou près du plan de travail de l’artiste. Là est certainement la manière d’interagir avec l’artiste quand il ou elle n’est pas présent. Un peu comme au matsuri Geisai, la qualité des œuvres est variable, mais il y a, je trouve, beaucoup de choses intéressantes. C’est souvent brouillon mais certaines œuvres sont empreintes de la force de la jeunesse. On y trouve des peintures plus classiques comme cette jeune fille endormie sur un sofa jaune qu’on retrouve d’ailleurs placé juste devant l’œuvre, comme s’il était sorti de la toile. Cette association est intéressante. L’étudiante artiste que nous connaissons, Kaneko Mizuki, crée des peintures très délicates représentant des traces d’objets, floues et diluées comme un nuage. Zoa y mettra un petit mot d’encouragement écrit sur un des papiers en carton.

Dans cette exposition, la disposition des œuvres et du plan de travail nous font parfois rentrer dans l’intimité de l’artiste. Certaines des œuvres sont des installations amusantes comme cette bicyclette carénée de lamelles de bois et décorée de petites lumières. Il y a aussi des performances: une artiste debout presque immobile boit verre d’eau après verre d’eau d’une manière tout à fait stoïque, une autre habillée d’une tenue traditionnelle marche dans les salles de l’exposition et interpelle parfois les gens. Zoa se fait surprendre. Quand cette artiste appelée Hada Acre 肌エーカー voit que Zoa la regarde, elle s’arrête brusquement et lui adresse la parole. Elle propose aux visiteurs interpellés de réfléchir à un souhait pour le futur qu’ils pourront écrire eux mêmes sur l’avant bras de l’artiste. L’artiste au visage couvert de blanc scande ensuite quelques mots qui seront sensés concrétiser ce souhait dans le futur. Sa façon de parler laisse penser qu’elle travaille dans un sanctuaire ou un temple à ses heures perdues. On est tout d’abord interloqué par cette démonstration mais ça fait partie de l’interactivité souhaitée pour cette exposition. L’exposition se veut être la représentation d’une ville en mouvement. On trouve un peu cela car certains artistes ont construit leur espace de travail comme des petites maisons en forme de cabane. Mais dans l’ensemble, on a du mal à se représenter cette ville en éternelle mouvement qui est indiquée comme point d’orgue de l’exposition. Il s’agit plutôt d’une combinaison d’espaces artistiques indépendants, mais qui ne convergent pas vraiment vers l’image unifiée d’une petite ville. Ça ne rend pas pour autant l’exposition inintéressante et j’ai apprécié découvrir cette galerie d’un style très particulier.

藝祭2018

Nous avons pris l’habitude tous les ans d’aller au festival Matsuri de l’école des Beaux-Arts de Tokyo, que l’on appelle Geisai. Je ne sais pas trop comment on se débrouille mais nous y allons toujours le dernier jour, le dimanche en fin d’après-midi au pas de course. J’aurais aimé prendre un peu plus mon temps cette fois encore, mais nous devions être revenu vers Shibuya à 17 heures pour la fin du matsuri du sanctuaire Hikawa. Je reviendrai certainement un peu plus tard sur cet épisode dans un autre billet. Au Matsuri de l’école des Beaux-Arts de Tokyo, située juste derrière le parc de Ueno, nous allons d’abord voir les mikoshi construits par des groupes d’étudiants et portés sur les épaules dans les rues de Ueno autour de la gare. Ce défilé se passe d’habitude le samedi donc on peut normalement voir les mikoshi au repos posés dans les cours de l’école. Malheureusement pour nous, ils étaient cette année en nombre limité, quatre seulement, et trois d’entre eux étaient exposés à la gare de Ueno. Nous n’en avons vu qu’un seul dans l’enceinte de l’école. Il s’agissait d’un étrange monstre verdâtre au visage menaçant et qu’on croirait sorti d’un laboratoire expérimental de savant fou. Ce personnage aux allures de personnage de manga fantastique ou de comic américain me disait très vaguement quelque chose, sans que je reconnaisse vraiment de quoi il pouvait s’inspirer. On pouvait quand même avoir un aperçu des trois autres mikoshi grâce à des maquettes en modèle réduit. L’éléphant blanc et doré à deux têtes avec un pavillon sur le dos avait l’air d’être très impressionnant. J’aurais aimé le voir en taille réelle mais nous n’avions malheureusement pas le temps d’aller jusqu’à la gare de Ueno. Outre les mikoshi, nous passons toujours par la cour extérieure entourée de stands de bouffe et d’une scène de concert. Une fois précédente, j’avais apprécié la musique électronique expérimentale de style IDM de Dan Kubo et Kazuki Muraoka. Cette fois-ci, l’espace devant la scène était pris d’assaut par un brouhaha de tambours et il était impossible de s’approcher ni même d’apercevoir ce qui se passait réellement. Le rythme des tambours était enjoué à l’excès comme pour libérer toute l’énergie restante avant de terminer ces journées festives de Matsuri. Nous allons ensuite vers le grand immeuble de béton blanchâtre qui couvre le département peinture de l’école. C’est le département où a étudié Mari il y a plusieurs années déjà. Nous concentrons la plupart de notre visite sur cet immeuble en commençant en général par le dernier étage, depuis lequel la vue est superbe soit dit en passant. Chacune des salles des étages sont classées par styles et années. Nous essayons de tout voir et je m’efforce à saisir les œuvres qui m’interpellent. Ce sont bien sûr des œuvres artistiques « jeunes » qui demandent à être approfondies et poussées plus loin. Mais je ne suis pas critique d’art et j’apprécie tout simplement cet enthousiasme artistique de la jeunesse.

藝祭2017

L’année dernière, nous allions pour la première fois au Matsuri appelé Geisai 藝祭 de l’école des Beaux Arts de Tokyo (Geidai), où Mari avait fait ses études d’Art. Nous y retournons cette année encore. Nous gagnons l’école en traversant le parc de Ueno. Il ne me semble pas que nous avions emprunté ce chemin l’année dernière et nous sommes surpris par la multitude de petits stands installés dans le parc et dans les allées menant à l’école. Parmi les stands, nous recherchons d’abord une connaissance, la mère d’un copain d’école de Zoa dont la fille poursuit des études d’Art à Geidai. On y vend des T-shirts, fait mains, avec un design simple et géométrique qui me rappelle les premières heures de la représentation d’images en trois dimensions. Bien qu’il n’y ait pas de rapprochement direct, ces designs sur T-shirt me remettent en oreille la musique de Autechre. J’imagine aussi que ça serait une idée que de faire mes propres T-shirts avec certains de mes dessins de formes futuristes et organiques FuturOrga. L’idée me tente plutôt. En attendant, j’achète un T-shirt ou plutôt deux.

Une des attractions de ce matsuri, ce sont les mikoshi. Ici, ce sont des chars conçus et construits par les différents départements de l’école, qui défileront dans les rues de Ueno. Je les prends tous en photos un à un. Il me semble que ceux de l’année dernière étaient plus inspirés et mieux exécutés. Nous avons peu de temps mais nous allons quand même faire un tour dans le Département Peinture. A l’entrée d’un des ateliers du Département, Mari reconnait les noms d’un grand nombre de professeurs, écrits sur des petites plaquettes de bois devant la porte de l’atelier du rez-de-chaussée. Le nom de Mr Sakaguchi n’est lui plus inscrit car il a pris sa retraite au tout début de cette année. Nous étions d’ailleurs allés voir une de ses expositions à l’occasion de son passage en retraite.

Dans les salles du Département Peinture, les élèves exposent leurs oeuvres. Il s’agit bien entendu d’oeuvres jeunes, qui se cherchent souvent. Il n’y a pas que du bon ou du beau, mais on peut y voir des belles choses comme ces visages ci-dessus, très réalistes en noir et blanc.

En redescendant du bâtiment de l’école, j’entends les premières notes de guitare de Airbag de Radiohead. Dans le petit parc intérieur à l’école, un concert d’étudiants semble commencer brillamment et reprend ce morceau de OK Computer. Nous partons de l’école dans cette ambiance sonore, pour ensuite retrouver l’ambiance d’un autre matsuri dans la nuit d’une fin d’été au sanctuaire de Hikawa près de Shibuya.

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En ce dimanche de fin d’été, nous sommes à l’Université des Beaux Arts de Tokyo (Geidai) à Ueno, par où est passée Mari il y a quelques années. Geisai (en kanji dans le titre), c’est le matsuri annuel de l’école. Il me semble que nous y avons assisté il y a une dizaines d’années, mais mes souvenirs sont assez imprécis. Le festival se passe sur trois jours jusqu’au dimanche. Les étudiants exposent leurs oeuvres d’étude dans les salles aménagées en galeries d’expositions temporaires. On y voit beaucoup de choses différentes, plus ou moins intéressantes, sur les 8 étages du département Peinture des beaux arts. J’essaie l’air de rien d’y trouver des sources d’inspiration pour mon « art » personnel. Zoa, lui, prend des photos par-ci par là en souvenir de cette visite.

Dans la cour intérieure de l’Université, des stands sont installés comme pour un matsuri près des sanctuaires. Une scène est également installée. On y joue au moment de notre passage de l’électronique expérimentale par Dan Kubo + Kazuki Muraoka. Je ne connaissais pas ce duo, mais une recherche sur Soundcloud me fait découvrir un peu plus le son de Kazuki Muraoka que j’aime assez pour sa décomposition musicale.

Mais le plus impressionnant et intéressant de ce matsuri, ce sont les mikoshi créés pour l’occasion. Nous ne les avons pas vu défiler dans les rues autour de l’Université, mais seulement posés à plusieurs endroits, notamment devant le département Musique. On y voit des animaux fantastiques, des créatures aquatiques et des gorilles menaçants. A la fin du matsuri, ils disparaitront tous, et c’est bien dommage.