言葉以上・現実以上

Le retour au rythme tokyoïte sur Made in Tokyo n’est pas aussi facile que je l’imaginais. Le sentiment de fatigue post-Covid m’a poursuivi plusieurs semaines et j’ai par conséquent eu un manque de volonté et d’énergie pour me lancer dans l’écriture de longs billets comme j‘ai pu en écrire jusqu’à présent avant nos vacances en France ou comme je le fais maintenant. Et pourtant, le niveau de fréquentation particulièrement haut du blog pendant le mois d’Août aurait dû me motiver un peu plus. La chaleur estivale infernale avec ces 35 degrés tous les jours de la semaine est peut propice aux promenades photographiques, mais j’ai tout de même marcher près du gymnase de Yoyogi, où des danses Yosakoi (よさこい) ont attiré mon attention. Le Yosakoi est une interprétation moderne de la danse traditionnelle Awa-Odori que l’on peut souvent voir dans les festivals d’été. Plusieurs groupes habillés de tenues différentes dansaient les uns après les autres, d’une manière très dynamique caractéristique du genre, le long de la large allée piétonne séparant le Hall de la NHK du gymnase de Yoyogi. La musique qui accompagne les danses a un côté un peu kitsch mais l’énergie communicative des danseurs et danseuses faisaient plaisir à voir. Ils m’ont en quelque sorte transmis un peu de leur énergie. Bien que je n’ai pas publié de billets pendant ces vacances françaises, ça ne m’a pas empêché de réfléchir à la direction que je devrais donner à ce blog. Je me suis dit que ça n’avait pas beaucoup de sens de montrer des photos de choses et d’endroits que j’ai déjà maintes fois montré et qu’il faudrait que j’y apporte une touche un peu plus personnelle et spécifique à mon style visuel. Il faudrait aussi que je travaille un peu plus la sensibilité des textes qui accompagnent mes photographies pour éviter le descriptif.

Mais cette sensibilité est de toute façon grandement et principalement influencée par la musique que j’écoute. Je me remets lentement mais sûrement à écouter de nouvelles très belles choses musicalement. Quand je me perds dans la direction de ce que je veux écouter, je reviens souvent vers LUNA SEA et cette fois-ci, j’écoute beaucoup l’album Lunacy de 2000. Je l’avais acheté en CD à l’époque et ce n’est pas l’album vers lequel je reviens le plus souvent, ce qui est une erreur car le morceau Gravity est un de leurs meilleurs. J’avais aussi oublié que certains morceaux étaient des collaborations avec DJ KRUSH, comme celui intitulé KISS. Quelques morceaux au milieu de l’album sont particulièrement inspirés, notamment le sublime Virgin Mary. C’est un long morceau de plus de 9 minutes placé exactement au centre de l’album. Ce morceau me rappelle que Ryuchi Kawamura utilise régulièrement des références religieuses, en particulier chrétiennes, dans les paroles de ses morceaux. Il m’est d’ailleurs arrivé plusieurs fois d’être assis à côté de sa femme et de son fils à l’église avec mon grand lorsqu’ils étaient petits dans la même école maternelle. Ryuchi Kawamura ne venait bien évidemment pas. Je n’ai malheureusement jamais pu dire à sa femme toute l’admiration que j’avais pour lui. LUNA SEA est le seul groupe qui fait le lien entre la musique japonaise que j’écoutais en France et celle que j’écoute encore maintenant. Écouter LUNA SEA remet en quelque sorte les pendules à l’heure, pour me permettre de repartir vers d’autres horizons.

Dans ces belles découvertes récentes, il y a le morceau Kikikaikai (器器回回) de Nagisa Kuroki (黒木渚) sorti le 23 Août 2023. Je ne connaissais pas cette compositrice et interprète originaire de la préfecture de Miyazaki dans le Kyūshū. Je la découvre par l’intermédiaire de la photographe et vidéaste Mana Hiraki (平木希奈), que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur ce blog, car elle a réalisé la vidéo de ce morceau. Cette vidéo est très inspirée d’ailleurs, comme peut l’être le morceau. Nagisa Kuroki a fait ses études à Fukuoka, ce qui peut expliquer qu’Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) ait joué de la guitare sur certains enregistrements de ses morceaux. Mais Hisako Tabuchi ne joue pas sur le morceau que j’écoute en ce moment. Kikikaikai a une composition brillante, très méthodique avec un flot verbal en escalade. La dynamique du morceau est très prenante et laisse peu de temps au répit sans pourtant être poussive. La dernière minute de Kikikaikai est particulièrement excellente car la densité et la tension vocale deviennent débordantes. C’est un excellent morceau qui se savoure d’autant plus après plusieurs écoutes.

Le morceau asphyxia de Cö shu Nie sur l’album PURE n’est pas récent car il date de 2019, mais l’idée m’est venu de revenir un peu vers la musique de ce groupe après avoir vu plusieurs fois la compositrice et interprète Miku Nakamura (中村未来) sur mon flux Twitter (on dit maintenant X mais je préfère l’ignorer pour l’instant) ou Instagram. Le morceau asphyxia est une sorte d’objet musical non identifié car la voix de Miku et la composition musicale ont toutes les caractéristiques de déconstruction du math rock. On y trouve une grande élégance et inventivité. Le morceau nous trimballe sur différentes voies comme si le train musical déraillait soudainement pour se rattraper de justesse vers une nouvelle direction. Mais le morceau n’en reste pas moins très construit. On peut se demander ce qui passe par la tête de la compositrice pour en arriver à de telles envolées. Sur le même album, j’écoute également Zettai Zetsumei (絶体絶命), car je suis attiré par le titre me rappelant un morceau de Tokyo Jihen. Ce morceau est un peu plus conventionnel et calme qu’asphyxia, mais juste un peu car l’escalade instrumentale est toujours bien présente, pour mon plus grand bonheur, il faut bien le dire. C’est un style musical, un peu comme celui de Ling Toshite Sigure, qui me paraît tout à fait unique au Japon.

L’émission radio du dimanche soir What’s New FUN? de Teppei Hayashi (林哲平) sur InterFm me fait découvrir le rappeur originaire d’Oita Skaai qui y était invité pour une interview. Quelques morceaux de Skaai étaient diffusés, notamment celui intitulé Scene! en collaboration avec Bonbero. Ce morceau de hip-hop en duo est vraiment excellent pour son ambiance sombre et atmosphérique, comme on pourrait en trouver chez DJ KRUSH, et pour les talents vocaux multiples de Skaai. J’adore le hip-hop lorsqu’il part vocalement vers ce genre de terrains mouvants. Je découvre plus tard un autre excellent morceau hip-hop de Skaai intitulé FLOOR IS MINE (featuring BIM, UIN). La voix de Skaai chantant en anglais le refrain me rappelle vaguement un morceau de Red Hot Chili Pepper mais je n’arriverais pas à vraiment dire lequel. Le compte Twitter de Skaai m’indique également une collaboration avec le rappeur coréen nommé 27RING (이칠링) sur un morceau énorme intitulé Brainwashing (세뇌) Ultra Remix tiré de son album 27LIT. Le morceau est énorme car il fait plus de 8 minutes et fait collaborer pas moins de 12 rappeurs prenant la parole les uns à la suite des autres sur une trame commune dense et anxiogène. Je ne connais pas tous ces noms (TAK, Moosoo, DON FVBIO, Ted Park, maddoaeji, Boi B, DAMINI, New Champ, Lee Hyun Jun, Skaai, Asol) qui semblent principalement coréens à part Skaai (qui est en fait moitié coréen, parlant la langue). La puissance de l’ensemble et son agressivité conservant un bon contrôle des phrasés parfois ultra-rapides, m’impressionnent vraiment. Chaque intervention des rappeurs invités est entrecoupée d’exclamations proche du cri de 27RING scandant en coréen dans le texte « Mon cerveau a subi un lavage de cerveau » (세뇌 당했지 나의 뇌). La vidéo très graphique est viscérale et correspond bien à l’ambiance du morceau. Il faut d’ailleurs l’écouter fort dans les écouteurs en regardant la vidéo pour bien s’immerger. Je me sens parfois reconnaissant, envers je ne sais qui ou quoi, de tomber sur ce genre de morceaux qui réveillent mon émerveillement musical.

Je reviens ensuite vers des terrains rock plus connus en écoutant le nouveau single du groupe Hitsuji Bungaku (羊文学) intitulé More than Words. J’aime la voix de Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) qui a un petit quelque chose de particulier et que je trouve très mature sur ce morceau. Dès les premières notes, le son des guitares est très présent, rempli de réverbération, et le rythme de la batterie est extrêmement soutenu. Je suis toujours surpris par la qualité du son qu’il et elles arrivent à sortir à trois. Le son des guitares est ici très spacieux. Ce single est utilisé comme thème de fin de l’anime à succès Jujutsu Kaisen (呪術廻戦), du mangaka Gege Akutami (芥見下々), pour une série intitulée Shibuya Jihen (渋谷事変), à ne pas confondre avec Tokyo Jihen (東京事変). Le thème d’ouverture de ce même anime est un morceau de King Gnu intitulé Specialz (スペシャルズ) qu’il me faudra écouter un peu plus (en tout cas la vidéo est impressionnante). En ce moment, j’écoute aussi deux EPs de Hitsuji Bungaku, à savoir Kirameki (きらめき) sorti en 2019 et Zawameki (ざわめき) sorti en 2020. Je ne connaissais en fait pas ces EPs en entier. En les écoutant, je me prépare en quelque sorte pour le concert à Tokyo Haneda le mois prochain, en Octobre 2023. J’ai très hâte d’aller les voir en live. Je sais déjà que ça rendra bien, pour les avoir vu et entendu en streaming lors de leur passage au festival Fuji Rock, il y a quelques années.

Shinichi Osawa (大沢伸一) de MONDO GROSSO produit le nouveau morceau d’Hikari Mitsushima (満島ひかり) intitulé Shadow Dance. C’est à ma connaissance la troisième collaboration entre les deux artistes. Ce morceau est très beau. L’élégance naturelle d’Hikari Mitsushima déteint forcément sur ce morceau, qui est très délicat, notamment dans ses moments parlés. Ce morceau fait apparemment référence au court métrage publicitaire Kaguya by Gucci, réalisé par Makoto Nagahisa dans lequel Hikari Mitsushima jouait déjà. Pour les plus attentifs, j’en ai déjà parlé plusieurs fois. La qualité de la production musicale de MONDO GROSSO n’est plus à démontrer et je suis toujours très satisfait qu’il travaille avec des artistes que j’aime, comme Daoko, Sheena Ringo, AiNA entre autres. J’aimerais d’ailleurs beaucoup que Sheena Ringo écrive un morceau pour Hikari Mitsushima. Il y a déjà des liens entre les deux. J’ignore par contre complètement le morceau que Sheena Ringo a écrit et composé récemment pour Sexy Zone. Faisons comme si il n’avait jamais existé car il n’est de toute façon pas brillant. Je suis également assez déçu par le nouveau single d’Utada Hikaru (宇多田ヒカル) intitulé Gold (~また逢う日まで~). Le morceau est loin d’être mauvais mais il n’a absolument rien d’original, par rapport à ses morceaux précédents. Je l’ai bien écouté plusieurs fois, mais j’ai beaucoup de mal à m’en souvenir. Elle aurait besoin d’un nouveau souffle et je ne doute pas qu’elle le trouvera, comme ça avait été le cas pour l’album Fantôme. Cet album ne semble d’ailleurs pas être le préféré des amateurs d’Utada Hikaru. C’est pourtant pour moi un des plus intéressants et celui qui m’a fait revenir vers sa musique. Et pour revenir à MONDO GROSSO, quelle plaisir de voir une collaboration avec KAF (花譜) dont je parle aussi assez souvent sur ces pages. Le morceau qui vient juste de sortir s’intitule My Voice (わたしの声). Il mélange habilement des sons classiques de piano et de cordes avec un rythme électronique particulièrement intéressant et la voix immédiatement reconnaissable de la chanteuse virtuelle KAF (qui est une vraie personne représentée par son avatar). Comme je le disais un peu plus haut, les choix artistiques de Shinichi Osawa m’épatent vraiment car ils sont quasiment en adéquation avec les artistes que j’apprécie.

Je ne vous obligerais pas à me suivre sur le dernier morceau sélectionné sur cette petite playlist de fin d’été, car la voix d’Ayuni D n’est pas la plus évidente à apprécier. Mais le nouveau morceau Tondeyuke (飛んでゆけ) de son groupe PEDRO qu’elle forme avec Hisako Tabuchi est vraiment enthousiasmant. En fait, j’aime beaucoup l’ambiance bucolique de la vidéo accompagnant le morceau, et le sentiment de nonchalance estivale qui l’accompagne. La manière de chanter d’Ayuni sur ce morceau, en chuchotant presque la fin de chaque phrase, me plait aussi beaucoup. Et il y a un petit passage de guitare vers la fin du morceau où les sons que dégage Hisako me rappellent Sonic Youth. Ce single et la musique de PEDRO ont apparemment un certain succès. J’étais plutôt surpris d’entendre que Tondeyuke était placé à la 54ème place du classement hebdomadaire Tokio Hot 100 de la radio J-Wave, que j’écoute très régulièrement le dimanche après-midi (de 13h à 17h) lorsque nous sommes en voiture. Après la dissolution de BISH, ça fait plaisir de voir chacune des anciennes membres trouver une nouvelle voix. C’est aussi le cas de CENTCHiHiRO CHiTTiii qui s’est lancé dans une carrière solo sous le diminutif de CENT. Son nouveau single Kesshin (決心) est un rock plutôt classique et j’étais assez surpris de voir que la musique a été composée par Kazunobu Mineta (峯田和伸) de Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ).

AiNA The End a une carrière musicale pour l’instant très dense et on pourra la voir bientôt au cinéma sur le nouveau film du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二), Kyrie no Uta (キリエのうた). J’ai très récemment trouvé au Disk Union de Shimokitazawa le CD de la bande originale du film All About Lily Chou Chou (リリイ・シュシュのすべて) sorti en 2001, du même Shunji Iwai. J’avais déjà parlé sur ce blog de la musique du film chantée par Salyu. Le premier morceau intitulé Arabesque (アラベスク), qui accompagne les premières images du film dans les herbes hautes près d’Ashikaga (足利駅) dans la préfecture de Tochigi, est tellement sublime que je le compte volontiers dans la liste des morceaux que je préfère. La force d’évocation émotionnelle de cette musique et de la voix extrêmement sensible de Salyu me donnent à chaque fois des frissons. C’est proche du divin, sans trop exagérer. J’ai du coup revu le film qui m’avait beaucoup marqué la première fois que je l’avais vu. Je suis très curieux des films de Shunji Iwai mais ils ne sont pas disponibles sur Netflix ou Amazon Prime. J’ai quand même vu récemment le film Last Letter (ラストレター) sorti en 2020 basé sur un roman qu’il à écrit lui-même. Beaucoup d’actrices et d’acteurs reconnus jouent dans ce film, comme Takako Matsu, Suzu Hirose, Nana Mori et Masaharu Fukuyama entre autres. La surprise était de voir le réalisateur Hideaki Anno (de Neon Genesis Evangelion) joué un second rôle, celui du mari du personnage joué par Takako Matsu. Que ça soit sur des films ou des drama télévisés, je croise souvent la route de Takako Matsu (松たか子) en ce moment. La dernière fois était sur le drama Quartet (カルテット), dans lequel jouait également Hikari Mitsushima. Tout finit par se reboucler dans mes billets.

間違い探しモード

Une fois n’est pas coutume, les photographies de ce billet sont un petit jeu où il faut trouver l’erreur. Ce n’est pas très difficile si on a l’oeil, mais n’y passez pas la journée non plus. Ces photographies broussailleuses ont été prises dans une des grandes allées du cimetière d’Aoyama. J’aime bien le traverser de temps en temps car, comme on pourrait facilement le deviner, le calme et la sérénité y règnent. J’aime aussi le fait qu’il soit laissé au naturel, sans entretien excessif, ce qui lui donne un côté un peu sauvage. C’est dommage que les voitures le traversent, mais on aime quand même faire cette promenade en voiture pendant la période des cerisiers en fleurs.

J’interromps tout ce que j’écoutais jusqu’à maintenant sur la playlist de mon iPod pour écouter quelques morceaux du nouvel album d’Utada Hikaru (宇多田ヒカル) intitulé Bad Mode (BADモード) qui vient juste de sortir il y a quelques jours. Je connaissais déjà quelques morceaux comme l’excellent One Last Kiss dont j’avais déjà parlé dans un précédent billet. Je ne l’écoute pas pour l’instant dans son intégralité car il y a, à priori, des morceaux qui m’intéressent moins comme Face My Fears. Par contre, le premier morceau Bad Mode, qui reprend donc le titre de l’album, est vraiment excellent. Ce type de morceaux correspond vraiment à ce que je préfère chez Utada Hikaru, une inventivité pop très accrocheuse mais également brillante musicalement. Le morceau m’a totalement convaincu à mi-chemin lorsqu’il change complètement de rythme et reprend tout en délicatesse sur un rythme ténu mélangé à la voix presque nue d’Utada. C’est vraiment brillant, comme peut l’être la vidéo d’ailleurs dont l’image ci-dessus est extraite. Je ne connaissais pas le morceau suivant Kimini ni Muchū (君に夢中), pourtant déjà sorti. Il est également très beau mais dans un tout autre style. J’aime beaucoup la voix très légèrement tremblotante d’Utada vers les fins de phrases. On y ressent une émotion palpable qui m’y fait revenir sans cesse. J’écoute ces deux morceaux en boucle et ça me suffit pour l’instant.

along the expressway

L’autoroute Metropolitan Expressway Route No.2 Meguro Line borde le grand parc de l’Institute For Nature Study à Meguro, qui contient dans son enceinte le Teien Art Museum. Le parc ressemble plutôt à une forêt laissée à elle-même, sauf pour la surface entourant le musée Teien qui est par contre très bien entretenue. Le parc-forêt est ouvert au public et permet de s’échapper des bruits de la ville pourtant proche. L’autoroute No.2 qui borde le parc se situe à l’étage, bordée elle-même de plaques de métal blanches tracées d’une ligne bleue interrompue. On s’engouffre souvent, au moins deux fois par week-end, dans le tunnel passant sous l’autoroute et bordant également le parc-forêt. À chaque passage, on renforce un peu plus la frontière entre l’espace urbain et le naturel envahissant de la forêt qui voudrait certainement reprendre ses droits. Si aucune voiture ne passait ici pendant de nombreuses années, la nature reprendrait pour sûr le dessus et viendrait envahir petit à petit cette autoroute et ce tunnel jusqu’à ce qu’ils deviennent inutilisables. J’imagine les racines de la forêt pousser petit à petit les remparts de l’autoroute, créer des fissures pour y laisser s’échapper d’autres racines qui viendraient faire éclater les parois de béton et l’asphalte des routes. Une barrière naturelle se créerait au milieu du tunnel et viendrait s’étendre vers les entrées et sorties à la recherche de la lumière. Cette autoroute et ce tunnel ne seraient bientôt qu’un lointain souvenir. On mettrait une petite plaque explicative à l’entrée des ruines du tunnel pour ne pas oublier l’urbanisme passé de ces lieux.

Au hasard d’une marche urbaine, je découvre la maison Tsuchiura conçue en 1935 par l’architecte Kameki Tsuchiura, disciple de l’architecte américain Frank Lloyd Wright. Une petite plaque explicative devant l’entrée de la maison nous explique qu’il s’agit d’une propriété culturelle tangible. Cette maison est donc un lieu protégé et elle est également référencée par la branche japonaise de l’association Docomomo qui liste les créations d’architecture moderne qu’on se doit de protéger pour leur importance culturelle. Cette maison est une des premières maisons d’architecture moderne construite au Japon. Tsuchiura l’a construite pour lui-même et son épouse. Elle se compose de deux étages avec deux chambres et un bureau à l’étage et la partie salle à manger, cuisine et salon au rez-de-chaussée. La salle de bain est au sous-sol. Cette maison, avec une structure en bois et des revêtements entièrement peints de couleur blanche, a une apparence extérieure simple. Mais l’espace ouvert à l’intérieur pour la partie salon avec une grande baie vitrée donnant sur le jardin est beaucoup plus intéressant. Un escalier intérieur nous amène à un demi-étage qui donne ensuite, dans une progression fluide, accès aux chambres au deuxième étage avec des ouvertures donnant sur l’espace ouvert du salon. Ce design intérieur et cette composition de l’espace en séquences étaient une nouveauté au Japon à cette époque. Le mobilier intérieur choisi par l’architecte était aussi d’inspiration moderniste. On le note également dans le design de la rampe d’escalier. Les quelques photographies en noir et blanc ci-dessus donnent une bonne idée de cet agencement intérieur. On peut également voir quelques photos plus récentes de l’intérieur sur le site du magazine Domus. La maison était en vente en 2016 mais a trouvé preneur. Elle se situe dans l’arrondissement de Shinagawa, mais elle est assez proche de Yebisu Garden Place. Située dans un quartier résidentiel de Kamiosaki derrière une grande résidence construite récemment, elle n’est pas facile à trouver. Je ne la cherchais pas mais mon intuition m’y a amené.

Je reviens ensuite vers Yebisu Garden Place en passant devant la grande place couverte d’un gigantesque arche d’acier et de verre. Ça faisait plusieurs mois que je n’étais pas passé ici. Je ne m’attarde en général pas à prendre le château français du restaurant Robuchon en photo car je l’ai déjà pris et montré maintes fois sur ce blog. Mais cette fois-ci, la lumière qui éclairait le château a attiré mon regard photographique. Sous cette perpective, il vient se cadrer parfaitement sous l’arche de verre. La démesure de l’endroit, dont la construction fut achevée en 1994 après l’éclatement de la bulle économique, m’étonne encore maintenant, notamment en hiver lorsque le gigantesque chandelier Baccarat est de sortie sur la place.

Je termine ma marche matinale en allant acheter du pain à la boulangerie Kobeya Kitchen du Department Store Atre de la gare d’Ebisu. Avec l’air sec de l’hiver, mes mains ont tendance à s’assécher ce qui crée parfois des cicatrices. J’avais déjà un pansement à une main mais un des doigts de mon autre main se met à saigner légèrement sans que je m’en rende compte, au moment où je m’apprêtais à payer mon pain. La jeune vendeuse de Kobeya l’avait apparemment remarqué et s’eclipse brièvement à l’arrière pour dénicher un petit pansement bleu qu’elle me propose ensuite gentiment. Je suis à la fois surpris et un peu gêné, d’autant plus qu’elle me demande de prendre mon temps pour l’appliquer sur mon doigt. C’était une charmante attention qu’on ne verrait certainement pas ailleurs. Ce genre de petite anecdote n’est à mon avis pas fréquente, ce qui m’a donné l’envie de l’écrire ici.

Difficile de passer à côté du nouveau single de Utada Hikaru, One Last Kiss, sorti récemment en parallèle au nouveau film d’animation de la série Evangelion, intitulé Evangelion: 3.0+1.0 Thrice Upon a Time. Ce morceau en est un des thèmes musicaux. En fait, on aurait tord de passer à côté de ce nouveau single tant il est bon. Je suis toujours épaté par la manière dont Hikki arrive à écrire des morceaux immédiatement accrocheurs qui ont en même temps une composition musicale intéressante, ce qui fait qu’on ne se lasse pas de les écouter même après de nombreuses écoutes. Il est le fruit d’une collaboration avec le producteur électronique AG Cook que je ne connaissais pas (car il s’est fait connaître pour ses collaborations avec Charli XCX que je n’ai jamais écouté). En fait, je suis plus familier du nom de son père Peter Cook, architecte anglais fondateur du groupe Archigram. Les pochettes du single reprennent les visages dessinés de personnages d’Evangelion, Shinji Hikari pour le CD et Rei Ayanami pour le vinyl. Les images de la vidéo du morceau ont été prises par Utada mais montées par Hideaki Anno, le réalisateur de ce nouveau film Evangelion. Je crois bien avoir vu tous les films et anime de la série Evangelion, il faudrait donc que j’aille voir celui-ci au cinéma.

Le morceau Uta (唄) de Sheena Ringo est une surprise car il est sorti l’année dernière en Janvier sans que je le remarque. Il s’agit en fait d’une reprise d’un morceau du groupe Buck-Tick pour un album tribute intitulé Parade III: Respective Tracks of Buck-Tick. Buck-Tick est groupe de la mouvance Visual Kei, formé en 1983 et toujours actif actuellement, ce qui est assez exceptionnel comme longévité. Le chanteur du groupe Atsushi Sakurai avait déjà participé à un morceau avec Sheena sur son dernier album Sandokushi. Il s’agissait du quatrième morceau Kakeochisha (駆け落ち者). J’aime beaucoup cette reprise du morceau Uta, même s’il n’est pas évident à la première écoute, tout comme le morceau original de Buck-Tick d’ailleurs. La composition à base de flûte nous ramène étonnamment à l’ambiance de l’album Hi Izuru Tokoro, mais la manière de chanter plus sombre de Sheena est plus proche de Sandokushi. On peut entrevoir ce morceau comme une curiosité mais il s’avère très intéressant après plusieurs écoutes. Je ne sais pas vraiment comment sont nés ces collaborations successives entre Atsushi Sakurai et Sheena Ringo, mais ça aiguise en tout cas ma curiosité pour la musique de Buck-Tick. Après avoir écouté quelques morceaux, je pense quand même avoir un peu de mal à m’y plonger. Je n’ai pas de mauvais à priori pour la mouvance musicale visual Kei voire gothique japonaise, car j’aime beaucoup LUNA SEA par exemple. Mais, je n’ai pour l’instant pas trouvé de morceaux du groupe qui m’ont inspiré.

一五 quinze

Made in Tokyo a 15 ans aujourd’hui. Il est désormais bien ancré dans son adolescence et ça me donne la nostalgie de la mienne. Voir passer les années défiler n’est pas forcément pour moi le moment de faire le bilan de l’année, car j’ai l’impression de faire ce type de bilan beaucoup plus régulièrement et de manière imprévisible. Ce genre de bilans réguliers sont souvent l’occasion de ne rien changer sur la ligne directrice de Made in Tokyo, car au final, je continue sur ma lancée à mélanger des sujets différents, souvent dans un même billet mais aussi très souvent avec un lien très étroit avec le Japon. Sauf pour les découvertes musicales qui m’amènent souvent vers d’autres contrées, plutôt anglophones. Ceci étant dit, ce n’est pas très souvent malheureusement, mais je suis toujours particulièrement enthousiasmé quand je découvre de la bonne musique japonaise, électronique, alternative ou même autre. Je me dis qu’il faudrait que je cherche un peu plus sur les petits labels publiant sur Bandcamp ou même sur Youtube. Par exemple, Zombie-chang, dont je connaissais déjà un morceau addictif appelé I can’t get to sleep, que j’avais découvert sur YouTube et acheté sur iTunes il y a environ 1 an, mais que je redécouvre par hasard hier soir sur un morceau plus ancien intitulé Summer Time. La musique électronique est assez simple, mais cette voix forcée volontairement grave de Zombie-chang rend le morceau intéressant. Mais en fait, c’est vraiment cette vidéo qui est plaisante, non seulement car elle a l’air de s’y amuser follement et c’est communicatif, mais aussi pour son côté complètement fait maison où elle est obligée par moment d’aller recoller elle-même la toile de projection.

Photographies extraites des videos des morceaux « Summer Time » et « I can’t get to sleep » de Zombie-Chang disponible sur Youtube.

Au final, ce blog divague et vient souvent digresser sur des sujets musicaux qui s’entremêlent avec des photographies d’architecture, des morceaux de musiques faits maison ou des enregistrements de bruits de rue, des dessins de formes abstraites mais pourtant futuristes, des morceaux de textes de fiction, des comptes rendus de visites de galeries d’art, des compositions photographiques faites de découpages de buildings et de verdure, des photographies de petits moments de beauté et de poésie dans les dédales incessants des quartiers de Tokyo… Bref, Made in Tokyo est et restera un ensemble hétéroclite de choses bien différentes, mais animé d’une même envie inarrêtable de créer quelque chose, peut être cette idée de forme d’art mutante, dont on m’avait parlé en commentaire et qui me trotte toujours en tête depuis. Du coup, je peux comprendre qu’il n’est pas facile pour le visiteur-butineur en recherche de Japon, d’y trouver son bonheur, car je ne me concentre pas sur un centre d’interêt précis. Je ne suis pas convaincu non plus que ce blog dans son entier est une quelconque utilité, mais ça me va très bien. Beaucoup de blogs francophones au Japon remplissent déjà ce rôle utilitaire pour nous expliquer ce que l’on doit visiter en dehors des sentiers battus forcément avec plans en incrustation Google Maps, listes de bonnes adresses et parfois quelques liens sponsorisés au passage. Le mot d’ordre étant toujours de montrer le même pays mais différemment. Made in Tokyo ne doit en fait être utile que pour moi-même, ce qui est déjà bien comme dirait l’autre. En fait, il ne doit pas exister une personne, à part moi, qui soit intéressé par tous les sujets que j’y aborde, de manière fort incomplète, j’en conviens. Mais cette longévité sans un seul mois d’interruption m’impressionne moi-même, en fait. Il y a eu des périodes de doutes très nombreuses, des mois avec peu de billets et peu de photos, mais pas un seul trou dans la raquette des archives mensuelles pendant 15 ans. Avant Made in Tokyo, il y avait un autre site web démarré en 1998 et appelé Okaeri à mon arrivée au Japon. En comptant cette période web pre-Made in Tokyo, ce site web a donc maintenant 20 ans.

Photographies extraites de la video du morceau « Selfish » de Nariaki Obukuro 小袋成彬 disponible sur Youtube.

Mais revenons à un peu de musique, dans un style très diffèrent des morceaux plus haut. Je découvre récemment l’album Bunriha no Natsu de Nariaki Obukuro, et je le trouve fabuleux. Je n’exagère pas en fait tant je trouve belle cette voix et passionnant à l’écoute cette façon si particulière de chanter. Les phrases chantées font des boucles et changent sans cesse de ton, en suivant le principe que le chemin le plus évident entre deux points n’est pas une droite. Pratiquement chaque morceau de l’album a une structure qui ne tient pas de l’évidence, avec des changements de rythmes, mais tout en gardant une unité tout le long de l’album. Cet album n’est pas de la J-Pop malgré l’étiquette qu’on essaiera de lui coller dans un article du Japan Times, très intéressant cependant. Ça doit être un mélange Soul, R&B et autre chose dans l’intervention de musique classique ou même électronique. En fait, l’article du Japan Times parle de certaines similitudes avec Frank Ocean, mais en version japonaise. Il y a en effet quelques ressemblances dans la complexité du chant, la plage vocale dont ils sont tous les deux capables, des incursions de monologues comme sur l’album Blonde. Bien que ça ne soit pas mon style privilégié de musique, je considère Blonde de Frank Ocean comme un chef d’oeuvre, comme un album tout simplement passionnant à écouter et à réécouter. J’y reviens souvent et dernièrement même, après avoir écouté cet album de Nariaki Obukuro. J’avais d’abord découvert la musique de Nariaki Obukuro avec le morceau Lonely one, sorti en avance de l’album, avec l’intervention brillante de Utada Hikaru sur 30 secondes. Utada Hikaru produit cet album de Nariaki Obukuro. Depuis son album Fantôme, je suis d’ailleurs également passionné par l’oeuvre musicale de Utada Hikaru. Les nouveaux morceaux qu’elle sort au compte goûte avant son prochain album Hatsukoi au mois de Juin, gagnent en densité et en complexité du chant. En fait, j’écoute Utada Hikaru depuis mon arrivée au Japon. Comme pour Sheena Ringo, Utada Hikaru a commencé sa carrière en 1998/1999, au moment même où je mettais les pieds au Japon. Je garde donc un lien invisible avec ces deux artistes. Bien que je l’ai dans ma discothèque, j’aurais un peu de mal à apprécier maintenant le premier album de pur J-Pop de Utada Hikaru. Par contre, j’aime beaucoup les albums qui précédaient Fantôme comme Ultra Blue. J’y reviens assez régulièrement. J’écoute également très souvent cet album Bunriha no Natsu. Tous les soirs en fait, dans le bus qui me ramène à la maison. En écoutant cette musique, je regarde défiler la ville à travers la vitre du bus et j’en oublierais presque mon arrêt.

we are walking in the air

Nous marchons dans les airs. La nuit venue, c’est permis. On nous croit rendu loin mais nous flottons tout près en frôlant les êtres. Les musiques de fin d’été nous attirent autour de la foule qui vient se réunir le soir. On ne soupçonne pas notre présence si ce n’est des signes, un courant frais dans le cou, un vertige soudain. Nous remplissons pourtant les pensées de temps en temps le soir venu, quand le rythme de la vie se calme et que l’esprit se laisse aller aux divagations. Quand les attaches terrestres font une pause brève, une réunion s’opère. Nous reviendrons peut être demain, mais ça ne dépend pas de nous. Rien ne se commande ni ne se prévoit.


J’écoute l’album éponyme de Slowdive depuis quelques semaines, et je ne me lasse pas de le ré-écouter sans cesse, notamment pendant mes promenades photographiques en ville dans les rues de Tokyo. Ce groupe de shoegaze était actif dans les années 90 et s’est reformé récemment pour quelques concerts et pour cet album éponyme. Plus de 20 ans après les trois premiers albums du groupe, on retrouve cette même atmosphère et c’est très enthousiasmant. J’aime tout particulièrement les morceaux où les voix de Neil Halstead et de Rachel Goswell se complètent. L’esprit shoegazing est toujours présent sans prendre trop de rides. Les moments dans le morceau « Don’t know why » où la voix de Rachel se noie progressivement et disparait sous le flot musical des guitares me donnent toujours des frissons de satisfaction musicale. Si l’album Souvlaki, sorti en 1993, reste très certainement le meilleur album de Slowdive (la beauté pénétrante d’un morceau comme Dagger), ce nouvel album s’en approche par sa qualité.

Les quelques photographies ci-dessus où corps et décors se mélangent sont en quelque sorte mon équivalent photographique aux morceaux de Slowdive quand les voix se fondent et se mélangent aux sons des guitares.

Dans un autre style, électronique cette fois, j’écoute aussi beaucoup Aphex Twin ces derniers temps et cette musique électronique très rythmée, parfois joueuse et parfois sombre, m’accompagne aussi souvent dans mes parcours urbains. Il y a plus de 15 ans, je découvrais Aphex Twin à travers l’album Richard D. James, sorti en 1997. Cet album m’avait laissé à l’époque un avis assez mitigé. Certains morceaux comme « Cornish Acid » sont sublimes et mystérieux, mais d’autres morceaux sont beaucoup plus légers à mon goût, voire pop sur les bords, et un peu anecdotiques. Je n’avais pas cherché à creuser plus en avant la musique de Aphex Twin à l’époque. Les hasards d’un article sur Pitchfork sur les meilleurs albums de IDM (Intelligent Dance Music), me ramène vers cette musique. IDM est une dénomination très décriée regroupant une catégorie de musique électronique compliquée faite pour l’écoute au casque plutôt que sur les dance floor. Le label Warp en est spécialiste. Ce style me plait intrinsèquement. Comme pour la musique d’Autechre, les morceaux de Aphex Twin que j’ai pu découvrir récemment sur trois albums: le plus ancien Selected Ambient Works 85-92 et les plus récents Syro et Cheetah EP, semblent se faufiler dans les méandres les plus profondes du cerveau, comme si cette musique pointue venait réveiller des sens encore inconnues. On n’est pas loin d’un effet d’addiction, comme à l’époque de mon écoute exclusive et probablement excessive de la musique d’Autechre. Mais alors qu’Autechre devient de plus en plus obscure et inaccessible, Aphex Twin reste très abordable car les mélodies sont bien présentes de manière beaucoup plus immédiate et souvent entêtantes. Mais l’esprit joueur qui brouille les pistes n’a pas disparu des derniers albums de Aphex Twin. Parmi la multitude des sonorités électroniques de Syro, se cache par exemple un morceau totalement au piano dans le calme d’un jardin le soir. Ce piano me rappelle d’ailleurs celui de Grouper sur le superbe album Ruins. Ces trois albums de Aphex Twin sont ancrés dans une même continuité de son et ces sons minutieux sont un véritable plaisir à l’écoute.

Ces derniers jours, je suis troublé par ce morceau « Rest » de Charlotte Gainsbourg sur son futur album du même nom qui sortira en novembre 2017. Ces mots, cette voix sur la musique électronique en répétion et en suspension de Guy-Manuel de Homen-Christo (une moitié de Daft Punk) sont d’une beauté imparable. J’attends de pouvoir écouter le reste de l’album Rest, en espérant qu’il conservera cette ambiance.

Pour terminer avec la musique que j’écoute en ce moment et pour changer encore de style, j’apprécie beaucoup le nouveau morceau de Utada Hikaru Forevermore. Le prochain album après Fantôme qui était très bon, n’est pas encore prévu à ma connaissance. J’ai toujours gardé une oreille attentive aux morceaux de Utada Hikaru. Je trouve qu’elle est très inspirée ces dernières années et construit des morceaux avec beaucoup de variations dans la composition et dans la voix. On est très loin de ce que l’on peut entendre en général dans la pop japonaise, souvent peu inspirée et répétant les mêmes recettes sans beaucoup d’originalité avec pour but unique le succès commercial immédiat. Il y a beaucoup de succès commercial pour Utada Hikaru, mais elle semble tracer son chemin loin de cela (peut être la distance géographique car elle réside à Londres). Ma lucidité me dit que ça ne durera peut être pas.