le soir à Shibamata

Made in Tokyo ne se qualifiera jamais comme un blog touristique ou de voyage, mais je ne pourrais que conseiller un passage à Shibamata à ceux et celles qui viennent visiter Tokyo, mais peut-être pas quand c’est la première fois car il y a déjà énormément de lieux à voir dans le centre-ville. Shibamata se trouve à Katsushika dans la banlieue Nord-est de Tokyo. Une rue commerçante conservée, célèbre car il s’agissait d’un des lieux de tournage des films populaires Otoko ha Tsurai yo (男はつらいよ), nous amène jusqu’à l’entrée du temple Shibamata Taishakuten (柴又帝釈天). Nous y arrivons assez tard, en fin de journée pendant une des premières journées de l’année, mais avant la fermeture, ce qui nous permet d’entrer à l’intérieur, pendant qu’un moine répète inlassablement ses prières. Une des beautés du Taishakuten est la qualité des sculptures sur bois entourant le bâtiment principal. Nous en avons vu certaines de l’intérieur, mais la visite des grandes fresques sculpturales à l’extérieur ne peuvent se visiter que jusqu’à 16h, ce qui était un peu trop tard pour nous cette fois-ci. J’aime beaucoup l’ambiance du soir dans les temples et sanctuaires, en marchant avec un verre d’amazake dans les mains pour se réchauffer. La prise de photo n’est cependant pas aisée le soir lorsque la nuit tombe rapidement. Beaucoup des photographies que j’ai pris étaient floues ou mal cadrées (ce qui peut être un style à part entière), ce qui facilite ceci étant dit la sélection de ce que je montrerais ensuite sur ces pages. Avant de rentrer, nous faisons un saut de puce au pied de la tour Tokyo Skytree qui nous souhaite une bonne année. Nous avons été relativement actifs pendant les trois premiers jours de l’année, alors qu’en général, nous restons assis devant la télé de longues heures en somnolant un peu.

もう一度コンティニューしたいよ

Enoshima (江ノ島) est une de nos destinations désormais classiques des débuts ou fins d’année, et j’ai donc montré plusieurs fois des photographies similaires prises à cette même période de l’année. Le Mont Fuji n’a pas daigné se montrer cette fois-ci car le ciel est resté très nuageux, mais nous irons le voir de près un autre jour et j’en montrerais pour sûr quelques photographies. Nous sommes le 3 Janvier 2024 et la foule n’était heureusement pas aussi dense que je l’avais imaginé. Après le déjeuner et un tour du sanctuaire, nous redescendons de la petite montagne formant Enoshima par un chemin de côté en dehors de l’étroite rue principale encombrée. J’aime beaucoup ce chemin piéton tout en escaliers car il zigzague entre les maisons des habitants. J’imagine toujours quelle peut être la vie sur cette île lorsque tous les touristes sont partis et que l’île redevient complètement calme. J’imagine aussi ce que peuvent donner le vent fort et la pluie intense des typhons lorsqu’ils viennent percuter les contours de l’île. En redescendant de l’île, en direction du petit port de plaisance, j’aime repasser dans la rue où se trouve un petit restaurant dans lesquelles ont été tournées des scènes du film Notre petite sœur (海街diary) réalisé par Hirokazu Koreeda. Le film sorti en 2015 raconte l’histoire de trois sœurs Sachi, Yoshino et Chika Kōda (interprétées par Haruka Ayase, Masami Nagasawa et Kaho) vivant dans la maison de leurs grands-parents à Kamakura, et accueillant leur demi-sœur, Suzu Asano (Suzu Hirose). Le film prend son temps dans différents lieux de Kamakura et Enoshima, ce qui me plait vraiment beaucoup. Un site web liste d’ailleurs avec beaucoup de précision les différents lieux de tournage.

Les deux dernières photographies du billet ont été prises au sanctuaire Mitsumine (三峯神社), perdu dans les profondeurs montagneuses de Chichibu dans la préfecture de Saitama. Le sanctuaire est superbe, magnifiquement décoré et implanté dans la forêt en haut d’une montagne. Nous y sommes déjà allés une fois en août 2022. Il faut environ 2h45 de route en voiture pour s’y rendre, ce qui inclut environ 1h20 d’autoroute jusqu’à Yorii à l’entrée de Chichibu puis une autre 1h20 pour traverser Chichibu en longeant par moment la rivière Arakawa (celle qui vient se jeter dans la baie de Tokyo en fin de parcours). La route est très sinueuse et parfois étroite lorsqu’elle traverse un barrage en circulation alternée. Aller jusqu’au sanctuaire de Mitsumine est éprouvant mais vaut clairement le déplacement. Enfin, il faut quand même mieux éviter la période du nouvel an, car nous avons eu la désagréable surprise d’avoir à attendre plus d’une heure avant de pouvoir stationner dans le parking du sanctuaire. Nous avons cette fois-ci participé à une cérémonie de purification Oharai (お祓い). Il s’agit d’un rituel ancien pratiqué par un ou plusieurs prêtres shintō à l’intérieur du haiden (拝殿), une des pièces du sanctuaire situé devant le honden (本殿), bâtiment le plus sacré d’un sanctuaire shinto, exclusivement destiné à l’usage de la divinité vénérée dans le sanctuaire et fermée au public. Nous avons déjà assisté plusieurs fois à ce type de rituel, notamment dans le sanctuaire d’Enoshima, lors des années néfastes qu’on appellent Yakudoshi (厄年). Dans le sanctuaire Mitsumine, je suis assis juste en dessous d’une sculpture de dragon, le signe zodiacal chinois de cette année 2024 et de mon année de naissance. Le rituel dure une trentaine de minutes, c’est un moment précieux dont on se souvient.

Avec l’album Surf Bungaku Kamakura d’Asian Kung-Fu Generation, l’album éponyme de DAOKO (ダヲコ) sorti en 2015 est un de mes albums de chevet en ce moment. De cet album, je ne connaissais en fait que deux morceaux, celui tout simplement intitulé Music (ミュージック) et Suisei (水星). J’avais d’abord découvert la version de Suisei par tofubeats avec Onomatope Daijin (オノマトペ大臣) pour le chant rappé. J’aimais en fait tellement cette version que j’avais porté une attention limitée à la version rappée par DAOKO, présente sur cet album et également composée par tofubeats. C’était une erreur car la version de DAOKO est tout aussi excellente, avec en plus la légèreté et la délicatesse vocale de DAOKO. Ce sentiment d’élégance me reste en tête en écoutant la totalité de l’album. La voix de DAOKO est très présente, tantôt à la limite du kawaii et d’autre fois plus affirmée, mais son rap ne force pas le trait. Il vient en quelque sorte nous effleurer les oreilles. S’il fallait donner un nom de style improbable à cet album, je dirais qu’il s’agit d’ASMR rap. C’est le morceau Ichibanhoshi (一番星) qui m’a d’abord amené vers cet album et je me suis rapidement rendu compte de toutes ses qualités dès la première écoute. L’électronique n’y est pas particulièrement dense ou compliquée mais elle touche juste. L’album fait intervenir plusieurs musiciens qui se partagent la composition des morceaux, à savoir Hideya Kojima (小島英也) aka ORESAMA, PARKGOLF, Kikuo (きくお) et tofubeats comme je le mentionnais ci-dessus. On trouve dans ces compositions tout le charme de l’électronique indé, un brin expérimentale car elle ne donne pas le sentiment d’être surproduite, au contraire des albums qui suivront mais c’est une progression naturelle. Un morceau comme le huitième intitulé Iya (嫌) me donne à chaque fois ce sentiment. Dès le début du morceau, j’adore l’atmosphère sonore légèrement mélancolique que produit PARKGOLF. Il y a également le dernier morceau intitulé Takai Kabe ni ha Ikusen no Door (高い壁には幾千のドア) composé par un Akito Bros (Akito Katayose & 5ive from cos/mes) et qui est assez sublime. Je suis du coup retombé sous le charme de la musique de DAOKO.

Le cheminement qui m’amène vers cet album de DAOKO est intéressant. Ma liste de suivi sur Twitter inclut le compte Pretty Vacant Jap. Je n’aime pas beaucoup le nom mais il me fait régulièrement découvrir des choses intéressantes de l’histoire de la pop culture japonaise sous la forme de photographies ou de courtes vidéos. Je suis loin de regarder toutes les vidéos qui y sont montrées, mais je suis attiré par celle-ci montrant une chanteuse dansant inlassablement d’une manière naturelle. Il s’agit de Chisato Moritaka (森高千里) interprétant Yoru no Entotsu (夜の煙突) avec le groupe Carnation, morceau présent sur son quatrième album Hijitsuryokuha Sengen (非実力派宣言) sorti en Juillet 1989. J’avais aperçu Chisato Moritaka par hasard dans un supermarché d’Ebisu il y a 15 ou 20 ans. Je ne l’aurais reconnu seul et Mari m’a indiqué qui c’était. Son nom m’est resté en mémoire pendant tout ce temps sans que je m’intéresse vraiment à sa musique, qui était principalement populaire dans les années 80. Ce petit extrait vidéo sur Twitter m’amène à regarder la vidéo entière sur YouTube qui finit par me fasciner. Il y a une énergie communicative qui se dégage dans son chant et ses mouvements semblant infatigables. Chisato Moritaka ne chante pas très bien, et elle le sait car ses défauts en tant qu’idole sont même les sujets abordés sur certains morceaux de l’album Hijitsuryokuha Sengen, qu’on peut traduire comme « déclaration de non-qualification ». L’empreinte année 80 des morceaux de cet album est vraiment très présente avec parfois des excès de synthétiseurs, mais c’est ce son là en particulier qui m’attire pour une raison qui m’échappe un peu et m’amène à acheter l’album au Disk Union de Shibuya. Il faut aussi dire que j’aime beaucoup la photographie et le design de sa couverture, avec son côté rétro-futuriste. Au Disk Union de Shibuya, je ne peux m’empêcher de penser que le jeune vendeur me regarde d’un air insistant et interrogateur, comme s’il avait un commentaire à faire sur mon achat. Il n’en est rien bien sûr, mais les vendeurs ont en général une attitude plus neutre que le jeune homme que j’ai devant moi. En fait, je pense que si j’étais vendeur chez Disk Union, je ne pourrais m’empêcher de faire des commentaires sur les achats des clients devant moi, en particulier quand il s’agit de bons albums que j’aurais conseillé si on m’avait demandé mon avis non-qualifié. Finalement, de cet album, je n’aime vraiment que quatre ou cinq morceaux dont ceux intitulés Korekkiri Bye Bye (これっきりバイバ), Kondo Watashi Doko ka Tsurete itte Kudasai yo (今度私どこか連れていって下さいよ), Hijitsuryokuha Sengen (非実力派宣), Yoru no Entotsu (夜の煙突) et quelques autres. A part Yoru no Entotsu qui est plutôt rock, mes préférences vont vers les morceaux qui sont denses en sons électroniques très typés années 80. Et dans les morceaux d’autres albums, j’aime beaucoup le morceau The Mi-ha (ザ・ミーハー) et surtout The Stress (ザ・ストレス) et sa vidéo aux airs parodiques dans un restaurant de ramen dans lequel Moritaka est serveuse. Dans le morceau The Mi-ha, elle répète sans arrêt avec plein d’auto-dérision qu’elle n’est pas une lady et qu’elle est juste une Mi-ha (お嬢様じゃないの わたしただのミーハー!). Le mot Mi-ha est un terme argot faisant référence aux jeunes personnes en général peu éduquées qui sont obsédées par des modes et des tendances vulgaires. Ces deux morceaux sont en fait des versions remaniées présentes sur un album intitulé The Moritaka (ザ・森高) sorti en Juillet 1991, avec une couverture un peu dans l’esprit de Hijitsuryokuha Sengen. Je n’irais pas jusqu’à acheter l’album The Moritaka car il n’y a vraiment que ces deux morceaux qui me plaisent. Chisato Moritaka a arrêté sa carrière en 1999 suite à son mariage avec l’acteur Yōsuke Eguchi (江口 洋介). Elle fait tout de même quelques apparitions télévisées et des concerts liés à des événements particuliers, et en 2013, elle collabore avec le DJ Tofubeats en chantant sur le single Don’t Stop The Music. Je me souviens avoir écouté plusieurs fois ce single à l’époque de sa sortie au moment même où j’écoutais le morceau Suisei. Écouter maintenant ces morceaux de Chisato Moritaka, m’a en fait rappelé à Tofubeats et au morceau Suisei, qui m’a ensuite incité à réécouter la version de DAOKO et de fil en aiguille fait découvrir tout son album. Et j’ai maintenant une envie irrésistible d’écouter tous les albums de DAOKO, car je ne connais en fait que des morceaux éparpillés sur plusieurs d’entre eux.

continue

Le redémarrage du blog au tout début de l’année est toujours difficile et, comme chaque année à cette période en particulier, l’idée m’a effleuré l’esprit de tout simplement arrêter, pensant ne plus avoir beaucoup de choses nouvelles à y partager. Mais je continue bien sûr à prendre des photographies que je développe numériquement sur l’ordinateur et l’envie de les montrer de manière organisée dans un billet est toujours plus forte que toute volonté que je pourrais avoir d’arrêter. Ce sont parfois les photographies que j’ai pris qui me donnent envie de continuer ce blog, ou d’autres fois, l’envie d’écrire sur mes sujets de prédilection à savoir l’architecture et la musique japonaise, et ceci est conditionné par les découvertes que je peux faire, qui sont en général le résultat d’un effort de recherche. Je ne ressens pas le sentiment d’une obligation de publier à tout prix sur ce blog, mais cette période de réflexion du début de l’année reflète également mon questionnement sur les contraintes que je m’impose sur le contenu de chaque billet. Au fur et à mesure des années, ces billets sont devenus de plus en plus denses et sont la plupart du temps le fruit de recherches qui n’interpellent souvent que mon propre otakuisme et mon auto-satisfaction. A l’avenir, il ne faut pas que j’oublie de garder une approche simple et légère. « Don’t get heavy, keep it light and keep it moving » comme l’écrit Radiohead sur le morceau Present Tense de l’album A Moon Shaped Pool. Ma réflexion me pousse également à me demander si je dois continuer à mélanger les sujets dans un même billet comme je le fais actuellement, à savoir par exemple faire correspondre des photographies de Tokyo avec la musique que j’écoute à ce moment là. Je finis toujours par me convaincre de ne pas séparer ces sujets dans des billets indépendants et de continuer à les intégrer dans une unité car c’est ce qui fait la particularité de ce blog qui n’est pas un magazine web d’architecture, ni un photoblog, ni une revue musicale amateur. Mon plaisir est de nouer des liens entre ces sujets, et je pense réussir parfois. Sur la série de photographies ci-dessus prises depuis différents sanctuaires de Tokyo et d’ailleurs, l’approche volontairement modifiée et triturée de l’image correspond par exemple assez bien aux altérations sonores que l’on trouve dans la musique qui suit.

Le titre du single Continue de 4s4ki correspond assez bien au thème du texte ci-dessus et je le réutilise par conséquent comme titre de billet. Ce single est sorti le 29 Novembre 2023 mais je ne l’ai écouté pour la première fois qu’à la toute fin de Décembre 2023, car il m’est apparu soudainement en extrait parmi d’autres vidéos non-sollicitées sur Instagram. J’écoute la plupart du temps les quelques secondes des musiques que me propose Instagram et je pense que l’algorithme de l’outil a dû comprendre qu’il y avait là pour moi un intérêt. La vidéo de Continue montre des images de concerts que je pense récents, et ça me donne envie d’aller la voir cette année si l’occasion se présente, bien que je sois loin de connaître toute sa discographie. Ça fait au moins plusieurs années que je suis et apprécie sa musique qui évolue dans un style qui lui reste bien spécifique. Comme très souvent, son chant est modifié mais ne perd pas sa dimension et sa chaleur humaine. Il ne se laisse pas noyer par la composition électronique pourtant très dense. Dans sa manière rapide de chanter à la limite du rap, elle me donne toujours le sentiment d’avancer rapidement sans détours, de tracer en quelque sorte son sillon sans compromis. Dans le paysage musical japonais, 4s4ki a clairement un style qui lui est propre et que je pense précurseur.

On m’avait conseillé dans les commentaires d’un précédent billet de jeter un œil et une oreille au site musical web Spincoaster. Je connais ce site web depuis longtemps sans pourtant l’avoir consulté pour y faire des découvertes musicales. Un petit tour à la fin de l’année me fait découvrir le morceau Envy par Yamada Gal Zingu (山田ギャル神宮). Je sais peu de choses sur ce rapper à part le fait qu’il a démarré son activité musicale récemment au début de la pandémie et qu’il s’associe régulièrement avec d’autres rappers qui me sont aussi inconnus. Son approche rap est intense dans le sens où son flot verbal, à la voix légèrement modifiée, est rapide et presqu’ininterrompu pendant les presque trois minutes du morceau Envy. La composition musicale est rock et contribue assez largement à l’agressivité générale qui se dégage du morceau.

初詣2◯24


あけおめ
ことよろ
二◯二四

Une fois n’est pas coutume pour le premier jour de l’année, nous nous sommes levés très tôt pour aller observer le premier levé de soleil de l’année. Le soleil se levant à 6h50 du matin, nous avons dû tous nous lever vers 5h30, direction Odaiba, faute d’avoir le temps d’aller jusqu’aux bords de l’océan à Chiba, Oarai ou Enoshima. La vue en elle-même n’était pas magnifique mais nous avons pu voir le soleil se lever doucement, formant une boule de feu nous éblouissant de ses premières lumières de l’année pendant plusieurs minutes. Fort de cette énergie, nous avons ensuite pris la route pour Chiba et le grand sanctuaire de Katori que nous avions déjà visité. Nous y sommes arrivés vers 8h du matin. C’était une horaire idéale pour Hatsumōde (初詣), car ceux qui y sont venus après minuit sont déjà couchés et ceux qui viendront dans la matinée ne sont pas encore levés. Nous n’attendons pas beaucoup devant le sanctuaire, ce qui est vraiment appréciable. Il y a pourtant foule dans l’allée principale avec de nombreux stands vendant toutes sortes de choses, à manger ou à boire sur place. Je profite bien entendu de l’amazake avant de reprendre tranquillement la route. Dans l’après-midi, nous retournons au sanctuaire Hikawa (氷川神社) que nous avions visité le soir du réveillon juste après minuit et j’irais ensuite seul au sanctuatire Konnō Hachimangu (金王八幡宮). A pieds sur le chemin du retour, je n’ai pas ressenti les tremblements qui ont secoué l’Ouest du Japon à Ishikawa et Niigata, car ils restaient à un niveau relativement faible à Tokyo. Ce début d’année ne démarre pas sous les meilleurs augures pour la population affectée par ce grand tremblement de terre.

Le soir du réveillon, nous avons bien entendu regardé l’incontournable émission Kōhaku Uta Gassen sur NHK (NHK紅白歌合戦), mais je n’en garde pas un souvenir mémorable. Il y avait beaucoup de medley, même Sheena Ringo s’y est mis avec ㋚〜さすがに諸行無常篇〜 (MANGAPHONICS conscious) et c’était malheureusement assez peu convainquant. J’aurais tellement aimé la voir avec Daiki Tsuneta et Millenium Parade interpréter le morceau W●RK qui a quand même eu beaucoup de succès cette année. Il n’y avait pas pour moi beaucoup de moments mémorables à part les passages d’Ado qui interprétait son dernier single Show (唱) à Kyoto, celui de YOASOBI interprétant Idol entouré justement de la plupart des idoles féminines ou masculines présentes à l’émission, et Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) chantant son morceau le plus connu tiré du film Sailor Fuku to Kikanjū (セーラー服と機関銃) que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur ce blog.

J’avais décidé avant le début de la nouvelle année que je la démarrerais avec l’album Surf Bungaku Kamakura (サーフ ブンガク カマクラ) d’Asian Kung-Fu Generation (AKFG ou Ajikan), qui a en effet été la première musique que j’ai écouté le premier jour de cette année. Je connais la musique d’Ajikan depuis presque vingt ans et c’est écouter le dernier single solo Stateless du chanteur et guitariste du groupe Masafumi « Gotch » Gotoh qui m’a donné envie de revenir vers le groupe dont je ne connais en fait que deux albums. Surf Bungaku Kamakura est le cinquième album du groupe sorti en 2008, mais Ajikan en a sorti une version augmentée en Juillet 2023. J’écoute pour le moment la version originale de 2008. L’album suit en fait un concept, celui d’utiliser des titres et un thème liés à la ligne de train Enoden qui parcourt une partie de Kamakura et de Fujisawa dans la longue région côtière du Shonan. Chacun des titres reprend le nom d’une station de la ligne Enoden, par exemple Shichirigahama Skywalk (七里ヶ浜スカイウォーク) pour la station de la plage Shichirigahama, avec toujours la même composition du nom de lieu en kanji accompagné d’un mot en katakana (ce qui me rappelle beaucoup les titres utilisés par Sheena Ringo). La ligne Enoden comprenant 15 stations, l’album de 2008 réutilise seulement les noms et lieux des stations les plus connus de la ligne Enoden, tandis que la nouvelle version Surf Bungaku Kamakura Complete de Juillet 2023 vient ajouter cinq morceaux pour compléter la ligne Enoden. Certains morceaux de cet album ont des sonorités de guitares qui me rappellent un peu le rock californien de Weezer, de l’époque de l’album bleu de 1994 que j’avais énormément écouté à l’époque. Ce son est peut-être volontaire pour comparer le Shonan à la Californie. Mais la voix de Gotch nous rappelle tout de suite qu’il s’agit clairement d’un album d’Ajikan.

sous les lumières d’un soir d’hiver

J’étais surpris par la présence de nombreux policiers dans l’enceinte du grand sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu à Kamakura. Ils étaient présents pour se préparer à l’afflux du Premier de l’An et des deux jours qui suivent où nombreux seront ceux qui viendront faire leur première prière de l’année. Je me souviens, pour y être passé il y a très longtemps, que la foule y est vraiment importante. Comme on peut le distinguer sur la quatrième photographie, des pupitres surélevés ont été mis en place à différents points de la grande allée du sanctuaire. Les policiers s’entraînent tour à tour à énoncer les conseils de sécurité et autres interdictions qu’ils devront répéter sans cesse les premiers jours de l’année. Nous n’étions pas venu à Tsurugaoka Hachimangu depuis de nombreuses années, depuis Novembre 2019 si la mémoire de ce blog ne me fait pas défaut. Rien n’a vraiment changé depuis notre mariage il y a presque vingt ans, sauf l’arbre géant près des escaliers, tombé il y a plusieurs années. Un nouvel arbre y pousse désormais. La vue depuis la partie haute du sanctuaire perchée sur la colline boisée est toujours aussi remarquable. On aperçoit presque l’océan tout au bout de l’avenue ponctuée par trois grandes portes torii (si mon compte est bon). Sur la cinquième photographie, le Kamakura Bunkakan Tsurugaoka Museum n’a pas non plus changé depuis sa rénovation. Il y a plusieurs années de cela, alors que ce musée s’appelait encore Museum of Modern Art Kamakura, son existence avait été menacée. Il se trouve sur les terres du sanctuaire et le contrat arrivait à expiration. Le bâtiment a été initialement conçu par Junzo Sakakura en 1951. On peut se satisfaire du fait que des accords peuvent parfois être trouvés pour conserver des éléments importants de l’architecture moderne japonaise. J’imagine que conserver ce bâtiment doit aussi joué en la faveur du sanctuaire pour prétendre à une classification au patrimoine mondial de l’Unesco, ce qu’il n’a pas encore malheureusement réussi à obtenir. Nous marchons ensuite jusqu’à l’océan pour l’atteindre juste avant que le soleil se couche. Depuis la plage de Yuigahama (由比ヶ浜), on ne peut malheureusement pas apercevoir l’île d’Enoshima, ni le Mont Fuji, car la vue est bloquée par l’avancée de terre d’Inamuragasaki (稲村ヶ崎). Nous aurons très certainement l’occasion d’aller à Enoshima pendant les premiers jours de l’année. Nous aimons tout particulièrement les plages du Shonan.