そうだ、東北へ行こう!❻

Lorsqu’on s’intéresse à l’architecture japonaise, on ne peut pas ne pas remarquer une étrange pagode appelée Sazaedō située dans périphérie de la ville d’Aizu Wakamatsu car elle est si unique et particulière qu’on la voit souvent en photo dans les livres d’architecture. Je pense l’avoir aperçu pour la première fois en photo en 2010 car j’en parlais dans un billet à cette époque là et j’ai eu depuis une grande envie d’aller la voir. L’occasion ne s’était pas présentée jusqu’à maintenant, car je ne souhaitais pas non plus faire déplacer toute la famille jusqu’à Fukushima pour l’unique raison d’aller voir cette structure aux airs difformes. Elle se trouve sur le Mont Iimori mais est très facilement accessible, au bout d’un long escalier de pierre. Elle n’est par contre pas très bien indiquée depuis la route et nous avons fait quelques allés et retours avant de la trouver. Voir cet objet architectural devant moi pour la première fois a provoqué une émotion forte et j’en avais presque les larmes aux yeux. Mais ce sentiment s’est vite transformé en une excitation certaine de découvrir l’intérieur de la pagode.

Aizu Sazaedō (会津さざえ堂), de son vrai nom Entsū Sansōdō (円通三匝堂), a été construite en 1796 par le moine Ikudo. L’architecture de l’édifice est très particulière car elle se compose d’une double hélix dans une structure hexagonale mesurant 16.5 mètres de haut, faite entièrement de bois. Un peu comme l’escalier à double révolution du château de Chambord, les pèlerins qui monte l’escalier interne du Sazaedō ne rencontrent pas ceux qui descendent. L’intérieur de la pagode-temple n’est en fait qu’un long escalier qui monte jusqu’au sommet et redescend ensuite jusqu’à la sortie à l’arrière du bâtiment. Il n’y a aucun salle à l’intérieur, à part peut-être le dernier des trois étages placé juste au dessous du toit. Le terme Entsū Sansōdō utilisé pour nommer cette pagode signifie en fait de faire trois tours entiers. Marcher à l’intérieur de cette spirale qui monte et descend est une expérience en elle-même car on ressent l’âge du bâtiment, le bois craquant sous nos pas. On avance doucement en ayant un peu peur que tout s’effondre. Il y a heureusement assez peu de visiteurs. Je me dis qu’une structure pareille doit être impossible à restaurer.

La structure du Sazaedō formant un chemin hélicoïdal qui monte jusqu’au sommet et redescend ensuite jusqu’à la sortie sans que les pèlerins se croisent a une fonction bien précise. Il s’agit en fait d’une retranscription dans un unique bâtiment du pèlerinage de Chūgoku Kannon composé de 33 temples bouddhistes des préfectures d’Okayama, Hiroshima, Yamaguchi, Shimane et Tottori. On retrouve 33 statues de la déesse Kannon le long du chemin à l’intérieur du bâtiment. Le Sazaedō est donc conçu comme une version miniature de ce pèlerinage. Les statues originales ont par contre été enlevées au moment de la restauration Meiji. Nous prenons notre temps pour faire ce pèlerinage à notre façon, et je ne me lasse pas de prendre des photos de l’intérieur et de l’extérieur. L’entrée du Sazaedō est particulièrement étrange et détaillée avec une figure de dragon venant se faufiler dans le fronton de bois sculpté. Un petit temple se trouve à proximité de la pagode et on peut bien sûr y récupérer un sceau goshuin que je suis bien content d’ajouter dans ma collection. Les cerisiers nous font le plaisir d’être en fleurs à notre passage, et je tente bien entendu quelques photographies superposant Sakura et Sazaedō. D’autres sont visibles sur mon compte Instagram. Mais les cerisiers seront beaucoup plus nombreux lors de notre prochaine étape au château Tsurugajō d’Aizu Wakamatsu.

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