petit voyage de printemps (6)

Outre le temple Kitamuki Kannon, Anrakuji est un des autres temples à voir à Bessho Onsen (別所温泉), notamment pour sa pagode en bois de forme octogonale. Il s’agit de la seule pagode octogonale en bois restante dans tout le Japon et elle a été désignée comme Trésor National. Le temple Anrakuji (安楽寺) a des formes très élégantes et le jardin est bien entretenu. On peut accéder à la pagode octogonale par un escalier longeant un petit étang aux eaux troubles. J’imagine qu’il s’agit d’une source chaude. La pagode se trouve au milieu du cimetière. Une petit allée grimpant la montagne nous permet d’avoir une vue d’ensemble, mais on nous dit que cette tour de bois doit se regarder depuis sa base pour bien apprécier les structures de sa toiture. Cette pagode est bien mystérieuse car elle n’a pas d’ouvertures ou de portes apparentes. Je me demande bien si on peut entrer à l’intérieur. Nous redescendons de l’escalier du cimetière sans avoir résolu ce mystère. Une heure de route environ nous attend en direction du centre ville de Nagano. Mais avant d’aller explorer le temple Zenkō-ji, nous irons dans les montagnes vers le sanctuaire Togakushi.

petit voyage de printemps (5)

Une petite route de montagne nous amène de Matsumoto vers la ville d’Ueda (上田市) à proximité de la rivière Chikuma. Notre destination est la petite station thermale de Bessho Onsen (別所温泉), se trouvant en pleine campagne au bord des montagnes dans la lointaine périphérie de la ville d’Ueda. Une petite ligne de train à un seul wagon, la Bessho Line, relie Ueda à la station de Bessho Onsen, datant de 1921 mais renouvelée en 1950. Nous avons beaucoup cherché et hésité dans le choix du lieu où nous allions passer cette première nuit de notre voyage. Nous avons d’abord pensé revenir sur nos pas vers le lac Suwa, mais ça nous éloignait ensuite de notre destination du lendemain, à savoir la ville de Nagano et le temple Zenkō-ji. En recherchant un hôtel ou ryokan, je trouve ce petit village à flanc de montagne qu’on nous annonce comme étant le Kamakura du Shinshū (l’ancien nom de la province correspondant à l’actuelle préfecture de Nagano). Bessho Onsen tient cette appellation car elle servait de quartier général au gouverneur de la province de Shinshū pendant la période de Kamakura s’étendant de 1192 à 1333. Des temples y furent construits et cette petite ville de montagne connue la prospérité. Elle fut reconnue comme un centre de culture et de religion dans la région. On se rendra compte quand même que cette appellation s’avère un peu exagéré. On trouve plusieurs sources chaudes onsen ouvertes au public, dont les trois que je montre en photos dans ce billet (celle appelée Oyu sur la première photographie, Daishiyu sur la quatrième et Ishiyu sur la septième). Les ryokan, dont celui où nous avons passé la nuit, comprennent également leur propres bains onsen, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’en essayer un à l’extérieur (Oyu de le première photo). Nous sommes arrivés avant le coucher du soleil, ce qui nous a permis de faire le tour de la petite ville à pieds. Cette ville ressemble plus à un gros village et on a assez vite fait le tour. Il y a très peu de touristes et nous avons même l’impression d’être les seuls sur place. Le temple Kitamuki Kannon (北向観音) se trouve dans le centre du village dont il surplombe une partie. Son nom vient du fait qu’il est tourné vers le Nord en direction de Zenkō-ji. Une étroite rue commerçante le dessert. Cette petite ville a un charme désuet qui me plaît bien. Elle est tellement calme qu’on a l’impression d’être sur une autre ligne de temps et ça m’inspire. De la chambre du ryokan, on a une vue sur une petite rue la plupart du temps déserte (celle des deux dernières photos). Le matin après le réveil, ouvrir les fenêtres et les portes coulissantes shoji nous montrent les montagnes couvertes d’une fine épaisseur de neige ou de givre. M’asseoir à cette fenêtre m’a inspiré l’écriture du septième chapitre de l’histoire de Kei, Du songe à la lumière. J’ai écrit la quasi-totalité de ce chapitre dans cette chambre du ryokan, assis devant cette fenêtre, et cela reste pour moi un moment privilégié de ce voyage. Je reprends certains éléments de cette petite ville dans mon histoire mais cela reste bien entendu une fiction. Je n’avais pas écrit de nouveaux épisodes depuis un an. Je me rends même compte que je n’ai écrit qu’à peu près un chapitre par an, car j’ai démarré en Octobre 2017. Je laisse l’inspiration venir sans forcer, mais il faudrait que j’essaie de la déclencher un peu plus souvent, sinon finir cette histoire va me prendre plus de 10 ans.

petit voyage de printemps (4)

Après notre visite de l’intérieur du château, nous faisons maintenant le tour des douves tout en appréciant l’architecture du château. Les lumières du jour se reflétant sur les façades noires lui donnent parfois des couleurs argentées du plus bel effet. Les cerisiers ne sont malheureusement pas encore en fleurs en ce dernier jour du mois de Mars. Nous les manquons de peu car les bourgeons sont sur le point d’éclore. Tout en écrivant ces quelques billets sur la ville de Matsumoto, je retrouve ci-dessous quelques photos que j’avais pris à mon premier passage en Février 2000.

Nous étions partis à 7 en voiture de location depuis Tokyo en se relayant pour la conduite. Notre première étape était le château de Matsumoto puis nous avions ensuite filé jusqu’à Hida Takayama pour passer la nuit dans un ryokan. Il neigeait et je me souviens très bien du froid dans le ryokan. Notre étape suivante était le village de Shirakawa-go, superbe sous la neige, et beaucoup moins touristique qu’il l’est devenu après. J’avais scanné il y a quelques temps les photos argentiques que j’avais pris pendant ce voyage. Je réfléchis à en montrer quelques unes sur ce blog en les plaçant chronologiquement au mois de Février 2000. En attendant, je montre trois photos ci-dessus qui me font remarquer que j’avais déjà la mauvaise habitude de prendre des photos légèrement penchées. Je prends souvent involontairement des photos légèrement obliques et je les réajuste la plupart du temps avant de les montrer sur ce blog. Ça me rend même fou parfois car je pense que certaines photos que j’ai pris sont légèrement obliques alors qu’elles sont correctement nivelées. Je suis assis sur la droite d’une des photos ci-dessus. J’avais déjà pris l’habitude de faire ce signe si distinctif de la main quand on se fait photographier. J’étais bien jeune et insouciant à cette époque là.

La dernière photographie montre l’ancienne école Kaichi (旧開智学校), se trouvant à quelques centaines de mètres au Nord du château. Ce collège fut construit entre les années 1873 et 1876. C’est une des dernières écoles survivantes du début de l’ère Meiji. Elle a été transformée en musée mais n’était malheureusement pas visitable à notre passage pour cause de rénovation. Nous reprenons ensuite tranquillement la route vers les montagnes avant que la nuit tombe. Nous passerons la nuit dans la petite ville thermale de Bessho Onsen, située dans la périphérie de la ville d’Ueda.

petit voyage de printemps (3)

Après notre pause déjeuner, nous revoici au pied du château pour le visiter. Je ne résiste pas à l’envie de le prendre en photo sous tous les angles tellement il est beau avec son contraste de noir et de blanc. On peut visiter la tour principale appelée Dai-Tenshu. Vue de l’extérieur, on imagine qu’elle se compose de cinq étages, mais il y en a en fait six. Le troisième étage, bas de plafond et sans ouvertures, est un étage caché servant à l’époque d’entrepôt et d’abri pendant les guerres. La tour principale Dai-Tenshu, la tour plus petite sur la droite appelée Inui Kotenshu et le passage qui les relie appelé Watariyagura ont été construits sous les ordres de Ieyasu Tokugawa vers la fin de la période guerrière de Sengoku. On y trouve donc de nombreuses ouvertures sur lesquelles pouvaient être placés des canons. La structure sur la gauche avec deux tours appelées Tatsumi Tsukeyagura et Tsukimi Yagura (tour pour regarder la lune) a été construite 40 années plus tard au début de la période Edo, en temps de paix. Cette partie du château n’a pas été construite comme une structure de défense contre l’ennemi. La combinaison de deux structures, l’une conçue en temps de guerre et l’autre en temps de paix, est une des caractéristiques uniques du château de Matsumoto. Le château a heureusement échappé aux destructions des fortifications féodales qui avaient lieu pendant la période de la Restauration Meiji, sauvé par une figure influente locale et par la population de Matsumoto.

petit voyage de printemps (2)

Le sanctuaire Yohashira (四柱神社) envahi de pigeons se trouve au bout le la petite rue commerçante Nawate que je montrais sur les dernières photographies du billet précédent. Ce sanctuaire fut construit pendant la période Meiji. Son entrée donne sur la petite rivière Metoba que nous traversons pour rejoindre la rue Nakamachi (中町). Pendant la période Edo, cette rue se trouvait au centre de la ville de Matsumoto. L’ancienne route Zenkō-ji Kaido, connectant le temple Zenkō-ji et les villes de Nagoya puis Kyoto, passait à cet endroit, ce qui explique la présence de nombreux commerces. Un grand nombre de bâtiments de cette rue sont anciens et reconvertis en magasins d’artisanat, en cafés ou restaurants. Nous avons déjeuné au restaurant Chikufūdō (竹風堂) situé sur cette rue. Sa spécialité est le riz aux châtaignes qui était délicieux. Le restaurant donne sur un jardin tout en longueur que je montre sur l’avant dernière photographie. Sur la rue principale qui nous ramène ensuite vers la château, on remarque forcément un personnage de manga dessiné sur une palissade blanche temporaire. Celle-ci délimite la zone de construction du futur musée de la ville de Matsumoto qui verra le jour en 2023. Le personnage est dessiné par le mangaka Hiroshi Takahashi (高橋ヒロシ) connu par sa série Crows, adaptée en films par Takashi Miike (entre autres). Le message qui accompagne le dessin à été rédigé par le club de calligraphie d’un lycée de Matsumoto. On nous dit ici: “たまにはがんばらないことも大事だぜ” qu’on pourrait traduire par “Il est parfois important de ne pas faire de son mieux”. D’après le site du mangaka, il y avait de nombreux autres dessins et calligraphies, mais il ne restait que celle-ci à notre passage. Nous nous rapprochons maintenant du château. Il n’y a dans pas grand monde dans les rues de Matsumoto, ce qui confère à cette ville un petit air paisible qui me convenait très bien pour des petites vacances en dehors de Tokyo.