Osaka ’18/4

La vue du château d’Osaka nous a accompagné pendant tout notre petit périple. Nous logions pour deux nuits dans un hôtel à proximité et on pouvait apercevoir le château dans un coin de la baie vitrée de la chambre. Le visiter faisait partie du programme, d’autant plus qu’on voulait profiter un peu plus des quelques cerisiers qui agrémentaient les jardins fortifiés du château. Comme la plupart des châteaux japonais, il a été reconstruit plusieurs fois et la dernière version en date est très récente car elle est de 1997. Les murailles de pierre donnant sur les douves du château sont par contre plus anciennes et sont vraiment impressionnantes par leur taille. J’aime beaucoup la dynamique courbe de la muraille qui vient se jeter dans l’eau des douves. On grimpe vers le château en marchant le long des ces immenses murs de pierre, jusqu’à un pont traversant les douves. Sans s’en rendre vraiment compte, nous sommes déjà au pied du château. Un ascenseur aux parois de verre nous rappelle que ce n’est plus un bâtiment historique ayant traversé les guerres de clans, mais une construction faite de matériaux modernes. On peut monter au 5ème étage par un ascenseur ou monter à pieds par l’escalier. Du 5ème au 8ème et dernier étage, il faut par contre monter à pieds. Nous monterons par l’escalier, mais ce n’était de toute façon pas imaginable de faire la file d’attente de l’ascenseur vue la foule présente. C’est encore une fois le problème de ce genre de lieu: la foule de touristes des visites organisées en cars. En haut du château, la vue panoramique que l’on a sur Osaka est superbe, mais il faut jouer des coudes pour s’approcher des balustrades. J’exagère un peu, on ne se marche quand même pas sur les pieds, mais j’avais perdu l’habitude de ce genre de visites encombrées (quoique dans les musées de Tokyo le week-end, ça peut être la même chose). Nous visiteront le musée situé à chacun des étages du château, un peu rapidement pour s’extraire de la foule. On apprendra quand même à travers des scènettes en hologrammes très bien faites, la vie de Toyotomi Hideyoshi, depuis ces origines modestes jusqu’à son ascension au pouvoir en seigneur de guerre, mais également comme l’un des unificateurs du Japon. A l’époque de sa toute puissance dans les années 1580, il se fait construire le château d’Osaka.

Nous continuons ensuite notre visite des quartiers d’Osaka en descendant un peu plus au sud jusqu’à la station Tennōji sur la ligne de train circulaire Osaka Loop Line, l’equivalent de la ligne Yamanote de Tokyo mais en plus récent semble t’il. A Tennōji, je voulais jeter un œil à la monstrueuse tour Abeno-Harukas. La tour n’est pas monstrueuse par son design, quoiqu’un peu difforme, mais par sa taille de 300 mètres de hauteur pour 62 étages, faisant d’elle le plus haut building du pays. On hésite un peu, mais nous ne monterons pas tout en haut, faute de temps. Je me contente de prendre la tour en photo quand un recul suffisant me le permet. Nous allons plutôt dans le quartier de Shinsekai, autour de la petite tour Tsutenkaku. Les rues du quartier sont volontairement surchargées d’affichages en tout genre. On y trouve plusieurs restaurants de brochettes kushiage de viandes, légumes ou fruits de mer fris. Un rabatteur devant la tour essaie de nous convaincre de venir dans son restaurant. Après quelques hésitations, on finit par le suivre et nous nous assiérons au comptoir. Le cuisinier devant nous et la serveuse un peu plus âgée qui semble être également la gérante des lieux sont tous les deux assez bavards. Mais pas facile de répondre aux questions qu’on me pose avec une tomate en brochette archi-chaude dans la bouche. On me demande depuis combien de temps j’habite au Japon et ensuite, pour quelle raison je suis venu habiter ici. Je pioche dans les explications typiques et un peu générales que je donne à chaque fois, mais c’est un peu laborieux car ça faisait longtemps que l’on ne m’avait pas posé la question. À vrai dire, après 19 ans de vie au Japon, j’aurais pu lui dire que j’ai oublié la raison pour laquelle je suis venu. Ça fait tellement longtemps après tout.

Nous remontons ensuite un peu au nord, à Kitahama sur la ligne de métro Midosuji, pour aller à la pâtisserie Gokan, la pâtisserie des samouraïs, est il écrit. Il se trouve dans un vieux building historique. Nous montons à l’étage pour une dernière pause thé et café avant de reprendre le Shinkansen pour Tokyo à 17h30 ce soir. On croyait être assis tranquillement à l’étage quand un bruit strident de marteau piqueur nous fait sauter de nos chaises. On construit un nouvel immeuble juste à côté. Tout d’un coup, je prends peur pour ce vieux bâtiment de briques qui nous abrite. Va t’il résister aux tremblements du marteau piqueur juste à côté. Ça serait trop bête de se retrouver ensevelis sous les gravats et manquer notre Shinkansen. Heureusement, le Dieu des constructions urbaines nous entend et nous accorde une trêve des travaux pendant notre café. Tout est bien qui finit bien, le Shinkansen n’a pas une seconde de retard, mais on n’en doutait pas. Il paraît que dans certains pays, les trains n’arrivent pas à l’heure indiqué sur le ticket, mais ça doit surement être une légende urbaine.

Osaka ‘18/1

Des vacances de trois jours étaient prévues au tout début de ce mois d’avril, et comme souvent, on s’y prend un peu à la dernière minute pour se décider de notre destination. Ce sera Osaka. Je connais un peu la ville pour y avoir été au moins cinq fois mais jamais en touriste et toujours pour des aller-retours dans la même journée. Nous allons prendre cette fois-ci un peu plus de temps pour découvrir cette ville, qui me semble aux vues de ces quelques jours, plus dense et bavarde que Tokyo.

Bavarde, on avait quand même recherché cet aspect en nous rendant dès notre arrivée tôt le matin à Osaka, vers le quartier de Namba où se trouve le Yoshimoto Grand Kagetsu, une grande salle pour spectacles de comédie stand-up par l’agence ultra-dominante Yoshimoto, originaire d’Osaka. Nous avions déjà assisté à ce type de spectacle à Shinjuku, dans une salle du Department Store Lumine 2, avec des comédiens de cette même agence Yoshimoto, mais de la branche de Tokyo. Il s’agissait d’une dizaine de courts sketches par différents comédiens en groupe de deux. C’est la configuration typique du manzai. La qualité est variable selon les groupes de comédiens, mais le tout est en général de bonne qualité. J’aime notamment quand les sketches tournent à l’absurde et c’était le cas dans cette salle de Shinjuku. Le spectacle à Osaka était lui aussi composé de sketches du style manzai, mais aussi par une petite pièce de théâtre comique. J’avoue que j’ai eu beaucoup plus de mal à accrocher et même à comprendre parfois en raison de l’accent du Kansai auquel je n’ai pas l’habitude. Il y avait quelques bons moments, notamment lorsque les comédiens tournent en dérision les particularités d’Osaka, comme les obasan d’Osaka, ces dames d’un certain âge au language assez rude et affectionnant les vêtements avec impressions tigrées (Je n’en ai pas aperçu dans les rues d’Osaka cette fois-ci cependant). Il y avait d’autres sketches par contre qui m’ont profondément ennuyés quand il s’agit de comique de répétition jouant toujours sur une même chansonnette entêtante et assez bête. Il y avait donc du bon et du moins bon, mais ça ne nous a pas empêché d’y retourner le soir pour un autre spectacle d’une heure environ, avec cette fois des jeunes comédiens moins confirmés et peu connus. J’ai beaucoup plus apprécié l’énergie qui se dégageait de cette scène et les efforts pour accrocher la salle, qui y répondait d’ailleurs très bien. Nous ne connaissions aucun des comédiens à part Yutaro Hamada, que nous étions venu voir en particulier. Nous le connaissions car il a récemment remporté le grand prix R-1 de comédie en stand-up. Sa particularité est qu’il est aveugle de naissance et qu’il joue d’auto-dérision sur son handicap, au point qu’au delà de la comédie qu’il dégage par ses mots et ses traits d’humour sur les nombreuses difficultés qu’il rencontre dans la vie quotidienne, on est également toucher par la personne.

Dense, à certains endroits près de Namba que nous explorons un peu après la sortie du premier spectacle, la ville me semble plus dense que ce que j’ai pu voir à Tokyo, pas spécialement pour la foule qui envahie les rues mais pour cet impression de remplissage saturé de l’espace. On retrouve cela à Tokyo dans certains quartiers, mais la densité me donne la sensation d’être plus forte ici. Bien sûr, le quartier de Dōtonbori joue de ce trop plein pour attirer l’oeil des visiteurs, des touristes que nous sommes pendant ces trois jours. Certains espaces urbains, comme Namba Parks développé par Jerde normalise l’espace en surface lisse. Cet immense complexe de bureaux et de magasins me rappelle Roppongi Hills à Tokyo à certains égards, peut être par la présence d’une grande tour centrale et par l’aménagement urbain au sol en pierres jaune orange. Les formes très arrondies de cet espace sont élégantes. Elles me font penser à celles du canyon d’Antelope en Arizona aux USA. Dans un coin un peu plus tranquille de Namba, nous tombons un peu par hasard sur le petit temple Hozenji et sa statue couverte de mousse appelé Mizukake-Fudo. L’histoire est qu’il y a plus de 80 ans une personne ayant fait un vœu devant la statue en l’aspergeant d’eau a vu son vœu s’exaucer. Depuis, les habitants du quartier font de même, imités par les nombreux visiteurs. Nous regagnons ensuite les grandes artères pour ensuite bifurquer vers le quartier de America Mura. Nous n’avons pas exploré toutes les rues de ce quartier, mais au moins celle avec une immense fresque d’un homme oiseau dessiné sur le mur blanc d’un vieux building. La boutique de t-shirts en vrac devant me rappelle ce que l’on peut voir à Harajuku le long de la rue Takeshita. Et tout d’un coup, cette boutique me remet en tête la musique hip-hop des Beastie Boys sur leur album Paul’s Boutique. Nous logions pour deux nuits à quelques pas du château d’Osaka. Ce n’était pas volontaire, mais nous avons eu la chance de tomber pendant la période des cerisiers en fleurs. Ils semblent beaucoup moins omniprésents qu’à Tokyo, mais il y avait une concentration le long de la rivière près du château. Le soir, après un peu de repos sur le tatami de la chambre d’hôtel, nous reprenons la route de retour à Namba pour le deuxième spectacle Yoshimoto dont je parlais ci-dessus. En marchant, nous dégustons sur le pouce les takoyaki d’un minuscule vendeur de rue et traversons ensuite le marché couvert de Kuromon. La première journée bien remplie de notre périple dans le Kansai se termine par des okonomiyaki pour le dîner. Une fois rentré à l’hôtel, je tombe rapidement de fatigue.

I PLAY IT OVER IN MY HEAD

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Je finis par apprécier mélanger les méthodes de captures d’images, entre mon Reflex, l’appareil analogique et l’iPhone sur Instagram. Les photos de ce billet sont pour la plupart déjà montrées sur Instagram. Parmi le flot de photographies, on remarque l’immeuble blanc en cube Omotesando Branches par l’architecte Sou Fujimoto. Beaucoup des autres photos se déroulent autour de ce bâtiment, dans les petites rues de Jingumae. Sur les autres photos, on passe vers la tour de Tokyo, Toyosu en couché de soleil et une ville imaginaire faite de magazines pour une affiche publicitaire. L’immeuble imaginaire de la dernière photo provient de Osaka.