quelques journées d’été (4)

Un téléphérique nous amène en haut du Mont Kinka pour visiter le château de Gifu. Cette montagne s’appelait auparavant Inabayama et le château était donc autrefois celui d’Inabayama mais Oda Nobunaga décida de changer son nom, ainsi que la ville où il se trouve, en Gifu. Ce nom serait inspiré par le nom d’une montagne chinoise, Qishan (岐山), qui aurait été le point de départ de l’unification d’une grande partie de la Chine ancienne. On voit le parallèle qu’Oda Nobunaga voulut donner avec l’unification du Japon déchiré par les guerres continuelles de la période Sengoku. Ce château idéalement placé sur la plus haute montagne des alentours (à 329m de hauteur) lui donne une importance stratégique. Suite à la prise de ce château, Oda Nobunaga y installa son commandement pendant les neuf années où il œuvra à l’unification du Japon. La construction initiale du château remonte à l’année 1201, par la famille Nikaido pendant la période Kamakura, mais le château que l’on peut visiter maintenant est beaucoup plus récent car il date de 1956. La construction actuelle de ciment n’a par conséquent rien d’historique ou d’authentique comme peut l’être le château d’Inuyama. Il n’empêche que le point de vue depuis le dernier étage du donjon est tout particulièrement impressionnant. Il donne une vue imprenable sur les anciennes provinces de Mino (actuellement la préfecture de Gifu) et d’Owari (actuellement Aichi) dont Oda Nobunaga est originaire. On imagine très bien que les hommes d’Oda Nobunaga pouvaient voir de très loin les attaques ennemies. Ça doit être une des vues les plus impressionnantes que j’ai pu voir jusqu’à maintenant depuis un château japonais. Les étages à l’intérieur du château servent de musée montrant notamment des images de la grande résidence d’Oda Nobunaga dont je parlais dans le billet précédent et insistant sur le fait qu’il rendit volontairement ces lieux plus impressionnants qu’ils n’étaient au moment de son arrivée pour donner une impression de puissance. On nous évoque également assez longuement la visite d’un missionnaire jésuite portugais, Luis Frois, qui aurait été particulièrement impressionné par les lieux et aurait contribué à diffuser cette image de puissance. Oda Nobunaga agissait d’ailleurs habillement en ce sens. Le chemin qui mène vers le château depuis le téléphérique demande une dizaine de minutes de marche, mais la chaleur rend tout mouvement plus difficile qu’à la normale. Il souffle heureusement un petit vent frais tout en haut de la montagne Kinka et c’est particulièrement agréable. Au début de l’après-midi, nous reprenons ensuite la route vers la préfecture de Shizuoka qui est la troisième étape de nos petites vacances.

quelques journées d’été (2)

La visite du château d’Inuyama était une idée du fiston, tout comme Hikone l’année dernière. Dans la série des châteaux classés trésors nationaux, nous aurions également voulu visiter le château d’Himeji mais ça faisait un peu loin en voiture. Je ne suis pas contre les longs trajets en voiture, surtout sur la Shin-Tomei où on peut rouler à 120km/h, mais pour Himeji, le trajet aurait été fatiguant pour tout le monde à faire en une seule journée. Pour ces longs trajets, je construis à chaque fois une playlist musicale qui me permet de rester concentrer (tout en fredonnant). Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes morceaux qui se répètent de voyage en voyage. Ma playlist faisait en tout 4h14mins et nous avons stationné sur le parking du château d’Inuyama exactement à la fin du dernier morceau de ma playlist. J’en viens à me demander si je n’ai pas réglé ma vitesse sur la durée de ma playlist.

Après la visite du château d’Inuyama, nous passons à travers les deux sanctuaires situés à son entrée, celui d’Haritsuna et celui de Sarutahiko, dont le nom nous est familier car il y en a plusieurs au Japon, même à Tokyo. Le petit pont de Torii rouges du sanctuaire Sarutahiko attirent tout de suite mon regard, d’autant plus que deux jeunes filles en yukata ont la bonne idée d’être là au bon moment. En prenant cette photo, je me souviens avoir déjà vu ce passage et ces petites plaquettes de bois Ema (絵馬) en forme de cœur sur le blog de mahl. Avant de reprendre la route pour une plus courte durée cette fois-ci, nous faisons une courte pause dans un petit café nommé Cocotomo, qui semble récent malgré ce que laisse présager la grande porte à l’entrée. Nous bifurquons ensuite volontairement en voiture pour traverser l’ancienne rue Honmachi dirigée vers le château. Nous passerons la nuit dans la ville proche de Gifu au bord du fleuve Nagara, qui se déverse dans la baie d’Ise comme le fleuve Kiso.

quelques journées d’été (1)

Nos petites vacances d’été viennent de se terminer. Comme à notre habitude, elles étaient courtes mais denses, enfin peut-être un peu moins occupées que celles de l’année dernière dans la préfecture de Shiga. Nous sommes partis trois jours pour deux nuits à la recherche des châteaux japonais. Notre objectif était de retourner à Aichi pour aller d’abord visiter le château d’Inuyama que nous n’avions pas pu voir l’année dernière, faute de temps. Tout comme le château d’Hikone que nous avons visité l’année dernière et celui de Matsumoto que nous sommes allés voir en début d’année, le château d’Inuyama est un château historique classé comme trésor national. Il a heureusement été préservé des destructions de signes de guerre pendant la restauration Meiji, ce qui n’a pas été le cas de nombreux château japonais. Les premières constructions du château datent de 1440 mais le bâtiment actuel date de 1537, construit sous la supervision du seigneur Oda Nobuyasu, l’oncle du seigneur de guerre Oda Nobunaga, un des unificateurs du Japon pendant la période Sengoku (1477 – 1573). À partir de 1617, le château devient la propriété du clan Naruse, vassaux du clan Matsudaira dont fait partie Tokugawa Iieyasu. Il restera sous le giron des Naruse pendant presque 400 ans, jusqu’à 2004. Ça me surprend d’ailleurs qu’un château pareil reste une propriété privée pendant aussi longtemps. Le domaine d’Inuyama se trouve dans l’ancienne province d’Owari, au bord du fleuve Kiso qui sert de frontière entre les actuels préfectures d’Aichi et de Gifu.

Après quatre heures et demi d’un long trajet en voiture sur l’autoroute Shin-Tomei, nous ne sommes pas mécontents d’arriver enfin à notre destination. Alors qu’on approche de la ville d’Inuyama, nous recherchons du regard un château perché dans les montagnes, mais il nous faut vraiment approcher de notre destination pour finalement l’apercevoir, majestueux en haut d’une colline surplombant le fleuve. De premier abord, sa taille me fait penser à celle du château d’Hikone. Il n’est pas aussi grandiose et élégant que le château de Matsumoto mais son emplacement lui donne une beauté toute particulière. Il faisait environ 38 degrés dehors lors de notre visite et nous n’avons pas trouvé la fraîcheur à l’intérieur de la forteresse, malgré les gros ventilateurs placés à certains endroits. On grimpe les escaliers très inclinés du donjon (Tenshu) jusqu’au dernier étage. Le parquet grince sous nos pas, ce qui inquiète Zoa, ou le surprend plutôt. Ce qui m’inquiète personnellement est de faire le tour du dernier étage du donjon sur le balcon de bois dont la balustrade est particulièrement basse. Je succombe toujours au vertige et je n’ai donc pas pu en faire le tour. Les photographies de la vue magnifique sur le fleuve et sur la ville sont donc prises à une certaine distance du bord du balcon. Le bâtiment étant historique, il n’y a bien entendu aucune barrière de protection additionnelle. Ce petit contretemps ne m’empêche pas de profiter du reste du château, qui se visite assez rapidement tout de même, et de tenter différentes prises photographiques depuis l’approche du château à travers les branchages. Cet espace devant le château est particulièrement agréable et nous ferait presqu’oublier la chaleur ambiante.