derrière une forêt d’immeubles

Instagram me donne parfois des idées d’exploration urbaine et cette fois-ci, je pars faire un petit tour du côté de Tsukuda, un quartier préservé de l’île Tsukishima à proximité de l’embouchure de la rivière Sumida dans la baie de Tokyo. Je suis déjà venu une fois dans ce quartier en 2007, à l’époque où l’on se déplaçait en moto. J’y vais cette fois-ci en train en débarquant à la station de Hachōbori, puis en marchant vers Tsukuda. On doit traverser la rivière Sumida par le pont Chūo Ohashi de la première photographie qui ressemble à une porte. Après avoir franchi cette première porte, il nous faut d’abord traverser une série d’immeubles résidentiels qui cachent le quartier de Tsukuda que j’étais venu voir. D’une manière imagée, cette série d’immeubles ne fait penser à une forêt protégeant une clairière, celle où se trouverait le quartier de Tsukuda. La majeure partie de l’île Tsukishima est faite de terrains réclamés sur la mer, sauf cette partie plus ancienne de Tsukuda qui était un banc de sable occupé depuis plus de 400 ans. Je suis en fait venu voir une ancienne échoppe en bois datant des années 1920, nommée Tenyasu Tsukudani, avec l’espoir d’en trouver d’autres à Tsukuda. Il n’y a malheureusement plus beaucoup d’anciennes constructions en bois dans le quartier et Tenyasu Tsukudani fait figure de survivante avec quelques autres. Parcourir les allées extrêmement calmes du quartier m’amène jusqu’au sanctuaire Sumiyoshi situé dans un coin. Tsukuda est séparé du reste de l’île Tsukishima par un canal qui doit, à mon avis, contribuer à préserver sa tranquillité. Dès qu’on en sort, on retrouve la ville avec une autoroute proche et des grands immeubles.

L’oeuf et le vent

Cette forme ovale insolite, coincée entre des grands blocs d’immeubles d’habitation, se nomme Egg of Winds, l’Oeuf des Vents. C’est une création architecturale de Toyo Ito. On se demande ce que cache ce volume elliptique de 16 mètres de long et 8 mètres de diamètre, suspendu par six pieds asymétriques et placé au dessus de l’entrée de parking du complexe de résidences Okawabata Rivercity 21 à Tsukuda. L’oeuf est recouvert de 248 panneaux d’aluminium perforés, lui donnant une apparence unie grise comme un objet en 3D dans un jeu video. La nuit, l’objet se transforme. Il laisse apparaître des images vidéo projetées sur 5 écrans à cristaux liquides placés à l’intérieur de l’oeuf, faisant oublier les parois arrondies. Ces images vidéo sont enregistrées en direct ou pré-enregistrées pour donner un apercu de l’environnement. L’environnement physique enregistré est transformé en information vidéo projetée sur dans l’oeuf. Cette transformation nocturne de l’oeuf n’est malheureusement plus active aujourd’hui, je n’ai pas pu constater le va-et-vient au gré du vent des images et informations numériques. Les projections vidéo ne fonctionnent plus, c’est bien dommage.

Dans un concept similaire de landmark interactif, Toyo Ito avait concu 5 années plus tôt en 1986 la Tour des Vents, Tower of Winds. Il s’agit d’une tour de ventilation pour un centre commercial sous-terrain à Yokohama. Comme pour l’oeuf, la surface est grise et unie le jour, mais devient changeante la nuit. La nuit venue, apparaissent des lumières intérieures dont les formes et la couleur changent en fonction des conditions extérieures: la force du vent ou du bruit. Toyo Ito veut ici transformer les flux d’air et de bruit en informations visuelles par l’intermédiaire de ces signaux de lumière. Là encore, le dispositif n’est plus pleinement opérationnel aujourd’hui, la tour ne diffusant apparemement qu’une couleur statique bleuâtre. Je n’ai cependant pas vérifié de mes yeux.

Comme on peut le voir avec ces deux créations innovantes tranformant l’environnement physique en informations, Toyo Ito montre un intérêt pour les nouvelles technologies et pour le potentiel multimédia. Cette direction prendra son apogée avec la Médiathèque de Sendai.

Adresse: Egg of Winds (1991), 2-2 Tsukuda, Chuo-ku