la pluie sur le béton de l’autoroute

La saison des pluies me donne à chaque fois des sentiments contradictoires. J’aime la regarder tomber et entendre ses sons tôt le matin depuis l’intérieur de l’appartement en ouvrant une fenêtre. Mais je déteste le fait qu’elle nous bloque à la maison sans une possibilité d’aller marcher dehors et prendre des photos. Je pourrais certainement aller prendre des photos de parapluies dans le centre de Shibuya ou de Shinjuku, comme certains le font très/trop bien, mais je ne maîtrise pas encore très bien la prise de photo tout en portant le parapluie d’une main. Le parapluie finit toujours par s’inviter dans le cadre à un moment ou à un autre. Les moments après la pluie sont par contre très photogéniques, et la végétation dans Tokyo donne des couleurs beaucoup plus denses qu’à l’habitude. La végétation dans Tokyo est un des sujets les plus intéressants à prendre en photo, avec l’infrastructure bétonnée des autoroutes, bien sûr. Celle que je montre ci-dessus est l’infrastructure autoroutière de Nishi Shinjuku au niveau de la jonction de Shinjuku, aux pieds des trois tours du fameux Shinjuku Park Tower de Kenzo Tange, où se trouve l’hôtel Park Hyatt dans lequel se déroule l’action du film Lost in Translation (2003) de Sofia Coppola. De retour à la maison, j’ai regardé le film pour une énième fois dans la nuit et au matin. Je pense que c’est l’ambiance musicale qui m’incite à le regarder encore, car elle entre bien en adéquation avec les sentiments qui se dégagent du film, au delà même de l’histoire, je veux dire la mélancolie continuelle des deux personnages principaux du film, Bob Harris et Charlotte. Cette ville peut exacerber le sentiment de solitude et le film le montre bien, mais aussi, au fur du temps, créer un lien dont on ne peut se défaire facilement. Le film prend le parti de ne placer aucune musique japonaise (à part « Kaze so Atsumete » de Happy End), je me demande si une musique ‘étrangère’ aurait modifié l’atmosphère du film. L’infrastructure placée au pied de l’hôtel de Lost in Translation est à la fois massive et élégante par ses courbes qui prennent tout l’espace. Je m’arrête même pour admirer la forme des piliers soutenant deux voies sur la deuxième photographie. Le ciel n’est pas dégagé pour donner assez de lumière mais apporte tout de même le contraste. La pluie pointe son nez et il est temps d’écouter deux morceaux du groupe Yonige qui s’accordent si bien avec cette mélancolie pluvieuse. J’écoute les deux premiers morceaux de leur dernier album Kenzen na Shakai (健全な社会) sorti cette année, à savoir le premier morceau 11月24日 (November 24th) et le deuxième 健全な朝 (Kenzen na Asa). Dès les premières notes du premier morceau, l’ambiance me rappelle celle du rock indé de Kinoko Teikoku sur leurs premiers albums. Yonige est un jeune duo féminin de 25 ans, originaire d’Osaka et composé d’Arisa Ushimaru et Gokkin. La musique sur ces deux morceaux s’accorde bien avec cette saison des pluies qui n’en finit pas.

après le mankai des cerisiers

Les fleurs de cerisiers ont terminé leur démonstration de splendeur pour cette année et se feront encore désirer l’année prochaine à la même époque. Elles se feront peut être attendre ou arriveront peut être en avance, histoire de brouiller les pistes. La floraison à son pic est difficile à prévoir, comme tout événement naturel au Japon.

Je continue ma redécouverte des rues de Tokyo à travers mon nouvel objectif Canon grand angle. A Daikanyama d’abord, sur la première photographie de ce billet. Ces deux visages dessinés sur un mur en contre-bas au niveau du parc Saigoyama sont vraiment superbes et arrêtent les passants. J’aimerais voir plus de ce genre de grande démonstration d’art de rue, car elles sont assez rare à Tokyo. Je suis sensible à cette forme d’art urbain et ses graffitis ou fresques géantes sont toujours très photogéniques.

Un des week-ends passés, Zoa et moi nous sommes promenés à Nishi Shinjuku, tous les deux seulement car Mari avait une petite forme. Le but de notre sortie était la mairie de Tokyo, le Tokyo Metropolitan Government Building, pour l’observatoire situé tout en haut d’une des deux tours de ce bâtiment « cathédrale » de Kenzō Tange. Depuis la gare de Shinjuku, il faut d’abord emprunter un passage souterrain dont l’entrée est marquée par l’oeil de Shinjuku. J’en avais déjà parlé il y a de cela quelques années. Un peu plus loin, à travers une ouverture du passage souterrain, on ne manquera évidemment pas la vue en contre-plongée de la tour bombée Mode Gakuen Cocoon Tower, du fils Tange (Paul Noritaka Tange). On arrive ensuite assez vite à la mairie de Tokyo, au bout du passage souterrain. Je n’étais jamais monté tout en haut de cette tour, donc l’observatoire donne un point de vue sur Tokyo que je ne connaissais pas. La ville s’étend à perte de vue comme un océan fait de blocs de toutes les formes et aux couleurs multiples.

Près de la gare, Shinagawa nous montre d’autres tours. Cette zone de bureaux nommée Shinagawa Inter-city est pratiquement vide le week-end. Elle constitue une barrière d’immeubles, un peu comme ce que l’on peut voir à Shiodome un peu plus loin. Ces constructions étaient assez critiquées par certains architectes, notamment Tadao Ando, car elles constituent une barrière naturelle aux vents provenant de l’océan depuis la baie et empêchent le refroidissement du centre de la ville créant ainsi des phénomènes de « heat island » (des zones où la chaleur est prisonnière du décor urbain).

Sur une des photographies au dessus, nous sommes au 12ème étage d’une tour de bureaux Fujitsu. Zoa y commence des cours pour enfants de programmation de robots. Depuis la salle d’attente pour les parents, nous avons une belle vue sur le complexe Inter-city de Shinagawa. Il y a une couleur et une clarté dans cette vue qui me plait. J’aime aussi la composition de cet espace, fait de strates, qui n’est pas sans certains aspects futuristes, comme pourrait être composée une ville à plusieurs niveaux. Depuis la gare de Shinagawa, on accède à pieds à ce complexe d’immeubles depuis le deuxième niveau. Le rez de chaussée au centre est un parc urbain avec quelques arbres, et notamment des cerisiers qui donnent leurs dernières fleurs.

Au bout du complexe d’immeubles de bureaux, il y a également un immeuble d’habitation, la V-Tower, en bas de laquelle d’étranges cônes d’acier sont disposés. Il me font penser à l’architecte Kisho Kurokawa, car il utilisait assez souvent cette forme de cônes, mais il n’a pas l’air impliqué dans le développement de cette tour d’habitation.

Les quatre dernières photographies de ce billet sont prises près de Ebisu Garden Place. Cette fois encore, nous nous promenons entre hommes, pendant que Mari fait des courses. On se raconte des histoires en chemin, que j’hésite à interrompre de temps en temps pour prendre une ou deux photographies. La boule rouge géante du bâtiment de l’auto-école Hinomaru est impressionnante par sa taille. J’essaie en photo de l’associer au décor urbain alentour, aux maisons individuelles standards qui ne s’accordent pas beaucoup avec cette sphère rouge. Notre promenade sous amène dans des lieux que j’avais oublié, près de Mita.

de shinjuku au cosmos

Après avoir dépassé en voiture la sortie Sud de la gare de Shinjuku, on aperçoit à l’horizon les trois tours de Shinjuku Park Tower conçues par Kenzo Tange en 1994 à Nishi Shinjuku. Les étages 39 à 52 sont occupées par le fameux hôtel Park Hyatt Tokyo, dans lequel Bill Murray et Scarlett Johansson passent la plupart de leur temps dans le film de Sofia Coppola Lost in Translation. Bien qu’il y ait un certain nombre de clichés, inévitable peut être pour un film étranger sur Tokyo, j’aime le revoir de temps en temps car il retranscrit bien la solitude de la découverte d’un nouveau monde, d’une nouvelle ville. Je repense à mes premiers mois à Tokyo. Bien que ce sentiment de solitude ait disparu pour moi depuis longtemps, j’aime bien le ressentir de temps en temps à travers ce film et la bande sonore bien choisie qui l’accompagne (Sometimes de My Bloody Valentine ou Alone in Kyoto de Air, entre autres).

Devant la sortie Sud de la gare, on a gagné du terrain sur la voie ferrée, ou plus précisément, on a construit au dessus de la voie férrée. Le nouveau complexe NEWoMan ouvert depuis quelques mois recouvre une partie du chemin de fer devant l’immense immeuble du Department Store Takashimaya.

Les cartes brodées ci-dessus étaient exposées sur les murs du café SUNDAY à Ikejiri. Une amie de Mari, Kei Takemura, les a créé et exposé dans ce café pendant trois mois. Nous nous y sommes rendus le dernier jour de l’exposition mais l’artiste n’était malheureusement pas sur Tokyo. Nous avons quand même profité du café à l’environnement bien agréable pour un déjeuner.

Une fois n’est pas coutume, je vais voir une spectacle théâtral un soir de semaine. Il s’agit d’une adaptation de Bio Hazard, le jeu vidéo Résident Evil de Capcom sorti sur Playstation en 1996. Je me souviens y avoir joué longuement pendant la nuit tout en me faisant peur, car on y parle de poisons et on y montre des zombies à tous les recoins de l’immense demeure du terrain de jeu. Le spectacle reprend quelques lignes du jeu vidéo, et la trame avec quelques rebondissements nous amène à suivre la dizaine de personnages à la recherche d’une sortie tout en essayant de percer les mystères de cette demeure où ils sont tous prisoniers. On apprendra assez vite que tout ceci est une expérience (d’où le sous-titre). J’y suis allé car je connais un des acteurs, IZAM (du groupe maintenant disparu de visual kei rock SHAZNA), car nos enfants sont dans le même classe. A la fin du spectacle, je me suis fait inviter dans les coulisses et IZAM m’a présenté rapidement l’acteur principal Ryusei Yokohama 横浜 流星 (en photo sur l’affiche du spectacle) car il est dans la même agence que Zoa. J’ai beaucoup aimé l’ambiance faite de musique assez effrayante et de passages de zombies dans la salle quand les lumières s’éteignent. Les acteurs parcourent également assez souvent les couloirs de la salle pendant le spectacle. Dans les coulisses, je n’ai par contre pas aperçu l’actrice principale, ex-AKB48, Mariko Shinoda 篠田 麻里子 qui partage l’affiche avec Ryusei Yokohama.

Le bâtiment ci-dessus a l’air inquiétant mais il n’en est rien. C’est un restaurant où l’on sert de l’anguille grillée. Autant ça ne me viendrait pas à l’idée de manger de l’anguille en France, autant j’adore l’anguille うなぎ au Japon. Nous y sommes allés en compagnie du couple Takagi, qui tenait auparavant une galerie à Azabu-juuban et que l’on n’a pas vu depuis au moins 5 ans. Le restaurant NODAIWA est en fait très réputé. On y sert de l’anguille grillée depuis 200 ans, dans un décor traditionnel donc. En fait, pour corriger un peu une de mes affirmations ci-dessus sur l’anguille en France, NODAIWA possède également une branche à Paris, rue Saint-Honoré. Comme quoi tout à-priori est discutable.

Entre le Salon du Chocolat à Tokyo et la Saint Valentin, les stands de chocolatiers se multiplient dans tous les Department Store de Tokyo. En photo ci-dessus, nous sommes à Ginza et ce chocolatier japonais nous amène dans le cosmos. Les grosses planètes sont en fait du chocolat et ils découpent des petits morceaux pour les proposer à la vente. C’est du plus bel effet.

Une fois n’est pas coutume (その二), je montre ci-dessus des photos prises avec un iPhone car je refais quelques essais de l’application Snapseed. Ce sont également les premières photos que je fais avec un iPhone 7ème génération. Je pense en poster de temps en temps, histoire de s’amuser avec les effets de cadrages de Snapseed.

No more running says my mind

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Je marche beaucoup ces derniers temps le week end et j’ai repris goût au Reflex que j’utilise de plus en plus au détriment d’Instagram que je mets un peu de côté. Je marche vers des lieux connus que je n’avais pas parcouru depuis très longtemps. Il y a quelques semaines, je pars tôt le matin vers le quartier de Maruyama-cho. Beaucoup de jeunes personnes sortent des hôtels pas chers de ce quartier. Je me suis donné pour but de retrouver le bâtiment en grain de riz, le Natural Ellipse de Masaki Endoh. Je peine un peu à le retrouver au début et je le crois même disparu. Le grain de riz aurait il été avalé par l’urbanisme grouillant ambiant. Eh bien, non, je finis par l’apercevoir au coin d’une rue. Par rapport à la dernière fois, il y a 8 ans, il n’a pas été dégradé et le blanc des murs résiste assez bien. Il a été repeint, très certainement.

Ma promenade à Shibuya m’amène devant d’autres façades, parfois hermétiques comme celles de béton d’une maison individuelle. La première photo montre un koban, un poste de police de quartier. Ce koban de Shibuya est un classique et nombreuses sont les « boîtes » de police qui nous montrent des formes intéressantes, comme le celui du parc de Ueno par Tetsuro Kurokawa. Celui de Shibuya, à Udagawa-Cho sur la photo ci-dessus est de l’architecte Edward Suzuki.

Les autres photographies mélangent les lieux, de Nishi Shinjuku à Odaiba, en revenant au complexe Rise de Futago Tamagawa sur la sixième photo. J’aime beaucoup la petite terre de verdure, installé au rez de chaussée de l’immeuble du Park Hyatt par Kenzo Tange. Cette petite terre semble bien paisible et à l’abris des tracas.

どこかに夢を見に行こうか

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Cette série de photographies publiées dans un premier temps sur Instagram nous amène d’abord sur la plage de Hayama jusqu’en fin de journée. Au milieu du billet, une boîte étrange s’entrouvre. On l’a trouve en face du bâtiment aux facettes de verre de Prada. Les architectes de ces deux oeuvres d’architecture sont Herzog et De Meuron. La boîte sert la marque Miu Miu, d’ailleurs affiliée à la grande soeur Prada.

En déroulant un peu plus les photos, on arrive à Futago Tamagawa. Un nouveau centre commercial appelé Rise vient d’ouvrir en mai près de la station, accompagné de terrasses et d’un parc pas très loin. L’endroit est assez agréable car très ouvert mais la foule est presque insupportable malheureusement. A l’intérieur du centre commercial, un trouve un Tsutaya, qui comme à Daikanyama, vient s’associer à d’autres marques. Alors que le Tsutaya de Daikanyama fait collaboration avec Starbucks Coffee, principalement, celui de Futago Tamagawa pousse plus loin le concept en s’associant avec la marque de meuble Arflex et avec un vendeur de plantes d’intérieur. C’est une très bonne idée d’ailleurs, les plantes, car elles viennent décorer tout le magasin qui devient un espèce de grand salon avec des étagères de livres (Tsutaya oblige). Le concept va un peu trop loin, par contre, car cette fois-ci Tsutaya vend aussi de l’électroménager et des appareils électroniques sous le nom Tsutaya Electrics. Je dis trop loin, car j’ai l’impression que les vendeurs n’ont aucune expertise sur le sujet et sur les articles vendus. Je n’ai par exemple pas reçu beaucoup de conseils pour mon potentiel achat de disque dur et j’ai donc passé mon chemin. Je parle de disque dur, car avec 800GB de photos, mon iMac commence à peiner.

Je reviendrais sur ce concept en photos un peu plus tard, mais pour l’instant je me contente d’une photo de l’intérieur avec des luminaires en formes de sphères et une autre photo d’un petit robot blanc parlant aux enfants. On commence à le voir à plusieurs endroits dans Tokyo. La première photo représente un bâtiment à Futago Tamagawa également. Je ne connais pas l’architecte. J’aime bien ces couleurs et lignes obliques. Et pour le reste, le rêve nous amène en un clin d’oeil en d’autres lieux venant se mélanger à l’ensemble.