shift nogizaka

La façade de ce building à Nogizaka a un design intéressant que l’on voit de loin. Il fait partie d’une série de buildings appelée +SHIFT dont Sun Frontier est le promoteur. On nous explique que le concept derrière ce design est une représentation de racines d’une plante. Ce building est en fait destiné aux petites entreprises naissantes, amenées à grandir et à évoluer. L’image de la racine végétale entend en fait représenter cette croissance future. Les formes du building en particulier cette façade sont à la fois élégantes et futuristes. Je ne saurais dire exactement pour quelle raison mais ce design me semble inhabituel pour Tokyo. Je ne connais pas d’autres buildings qui lui ressemblent. C’est un design qui me rappelle plus les immeubles longilignes de résidences qu’on pourrait trouver à Singapore par exemple. Il s’agit juste d’une impression. Le bâtiment se situe à l’entrée du sanctuaire de Nogizaka, que je n’ai pas eu le temps de visiter cette fois-ci. Du sanctuaire, je me contenterais pour l’instant de prendre en photo une affiche faisant l’éloge du mariage en kimono blanc dans l’enceinte du sanctuaire. La mariée y est belle même sous la pluie.

Je viens d’écouter un podcast spécial du trio Gaijin-san qui a pour invité Michaël Ferrier, écrivain et professeur à l’Université Chuo de Tokyo. J’ai déjà lu et aimé plusieurs de ses livres comme “Tokyo, petits portraits de l’aube”, “Le goût de Tokyo” qui est une anthologie de textes sur Tokyo qu’il a sélectionné et commenté et “Fukushima, récit d’un désastre” qu’il m’avait d’ailleurs envoyé en version dédicacée à l’époque. J’avais également assisté à la projection du film “Le Monde après Fukushima” de Kenichi Watanabe et à une lecture d’extraits de “Fukushima, récit d’un désastre” à l’Institut Français de Tokyo en 2013. Pour ce podcast qui dure environ 2h, Michaël Ferrier revient sur la catastrophe de Fukushima à travers un nouvel ouvrage qu’il dirige intitulé “Fukushima – Dans l’oeil du désastre”. Je ne connais pas encore ce nouveau livre et j’irais très certainement voir à quoi il ressemble au Kinokuniya de Shinjuku si je peux le trouver là bas. Michaël Ferrier y regroupe les visions et travaux d’artistes japonais ou étrangers évoquant la catastrophe de Fukushima sur les dix dernières années. Il nous donne quelques exemples dans le podcast, notamment ceux du collectif Chim↑Pom. Je me souviens être parti à la recherche de leur galerie à Koenji en Mai 2018. J’avais bien trouvé cet endroit des plus atypiques mais la galerie était malheureusement fermée lors de mon passage. Je ne savais par contre pas que Chim↑Pom avait conçu des d’installations artistiques en lien avec les événements de Fukushima. Ils s’étaient notamment rendus sur les lieux de la catastrophe un mois après en tenues protectrices, en portant un drapeau japonais dont le soleil rouge était transformé en symbole radioactif. Ils avaient également ´hacké’ la grande fresque Myth of Tomorrow de Taro Okamoto dans la gare de Shibuya (je la prends régulièrement en photo même avant son arrivée à Shibuya) en y ajoutant une partie en bas à droite représentant les centrales nucléaires de Fukushima. Le site web de Chim↑Pom montre d’ailleurs une petite vidéo dont est extraite l’image ci-dessus. Ce type de manifestation artistique provocatrice n’est pas particulièrement fréquente au Japon et donc forcément intéressante. Michaël Ferrier nous explique tout cela avec beaucoup de détails. Il maîtrise bien son sujet et c’est agréable de l’entendre longuement parler des artistes présents dans son ouvrage. Il évoque aussi l’artiste Shinji Ohmaki, que je ne connaissais pas, dont l’installation Liminal Air – Black Weight illustre la couverture du livre. Cette installation faite d’une multitude de fils noirs accrochés au plafond évoque la pluie noire radioactive suite à la bombe d’Hiroshima. A vrai dire, je n’écoute pas souvent les podcasts traitant du Japon, car les sujets qui y sont traités s’adressent plutôt aux personnes en cours de découverte du pays. Mais ce podcast en particulier était particulièrement instructif.

une saveur de Tokyo

En photographies sur ce billet de haut en bas: (1) une grande fresque murale sur la nouvelle rue Shintora par Tokyo Mural Project, (2) une scène de rue à Ueno tout près du parc, (3) un autocollant de poulpe jaune par UFO907 posé sur une rambarde de rue devant la station de Ebisu, (4) le koban futuriste du parc de Ueno par Tetsuro Kurokawa, (5) un autre autocollant de la série dessinée par Kyne à Ebisu.

Je pensais que la librairie Kinokuniya près du Department Store Takashimaya à Shinjuku était entièrement fermée depuis son remplacement par un magasin de meubles et accessoires de maison, mais je n’avais pas réalisé que l’étage proposant des livres et magazines étrangers avait été conservé. C’est une bonne nouvelle car le rayon de livres en français y est assez conséquent. A vrai dire, je ne connais pas d’autres librairies avec autant de choix en français. Il y a bien le Yaesu Book Center près de la gare de Tokyo ou le Maruzen du building Oazo, mais le rayon français y est beaucoup moins important. J’avais en tête d’y trouver un livre de Michaël Ferrier. J’ai déjà lu son livre sur Fukushima, qu’il m’avait d’ailleurs envoyé avec une dédicace. A cette époque, mes articles sur l’architecture des Métabolistes japonais et sur les visions futuristes d’un Tokyo vertical construit sur la baie avaient inspiré un essai qu’il avait écrit pour un colloque et qui est également disponible dans un ouvrage de la série Croisements (le numéro 3 de l’année 2013).

Il y a quelques semaines, comme je l’indiquais dans un billet précédent, j’écoutais plusieurs épisodes de l’émission Hors-Champs de Laure Adler sur France Inter, consacrées au Japon. Laure Adler y interviewait, entre autres, le cinéaste Hirokazu Kore-Eda, l’écrivain Kenzaburo Oe ou le photographe Hiroshi Sugimoto. De fil en aiguille, je me suis mis à rechercher en podcast d’autres émissions intéressantes de Laure Adler, une interview du cinéaste Kiyoshi Kurosawa, ou une série en cinq épisodes consacrée à Roland Barthes. Dans une autre émission, Laure Adler interviewait l’écrivain Michaël Ferrier au sujet de son dernier livre Mémoires d’outre-mer. Le livre ne prend pas le Japon comme sujet ou comme décor, mais comme Michaël Ferrier habite à Tokyo, la ville y est tout de même aborder pendant l’interview. Dans la foulée de ce podcast, me revient donc en tête l’envie de lire d’autres livres qu’il consacre à Tokyo. J’avais déjà lu Tokyo, petits portraits de l’aube. Je pars donc à la recherche d’un autre roman, KIZU à travers les fissures de la ville, dont parlait Daniel il y a quelques temps. Peut-être le trouverais-je dans les rayons de Kinokuniya de Shinjuku.

Une fois là bas, je trouverais plutôt Le goût de Tokyo, car il vient d’être réédité. Je ne connaissais pas, mais il s’agit d’un épisode d’une série intitulée « Le goût de… » par différents auteurs et sur différents lieux, des villes ou des pays. Le goût de Tokyo est une anthologie de textes sur Tokyo, sélectionnés et commentés pour la plupart par Michaël Ferrier. Les textes sélectionnés sont de courts extraits de deux ou trois pages, par des auteurs français ou francophones principalement, mais également quelques écrivains japonais. Ces courts extraits nous proposent différents tableaux de la ville, sous ses aspects le plus fascinants et poétiques mais aussi les revers de cette ville. Il y a beaucoup de grands noms, des écrivains ayant fait un ou plusieurs séjours à Tokyo, comme Marguerite Yourcenar ou Claude Levis-Strauss, mais aussi des écrivains qui se sont fait connaître par leurs récits issus de longs périples au Japon, comme l’écrivain suisse Nicolas Bouvier. On apprécie beaucoup lire les impressions variées sur cette ville de la petite trentaine d’auteurs sur les 118 pages du livre. A travers ce recueil, Michaël Ferrier nous apporte un éclairage nuancé sur cette ville. Il n’hésite d’ailleurs pas à lancer quelques pics dans certains commentaires de textes sur des visions stéréotypées ou condescendantes de certains auteurs. Un problème typique est de penser détenir une vérité sur ce pays et ce peuple à travers une courte expérience parfois limitée. Il est toujours très hâté de dresser une généralité sur la totalité de ce pays à partir de cas particuliers que l’on aurait rencontré dans son expérience de vie au Japon. Ceci étant dit, la plupart des clichés existants sur le Japon sont vrai, mais le contraire l’est également, car comme pour tous pays, le Japon est composé de personnalités diverses qui ne s’inscrivent pas toutes dans le modèle de société japonais. Michaël Ferrier écrit d’ailleurs un petit paragraphe bien vu sur ce point là.

Ce livre se lit très vite, il se dévore même. Ce format est intéressant car il ouvre une porte vers d’autres auteurs. A la fin du bouquin, je remarque qu’il y a d’autres épisodes qui semblent intéressants, comme Le goût de Kyoto, Le goût du Japon mais aussi dans d’autres domaines Le goût de l’architecture, Le goût de la photo ou Le goût du rock’n’roll.

ROCK/MOON (4)

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Dix photos encadrées par la pierre de lune viennent terminer cette petite série de quatre épisodes. On est toujours dans cette série à Odaiba, Ueno, Ebisu, Harumi, Aoyama et Tokyo Station. J’ai fait une petite pause photographique depuis cette série.

Quelques mois après Exai, Autechre nous fait le plaisir de sortir un nouvel EP, intitulé L-event. Les morceaux sont superbes et dans la lignée de Exai. J’écoute assez souvent Exai et c’est bien de pouvoir étendre son écoute avec ce nouvel EP L-event. Comme toujours avec Autechre, la musique électronique qu’ils nous proposent est sans compromis et vient titiller les parties inutilisées du cerveau (du moins c’est l’impression improbable que ça me donne). Dans un style et registre émotionnel totalement différent mais également électronique, j’aime beaucoup le travail musical de Hiroshi Watanabe sous son nom de scène Kaito. Je pioche dans les morceaux des disques qu’il a sorti ces dernières années dont le dernier en octobre 2013: Sky is the limit (sur Until the end of time), We are living here et Rainbow circules (sur Trust), Hundred million lightyears et Natural source (sur A hundred million light years), ou encore Isolated Soul (sous le EP du même nom et sous son patronyme). La composition des morceaux est relativement simple et reposante par rapport à Autechre bien que très rythmée. J’aime beaucoup le rythme des morceaux en fait, ainsi que le côté mélancolique. Mon impression contraste assez avec les représentations qu’il donne sur les pochettes des disques, avec en photo son fils très probablement (appelé Kaito j’imagine). En écoutant ces morceaux, me reviennent des images du Tokyo d’il y a quinze ans que je découvrais les premières années. Je ne sais pas vraiment pourquoi ces images me reviennent, mais peut être que cette musique pousse au souvenir et à la réflexion, et s’adapte bien à la promenade urbaine.

Vendredi soir dernier, j’ai assisté à la projection du film « Le Monde après Fukushima » de Kenichi Watanabe et à une lecture d’extraits de « Fukushima, récit d’un désastre » par son auteur Michaël Ferrier. Souvenez vous, il m’avait envoyé ce livre il y a quelques mois et informé de cet évènement à l’Institut Français de Tokyo dans la série Feuilles d’automne 2013, il y a quelques semaines. Ce type d’événements et de rencontres est très enrichissant, dans un environnement qui m’est en fait assez peu familier. En rentrant le soir, la boîte aux lettres me gardait au chaud « La ville est un rêve », aux éditions Katatsumuri, dont je vous parlais il y a quelques billets. Ce bel ouvrage ainsi que la rencontre de ce vendredi m’ont redonné l’envie et le besoin de me remettre au travail sur un photobook. J’aimerais y mettre plus de textes, mais je vais certainement devoir me faire une raison.

C’est amusant et même surprenant qu’on me prenne assez régulièrement pour un architecte ou pour un photographe. Il est vrai que je ne parle jamais de ma profession sur ce blog car je pose volontairement une séparation forte entre mon activité professionnelle et celle que l’on peut voir sur ce blog, qui n’est pas non plus une représentation complète de mes activités personnelles. Je relis d’ailleurs assez souvent une série de commentaires que j’avais reçu en janvier 2009 qui abordait cette réflexion et évoquait Made in Tokyo comme un blog-concept. Ceci dit, on m’a proposé d’être référencé dans un dictionnaire en construction: le « Dictionnaire mondial des photographes d’architecture » initié par un historien de l’architecture et professeur de l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. D’abord surpris par cette demande – être un professionnel de la photographie ou de l’architecture n’est apparemment pas une condition nécessaire pour figurer dans cet ouvrage – je me suis donc plié à l’exercice en proposant un texte pour mon entrée dans le dictionnaire (j’ai d’ailleurs mis à jour la page A propos de ce site avec quelques éléments de ce texte). C’est toujours intéressant de préparer ce genre de textes qui permettent de prendre du recul et de s’interroger sur ses influences et approches. Certains commentaires sur le blog me posent également parfois ce type de questions constructives, qui aident à avancer. Et pour le dictionnaire, on verra bien ce que ça donne mais je suis déjà content qu’on me l’ai proposé.