dans un silence photographique

Pendant une journée ensoleillée du mois de Mars, je suis allé seul au Tokyo Metropolitan Teien Art Museum près de la station de Meguro. J’y suis déjà allé plusieurs fois-ci dans le passé. Cette fois-ci, c’était pendant ma semaine de congé du mois de Mars. Mari avait déjà vu l’exposition du moment avec sa mère et me l’avait conseillé. Le musée Teien, ancienne résidence du Prince Asaka construite en 1933, est très certainement le plus beau musée de Tokyo, pas spécialement pour son design extérieur mais pour la richesse de l’intérieur dans le style Art Deco. On y trouve le design du français Henri Rapin dans 7 pièces du bâtiment, des chandeliers par René Lalique dans le salon et la grande salle à manger, entre autres artistes. Le problème, je dirais, d’utiliser cet endroit comme musée est qu’il efface par sa splendeur toute exposition artistique que l’on y montre à l’intérieur. Plutôt que de regarder ce qui est exposé, on a tendance à aller plutôt regarder les détails des décorations, des vitrages et diverses sculptures décoratives. L’escalier principal au centre du bâtiment, composé de marbre noir aux couleurs dorées, m’impressionne toujours autant. Je ne suis malheureusement pas spécialiste pour savoir s’il s’agit réellement d’une pierre naturelle, mais je n’ai jamais vu ailleurs un matériau d’une telle force.

Un grand jardin est placé derrière le musée et sa composition n’a apparemment pas changé depuis le temps où ce domaine était utilisé comme résidence impériale. Il y a un vaste espace ouvert au pied de la demeure, agrémenté de quelques sculptures. Si j’avais le temps, je m’assiérais bien sur l’herbe pendant des heures, comme on l’avait fait quelques fois en famille quand Zoa était petit. Comme le parc est assez vaste, se dégage une sensation de calme, comme dans un silence photographique. On peut marcher jusqu’au jardin japonais à l’arrière, agrémenté d’une traditionnelle maison de thé. Une grande partie de l’exposition se passe en fait dans l’annexe récente du musée. On y accède par un passage depuis le bâtiment historique. C’est un espace plus conventionnel et fonctionnel pour un musée. La terrasse donnant sur une partie du parc, au bord des grandes baies vitrées, est très agréable pour un café après la visite. Le café est bien évident idéalement placé à la fin du parcours de visite. On se laisserait très facilement tenté.

Mais revenons à l’exposition intitulée « Le miracle du silence » que j’allais voir ce jour-là. Il s’agissait de collages photographiques par l’artiste japonaise Toshiko Okanoue. Je ne connaissais pas cette artiste des années 50, liée au mouvement surréaliste japonais. Les œuvres présentées sont nombreuses et ont été principalement réalisées pendant une très courte période de 1950 à 1956. Elle a ensuite abandonné toute carrière artistique après son mariage. La matière des collages de Okanoue provient de magazines étrangers de l’époque comme Vogue ou le Harper’s Bazaar. Elle découvre ces revues étrangères après la guerre et mélange des photographies réalistes de l’après-guerre avec des extraits de photographies de mode. Le contraste entre ces deux univers est assez étonnant. Les associations d’images, des têtes déplacées, des paysages désolés avant la reconstruction de l’après-guerre sont en même temps fortes et surprenantes. C’était une belle découverte pour une exposition qui s’est malheureusement déjà achevée le 7 avril.

Ice

Un bloc de glace pour se rafraîchir. Il fait très chaud en ce moment à Tokyo, 35 degrés environ. Peut être que fixer la glace pendant quelques instants permettra de se rafraîchir un peu, à moins qu’on ne soit obligé de rêver des montagnes enneigées d’Islande.

Je connaissais les photos d’architecture du photographe danois Kim Høltermand à l’époque où il utilisait Indexhibit. Si je me souviens bien, c’est d’ailleurs son site de l’époque qui m’avait incité à utiliser ce même système de galerie minimaliste pour mes photos de la série Made in Tokyo Series. Il utilise désormais un nouveau système plein écran pour ses photos, notamment une superbe série intitulée Icelands. Il donne un rendu particulier à ses photos, un noir et blanc légèrement orangé qui réchauffe un peu les surfaces enneigées. Son système de galerie n’étant pas des plus pratiques à la navigation, je vous conseille plutôt de visionner son portfolio sur Behance Network. On retrouve la série Icelands, des textures et de l’architecture jouant avec la lumière sur Horten, Black Diamond, Church of the Holy Cross, ou des objets insolites et spatiaux comme la Hyllie Water Tower. En découvrant sa série Seawater Lido, je suis d’ailleurs très supris de constater que Kim Høltermand est l’auteur de la photographie de couverture de l’album de Aufgang. J’avoue que cette couverture de disque m’avait amené à écouter l’album et j’avais beaucoup aimé ce mélange expérimental réussi de piano et de sons électroniques, le tout en pleine tension.