vers la chapelle sur l’eau sous la neige

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Ce soir à 5h, il neige toujours sur la station de Tomamu à Hokkaido. La chapelle que l’on souhaitait visiter n’est malheureusement pas ouverte avant le soir à 8h. Comment faire pour apercevoir ce monument de béton? On ne pourra pas voir l’intérieur, mais on cherche les contours extérieurs en empruntant un petit chemin enneigé. On marche sur la neige fraichement tombée à petits pas sur ce qu’on devine être une petite route entre les bouleaux. On apercoit petit à petit des parois qui se révèlent en se dégageant des arbres et de la neige. Il faudra s’approcher un peu plus en sortant de la petite route, vers le bassin de la chapelle dont on devine à peine les rebords. On suit les pas d’un autre visiteur, certainement passé il y a quelques jours à ce même endroit et avec le même objective. La croix dans le bassin recouvert de neige se montre enfin dans un flot de neige fine et dense. On découvre désormais la façade de la Chapelle sur l’Eau de Tadao Ando. Il semble que la froideur du béton a trouvé un élément plus fort que lui; la neige légère et délicate vient recouvrir petit à petit ce monument de béton. A l’intérieur, il y une lumière jaune. On devine une chaleur diffuse et des voix étouffées et à peine distinctes qui feraient place au silence lorsqu’on s’approche de la surface de verre près du bassin.

church-on-water-tadao-ando Church on the Water, par Tadao Ando, à Tomamu, Hokkaido. Ci-dessus, un livre consacré à cette chapelle sur l’eau avec photographies, dessins et textes explicatifs. Ce livre est en vente à Tomamu uniquement et chaque exemplaire est signé par Tadao Ando avec un croquis. Les quelques photographies à droite proviennent du tumblr Poetry & Concrete.

C’était bien dommage de ne pas pouvoir découvrir l’intérieur de la chapelle et c’est d’ailleurs assez étrange de ne pas l’ouvrir au public dans la journée mais seulement le soir. Je me console avec le petit livre ci-dessus. Nous étions à la station de Tomamu pour y faire du ski pendant quelques jours, séjour fort agréable car en cette fin de saison, il y peu de monde sur les pistes et la neige à Hokkaido est encore très bonne.

Can you even tell me that no one is the same as you

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J’ai le sentiment en écrivant ce billet et en mettant les photographies en ordre de faire une série de portraits de maisons et d’immeubles. Je montre volontairement peu de personnes ou d’activité humaine sur mes photos, mais finalement les maisons individuelles des quartiers de Tokyo sont mes personnes avec leur propre personnalité et même un désir de paraître et de se distinguer parmi la multitude de bâtiments quelconques aux alentours. En composant ces portraits dans les rues de Uehara, je me fais accompagner de la musique alternative rock de DIIV, quelques morceaux choisis sur le dernier album « Is the Is Are », de très bons morceaux avec une pointe de chaleur comme « Out of Mind » et Under the Sun, et sur l’album d’avant « Oshin » avec How long have you known, Oshin et surtout Doused.

remembering you standing quiet in the rain

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Je ne peux nier l’influence de la musique de l’album Disintegration de The Cure, que j’écoute en ce moment, sur les images que je publie aujourd’hui sur ce billet. J’aime encore et toujours mettre en relation images et musiques, et cette musique sombre et pénétrante avec quelques instants de clarté m’inspire cet univers urbain peuplé de nuages noirs qui laissent deviner une lumière hésitante.

Sur cette ambiance, me reviennent en tête les photographies de Christophe et Maki sur Crying Feather, commentateurs fréquents de ce blog il y a de cela quelques années, mais dont la présence sur la toile notamment à travers les photographies de leur site me manquent assez. Le hasard des liens me laissent découvrir le site de Vincent Soulié et notamment les trois séries de photographies noir et blanc qu’il consacre au Japon. J’aime faire ces découvertes de sensibilité, mais elles sont trop rares car j’ai délaissé en grande partie la lecture régulière des blogs. A part celui de Daniel sur Ce monde de rosée, qui me rappelle régulièrement comment écrire. Et le titre de ce billet m’est inspiré par les nombreuses journées pluvieuses sur Tokyo ces derniers jours.

Le souvenir de mars 2011

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Cela fait cinq ans que le grand tremblement de terre de force 9 a frappé le Nord Est du Japon. Les deux photographies ci-dessus ont été prises peu de temps après le tremblement de terre et je les associe dans ma mémoire à ces événements. Ci-dessous un texte que j’ai écrit trois semaines après les événements de Mars 2011, alors que j’avais envie d’écrire, sans jamais l’avoir publié.

Le 11 Mars 2011, je travaillais normalement au 15ème étage lorsqu’un tremblement banal commença. Comme toujours, on se regarde les uns les autres en attendant que le balancement se calme, sauf que cette fois-ci, les tremblements étaient longs et montaient en intensité. Les réflexes sont de se saisir d’un casque et de s’accroupir près du bureau, prêt à se mettre à l’abri dessous. Cela fait des années qu’on nous parle d’un grand tremblement de terre à Tokyo, mais je n’ai jamais eu l’impression pendant ces quelques longues minutes que c’était celui là ou que l’immeuble de 35 étages où nous étions allait faillir. Les portes claquaient pourtant, les tiroirs s’ouvraient. On était balancé et nous pouvions à peine tenir debout. C’était de très loin le tremblement de terre le plus fort que j’ai pu sentir en treize années au Japon. Après quelques minutes, le pic des tremblements passe et j’ai le reflexe d’appeller Mari à ce moment là, avant que la foule se rue sur les téléphones portables pour prendre des nouvelles des proches. Mari et Zoa étaient à Roppongi Hills, au troisième étage dans un restaurant. Les lumières se sont éteintes donc ils sont sortis tous les deux. Les gens descendaient de la tour le visage pâle. Certains réagissaient assez mal, ce qui a contribué à stresser Mari, tandis que Zoa lui était comme si de rien n’était. Ils se sont ensuite déplacés vers le parc Arisagawa, loin des immeubles. Dans ces cas là, il est bon de s’éloigner des tours et des possibles chutes d’objets et de verre.

Quelques minutes après le séisme, nous descendons tous de la tour par les escaliers, les ascenseurs sont bien entendus hors service. Tout le monde se rejoind en bas en essayant d’appeller en vain. On parle en attendant, des fissures sur les parois des escaliers de la tour, on se demande si c’est sûr de remonter. Mais il n’y a pas beaucoup de crainte de ce côté là. Alors que l’on décide de remonter, une réplique assez forte nous décide à rester encore un peu à l’extérieur. Dehors, on voit assez clairement les immeubles bouger les uns par rapport aux autres, c’est assez impressionant.

Mari et Zoa sont toujours à Arisagawa. En début de soirée, je finis tôt pour les rejoindre et rentrer à pied à la maison. On préfère éviter le métro et les lignes ne fonctionnent pas de toute façon. En passant au supermarché, on fait le plein d’eau qu’on se fera livrer en soirée. C’était une très bonne idée car les magasins seront pris d’assaut quelques jours après. En arrivant à la maison, le gaz s’était coupé automatiquement. Quand les tremblements dépassent une magnitude 5, un dispositif de coupure automatique se déclenche. En regardant les news, on comprend l’amplitude du séisme au large de la préfecture de Miyagi, de force 8.9 transformé en M9 et les dégats du tsunami qui suivit. C’est une situation qui parait incroyable, voir une vague de plus de 10 mêtres avancée sans rien pour l’arrêter sur les terres. Toutes les chaines de télévision ne montrent bien entendu que ces évènements dramatiques. On ne peut s’empêcher de regarder même si on veut éviter de trop montrer ces images à Zoa. On comprendra plus tard qu’il se souvient assez bien des évènements, sans l’aspect dramatique du Nord du Japon bien entendu. Ca parait irréel pour un pays comme le Japon préparé à ce type de catastrophe. Certainement très bien préparé pour un séisme, mais un tsunami est une force encore plus brutale difficile à contenir. Notre frayeur à Tokyo cet après midi de Mars parait bien ridicule par rapport à ce qui s’abat sur le Nord Est du Japon.

Le week-end qui suit commence en regardant par intermintence les news à la télévision qui continuent à montrer de nouvelles images des dégats avec un conteur de disparus qui augmente tous les jours. On comprend que beaucoup de personnes ont disparus, avalés par l’océan et qu’il faudra des jours et des jours pour dresser un bilan. L’accès sur les lieux est rendu très difficile par les débris de maisons, les carcasses de voitures. C’est un drôle de mélange. On ne voit pas de corps, je ne sais pas si la télévision les efface ou évite des images chocs inutiles ou s’il s’agit de la vérité. Petit à petit, on nous donne plus de détails sur les situations des villes côtières dévastées. On parle de villages de plus de dix milles habitants disparus, on voit des images prises au téléphone portable alors que la vague approche et que les gens sur la route hésitent encore à s’enfuir. On nous raconte aussi quelques histoires de survivants, accrochés au poteaux électriques, ils ont réussi à échapper à la mer. Et pendant ce temps, le conteur monte toujours alors que l’on voit les secours s’organiser et les survivants gagnés les abris pubics.

Le dimanche, une nouvelle peur nous envahit. Après le séisme et le tsunami, une troisième catastrophe s’enchaine, les centrales nucléaires, celles de Tokai, Fukushima et Onagawa. Elles sont toutes proche de la côte et ont été affectés par le séisme et tsunami. Les situations de Tokai et Onagawa se confirment assez rapidement comme stable ou en passe de l’être, mais le cas Fukushima sera un calvaire. Quatre réacteurs de Fukushima-1 monopolisent presque toutes les attentions de l’après séisme…

KICK IT!

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Allez savoir pourquoi, l’envie m’a pris soudainement d’écouter Paul’s Boutique des Beastie Boys, un album datant de 1989. Je ne connaissais pas vraiment cet album jusqu’à maintenant, alors que je me décide finalement à l’écouter d’une oreille attentive. Je connais les Beastie Boys à travers différents morceaux comme Sabotage ou Intergalactic que J’écoutais à l’époque, respectivement en 1994 et 1998. J’avais même acheté l’album Hello Nasty en 1998, peu de temps avant de bouger à Tokyo (rassurons nous, ce n’est pas le clip de Intergalactic qui m’a poussé à venir habiter à Tokyo). Je n’ai pas une oreille très propice au Hip Hop mais je savais que cet album Paul’s Boutique était une pièce clé du Hip Hop américain pour la densité de ses samples, sur lesquels vient se superposer le flot des voix aiguës et inarrêtables. C’est un disque que j’aurais aimé découvrir il y a 25 ans, mais mon ouverture à la musique alternative ne s’est fait que quelques années après au tout début des années 1990. Je le découvre maintenant et cette écoute m’est passionnante.

bb-pboutiquePhotographer Shatan about Paul’s Boutique (Monowolf | Lo and Behold!)

Le son Hip Hip inspire ma marche dans les rues de Daikanyama. Je dirige l’appareil photo vers les murs, panneaux, lampadaires propices aux autocollants en tous genres. On voit les mêmes autocollants et dessins un peu partout dans les rues du quartier, notamment cette petite tête blonde en jupe bleue. Il y a aussi ces tracés rouges et noirs sur le béton de Chemetov. En y regardant d’un peu plus près, j’y vois presqu’un visage. En observant ces amas de stickers à certains endroits, je me suis souvent dit que je fabriquerais bien mon propre sticker basé sur Made in Tokyo pour le coller à un endroit de Daikanyama ou Shibuya (plutôt Daikanyama), histoire de voir combien de temps il reste en place. Sur la troisième photographie, on devine devant le photographe en ombrage une fresque au sol, malheureusement presque effacée. Sans surprise, on trouve cette fresque devant un magasin de Skate Board. La première et la dernière photographies montrent deux intéressants moyens de locomotion. Le vélo de piste posé juste devant les studios du samurai designer Kashiwa Sato doit certainement appartenir à un des créatifs du studio. La Renault Alpine de la dernière photographie est plus rare. Elle était stationnée non loin de la gare de Ebisu.