NI/O at 3331 Arts Chiyoda

Nous allons l’après midi du dimanche 13 Janvier faire un tour à l’exposition NI/O ayant lieu à la galerie 3331 Arts Chiyoda du 6 au 14 Janvier 2019. À vrai dire, je ne connaissais pas cette galerie avant que Mari m’en parle, mais en regardant d’un peu plus près le site de cette galerie, j’apprends que cet espace était autrefois une école. Il s’agissait du collège Rensei qui a fermé ses portes en Mars 2005. Il faudra attendre cinq ans, en Juin 2010 donc, pour que cette galerie 3331 Arts Chiyoda y démarre ses activités. En fait, bien que je n’y sois jamais allé, cet endroit me dit quelque chose. En me creusant un peu la mémoire, je me souviens qu’une foire d’art indépendante appelé 101TOKYO Contemporary Art Fair avait eu lieu dans une ancienne école en 2008. Il s’agissait de cette école Rensei. A l’époque, cette nouvelle foire d’art se voulait plus indépendante et axée sur les nouveaux talents, par rapport à la foire existante Art Fair Tokyo, qui se déroule au Tokyo International Forum de Yurakucho et qui est beaucoup plus ancienne et établie. La première édition de 101TOKYO fut établie par un petit groupe de personnes à majorité non japonaise, et n’a malheureusement pas tenu les années. L’édition 2009 n’a pas eu lieu dans le même collège Rensei pour des raisons de disponibilité, et ce fut la deuxième et dernière édition de cette foire alternative d’art contemporain, puisque la version 2010 n’a jamais eu lieu. Ceci étant dit, 101TOKYO est en quelque sorte précurseur de la galerie actuelle 3331 Arts Chiyoda.

Le nom de la galerie « 3331 » correspond un rythme traditionnel de frappement de mains appelé Edo Ippon Tejime. On frappe trois fois dans ses mains trois fois de suite espacées par une courte pause, pour conclure sur un unique frappement de mains final. Ce frappement de mains est traditionnellement utilisé lors de célébrations ou pour se féliciter ensemble d’une tâche bien accomplie. Ce rythme datant de l’ère Edo est très naturel au Japon et a une signification très positive. Ce nom utilisé pour cette galerie entend transmettre cette idée de positivité. La galerie a pour ambition de briser les barrières qui peuvent rendre difficile l’accès aux musées. En ce sens, l’entrée de cette galerie est un grand espace ouvert qui facilite grandement son accès. Le fait que cette galerie était autrefois une école et qu’elle en a toujours l’apparence, fait que cet espace s’intègre plus facilement comme un élément à part entière du quartier, un peu comme le musée Hokusai attaché à un jardin public avec des jeux pour enfants.

Pour revenir à notre visite, nous connaissons, sans l’avoir jamais rencontrée, une étudiante de l’école des Beaux Arts de Tokyo Geidai qui expose avec un groupe de 50 élèves de son école pour cette exposition NI/O. Il s’agit de la grande sœur d’un bon copain de classe de Zoa. L’exposition couvrait seulement les œuvres des étudiants de troisième année du département de peinture à l’huile, le même département où étudiait Mari à l’époque. Cette exposition NI/O est en quelque sorte une continuation du travail montré pendant la fête-matsuri de l’école appelée Geisai, que nous avions été voir en automne de l’année dernière. NI/O signifie New Input / Output. Les étudiants artistes organisent leur espace d’exposition comme un mini atelier et viennent y faire développer leurs œuvres en cours de création. Le Input est l’apport amené par le visiteur lors de sa visite et le Ouput est le résultat altéré qui en découle. Je ne suis pas certain quelle est l’influence réelle du visiteur sur les œuvres en cours de création, surtout que les étudiants artistes ne sont bien sûr pas présents en permanence. En fait, un des principes de l’exposition est qu’on donne à chaque visiteur un crayon à papier et un petit carton sur lequel on peut écrire une impression ou un commentaire adressé à un ou une artiste. On accroche ensuite le petit carton près d’une des œuvres ou près du plan de travail de l’artiste. Là est certainement la manière d’interagir avec l’artiste quand il ou elle n’est pas présent. Un peu comme au matsuri Geisai, la qualité des œuvres est variable, mais il y a, je trouve, beaucoup de choses intéressantes. C’est souvent brouillon mais certaines œuvres sont empreintes de la force de la jeunesse. On y trouve des peintures plus classiques comme cette jeune fille endormie sur un sofa jaune qu’on retrouve d’ailleurs placé juste devant l’œuvre, comme s’il était sorti de la toile. Cette association est intéressante. L’étudiante artiste que nous connaissons, Kaneko Mizuki, crée des peintures très délicates représentant des traces d’objets, floues et diluées comme un nuage. Zoa y mettra un petit mot d’encouragement écrit sur un des papiers en carton.

Dans cette exposition, la disposition des œuvres et du plan de travail nous font parfois rentrer dans l’intimité de l’artiste. Certaines des œuvres sont des installations amusantes comme cette bicyclette carénée de lamelles de bois et décorée de petites lumières. Il y a aussi des performances: une artiste debout presque immobile boit verre d’eau après verre d’eau d’une manière tout à fait stoïque, une autre habillée d’une tenue traditionnelle marche dans les salles de l’exposition et interpelle parfois les gens. Zoa se fait surprendre. Quand cette artiste appelée Hada Acre 肌エーカー voit que Zoa la regarde, elle s’arrête brusquement et lui adresse la parole. Elle propose aux visiteurs interpellés de réfléchir à un souhait pour le futur qu’ils pourront écrire eux mêmes sur l’avant bras de l’artiste. L’artiste au visage couvert de blanc scande ensuite quelques mots qui seront sensés concrétiser ce souhait dans le futur. Sa façon de parler laisse penser qu’elle travaille dans un sanctuaire ou un temple à ses heures perdues. On est tout d’abord interloqué par cette démonstration mais ça fait partie de l’interactivité souhaitée pour cette exposition. L’exposition se veut être la représentation d’une ville en mouvement. On trouve un peu cela car certains artistes ont construit leur espace de travail comme des petites maisons en forme de cabane. Mais dans l’ensemble, on a du mal à se représenter cette ville en éternelle mouvement qui est indiquée comme point d’orgue de l’exposition. Il s’agit plutôt d’une combinaison d’espaces artistiques indépendants, mais qui ne convergent pas vraiment vers l’image unifiée d’une petite ville. Ça ne rend pas pour autant l’exposition inintéressante et j’ai apprécié découvrir cette galerie d’un style très particulier.

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