au musée d’Art de Yokosuka

Le week-end de trois jours était riche en mouvement car nous sommes allés à Yokosuka le dimanche et à Kawagoe le lundi férié. C’est assez rare d’avoir des journées du week-end non occupées par les activités du petit. On en a donc profité pour sortir un peu de Tokyo en voiture. La neige tombée le samedi a vite disparu dans la journée et s’est fait très vite oublier dès le dimanche. On l’attendait de retour le lundi mais elle s’est fait plutôt rare sur Tokyo.

Le dimanche, nous partons en fin d’après-midi vers Yokosuka, ville portuaire de la péninsule de Miura au delà de Yokohama, dont le nom est souvent associée à la base militaire américaine qui y est installée. Ce n’était pas le but de notre déplacement, car nous allions plutôt visiter le Yokosuka Museum of Art, se situant à l’une des pointes de la péninsule en dehors de la ville, dans le parc Kannonzaki. Il est assez facile d’accès depuis Tokyo car l’autoroute nous amène tout près du musée en un peu plus d’une heure. L’exposition du moment montrait une collection d’affiches de films créés par l’artiste japonais Hisamitsu Noguchi. Il s’agit principalement d’affiches de films étrangers, beaucoup de films des années 30, 40 ou 50 notamment français comme Jeux Interdits, Pépé le Moko ou Les 400 coups. Noguchi créait en fait les versions localisées en japonais de ces affiches de films occidentaux. A vrai dire, nous n’avons pas fait le déplacement à Yokosuka pour voir cette exposition en particulier, mais plutôt pour voir l’océan pacifique d’un peu plus près et surtout, en ce qui me concerne, pour découvrir le bâtiment du musée dessiné par l’architecte japonais Riken Yamamoto en 2007. Ce complexe de verre et de béton est superbe dans son design et sa construction. Il est composé pour sa partie principale d’un bloc blanc arrondi au niveau des arêtes et percé de nombreuses ouvertures arrondies. Ces ouvertures rondes semblent être creusées de manière aléatoire pour la plupart d’entre elles, mais certaines sont fonctionnellement placées en ouverture principale du musée ou en passage d’accès vers la terrasse du toit, accessible à travers un escalier en colimaçon. L’espace intérieur est dominé par la blancheur qui offre un contraste fort avec les œuvres d’art présentées, notamment les sculptures et installations. On ne pouvait malheureusement pas prendre en photo les œuvres contemporaines de la collection permanente du musée. Le bloc arrondi blanc composant l’essentiel du musée est lui-même enfermé dans un caisson de verre légèrement teinté. Il y a quelques dépendances de béton autour du musée auxquelles on accède par une allée extérieure. Nous avons déjeuné dans le restaurant au rez-de-chaussée du musée donnant une très belle vue sur l’océan. On regarde les énormes tankers entrer et sortir de la baie de Tokyo, tout en dégustant une cuisine italienne composée de produits de la mer. Le problème est que le musée est à l’écart de la ville et qu’il y a assez peu de restaurants autour. Il aura fallu attendre jusqu’à 14h45 pour pouvoir déjeuner, vue la file d’attente. Nous avons visité l’exposition des affiches de Noguchi pendant ce temps là. Les expositions temporaires du musée sont montrées dans trois galeries d’exposition au rez-de-chaussée au centre du bloc blanc aux bords arrondis, tandis que la collection permanente se trouve au premier sous-sol dans un espace périphérique ouvert jusqu’au plafond du bloc. Depuis l’entrée ronde du musée, on traverse par une mince passerelle cet espace ouvert du sous-sol au plafond, comme si on traversait une fosse. Depuis la fosse au sous-sol, l’espace blanc est magnifique. On ne peut malheureusement pas prendre de photos depuis le sous-sol où se trouve la collection permanente. C’est bien dommage, car j’aurais vraiment voulu garder en mémoire numérique ce sentiment d’espace blanc et pur. Au deuxième étage (japonais) du musée, on trouve une bibliothèque et un espace carré en escalier avec quelque chaises. Je me suis d’abord demandé à quoi correspondait cet espace, mais je me suis vite rendu compte qu’il s’agissait en fait d’une salle de projection. Je n’ai pas pu vérifier mais je pense que le mur blanc immaculé en face sert d’écran de projection. Cette utilisation de l’espace est bien pensée. A travers l’escalier en colimaçon, on peut monter sur le toit du musée. Ce toit n’est pas posé à même le bloc blanc, mais surélevé par une multitude de tiges d’acier peintes en blanc refermant le caisson de verre. Ce toit est également composé de carrés de verre. Une grille d’acier tout en courbe est placée au dessus pour permettre aux visiteurs de se promener et de voir l’océan au loin. Comme le musée est un peu excentré, il y a assez peu de monde, ce qui rend ce lieu tranquille et agréable. C’est une belle découverte pour les amoureux d’architecture.

Je ne connaissais pas cette partie de la péninsule de Miura du côté de la baie de Tokyo. Depuis Ōfuna, nous allons souvent jusqu’à Hayama, également sur la péninsule de Miura mais du côté Shonan. Je ne m’étais jamais rendu compte que Hayama était relativement proche de Yokosuka. Sur le chemin du retour vers Tokyo, nous traversons d’abord la ville de Yokosuka en recherchant distraitement où se trouve l’entrée de la base américaine. À certains égards, Yokosuka me rappelle un peu Okinawa où l’on trouve également des bases américaines. On constate la même concentration de restaurants, bars ou magasins anglicisés à l’approche de l’entrée de la base. Alors que nous étions arrivés à Yokosuka par les terres en passant près de Yokohama, nous empruntons une autre autoroute pour rentrer vers Tokyo. Nous passons par la Yoko Yoko Road, une vaste autoroute à trois voies reliant les deux Yoko (Yokosuka et Yokohama) et qui se transforme ensuite en l’autoroute métropolitaine Bayshore Route. Cette autoroute est assez grandiose, car elle passe par le grand pont Yokohama Bay Bridge et vient ensuite sauter d’île artificielle en île artificielle jusqu’à l’aéroport de Haneda. Cette autoroute est techniquement placée au dessus de l’océan car elle se trouve au plus près de la côte sur des zones de polders gagnées sur la mer. Lorsque l’on se trouve au milieu du Yokohama Bay Bridge, la hauteur et la vue sur les lumières de Yokohama sont impressionnantes. Avant Haneda, nous traversons des zones portuaires et des zones industrielles où se trouvent notamment des raffineries que l’on avait pu voir il y a quelques années en bateau depuis Yokohama. Les hautes cheminées crachant leur fumée dans la nuit à côté des monstres mécaniques des raffineries plantent un decor de science fiction quasi apocalyptique. Depuis Haneda, nous rentrons dans le centre de Tokyo en passant par le Rainbow Bridge, le deuxième étage du pont où passe l’autoroute. Nous sommes là encore très haut sur la baie et la vue sur la barrière lumineuse de buildings de Tokyo est imprenable. Comme je conduis, je ne peux malheureusement apprécier cette vue que furtivement. Un jour peut être, j’installerais une petite caméra pour capturer en images les voyages au dessus de Tokyo, dans les hauteurs des voies express surélevées. Le lendemain, nous reprenons la route mais dans la direction opposée, vers Saitama. Ça sera l’objet d’un prochain billet.

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