passage éclair à Sengakuji

Devant la station de métro de Sengakuji, une voiture noire de type américaine est arrêtée au feu rouge sur la voie tournant à droite en direction de Shinagawa. Nous sommes arrêté derrière en voiture, mais elle ne démarre pas quand le feu passe au vert. Je ne me précipite en général pas pour klaxonner car on ne sait jamais qui est au volant. Mais comme l’attente se faisait un peu longue, j’ai fini par donner un premier coup de klaxon qui ne provoqua pas de réaction. La voiture noire au croisement de Sengakuji ne bouge pas d’un centimètre malgré mon coup de klaxon. Je m’apprête à lancer un deuxième avertissement, mais une dame qui était sur le trottoir vient tapoter à la vitre gauche pour nous dire que le chauffeur de la voiture semble endormi au volant de sa voiture au beau milieu du carrefour. Klaxonner ou taper à sa vitre avec insistance n’y font rien car il ne se réveille pas. Un homme au bord de la route est au téléphone, j’imagine qu’il appelle la police pour qu’ils viennent sur les lieux. On contourne la Chrysler break noire en constatant en effet que l’homme, un étranger, a l’air profondément endormi. C’était une situation des plus étranges.

Image de l’attaque nocturne des 47 rōnin, par Utagawa Kuniyoshi (source: The Telegraph Uk).

J’étais venu à Sengakuji pour aller au temple bouddhiste du même nom en espérant assister au festival Gishisai, commémorant les 47 rōnin, qui avait lieu le jour d’avant, le samedi 14 décembre. Je pensais que le festival se déroulait sur le week-end entier, mais il n’avait en fait lieu que le samedi. La place intérieure du temple était entièrement vide à mon arrivée dimanche en début d’après-midi et je n’ai vu du festival que le poster. Ça ne m’a pas empêché d’apprécier les lieux au calme sous le soleil d’hiver. L’histoire des 47 samouraïs, devenus rōnin lorsqu’ils ont perdu leur chef, remonte à l’incident de Akō en 1701. A cette époque, le daimyo Naganori Asano, chef du fief de Akō dans l’ancienne province de Harima (actuellement au sud-ouest de la préfecture de Hyōgo), fut condamné par le shogun Tokugawa Tsunayoshi au suicide rituel, dit seppuku, après avoir blessé Yoshinaka Kira, le maitre des cérémonies de la maison du shogun. L’histoire raconte que le haut fonctionnaire Kira avait manqué de respect envers Asano au point où ce dernier perdit son sang froid en lui portant sa dague au visage. La condamnation à mort suivit cet acte. En conséquence, les 47 samouraïs devinrent orphelins et le domaine de Akō passa aux mains du shogun. Pensant que les samouraïs devenus rōnin essaieraient de venger leur ancien maitre, comme le dicte le code du bushido, Kira prit ses dispositions pour se protéger et surveiller ces 47 rōnin, en particulier leur chef appelé Ōishi Kuranosuke. Ōishi et ses compagnons d’armes mettront deux ans pour méticuleusement planifier leur attaque pour se venger de la mort de leur chef. Ils se savaient surveiller et se sont donc dispersés et convertis en commerçants ou en moines pour brouiller les pistes et endormir l’attention de Kira. Ils étaient bien conscients qu’en tuant la haut fonctionnaire Kira, ils seraient également contraints au seppuku. L’attaque eu lieu le 14 décembre 1702. Les 47 rōnin se retranchèrent ensuite au temple Sengakuji amenant avec eux la tête du haut fonctionnaire Kira pour la placer sur la tombe de leur ancien seigneur Asano. Ils seront plus tard contraints au seppuku et s’exécutèrent le 4 février 1703. Leurs tombes sont alignées au temple Sengakuji devant celle d’Asano. Ils étaient en fait 46 rōnin à s’exécuter ce jour là car le 47ème était parti, aussitôt après l’attaque, annoncer au fief de Akō que la vengeance avait été accomplie. Il sera enterré à sa mort auprès des 46 autres compagnons d’armes. C’est une histoire très connue de la culture populaire japonaise, emblématique du sens de l’honneur et de la loyauté des samouraïs. La page wikipedia sur le sujet est très complète.

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