写真という言葉をなくせ! 

Lorsque la météo est exécrable, j’ai parfois l’envie et le besoin même de déconstruire mes propres photographies. Je suis très certainement influencé par l’exposition que je vais voir dans un musée du quartier de Kitanomaru dans l’arrondissement de Chiyoda.

L’expression « Rendez-nous le ciel bleu! » (青い空をかえせ!) que j’utilise comme titre de ma série printanière dans les préfectures de Fukui et de Kyoto n’est pas de moi mais du photographe Takuma Nakahara (中平卓馬) dont j’ai été voir l’exposition rétrospective Burn Overflow au National Museum of Modern Art Tokyo (東京国立近代美術館) qui se déroulait du 6 Février au 7 Avril 2024. Le titre de ce billet « Débarrassons-nous du mot Photographie! » (写真という言葉をなくせ! ) est également une expression utilisée par le photographe, qui était reconnu pour son approche radicale de la photographie. Après des études en langues étrangères, Takuma Nakahara (1938-2015) commença sa carrière en tant que rédacteur d’une revue d’art, mais décidera assez rapidement à devenir photographe. Il était proche des photographes Shōmei Tomatsu et Daidō Moriyama et du poète et cinéaste d’avant-garde Shūji Terayama (que j’ai déjà brièvement évoqué ici). Il participa avec Yutaka Takanashi, Takahiko Okada et Kōji Taki au mythique magazine Provoke au tout début des années 1970. On le connaît pour son style photographique granuleux, flou et sans mise au point (アレ・ブレ・ボケ) qu’il partage avec Daidō Moriyama, déconstruisant l’approche traditionnelle et conventionnelle de la photographie de l’époque. For a Language to Come (来たるべき言葉のために) publié en Novembre 1970 est son premier livre photographique et une déclaration de ses conceptions photographiques, qu’il remettra d’ailleurs lui-même en compte plus tard. Takuma Nakahara a une personnalité complexe et passera par différentes étapes parfois diamétralement opposées dans son approche photographique. La rétrospective nous montre ces différentes étapes avec notamment ses photographies couleurs. Ma préférence se tourne tout de même vers la radicalité de ses photographies en noir et blanc. Le livre For a Language to Come a été réédité en 2010 et je me souviens avoir beaucoup tourné autour et l’avoir feuilleté de nombreuses fois à la librairie Aoyama Book Center de Roppongi où il était disponible. De Takuma Nakahara et Daidō Moriyama, je garde toujours en tête cette idée de sortir des formats conventionnels photographiques, que j’aimerais pouvoir appliquer plus souvent et à laquelle je m’essaie tout de même de temps en temps à mon moindre niveau d’amateur. J’aime cette idée de casser ses propres codes mais cela reste très difficile à développer et à appliquer.

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