le jour du sake vert à Kyōtei

Le ryokan et restaurant Kyōtei (京亭) que je montre en photographies ci-dessus est situé dans la petite ville de Yorii dans la préfecture de Saitama et a été utilisé comme lieu de tournage de la vidéo du morceau Ryokushu (緑酒) de Tokyo Jihen, sortie le 13 Mai 2021, quelques jours avant l’album Music (音楽). La beauté de cette vidéo réalisée comme d’habitude par Yuichi Kodama m’avait tout de suite interpelée au point où j’avais tout de suite recherché sur internet quelle était cette vieille demeure servant de lieu de retrouvailles pour les membres de Tokyo Jihen. Le single Ryokushu a eu beaucoup de succès et est un des morceaux emblématiques de l’album Music et de Tokyo Jihen, non seulement pour la qualité du morceau en lui-même mais aussi, je pense, grâce à cette vidéo (cette vidéo est de très loin la préférée du fan club Ringohan) . Aux yeux des fans, voir le groupe se retrouver dans une ambiance joviale marque réellement la réformation du groupe après 8 longues années d’inactivité. Cette vidéo a par conséquent une signification particulière qui m’a depuis le début donné envie d’y aller. Il m’a fallu un peu de temps pour me décider mais cette Golden Week semblait être le bon moment. Nous n’avions pas dans l’idée d’y passer une nuit mais plutôt d’y déjeuner. Je téléphone d’abord quelques jours avant notre visite pour réserver une table, en pensant que ça devait être déjà pleinement réservé depuis longtemps en cette période de vacances, sachant que le ryokan se trouve dans une zone plutôt touristique à proximité de Nagatoro dans la région montagneuse de Chichibu. Par une chance inespérée, une table restée libre nous attendait. Réservation faite pour 12h30, nous voilà partis le Mercredi 4 Mai vers 9h30 du matin.

Un trajet normal depuis le centre de Tokyo jusqu’à ce coin reculé de Saitama par l’autoroute Kan-Etsu (関越道) prend normalement de 1h30 à 2h. En partant assez tôt, on pensait pouvoir se promener au bord de la rivière Arakawa près du ryokan avant d’aller déjeuner. C’était sans compter les aléas de la Golden Week, qui est, d’autant plus, « normale » cette année, c’est à dire sans état d’urgence incitant les gens à rester chez eux. Il nous aura fallu trois heures de route pour arriver jusqu’à Yorii, en changeant de stratégie en cours de route, alternant autoroute encombrée et routes nationales tout aussi encombrées. Depuis quelques mois, voire plus d’un an, j’ai développé une capacité d’attente et de prise sur soi que je n’avais pas auparavant. Je suis maintenant en mesure d’attendre au milieu d’une file de voitures qui n’avancent pas avec le sourire. Contrairement à ce que pensait Mari, je n’ai pas volontairement passé en boucle en voiture l’album Music sur lequel se trouve Ryokushu, car je ne voulais pas associer dans mon esprit la musique de cet album avec des embouteillages interminables. Mais la radio a pris le relai en le passant soudainement, ce qui m’a d’ailleurs surpris car le morceau sorti l’année dernière n’est plus tout à fait récent. L’animatrice radio se trompe d’ailleurs dans le titre en annonçant le morceau avec le nom « Midori no Sake » (緑酒, Sake vert) plutôt que Ryokushu, qui est en fait une autre manière de prononcer les mêmes kanji. Je comprends à ce moment là que c’était volontaire car nous sommes aujourd’hui, le 4 Mai, le jour du Vert (autrement dit, de la nature) ou « Midori no Hi », et que la station de radio que nous écoutons à ce moment là sélectionnait volontairement des morceaux ayant un lien avec la couleur verte. Je me dis que nous avons très bien choisi notre journée pour cette visite des lieux du tournage de Ryokushu. Nous arrivons sur place à 12h30 exactement, ce qui démontre de ma part une maitrise parfaite du timing. Je reconnais tout de suite l’entrée de ryokan que l’on voit dès le début de la vidéo. Une dame nous accueille et nous amène jusqu’à la pièce où nous mangerons.

Kyōtei était autrefois la demeure de Kōka Sassa (佐々紅華), compositeur japonais né en 1886 et mort en 1961. Il a composé de nombreuses chansons, écrit le scénario d’un opéra mais était à l’origine graphiste, diplômé du département de design industriel de l’école Tokyo Institute of Technology (le campus actuel se trouve près de la station d’Ōokayama à Tokyo). Comme il était mélomane depuis son plus jeune âge, il a également passé les examens de l’académie de musique de Tokyo (actuellement le département musique de l’université des Beaux Arts), mais n’a pas poursuivi cette voie. Son attrait constant pour la musique l’a pourtant poussé vers des travaux de design destinés au monde de la musique. Il a d’ailleurs dessiné un logo intéressant pour la compagnie de disques Nipponophone (日本蓄音器商会) fondée en 1910 (et sous le nom actuel Nippon Columbia), représentant un bouddha écoutant un gramophone, inspiré par le chien du label musical His Master’s Voice (HMV ou La Voix de son Maître, historiquement dans le groupe anglais EMI). En 1913, Kōka Sassa se lança dans l’écriture de comptines puis en 1917 écrit un opéra se produisant à Asakusa. Il a ainsi fondé l’opéra d’Asakusa. Il continuera ensuite à écrire des chansons au sein de Nippon Victor puis Nippon Columbia. En 1931, commence la construction de sa maison de style sukiya à Tamayodo dans la ville de Yorii, l’actuel ryokan Kyōtei. Il en dessine les plans et supervise la construction en vivant sur place dès l’année suivant le début des constructions. Il faudra en tout cinq années pour construire le bâtiment actuel. Il a vécu dans cette maison jusqu’à sa mort le 18 Janvier 1961. Après sa mort, sa petite fille, Yasue Sassa, devient propriétaire et convertit cette résidence en un ryokan. Des personnalités viendront y séjourner, comme par exemple l’auteur Shōtarō Ikenami (池波正太郎).

Le bâtiment semble être entièrement préservé en l’état avec seulement quelques aménagement récents, ce qui donne à ce ryokan beaucoup de charme. J’imagine que préserver un bâtiment de cette taille ne doit pas être aisé. Le rez-de-chaussée sert de salles de restaurant. Il n’y a qu’un seul menu, avec des variations, à base de poisson Ayu cuisiné de différentes manières. Le repas était excellent, d’autant plus que l’on déjeune en ayant une vue sur le jardin, en regardant la lumière du printemps traverser les jeunes feuilles d’érable momiji. Cette ambiance paisible est bien agréable comme si le temps s’arrêtait pour un après-midi. Sur le site web du ryokan, il est d’ailleurs écrit qu’il s’agit d’un espace pour oublier le temps (時間を忘れて過ごす空間). Au cours du repas, il fallait bien qu’on lance le sujet de cette vidéo de Tokyo Jihen avec les dames du personnel du ryokan pour voir si elles étaient disposées à en parler. Le fait de mentionner que j’étais fan de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen (Mari prend toujours un malin plaisir à dire que je suis même membre du fan club) leur apporta même un enthousiasme certain. On nous a donc très volontiers donné quelques détails. On nous dit que le tournage s’est déroulé en une seule journée, le dimanche 25 Avril 2021, avec une équipe de tournage très bien organisée de 60 personnes. La propriétaire du ryokan, qui vient nous servir pendant la deuxième partie du repas, nous explique qu’elle avait d’abord eu des réticences car elle ne voulait pas fermer le restaurant et le ryokan pour une journée entière, mais que la période de crise sanitaire qui a vu une accumulation soudaine d’annulations de réservation a finalement permis ce tournage. Elle nous indique de la main les différents endroits où le tournage a eu lieu: le bain utilisé par Ichiyō Izawa, qui a été refait depuis, le coin de jardin où Ukigumo nous dit qu’il aurait dû venir en train vers la fin de la vidéo et le deuxième étage où les scènes principales ont été tournées. La propriétaire nous indique qu’on pourra visité ce deuxième étage après le dessert et avant l’arrivée à 15h des clients qui y passeront la nuit. J’ai du mal à tenir en place lorsqu’elle nous indique qu’on pourra visiter librement le ryokan pendant presqu’une heure. Elle nous dit que de nombreux fans de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen sont déjà venus ici, parfois habillés du yukata du groupe. Certains sont venus de loin, de l’autre bout du pays, prenant l’avion pour l’occasion avec une petite valise pour se changer en arrivant. Je ne suis pas du tout étonné de cela car les fans de Sheena Ringo peuvent aller très loin. Comme signe distinctif, je me suis personnellement contenté d’un petit badge bleu de Tokyo Jihen accroché sur le col de la chemise. La propriétaire le regarde en constatant qu’il s’agit bien du motif de paon (孔雀) qu’elle a vu sur certains yukata de visiteurs. Ce ryokan deviendrait pratiquement un lieu de pèlerinage pour les fans. J’ai moi-même ressenti cette envie irrésistible de venir jusqu’ici malgré le long trajet aller-retour en voiture.

Après le dessert, nous montons donc à l’étage où je retrouve la salle principale en tatami dans laquelle Tokyo Jihen prenait leur repas de retrouvailles accompagné de beaucoup de sake. La vue depuis cette pièce est magnifique. On aperçoit le jardin japonais en contrebas et la rivière Arakawa un peu plus bas. Dans la vidéo, Toshiki Hata nourrissait les carpes koi dans le bassin de ce jardin japonais. Je ne résiste pas à l’envie de m’asseoir au coin des fenêtres prenant la pose de Seiji Kameda lorsqu’il boit un verre de sake en attendant que les autres membres du groupe arrivent, ou de m’assoir à la place de Sheena Ringo sur le tatami de la grande salle au deuxième étage. On avait bien entendu revu la vidéo avant de venir et j’essaie au mieux de prendre des photos des endroits que je reconnais. Il n’y avait bien sûr aucun tissu au design de Tokyo Jihen comme sur la vidéo, ni guitares Vox Phantom posées dans un coin. La météo était idéale pour se promener dans le jardin japonais et nous faisons durer notre plaisir jusqu’au bout. Je m’attendais à ce qu’un chat vienne nous dire bonjour, et c’était en effet le cas pendant le repas. Il est passé nous voir en miaulant et à vite disparu dans le jardin. C’est amusant car j’avais eu ce genre de signe (qui est bien entendu une coïncidence) lors de la visite du temple Kishimojin-dō à Zōshigaya utilisé comme lieu de tournage pour Kabukichō no Jōo. On a un peu de mal à partir mais il est déjà l’heure. Nous descendons ensuite au bord de la rivière. Le lieu s’appelle Tamayodo (玉淀). Une bonne partie de la vidéo de Ryokushu y a également été tournée. Je reconnais le grand rocher de l’autre côté de la rivière que l’on voit dans la vidéo. Il doit également y avoir un cerisier au bord de cette rivière mais je ne l’ai malheureusement pas vu. Avec toutes ces images en tête, il nous faudra bientôt reprendre la route, avec l’album Music comme fond sonore. Malgré mes appréhensions car nous avons quitté les lieux à l’heure de pointe des retours vers 17h, il nous a fallu que deux heures pour rentrer sur Tokyo. Il est en fait beaucoup plus rapide de venir en train car il y a une ligne directe reliant Ikebukuro et Yorii en 90 minutes. J’ai pris beaucoup de photos de cette journée et c’était un peu compliqué de faire une sélection. Je montre d’ailleurs quelques autres photos sur mon compte Instagram, ce qui m’a d’ailleurs forcé pour l’occasion à écrire une description un peu plus longue que d’habitude. J’ai tendance à être très bref sur Instagram alors que je dois avoir plus de visiteurs que sur ce blog.

Pour la petite histoire, l’idée d’aller visiter le ryokan Kyōtei m’est revenu en tête après avoir vu la vidéo du morceau Matsuri (まつり) de Fujii Kaze (藤井風). Elle se déroule dans un parc qui a l’air magnifique appelé Rinkōkaku (臨江閣) près de Maebashi dans la préfecture de Gunma. Voir Kaze évoluer dans un des bâtiments traditionnels en bois du parc m’a en quelque sorte rappelé la vidéo de Ryokushu. Je pense que j’aime autant ce morceau Matsuri que je trouve Fujii Kaze agaçant. L’envie d’écouter ce morceau m’est aussi venu après avoir vu une interview de son producteur Yaffle par un autre producteur, Seiji Kameda, sur l’émission Wow Music que j’ai déjà évoqué plusieurs fois auparavant. J’ai également lu une très bonne interview en anglais de Yaffle par Patrick Saint Michel, sur le site de Billboard. Cette dernière interview contenait un lien vers la vidéo du morceau Matsuri de Fujii Kaze. Ce morceau a fait partie de ma playlist pour les trajets en voiture pendant cette Golden Week, tout comme l’excellent morceau intitulé Plateau (プラトー) de Sakanaction (サカナクション). Je ne suis pas sûr d’écouter leur album en entier mais la manière de chanter les couplets d’Ichirō Yamaguchi sur ce morceau me fascine complètement. Et le petit passage saccadé de guitare au milieu du morceau me rappelle ce que Kida pourrait jouer sur un morceau de Tricot.

Et pour revenir vers Tokyo Jihen, j’inclus également dans ma playlist la nouvelle version du morceau Shiseikatsu (私生活 新訳版) de leur troisième album Variety (娯楽 バラエティ) sorti en 2006. Les musiques de cette nouvelle version sont différentes de la version originale mais il ne s’agit pas non plus d’un remodelage complet du morceau. On peut légitimement se demander la raison de la sortie soudaine, le 1er Mai, de cette nouvelle version. Au moment de la sortie du Best Album Sōgō (総合), Tokyo Jihen avait en fait joué ce morceau le 24 Décembre dans l’émission Music Station Ultra Super Live 2021 (ウルトラスーパーライブ2021), d’où l’envie peut être de sortir cette version de manière officielle. Cette version retravaillée n’est pas meilleure que l’originale, mais je me surprends à beaucoup l’apprécier et l’écouter au milieu de ma playlist juste avant le morceau Matsuri de Fujii Kaze. Je prends en quelque sorte l’habitude de faire cohabiter Tokyo Jihen avec Fujii Kaze car on pourrait s’attendre à une collaboration si Sheena Ringo prend en compte les avis du fan club lors de la dernière enquête (j’en doute personnellement, mais je peux me tromper). L’illustration du single montrant la tour de Tokyo est empruntée au livre Tokyo Kenbutsu (東京見物) de feu Makoto Wada (和田誠). Je ne suis pas vraiment surpris que Sheena Ringo fasse ce choix. Makoto Wada était également le designer du packaging de Hi-lite, qui est (ou était) sa marque de cigarettes depuis toujours. J’en parlais rapidement dans un billet précédent au moment de la sortie du morceau Hotoke dake Toho (仏だけ徒歩) et de sa vidéo.

Kadokawa Culture Museum (b)

Continuons, avec d’autres photographies, la visite du Kadokawa Culture Museum et de ses alentours. On peut visiter le musée à des heures prédéfinies au moment de la réservation. On ne peut pas se pointer là bas et espérer y acheter des places, il faut réserver à l’avance comme dans la plupart des musées à Tokyo ou aux alentours (j’imagine que c’est aussi le cas ailleurs au Japon). Ceci a l’avantage de limiter le nombre de personnes qui visitent simultanément mais demande un minimum de préparation à l’avance ce qui n’est pas toujours notre fort. Nous avons plutôt tendance à décider de ce qu’on va faire dans la journée du week-end, le matin après le réveil. Pour ce qui est du Kadokawa Culture Museum, nous avions quand même préparé notre visite quelques jours auparavant. Nous n’avons pas visité l’exposition du moment Ukiyo-e Theater from Paris, car nous avions déjà déjà vu quelque chose d’à priori similaire à base de projections d’ukiyo-e. Il ne faut par contre pas manquer la bibliothèque ressemblant à un labyrinthe avec des livres et objets posés un peu partout. J’aime beaucoup cette impression de fourmillement, d’abondance de connaissance. Des mini-galeries se cachent à certains endroits de cette bibliothèque. L’espace le plus emblématique de cette bibliothèque possède un plafond de 8 mètres de hauteur avec des rangées de livres posées sur des étagères jusqu’au plafond. Le groupe YOASOBI avait interprété dans cette bibliothèque un de leurs morceaux pour l’émission Kōhaku de la NHK du réveillon 2021. J’avais en tête un espace plus grand et il me semblait plus impressionnant à la télévision par rapport à ce qu’on a pu voir en réalité. À quelques dizaines de mètres du musée, un petit coin de forêt est consacré à une installation appelée Acorn forest par Team lab. On y trouve des espèces de gros œufs qui s’illuminent dans la nuit. On peut les toucher et les faire balancer pour qu’ils changent de couleur. Une petite musique un brin mystérieuse accompagne notre route entre les arbres et parmi ces œufs. Il ne faut pas y aller trop tôt car l’ensemble perd beaucoup de son effet quand il ne fait pas assez sombre (comme sur les photos ci-dessus, d’ailleurs). L’ensemble pourrait être merveilleux mais le nombre de personnes marchant dans tous les sens gâchent le côté féerique de la chose. Nous avons au final été un peu déçus, d’autant plus qu’il faut payer un billet d’un peu plus de 1000 Yens par personne pour y entrer. L’endroit est peut-être plus agréable au printemps lorsque les arbres sont un peu plus touffus et permettent de faire moins attention à la foule autour de nous.

Kadokawa Culture Museum (a)

Le Kadokawa Culture Museum (角川武蔵野ミュージアム) est un grand complexe culturel situé à Higashi-Tokorozawa dans la préfecture de Saitama. Il se compose d’un museum d’art, de plusieurs galeries, d’une grande bibliothèque, d’une boutique et d’un café. Le complexe est géré par la société de publication Kadokawa Corporation. On doit le design unique du musée à l’architecte Kengo Kuma (隈研吾). Cette forme de rocher représente l’énergie terrestre surgissant de la surface de la terre. La surface du musée se compose de 20,000 plaques de granit noir et blanc de 70mm d’épaisseur. L’effet massif et la dynamique du bâtiment sont impressionnantes. Le musée se trouve au milieu d’un complexe plus grand appelé Tokorozawa Sakura Town (ところざわサクラタウン) qui se compose, outre le Kadokawa Culture Museum, d’une librairie proposant beaucoup de manga, d’un hôtel prenant pour thème l’animation et d’un sanctuaire appelé Musashino Reiwa Jinja (武蔵野坐令和神社). Il est également conçu par Kengo Kuma. Les murs du plafond à l’intérieur sont couverts de feuilles d’or et illustrés par Yoshitaka Amano (天野喜孝), que l’on connaît surtout pour le character design des jeux vidéos Final Fantasy. Le rocher du Kadokawa Culture Museum est également recouvert d’une illustration géante, un hibou dessiné par l’artiste Tomoko Konoike (鴻池朋子). En écrivant ce nom, je me souviens maintenant qu’elle était une des artistes participant à l’exposition revisitant l’univers de Doraemon, que nous avions visité en Janvier 2018 à la Mori Arts Center Gallery. Le complexe a ouvert ses portes en totalité en Novembre 2020. Je voulais y aller depuis longtemps car j’aime quand l’architecture ressemble à une œuvre d’art.

Le long des rues de Kawagoe

En vingt ans de vie à Tokyo, je n’étais jamais allé à Kawagoe, petite ville de Saitama pourtant proche du centre de Tokyo. On peut s’y rendre en train bien sûr, mais nous y sommes allés en voiture en empruntant l’autoroute, depuis les méandres de la voie express intra-muros Shutoko de Tokyo jusqu’à l’entrée de Kawagoe. L’accès au centre de Kawagoe est assez pratique car on peut stationner sur un parking gratuit à 10 minutes et quelques du centre ville. On appelle Kawagoe la petite Edo (Koedo), car elle a conservé de cette période un certain nombre de maisons sur une rue rectiligne et quelques quartiers autour. Ces anciennes maisons aux toits massifs sont sombres d’apparence. On les appelle Kurazukuri. A part quelques maisons plus récentes par-ci par-là, apparaissant comme des anomalies dans le paysage, la quasi totalité de cette rue a conservé son aspect d’origine. C’est dommage que ce quartier de la ville ne soit pas piéton car la circulation des voitures et des bus sur la rue est assez dense. J’imagine que les rejets d’échappement des voitures ne doivent pas être très bon pour la conservation de ces anciennes maisons. Les vieux bâtiments sont toujours en activité et ont gardé pour la plupart leur caché d’époque. On y trouve des restaurants, des cafés, des pâtisseries japonaises, des magasins d‘ articles traditionnels, des antiquités, des vendeurs de couteaux japonais, ou des babioles plus touristiques. Les touristes sont d’ailleurs assez nombreux dans le quartier, malheureusement allais-je dire car on se bouscule un peu à certains endroits, comme à Kashiya Yokocho, le quartier des confiseurs et près de l’ancienne pendule Toki no Kane, le symbole de Kawagoe. On a assez vite fait le tour de la ville ancienne.

Tout en se demandant par quelle magie ce quartier de Kawagoe a pu rester aussi bien conservé, nous marchons ensuite vers le château de Kawagoe, enfin ce qu’il en reste. A l’emplacement de l’ancien château, on peut visiter le palais Honmaru Goten datant de 1848. Il s’agit de la plus ancienne construction de Kawagoe. Les origines du château du domaine féodal de Kawagoe remonte à l’année 1457, mais il a été largement étendu en 1639 par le seigneur féodal Nobutsuna Matsudaira, un des leaders du shogunat Tokugawa (cette affiliation aux Tokugawa explique certainement l’importance accordée à la conservation des lieux de cette ville au fur et à mesure des années). A l’époque de la restauration de Meiji qui voit le renversement du shogunat Tokugawa, Honmaru Goten fut détruit. On peut visiter aujourd’hui une partie de ce qui a été reconstruit en 1848 par Naritsune Matsudaira. C’est un vaste bâtiment aux décorations simples, avec quelques dessins sur des portes de cèdre et une multitude de portes coulissantes découpant l’espace de tatamis qui ressemble par endroits à un labyrinthe. Le jardin entourant le palais est vaste mais pas spécialement très travaillé. Pendant notre visite, deux chats jouaient à cache-cache dans le jardin. On les suit du regard pendant notre visite. Toutes les portes coulissantes donnant sur le jardin sont ouvertes. Comme on doit se déplacer sans chaussures sur le bois des couloirs du palais, on a un peu de mal à résister à la froideur des lieux sous nos pieds.Nous ne rentrons pas trop tard par peur des bouchons sur l’autoroute du retour, sachant qu’il s’agissait d’un week-end de trois jours. Il nous aura fallu un peu moins d’une heure pour regagner le centre de Tokyo.

Nagatoro

Des fleurs qui font la réputation de la region

Le typhon 19 n’est pas arrivé jusqu’à Tokyo comme prévu, tant mieux, mais a réussi à nous soulager des chaleurs estivales. Marre de Tokyo, non pas vraiment, mais besoin de prendre le bon air (et accessoirement aller récupérer des Ions négatifs qui manquent à Tokyo, à part dans mon frigo). Pour la deuxième fois, je remets les pieds à Nagatoro, haut lieu du tourisme japonais, non, je plaisante et c’est là un des intérêts des lieux, ce n’est pas bondé de monde à se marcher sur les pieds, ce qui est bienvenu vu le décor accidenté.

Nagatoro est une petite bourgade à 2h en train de Ikebukuro, au bord d’une charmante rivière. En bas des falaises, les barques vous proposent un tour des environs par voie fluviale. Les promeneurs trouveront ici un bord de rivière où s’installer les pieds dans l’eau sans avoir le regard gêné par les constructions humaines, si ce n’est la présence de raft et kayak luttant contre le courant. Un endroit tres rafraichissant pour cette fin d’été. Quelques photos sont sur la galerie ci-dessous.