pendant le mankai des cerisiers

Pendant quelques jours seulement, les cerisiers étaient en fleur et les foules étaient de sortie à tous les coins et recoins de Tokyo. Cette année, le pic de floraison, le mankai, tombait en partie pendant le week-end, ce qui nous a donné l’occasion d’aller les admirer à plusieurs endroits. Nous préférons toujours faire hanami en marchant, plutôt que de rester assis dans le froid sur une tâche bleue. Nous sommes revenu à Naka-Meguro, pour constater que la rivière Meguro était prise d’assaut par la foule des marcheurs. Il n’a pas de place le long de la rivière pour s’arrêter, et on avance donc pas à pas porté par le flot. Le tunnel de fleurs sakura s’est bien formé au dessus de la rivière et cela donne vraiment un bel effet. Depuis la station de Naka-Meguro, nous marchons jusqu’au petit pont rouge piéton. La foule se fait plus diffuse à ce niveau là, sauf sur ce pont rouge où il faut faire très attention de ne pas se prendre une perche à selfie en pleine figure. Juste à côté, on construit un grand bâtiment de béton. Je ne sais pas s’il s’agit d’une résidence privée, d’une salle d’exposition ou d’un bâtiment public, mais ce bloc de béton est très bien placé en plus d’être très joliment fini.

La première photographie de ce billet a été prise sur la rue Meiji depuis la passerelle piétonne de Shibuyabashi lorsque l’on regarde en direction de Hiroo. Marcher de Shibuyabashi vers Tengengibashi est également une jolie promenade pour admirer les sakura. Je n’ai pas pris de photos, mais nous aimons beaucoup aller voir du côté de Ark Hills sur la petite route recouverte de cerisiers entourant le complexe. Nous y passons à chaque fois au ralenti en voiture, tout comme au cimetière de Aoyama, ou sur la rue traversant Tokyo Mid-Town ou encore celle derrière Roppongi Hills. Au fur et à mesure des années, nous nous sommes défini un parcours que nous ne manquons pas de suivre. Le problème est qu’il est bien entendu difficile de prendre des photos en conduisant, et je me contente dons de l’impression du moment. Je ne suis pas mécontent des photographies de ce billet, mais en général, c’est assez difficile de rendre en photo la beauté des cerisiers, car cette beauté vient de l’accumulation et de la densité des fleurs que l’on a du mal a capturer dans toutes leurs splendeurs.

Les deux dernières photographies sont prises à Ebisu, tout près d’un restaurant de Udon que l’on apprécie tout particulièrement. Le passage de la pluie commençait déjà à faire tomber les fleurs de cerisiers sur le sol. Le spectacle des cerisiers en fleur se termine souvent brusquement par pluie et bourrasque de vent, histoire de garder le phénomène le plus éphémère possible.

l’expérience de la distance

羽田 Haneda, Mar-2017. Un décor spatial à l’intérieur du terminal domestique numéro 2.

根津 Nezu, Avr-2016. Un oiseau ou un avion fait l’expérience de la distance dans le ciel de Nezu.

下北沢 Shimo-Kitazawa, Mar-2017. Voyage à la plage.

渋谷橋 Shibuyabashi, Mar-2017. Watching the street everyday.

恵比寿 Ebisu, Mar-2017. Cute skull sur la rue Komazawa.

univers en disparition

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Des univers en disparition ou en révélation, selon l’envie. Je reprends mes couvertures nuageuses qui parasitent les images par zones pour les rendre presque indéchiffrables.

Cela fait maintenant plusieurs semaines que j’écoute le nouveau LP de Frank Ocean intitulé Blonde. Je connaissais Frank Ocean par quelques morceaux de ses 2 albums précédents, notamment le monumental pyramids sur Channel Orange ou Song for Women sur nostalgia,ULTRA. Déjà, j’aimais cette voix changeante et cette originalité de la composition musicale. L’album Blonde est meilleure que les précédents à mon avis. Dans un tout autre style, j’écoute aussi beaucoup le dernier album de Crystal Castles intitulé Amnesty (I). Bien que sans Alice Glass, le style musical tout en expérimentations bruitistes électroniques ne vient pas dépareiller avec les albums précédents. Certains critiquent ce manque de changement ou de remise en question, mais personnellement, j’aime retrouver ce son si caractéristique de Crystal Castles et Edith Frances s’en sort très bien (ne serait ce qu’en visionant la vidéo Concrete). Dans un style encore différent et beaucoup plus apaisé, j’écoute l’album Ruins de Grouper, superbe pour son piano comme installé dans un jardin à l’extérieur alors que l’orage et la pluie pointent au loin et que la voix de Liz Harris presque effacée vient chuchoter doucement.

the beautiful noise

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Je reprends le titre de ce billet d’un sticker affiché parmi tant d’autres dans un mélange des genres sur un poteau électrique de Daikanyama. En recherchant par curiosité ce à quoi peut bien faire référence ce message « the beautiful noise », je découvre avec surprise qu’il s’agit du titre d’un documentaire sur le mouvement musical rock alternatif underground anglais de la fin des années 80 jusqu’au début des années 90, mixant bruits de guitares, pour composer notamment le style shoegazing. Tiens donc, c’est une sacré coincidence car c’est ce mouvement musical qui me (re) fascine en ce moment. Le documentaire nous parle donc de My Bloody Valentine, Ride, Slowdive, Chapterhouse, que j’écoute beaucoup en ce moment, ainsi que d’autres groupes comme Cocteau Twins ou The Jesus and Mary Chain. Il faut que je trouve ce documentaire pour le regarder.

J’aime également ce titre, car ce « beautiful noise » dont on parle ici sur ce blog en photographies, c’est également Tokyo. Dans mon photobook « In shadows« , je parlais déjà de « Shoegazing photography » lorsque j’abordais le style que je donne à mes photographies et à mes compositions photographiques. J’ai encore et toujours ce besoin de montrer le trop plein, les enchevêtrements urbains, les superpositions de surfaces (le thème des photographies de ce billet précisémment), la densité trop forte des lieux par rapport à l’espace disponible. Peut être qu’à travers les photographies agencées à ma manière sur le blog, je m’essaie à une tentative de remettre de l’ordre dans cette ville, de rétablir inconsciemment une logique entre les lieux et les choses. Comme dans un monde de bruit, on essaierait d’y deviner et d’amplifier une harmonie et une beauté cachée. Tokyo est un terrain formidable pour ce jeu de recherche.

I was dreaming this world was real

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Espaces lunaires et angulaires, et une échappée belle. Don’t wake up! La chaleur arrive sur Tokyo et les chevauchés à moto que j’aperçois redonnent l’envie. Dans le casque, Isn’t Anything (1988) de My Bloody Valentine et Blood Visions (2006) de Jay Reatard – une association de musiques alternatives comme un rêve et un réveil brutal, comme des espaces lunaires et des lignes angulaires affutées. Dans le casque de moto, on accélère un cran contre le vent, histoire de se placer devant la foule de voitures et d’avoir la sensation de dominer la route. Don’t wake up! En fermant les yeux et en écoutant Nowhere (1990) de Ride, je ressens les courbes de la longue route suivant la rivière Shimanto. Nous allions vite et nous étions seuls, émerveillés par ce monde quasiment irréel.