知り得る幸は、知らぬ不幸でできている

La découverte de nouveaux quartiers est souvent liée aux activités extra-scolaires du fiston qui n’a pourtant plus besoin de moi depuis longtemps pour l’accompagner. Je trouve pourtant de temps en temps l’occasion ou plutôt le prétexte pour l’accompagner jusqu’au quartier où a lieu son activité, ce qui me permet ensuite de marcher pendant une ou deux heures en attendant qu’il termine. En ce moment, je marche beaucoup plus souvent dans le quartier de Meguro. J’ai déjà pas mal exploré Naka Meguro jusqu’au bord de la rue Komazawa, les quartiers de Kamimeguro et Higashiyama jusqu’à Ikejiri-Ōhashi, mais je me suis plus rarement enfoncé dans les quartiers résidentiels de Shimouma par exemple. En marchant dans ces quartiers résidentiels sans fin, on se rend bien compte de l’immensité de Tokyo. On a l’impression que les maisons individuelles s’additionnent les unes après les autres dans un labyrinthe inextricable. Il y a étrangement quelque chose de reposant dans cette immensité apparente. Et au détour des rues du quartier que je visite, je trouve presque toujours des bâtiments à l’architecture intéressante. Les deux premières photographies en sont de bons exemples. Sur la première photo, la particularité du bâtiment qui attire tout de suite mon regard est sa façade couverte dans sa totalité par des vitrages. Lorsqu’on regarde d’un peu plus près, on remarque l’agencement particulier au sol cherchant à utiliser au maximum l’espace disponible quitte à créer des formes très irrégulières. Sur la maison de la deuxième photo, la surface frontale de béton donnant sur la rue est plutôt classique tandis que sa particularité vient de l’arrière, d’une rondeur parfaite comme un morceau de lune.

A quelques mètres seulement de là, une résidence m’attire pour sa couverture de grillage délimitant les balcons. Il s’agit de Komatsunagi Terrace par l’architecte Mitsuhiko Sato, une résidence construite en 2012. Les façades sont pratiquement entièrement faites de baies vitrées. Ce qui m’étonne le plus sur cette résidence, c’est la faible épaisseur de la structure au sol formant les balcons. Additionner à la légèreté de ce grillage enveloppant, on a l’impression que l’espace sur ces balcons est en suspension, comme si se tenir debout sur ce balcon tenait à peu de chose. On doit certainement s’y sentir léger comme un oiseau. Comme on peut le voir sur les quelques photos ci-dessus vues sur des sites web traitant d’architecture, l’idée initiale est de provoquer un effet de transparence et de légèreté créé par les grandes baies vitrées et la finesse de la structure. La réalité reprend malheureusement très vite le dessus et l’effet de transparence est grandement atténué par le fait que les habitants ferment tous leurs rideaux en permanence. Le concept de transparence sur la rue que l’on voit aussi beaucoup chez Kazuyo Sejima ne fonctionne pas longtemps car on ne souhaite pas être vu depuis l’extérieur à moins d’habiter dans les étages en hauteur.

Je me décide à poursuivre un peu plus la découverte de la musique de Vaundy avec un autre beau morceau intitulé Yūkai sink (融解sink). Il y a quelque chose d’apaisant dans ce morceau, de mélancolique certainement. Les quelques notes fébriles au début pourraient être jouées sur un bord de mer, le soir alors que le soleil laisse échapper ces derniers rayons. Il y a d’ailleurs une ambiance océanique dans la vidéo virant même sur le fantastique lorsqu’une baleine géante surgit des eaux profondes devant nos yeux ébahis et devant ceux de Sara Minami (南沙良), personnage principal et unique de cette vidéo. Le morceau est interprété à deux voix avec une certaine Leila dont je ne sais que peu de choses à part son prénom. Les deux voix s’entremêlent parfaitement sans nous brusquer. On se laisse volontiers envelopper dans ces sons et ses images. Le morceau aux sonorités électroniques pop ne bouscule pas les codes ni ne révolutionne le genre, mais fonctionne très bien car son ambiance nous pousse à rêver quelques instants, ou du moins nous fait nous échapper du lieu où on se trouve lorsqu’on l’écoute. En sous-titre de la vidéo, on trouve la phrase suivante en japonais 「知り得る幸は、知らぬ不幸でできている。」qu’on peut traduire par « Le bonheur que l’on peut connaître est composé de choses malheureuses qu’on ne connaît pas ». Je réutilise cette phrase belle et mystérieuse comme titre de mon billet pour m’en souvenir plus tard.

En parlant de Sara Minami sur cette vidéo de Yūkai sink, je pense maintenant à la publicité de la marque Nissin pour ses fameuses nouilles Ramen instantanées Cup Noodles. Pendant tout l’été, nous avons eu droit à une publicité pour la version Seafood de ces nouilles en gobelet. La publicité montre un personnage étrange effectuant une danse dans une case en évitant des calamars qui l’ont pris pour cible et qui foncent sur lui inlassablement (イカよけダンス). La danse devient de plus en plus rapide et périlleuse, et les calamars finissent par percuter le personnage jusqu’à ce que la case s’en remplisse entièrement. C’est à ce moment là que Sara Minami intervient en s’exclamant d’un air des plus satisfaits « Seafood noodle oishii » (シーフードヌードル美味しい). Je ne sais trop pour quelle raison j’aime la manière dont elle prononce cette phrase, peut-être parce qu’elle l’énonce d’un air un peu détaché en regardant vers le ciel tout en haussant légèrement les épaules. Il y a quelque chose d’un peu innocent qui nous fait penser que son amour pour ces nouilles Ramen en gobelet est tout à fait authentique. En regardant maintenant cette publicité sur YouTube, je me rappelle la multitude de publicités intéressantes de Nissin pour différentes versions de son produit phare Cup Noodles. Il y avait notamment la série animée FREEDOM dessinée par Katsuhiro Otomo, mais réalisée par Shuhei Morita. On reconnaît tout de suite le style graphique qui nous rappelle AKIRA. Je n’avais pas réalisé jusqu’à maintenant qu’une série animée de 7 épisodes était sortie à l’époque en 2006. Elle était apparemment diffusée en streaming et disponible en DVD/Blu-ray. J’ai en fait un vague souvenir d’avoir vu un épisode. J’ai plus de souvenirs des vidéos de deux morceaux de Utada Hikaru utilisant cette même série Freedom, This is Love sorti en 2006 sur son album Ultra Blue et Kiss & Cry sorti sur son album Heart Station de 2008. En fait, en regardant ces images maintenant, j’aime beaucoup le design des personnages et des décors, mais j’ai un peu de mal à vraiment apprécier le rendu final donnant du relief. En cherchant rapidement sur YouTube, je revois avec un certain plaisir une autre publicité Nissin Cup Noodles mettant cette fois-ci en scène un robot Gundam géant portant la bouilloire d’eau chaude nécessaire à la préparation des nouilles. Je suis loin d’être fanatique de ces nouilles, mais voir ces publicités me donne envie d’aller visiter le CUPNOODLES Museum à Yokohama, et par la même occasion, d’aller voir le Gundam géant, ressemblant beaucoup à celui de la publicité, à la Gundam Factory près de la station Motomachi-Chukagai de Yokohama.

Pour revenir encore quelques minutes aux découvertes musicales, j’écoute un nouveau morceau de RöE (ロイ) sur le EP Warusa (ワルサ) dont j’avais déjà parlé récemment. J’écoute déjà beaucoup les deux morceaux YY et Violation qui ont des styles très différents. Le morceau Shōjo B (少女B) que j’écoute maintenant est encore différent, dans un style musical et vocal très dense et urbain. Dans l’ensemble, l’ambiance est beaucoup plus agressive car une multitude de sons viennent envahir l’espace. Malgré cela, la voix de RöE est tout à fait distincte. Elle chante en modulant sa voix comme pourrait le faire Sheena Ringo et cette ressemblance me frappe à certains moments précis du morceau. Même éloignée, je dirais qu’il y a une influence. La vidéo du morceau tout en illustrations par un certain JARRY est aussi intéressante et plutôt étrange. Le titre du morceau Shōjo B, fille B, est une allusion directe au morceau Shōjo A (少女A) de la célèbre chanteuse Kayōkyoku Akina Nakamori (中森明菜). Dans les paroles, elle dit d’ailleurs 「AKINAがAなら わたしは少女B」qu’on traduirait par « Si Akina est A alors je suis la fille B ». J’écoute donc maintenant Shōjo A d’Akina Nakamori sorti en 1982. Je n’écoute pas beaucoup de Kayōkyoku, la musique pop de l’ère Showa, mais j’aime piocher des morceaux par-ci par-là. Shōjo A est le deuxième single d’Akina Nakamori et celui qui lui a apporté son premier grand succès. A l’âge de 17 ans, sa manière de chanter est très mature, à la manière de Momoe Yamaguchi (山口百恵) qui est d’ailleurs son idole. J’aime beaucoup cette manière de chanter. Le morceau Yokosuka Story (横須賀ストーリー) de Momoe Yamaguchi, sorti en 1976, est également un morceau Kayōkyoku que j’apprécie beaucoup. L’envie me vient de temps en temps de me plonger dans cette musique pop d’une autre époque, mais par petites touches. Ma connaissance du sujet est limitée mais tout ceci m’intéresse beaucoup

cause I don’t belong to anywhere

Continuons en noir et blanc près de la baie de Tokyo, sur les terrains gagnés sur la mer d’Odaiba. Près du centre commercial Diver City envahi par la jeunesse, le robot Gundam est toujours là fidèle au poste à attendre je ne sais quoi. Il reste immobile contrairement à la version plus récente construite à Yokohama, mais impressionne toujours autant les passants (et les enfants) dont je fais partie. Il me semble qu’il est différent de la version que je connaissais car je n’avais pas remarqué auparavant les lumières qui apparaissent à certains endroits de sa carcasse. A quelques pas de là, se trouve la Flamme de la Liberté (自由の炎), une statue de 27 mètres de hauteur, créée par le sculpteur français Marc Couturier et inaugurée en 2001. Elle est faite de bronze et d’aluminium doré à la feuille d’or. Elle a été érigée pour matérialiser l’amitié Franco-japonaise qui a été ponctuée à cette époque par l’Année du Japon en France en 1997-1998 et par l’Année de la France au Japon en 1998-1999. En face de Diver City, de l’autre côté de l’autoroute, je suis aussi toujours impressionné par les bureaux de la chaîne de télévision Fuji conçus par Kenzo Tange. Le building date de 1997 mais reste encore maintenant un des bâtiments les plus uniques de Tokyo. Ce qui m’impressionne le plus peut-être, à part la sphère, c’est la quantité d’espaces vides entre les piliers de la structure. J’imagine mal une construction actuelle dont la surface exploitable ne soit pas exploitée au maximum. L’aspect futuriste du building s’accorde en fait très bien avec le robot Gundam. La dernière photographie du billet change complètement de lieu puisqu’elle est prise à Shibuya, mais les formes irrégulières du Department Store Parco lui donne également un aspect futuriste qui s’accorde à mon avis bien avec le reste des photographies du billet.

Même si ce n’est pas systématique, j’écoute assez régulièrement les nouveaux morceaux de Kyary Pamyu Pamyu (きゃりーぱみゅぱみゅ) car j’y trouve assez souvent des choses que j’aime, que ça soit musicalement ou dans la manière par laquelle elle vient introduire dans son chant des petits quelques choses d’inattendu. Je pense m’être maintenant habitué à son ton de voix de telle manière qu’il ne devient pas un frein à mon écoute. Je n’aime pas toute sa musique mais j’avais beaucoup aimé son dernier album Japamyu et plusieurs morceaux plus anciens et emblématiques de son style musical. Je la trouve en fait authentique dans sa manière de dévier subtilement les symboles de la culture kawaii. Elle sort tout récemment un nouveau single intitulé Gentenkaihi (原点回避), comme toujours produit par Yasutaka Nakata (中田ヤスタカ), à l’occasion de ses dix années de carrière musicale. J’avais l’impression qu’elle était présente sur la scène musicale japonaise depuis plus longtemps que cela. C’est peut être sa voix inchangée, même si elle n’a plus les 18 ans de ses débuts, qui me donne l’impression d’un personnage immuable à l’abri des années qui passent et éternel symbole de la jeunesse de Harajuku et de l’image du Cool Japan que le pays a voulu mettre en valeur il y a plusieurs années. On ne peut pas nier que Kyary Pamyu Pamyu a fortement contribué à diffuser, comme une ambassadrice malgré elle, cette culture pop japonaise en dehors des frontières du pays. Ecouter ce nouveau morceau a soudainement nourri ces réflexions. Le titre du morceau fait référence à un retour aux sources mais la vidéo montre en contradiction, Kyary en train de courir pour fuir quelque chose. Elle est poursuivie par un immense noeud rouge qui a la particularité d’avoir une mâchoire et des dents de monstre. Là est le détail déviant que j’aime beaucoup. On a l’impression qu’elle essaie de fuir son passé qui finit toujours par la rattraper.

En écrivant ces lignes, je suis justement en train de regarder Kyary sur le streaming du festival Supersonic qui se déroule aujourd’hui (Dimanche 19 Septembre) et hier. Le streaming est exclusivement disponible sur l’application 17Live que j’ai installé pour l’occasion, mais la qualité vidéo est plus que moyenne, surtout quand on fait un mirroring de l’écran de l’iPhone sur une télévision HD. Le son est cependant acceptable avec quelques décrochages pas forcément très gênant. On apprécie en tout cas que la diffusion soit gratuite. Il s’agit en fait d’un live différé de quelques heures et certains groupes, comme Perfume ne sont bizarrement pas diffusés. Kyary a interprété sur la scène de Supersonic quelques uns de ses morceaux les plus connus, notamment les deux morceaux que je préfère, Invader Invader (2013) qui démarra le set et l’excellent Fashion Monster (2012) qui le conclut brillamment. A vrai dire, c’est la première fois que je vois un live en vidéo de Kyary. Le petit détail très mignon, c’est qu’elle ponctue chaque morceau d’un petit ‘Thank you’ dans un anglais légèrement japonisé. Elle interprète bien sûr son dernier single Gentenkaihi et une version remixée par Steve Aoki de Ninja Re Bang Bang, car Steve Aoki est également un des invités de Supersonic un peu plus tard dans la soirée. Ce qui est excellent d’ailleurs, c’est que Steve Aoki lui renvoie l’ascenseur en incluant lui aussi le remix de Ninja Re Bang Bang dans son set avec des images d’un concert de Kyary en arrière-plan. Le festival est dans l’ensemble très orienté EDM. Ce n’est pas le style musical que je préfère, mais je suis quand même très curieux. L’électronique de Steve Aoki est beaucoup trop poussive et directe pour moi, même si certains morceaux finissent par m’accrocher malgré moi. Par contre, l’imagerie qu’il construit autour de son personnage sur l’écran géant de la scène est très intéressant, et pousse même à sourire par moments. Il réutilise par exemple le passage du film Titanic où Leonardo De Caprio tient Kate Winslet par les bras pour faire l’oiseau à l’avant du navire. Dans cet extrait vidéo, Steve Aoki remplace les visages des acteurs par le sien, comme pouvait le faire Richard D. James sur les vidéos d’Aphex Twin a une certaine époque (celles réalisées par Chris Cunningham comme Come to Daddy ou Windowlicker). Je suis agréablement surpris de voir les allemands de Digitalism, sauf que Jens Moelle est seul à monter sur scène. Je n’ai pas écouté ce groupe électronique depuis plus de dix ans, mais j’avais énormément apprécié certains morceaux à l’époque. J’ai eu une larme à l’oeil en écoutant le morceau Blitz (sur le EP du même nom sorti en 2010) interprété sur la scène de Supersonic. Blitz est un morceau sublime alliant puissance (les basses) et subtilité (les légers tremblements de sons), comme j’en connais malheureusement peu dans le genre. J’en parlais brièvement il y a dix ans, mais je n’essayais pas beaucoup à l’époque de transmettre les émotions ressenties lors de l’écoute. Je n’ai malheureusement pas passé toute mon après-midi de dimanche devant l’écran de 17Live, mais ce que j’ai vu et entendu m’a pour sûr fait beaucoup de bien.

Le compte Twitter Mikiki, lié à Tower Records et spécialisé dans les revues et critiques musicales, me fait régulièrement découvrir de belles choses musicales. Cette fois-ci, c’est la compositrice et interprète (SSW comme on dit, pour Singer Song Writer) RöE (ロイ) que je découvre à travers un morceau très enthousiasmant intitulé YY. J’aime beaucoup la dynamique et l’intensité pop du morceau. La voix particulièrement engageante de RöE me plaît en fait vraiment beaucoup. Elle est très marquée et possède une puissance et une assurance qui nous entraînent sans faiblir. On a même beaucoup de mal à se sortir le morceau de la tête après l’avoir écouté, et on a sans cesse envie d’y revenir. Le morceau est utilisé comme thème d’ouverture du drama Hakojime (ハコヅメ〜たたかう!交番女子〜) avec Tsuyoshi Muro (ムロツヨシ), Erika Toda (戸田恵梨香) et Mei Nagano (永野芽郁), actuellement diffusé sur Nippon TV et basé sur un manga de Miko Yasu (泰三子). On regarde parfois ce drama d’un œil distrait mais comme on le prend en général en cours de route, je n’ai jamais entendu le morceau YY au générique de début des épisodes. RöE a en fait sorti un EP de six titres intitulé Warusa (ワルサ) contenant ce morceau YY. La qualité du EP me paraît plus inégale mais j’ai quand même envie de voir si d’autres morceaux m’accrochent. En écrivant ces lignes, je me rends compte que j’aime aussi beaucoup le quatrième morceau intitulé Violation dont la vidéo me rappelle un peu l’ambiance dérangée qu’on pourrait voir sur certaines vidéos de AiNA The End. L’ambiance y est beaucoup plus rock et agressive que YY qui est résolument pop. Ce morceau était également utilisé pour le thème d’ouverture d’un drama (décidément). Il s’agissait de Strawberry Night Saga (ストロベリーナイト・サーガ) sur Fuji TV avec Fumi Nikaidō (décidément) et Kazuya Kamenashi. RöE est définitivement une artiste à suivre, en espérant qu’elle continue à sortir des nouveaux morceaux dans l’esprit, certes très différents, de ces deux là.