une calamité

Nous sommes ici, sur la première photographie, à proximité de la station de Ebisu, derrière les immeubles donnant sur la rue principale, la rue Komazawa passant devant la station. Derrière la barrière d’immeubles, se cache un espace urbain à l’écart: un petit jardin public où se sont regroupés quelques adolescents pour s’entrainer à la danse ou pour jouer à voix haute une scène dans l’espoir d’une célébrité future. A côté du parc, un large parking ressemble à un terrain laissé en jachère. Le vaste espace creusé derrière la barrière blanche d’immeubles, les plantes vertes sauvages qui investissent le terrain du parking, mais surtout cette lumière forte attirent mon regard photographique. Un peu plus loin, au croisement de Yarigasaki près de Daikanyama, j’aperçois une succession d’affiches publicitaires qui attirent le regard. C’est fait exprès. Il s’agit d’une publicité pour la marque de vêtements Franco-japonaise Maison Kitsune, qui s’est, à n’en pas douter, inspirée des campagnes d’affichage de la marque New Yorkaise Supreme. On en voit moins en ce moment, mais Supreme avait pris l’habitude d’aligner les affiches publicitaires identiques sur deux ou trois rangées. On voyait sur ces affiches, des personnalités américaines, de Kate Moss à Neil Young. La caractéristique des affiches Supreme est qu’elles étaient toujours un peu déchirées. J’ai d’ailleurs toujours pensé que c’était fait exprès pour représenter une certaine forme d’art urbain. Allez, Maison Kitsune, déchirez un peu vos affiches! La dernière photographie est prise à la station de Shibuya, toujours remplie elle aussi d’affiches publicitaires. Cette fois-ci, c’est l’actrice Suzu Hirose, assise en tenue de collégienne au milieu du croisement de Shibuya, qui occupe l’espace d’affichage stratégique de la station. J’avais vu cette actrice pour la première fois au cinéma dans le très beau film Notre Petite Sœur de Hirokazu Kore-Eda. Le dernier film de Kore-Eda, Manbiki Kazoku, qui a reçu la palme d’or à Cannes cette année, n’est pas encore sorti au cinéma, mais j’ai très envie de le voir. D’ailleurs un peu avant le début du festival de Cannes, j’avais regardé un autre film de Kore-Eda, Nobody Knows. Je voulais le voir depuis longtemps mais l’occasion ne s’était jamais vraiment présentée. Je ne le découvre qu’il y a quelques semaines et c’est un sacré choc. Les jeunes acteurs sont excellents tout comme la mère jouée par YOU. On croit tellement à cette histoire d’abandon que ça nous prend au cœur. C’est tiré d’un fait divers, me semble t’il. J’ai beaucoup pensé à ce film et à cette histoire après l’avoir vu. Le fait d’être parent joue certainement beaucoup sur l’émotion qui se dégage quand on regarde ces images. Derrière l’affiche de Suzu monopolisant tout l’espace du croisement de Shibuya, l’immeuble de Kengo Kuma grandit de plus en plus. Il doit avoir atteint sa taille finale et on s’occupe maintenant des vitrages. Je suis venu exprès devant la station pour voir l’avancement des travaux et surtout pour constater de mes yeux le travail de « deconstruction » d’une des façades, que j’avais pu constater avec beaucoup de surprise sur une maquette à l’exposition de Kengo Kuma à la galerie de la gare de Tokyo, le mois dernier.

Photographies extraites de la video du morceau 災難だわ (Sainan dawa) de Megumi Wata 綿めぐみ disponible sur Youtube.

Je continue mes recherches et découvertes musicales japonaises avec Megumi Wata 綿めぐみ, sur le label indépendant Tokyo Recordings, fondé en 2015 par un certain Nariaki Obukuro 小袋成彬, dont je parlais précédent pour son album Bunriha no Natsu. En fait, de Megumi Wata, je n’ai écouté que ce morceau, sorti en Janvier 2015, intitulé 災難だわ (Sainan dawa) qu’on traduirait par C’est une calamité, qui est génial. Le rythme un peu mécanique de la voix et des mouvements de Megumi Wata sur la vidéo en noir et blanc, et le phrasé rapide qui se construit de répétition de quelques phrases sont vraiment addictifs. Les voix féminines sont souvent trop aiguës pour mon goût mais ça passe bien sur ce morceau (pas sûr pour le reste de ses morceaux par contre). Toujours est il que cette calamité-là est la bienvenue dans mes oreilles. Je l’écoute en boucle avec quelques autres morceaux dont je parlerais certainement plus tard dans un prochain billet.

permanently necessary

J’ai d’abord pensé qu’une personne mal intentionnée avait passé la nuit à gribouiller de graffiti la façade de cette boutique à Daikanyama, mais il n’en est rien. Il s’agit en fait d’une re-décoration intentionnelle de cette façade par un certain Ryuji Kamiyama. Les qualités artistiques de cette nouvelle façade sont discutables mais j’aime beaucoup le personnage de fantôme noir se cachant dans un coin.

Je passe souvent devant cette affiche publicitaire à Yurakucho montrant quelques unes des membres du groupe à rallonge Nogizaka46 en tenue de pseudo-rockeuses avec des oreilles de souris. J’ai fini par les prendre en photo au passage.

Je prends souvent quelques minutes quand je suis à Shibuya pour aller voir ce que l’on montre dans la petite galerie d’art du dernier étage du grand magasin Seibu. Cette fois-ci, il s’agissait d’une série appelée Geidai Meets Shibuya, avec divers jeunes artistes de l’école des Beaux Arts de Tokyo. Mon œil est attiré par une représentation d’un être futuriste à mi-chemin entre les sculptures blanches et organiques de Lee Bul et les créatures gigantesques de la série Evangelion.

Je cours régulièrement pendant au moins une heure les week-ends et j’amène bien entendu avec moi mon iPhone pour quelques photos en chemin quand mon œil est attiré par des couleurs ou des formes. Les couleurs de ce petit café sur Cat Street ont tout de suite accroché mon regard.

J’avais déjà pris en photo plusieurs fois ce grand dessin sur un mur de Daikanyama car j’aime beaucoup cet art de rue. J’aimerais voir plus de créations de ce genre dans les rues de Tokyo, dans les rues où personne ne va. Ce serait comme un trésor à découvrir pour les explorateurs urbains.

Je cours maintenant dans le parc de Saigoyama, toujours à Daikanyama. Sur les hauteurs du parc, la vue sur Naka-Meguro est dégagée et c’est agréable de s’y arrêter quelques minutes pour scruter l’horizon. Je recherche des yeux des toitures particulières qui pourraient indiquer un bâtiment intéressant à prendre en photo plus tard, mais je crois bien avoir déjà parcouru pleinement cette zone de la ville et rien de nouveau ne fait surface.

Je n’ai jamais vu l’interieur de l’école Hiko Mizuno à Jingumae. Il doit certainement être fascinant s’il est dans le style des façades brutalistes de l’ensemble. Je ne me lasserais jamais de le prendre en photo lorsque je passe à proximité. C’est un objet énigmatique, conçu par Mitsuru Kiryu, qui attire l’oeil du photographe, indéniablement.

Il y a quelques semaines, j’ai redémarré tranquillement mon compte Instagram. Je ne l’avais pas effacé mais désactivé pendant 8 mois. Il m’a donc suffi de le réactiver en quelques clics. On dirait que les créateurs d’Instagram ont intégré le fait que leur outil pouvait générer des frustrations au point de faire de longues pauses dans son utilisation. Mais comme je l’avais noté dans un billet précédent, Instagram a quand même l’avantage d’apporter un feedback pratiquement immédiat aux photos que l’on y publie, ce qui joue un rôle non négligeable, quoiqu’on en dise, sur la motivation. Je reprends donc cet outil tranquillement sans trop pousser et en gardant en tête que ce blog reste l’espace ultime où je montre mes photos. Je re-publie donc ici les photos déjà montrées sur Instagram, pour la plupart, mais avec un peu plus de contexte.

sur la montagne de Daikan (2)

Continuons cette série à Daikanyama. La plupart des photographies de ce deuxième épisode sont prises sur la route sinueuse appelée Daikanyama Dori (la rue Daikanyama). J’y passe tôt le samedi matin. Enfin, il est 10h du matin donc pas si tôt que cela, mais les boutiques du quartier n’ouvriront que plus tard, vers 11h je pense. Les volets métalliques des boutiques au rez de chaussée de la résidence Castle Mansion Daikanyama au look rétro et aux couleurs de rose usé, sont couvertes de graffitis ou de dessins qu’on penserait être commandé, comme cet étrange tigre assis prenant un café. Les bâtiments à trois étages maximum de cette partie de rue à sens unique se renouvellent petit à petit. Certains des nouveaux buildings ont d’ailleurs des coupes architecturales intéressantes, quand on lève un peu les yeux. Observer les rues de Tokyo demandent à explorer des yeux toutes les directions, comme une girouette.

Un peu plus loin dans Daikanyama, sur une autre rue où se trouve également la boutique Maison Kitsune, que je montrais sur la dernière photographie du billet précédent, ainsi qu’un petit magasin de disques Bonjour Records, je passe très souvent devant la boutique de vêtements homme APC, conçue par Masamichi Katayama et la firme de design intérieur Wonderwall dont il est le fondateur. En parlant de ce petit magasin de disques Bonjour Records, j’y fais un passage rapide de temps en temps. On y vend une sélection de CDs mais aussi quelques livres de photographies et autres objets. Côté livres, je note un bouquin de photographies appelé Grunge préfacé par Thurston Moore. Ce sont des photographies de groupes alternatifs de l’époque du début des années 90, pas seulement du Grunge mais aussi des groupes de mouvance punk à Seattle. Il y a bien sûr des photographies de Kurt Cobain et Courtney Love avec Hole, mais également d’autres figures connues comme Kim Gordon de Sonic Youth et d’autres groupes de l’époque dont le nom m’est familier.

Le reste des photographies dans Daikanyama vont à la recherche des couleurs: le bleu intense d’une Porsche sur un parking derrière deux petits bâtiments aux façades de béton obliques et le vert presque fluorescent du palmier emblématique de Daikanyama.

Les trois dernières photographies du billet sont prises en bas de la colline-montagne de Daikanyama, mais du côté de Shibuya cette fois-ci et non pas du côté de Naka-Meguro à l’opposé, comme sur le premier billet de cette petite série. Sur une rue parallèle à la longue avenue Meiji, je retrouve cet immeuble aux briques orangées comme maintenu en captivité dans une cage aux barreaux obliques. Il s’agit du building Sankyo à côté de la nouvelle sortie Sud de la gare de Shibuya, par l’architecte Tadasu One (Plantec). Au loin sur la même rue, les constructions du nouveau centre de Shibuya avancent à grands pas, notamment l’immeuble de la partie Sud du re-développement de la gare. On ne le voit pas sur la photographie, mais l’immeuble principal de la gare a aussi pris pas mal de hauteur ces dernières semaines. Il reste du temps avant les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, mais les changements sont déjà initiés depuis longtemps.

sur la montagne de Daikan (1)

Comme le titre du billet l’indique, nous sommes ici à Daikanyama, mais aussi à Naka Meguro, en contre-bas de cette montagne qui ressemble plutôt à une colline urbaine. Je vais assez souvent dans ces quartiers car on habite pas très loin d’ici, mais aussi parce que Zoa y a quelques activités extra-scolaires. Bien que je connaisse assez bien ces rues, je me surprends parfois moi-même à découvrir des passages que je n’avais jamais emprunté. Par exemple, un escalier couvert de dessins de formes courbes nous amène vers un tunnel que je connaissais pas sous la rue de Komazawa. Un des murs du tunnel est dessiné d’une fresque d’un cerisier en fleurs. Sur la photographie ci-dessus, le passage de quelques personnes en mouvement me donne l’impression que les fleurs vont soudainement se détacher et s’envoler dans un mouvement similaire.

Une des grandes qualités des espaces à Tokyo, ce sont les dénivelés, les collines et terrains en pente qui rendent l’espace urbain intéressant pour le promeneur. L’irrégularité des terrains évite la monotonie du paysage urbain, quand l’architexture doit s’adapter à un environnement qui ne lui est parfois que peu propice.

À Daikanyama, je passe par l’ensemble Hillside Terrace conçu par étapes sur plusieurs décennies par l’architecte Fumihiko Maki. Il y a un petit espace d’exposition dans un des bâtiments les plus anciens de l’ensemble nous montrant une salle de classe d’une autre époque, avec des chaises prenant leur envol. Alors que la nuit commence à tomber doucement, je passe ensuite un peu de temps au Hillside Forum, de l’autre côté de la rue Kyu-yamate. On y montre une autre exposition, de plusieurs photographes sélectionnés pour le prix Pictet. Je connaissais quelques uns des photographes comme Michael Wolf et sa série Tokyo Compression montrant des passagers du métro tokyoïte comprimés contre les vitrages des portes automatiques. On y voit également deux photographies en grand format de Rinko Kawauchi, notamment une colline prenant feu d’une manière apparemment contrôlée avec un bel effet de symétrie. Finalement, le travail de collage de photographies de Shohei Nishino est très intéressant. Il construit des paysages urbains imaginaires à partir de collages de photographies de buildings et autres décors urbains, formant une nouvelle réalité de la ville. Un fait intéressant de cette exposition est qu’elle mélangeait la photographie pure et le montage photographique.

Mon passage à Daikanyama se termine dans la nuit. J’aime en ce moment prendre en photographie les devantures éclairées des boutiques. Ci-dessus, il s’agit de celle de la Maison Kitsune.

éclats d’été

Je continue certains changements en ce qui concerne mes contributions sur les réseaux sociaux ou plateformes web 2.0. Après avoir supprimé mon compte Instagram, sans grand regret finalement, je viens de supprimer mon compte Tumblr. J’essaie en fait d’éviter de m’éparpiller sur le web, car finalement ce que je fais le mieux et ce qui est le plus productif en ce qui concerne le temps que je passe sur internet, ce sont les contributions que je fais sur ce blog. Je garde tout de même Twitter pour garder en mémoire de temps en temps certains liens vers des articles ou des pages internet ou vidéos intéressantes. Je me rends compte aussi qu’au fur et à mesure des années, j’avais ouvert des comptes sur diverses plateformes comme Pinterest, Vimeo, Bandcamp, Behance que j’ai peu utilisé. J’ai fermé tout ça pour faire une opération de nettoyage par le vide.

J’écoute beaucoup ces derniers jours le EP intitulé Love is Short du groupe féminin punk de Kyoto Otoboke Beaver おとぼけビ~バ~. Je connais déjà ce jeune groupe à l’énergie folle depuis l’écoute d’un autre morceau sorti il y a un peu plus d’un an et intitulé S’il Vous Plait シルブプレ, en français dans le texte mais avec un très fort accent japonais. Ce nouvel EP Love is short est composé de 3 morceaux ne totalisant que 5 minutes dont celui du titre de l’album Love Is Short ラブ・イズ・ショート. Le rythme des guitares est très rapide tout comme le chant de Accorinrin qui devient occasionnellement des cris dans une forme palpable de défoulement. Cette énergie de l’urgence somme toute aggressive dégage des pointes d’humour. Le dernier morceau excessivement court de 19s いけず ”ikezu” (Mean) fonctionne comme un coup de poing dans la figure, c’est d’ailleurs les images du clip en version animé apparemment innocent de Naoyuki Asano.

Les deux photographies ci-dessus sont prises à Daikanayama, il s’agit de l’immeuble APC de l’architecte français Paul Chemetov: le côté vitré donnant des reflets des éclats de l’été, et l’autre coté taggé sur le béton.