Underground discharge channel (1)

Je voulais visité le grand réservoir à eau près de la ville de Kasukabe dans la préfecture de Saitama depuis un moment mais cette visite demande un petit peu de préparation car il faut réserver sa place quelques semaines à l’avance. J’ai assez facilement convaincu la petite famille de venir car ça fait un moment que j’en parlais. Il faut environ une heure d’autoroute depuis le centre de Tokyo pour s’y rendre. Je commence à bien connaître l’autoroute du Tōhoku qui est en train de devenir progressivement une de mes préférées, tout simplement parce que je n’y ai pas vu d’embouteillages jusqu’à présent. Nous arrivons environ une demi-heure avant le début de la visite ce qui nous laisse un peu de temps pour faire un tour du musée. Le grand réservoir à eau qui se trouve sous-terre et qui est surnommé sanctuaire souterrain est le point central de notre visite et l’élément clé du système de décharge d’eau. Le bassin formé par les rivières Nakagawa et Ayase dans cette zone de Saitama près de Kasukabe a souffert d’inondations répétées dans le passé, car il s’agit d’une zone basse formant un bol entouré de rivières importantes comme celles de Tone, d’Edogawa ou d’Arakawa. La configuration du terrain fait que l’eau s’y accumule facilement. Le système souterrain de décharge en eau (underground discharge channel) a été créé pour atténuer ce risque d’inondation. Il ne se compose pas seulement d’un grand réservoir, celui que l’on peut visité, mais de plusieurs gigantesques puits creusés aux bords de plusieurs rivières du bassin. Il y a en tout quatre puits de béton de 15 à 30 mètres de diamètres pour 60 à 70 mètres de profondeur installés au bord des rivières Ōotoshifurutone, Kōmatsu, Kurumatsu, Nakagawa entre autres. Ces puits viennent récupérer le surplus d’eau provenant des rivières lors de grandes pluies ou de typhons. Chaque puit est relié à un tunnel souterrain d’une longueur totale de 6.3kms par lequel l’eau circule jusqu’au réservoir de décharge. Le tunnel placé à 50m sous le sol fait environ 10m de diamètre et il est relié à son extrémité à un cinquième puit de 71m de profondeur relié au réservoir de décharge (Pressure-adjusting Water Tank). Le surplus d’eau vient ainsi s’accumuler dans le gigantesque réservoir de béton, un des plus grands au monde, pour être ensuite libéré progressivement grâce à un système de pompes dans la grande rivière d’Edogawa qui coule juste à côté. En résumé, le système de drainage vient pomper l’eau des rivières situées dans des zones susceptibles d’être inondées pour la déverser dans une autre rivière se trouvant en dehors des zones de terres basses à plusieurs kilomètres de là.

La visite guidée du réservoir souterrain se fait par groupe de cinquante personnes maximum. On y accède de l’extérieur depuis une ouverture en béton comme celle que je montre sur la première photographie du billet. Un escalier de plus de cent marches nous amène assez rapidement jusqu’au sanctuaire souterrain. On est tout de suite saisi par la fraîcheur des lieux, mais surtout par le gigantisme des lieux. Le réservoir fait 177m de longueur, 78m de largeur et 18m de haut. J’admire ces piliers massifs de béton. On est ici en pleine architecture brutaliste et j’ai une fois de plus tendance à penser que les plus belles architectures sont celles de l’ingénierie civile. Il s’agit en l’occurence ici d’un véritable chef-d’oeuvre. La sensation d’espace est saisissante mais je n’ai pas essayé d’y crier (« ya-hooo ») pour voir s’il y avait de l’écho. Le réservoir est bien entendu vide, à part quelques petites flaques d’eau résiduelles. Il serait bien entendu fermé en cas de typhon ou de pluies importantes qui pourraient amener son utilisation. On reverrait de voir ce dispositif en pleine utilisation, de témoigner des mouvements d’eau, mais ça voudrait dire que des inondations sont en cours dans le bassin. On souhaite donc plutôt que ce genre de dispositif de sécurité soit le moins utilisé possible.

Ces gigantesques piliers de béton m’impressionnent vraiment. On pense tout de suite à un temple de l’antiquité gréco-romaine où le gigantisme était la norme. On ne peut malheureusement pas marcher à sa guise dans l’ensemble de l’espace, car la zone visitable est limitée par une petite corde au sol. Je ne l’avais d’abord pas vu et je me suis aventuré quelques mètres en zone interdite avant de me faire gentiment rappeler à l’ordre par une dame de la sécurité accourant vers moi. Je comprends tout à fait l’aspect sécurité mais on aurait aimé pouvoir marcher un peu plus au fond du réservoir. Je ne pense qu’on puisse se perdre à l’intérieur du réservoir. On peut également apercevoir le grand puit (shaft n.1) de 31m de diamètre pour 71m de profondeur qui relie le tunnel au grand réservoir. C’est par ce puit que remontent les eaux provenant des autres rivières du bassin. Je me suis rendu compte qu’un autre tour permettait de marcher autour de ce grand puit par groupe de 20 personnes (pour un prix de 3000 yens par personne). Notre visite se limitait en fait au réservoir, soit 1000 yens pour 1h de visite en tout. Si c’était à refaire, on tenterait également la visite du puit bien que les réservations semblent un peu plus compliquées à obtenir. En 1h, on a largement le temps de profiter de l’intérieur du sanctuaire souterrain et j’en profite pour prendre beaucoup de photos qui finissent d’ailleurs par toutes se ressembler. Mais je ne me lasse pas de prendre ce béton en photo sous tous les angles possibles. Je continuerai avec d’autres photographies dans un prochain billet. Comme je le mentionnais au début du billet, on peut également visiter un petit musée qui a le mérite de montrer visuellement l’agencement des puits, tunnel et réservoir sur une carte de la zone. On peut également voir le centre de contrôle du drainage par pompes (sur la deuxième photographie du billet). Elle contrôle les quatre gigantesques pompes en mesure de drainer 50m3 d’eau par seconde, soit l’équivalent d’une piscine de 25m de longueur remplie d’eau (200m3 donc). Ces pompes utilisant des turbines à gaz sont les plus grandes du Japon. Là encore, un autre tour permet la visite de cette machinerie. Cette salle de contrôle a été utilisée plusieurs fois pour des drama télévisés, comme récemment Captured Hospital (大病院占拠) avec Sho Sakurai (櫻井翔) et Fuma Kikuchi (菊池風磨), My Family (マイファミリー) avec Kazunari Ninomiya (二宮和也) et Mikako Tabe (多部未華子), mais également pour un des films de la série Ultraman. On imagine assez bien, comme pour les carrières souterraines de pierre d’Oya, le potentiel cinématographique de ce genre d’endroits. Et sur la photo du centre de contrôle, on ne manquera pas de remarquer la présence de Kobaton, la mascotte en forme de pigeon de la préfecture de Saitama.

how to repeat Tokyo endlessly (ι)

Cette série répétant Tokyo indéfiniment a du mal à se terminer comme l’annonce déjà le titre mais je m’arrêterais peut être quand j’aurais épuisé toutes les lettres de l’alphabet grec. Il y aura certainement quelques pauses en cours de route. Les photographies ci-dessus datent déjà de plusieurs semaines, au point où j’en oublie un peu le contexte. Sur les deux premières dans Ginza, je me souviens que l’on recherchait des vieilles boutiques et restaurants pour un devoir d’école de Zoa. La première photographie montre une très ancienne boutique de dashi. Nous irons aussi taper à la porte de vieux restaurants à Ningyocho. A chaque visite, le fiston interview brièvement le responsable de la boutique et on prend une photo. Tout se fait très facilement car chacune des personnes des boutiques semble être très enclin à nous parler de son établissement, avec une certaine fierté. La photographie suivante est prise un peu avant à la mi-août. Nous sommes dans un restaurant et je suis assis juste en face de la tour Sky Tree. Les deux dernières photographies sont prises cette même journée dans le parc Kasai Rinkai au bord de la baie de Tokyo dans l’arrondissement d’Edogawa. Je connaissais ce parc de nom mais nous n’y étions jamais allés. Il est extrêmement vaste et donne une belle vue sur la baie, d’un point de vue que je ne connaissais pas. Un pont donne accès à une île artificielle, mais il n’y a malheureusement pas de plages de sable. On voit plutôt des apprentis pêcheurs au bord de l’eau.

La Coupe du Monde de Rugby vient de démarrer au Japon et nous sommes allés voir en famille le premier match de la France contre l’Argentine le samedi 21 septembre. Je suis très loin d’être un spécialiste du ballon oval, et je ne maîtrise pas toutes les subtilités des règles, mais je me laisse en général emporter par l’enthousiasme des grandes compétitions internationales. À vrai dire, nous avons vu à la télévision le premier match de la coupe entre le Japon, pays hôte donc, et la Russie, et c’était passionnant. Surtout quand les passes vers l’arrière s’enchainent in-extrémis ou qu’un des joueurs fait une échappée belle avec le ballon en surprenant tout le monde. Le match de la France contre l’Argentine se déroulait au stade de Tokyo. Quand on a acheté nos places l’année dernière, je pensais que le stade de Tokyo serait le nouveau stade olympique conçu par Kengo Kuma, mais il n’est pas encore terminé. Je pense que les polémiques autour des coûts du design original de Zaha Hadid et le changement d’architecte ont introduit des retards sur le planning de disponibilité du stade. La compétition à Tokyo se passe donc au stade Ajinomoto de Chōfu, sur les lignes de train Keio depuis Shibuya ou Shinjuku. C’est un peu loin du centre, mais on arrive au stade sans trop de soucis car il ouvre ses portes à 13h pour un coup d’envoi 16:15, assez de temps pour étaler les arrivées. Je suis amusé et je dirais même heureux de voir des supporters français déguisés et parfois même entièrement peints de couleur bleu. Le match démarre assez vite après notre arrivée dans les gradins. Le suspense a été présent pendant tout le match jusqu’au dernières secondes. La première mi-temps était très bonne pour les bleus mais la deuxième partie était beaucoup plus en deçà. L’équipe de France a quand même tenu bon face à l’Argentine (grâce à nos chants de supporters) et gagnera avec une petite avance de 23 points contre 21. Le retour sera plus difficile car la foule, plus de 44,000 personnes ce soir là, se dirige majoritairement vers la station de train la plus proche, celle de Tobitakyu. Nous tentons plutôt de marcher vers la station d’après, mais on pressent que la foule s’y agglutine également. Nous changeons alors complètement de stratégie en prenant le bus vers Musashi Sakai. Nous faisons en fait un pas de côté pour nous éloigner des lignes bondées. Nous avons eu la bonne idée de prendre ce bus au plus proche de la station de Nishi Chōfu, car il se remplira ensuite très vite au fur et à mesure des stations. Après une trentaine de minutes, nous arrivons à Musashi Sakai, a deux stations de Kichijoji. La suite du parcours s’est fait beaucoup plus tranquillement.