ほら進め、前へ進め

Ce bâtiment couvert d’un treillis de bois se trouve sur le campus de l’Université Sophia (上智大学) à Yotsuya, mais il est accessible depuis la rue. Il s’agit du bâtiment numéro 15 de l’université (上智大学15号館) et il a été conçu par Sumitomo Ringyō (住友林業). Les formes de croix qui se répètent nous rappellent que cette université est chrétienne. A part cette façade extérieure remarquable, la structure de ce petit bâtiment construit en bois semble beaucoup plus classique. Il a ouvert cette année avec des salles d’étude aux étages et il doit y avoir un café ouvert au public au rez-de-chaussée. Je ne suis pas sûr qu’il soit déjà ouvert, car le site internet de l’école annonçait une ouverture à l’automne. Après avoir fait un tour rapide du bâtiment, je me suis rendu compte qu’il se trouvait à Kioichō, d’où l’envie d’aller voir ensuite le Kioi Seidō se trouvant dans le même quartier. Je ne sais pour quelle raison j’ai toujours du mal à réaliser que Yotsuya est aussi proche d’Akasaka.

Depuis les étages du centre commercial Ariake Garden, deux centres olympiques se détachent du commun des buildings. On remarque tout de suite les formes affûtées et le bois du centre gymnastique d’Ariake conçu par Nikken Sekkei. Sur la droite, l’autre centre olympique Ariake Arena, conçu par Kume Sekkei, à des formes et une couleur plus discrètes. J’avais été les voir de près l’année dernière mais on ne pouvait pas accéder à la base de ces deux bâtiments. Ces centres sportifs avaient tous les deux été utilisés pour les Jeux Olympiques de Tokyo l’été dernier. Ces jeux qui nous avaient passionné pendant leur déroulement me paraissent maintenant bien lointains, certainement car l’entrée de ces lieux nous était interdit à cette époque. Avec le recul, c’est comme si ils n’avaient pas vraiment eu lieu, comme une vaste illusion collective.

La vallée de Todoroki (等々力渓谷) est pourtant inscrite dans les guides sur Tokyo, mais je n’y suis allé que récemment. Elle se trouve dans l’arrondissement de Setagaya au milieu de quartiers résidentiels denses, s’étendant sur une longueur d’environ 1km. On accède à cette petite vallée depuis la station de Todoroki. Il faut marcher quelques dizaines de mètres pour trouver l’entrée du parc au pied d’un pont rouge appelé Golf Bridge car il desservait autrefois un terrain de golf. Un escalier nous donne accès au creux de la vallée entourée de végétation. On longe la fine rivière Yazawa, qui plonge plus tard dans la rivière Tama, en parcourant un chemin étroit. On se croit soudainement très éloigné de la ville, sauf à l’endroit où la vallée passe dessous la grande avenue périphérique Kanpachi. On sort de la vallée au niveau du temple Todoroki Fudōson (等々力不動尊). L’endroit est paisible. Quelques enfants y étaient habillés de kimonos pour la cérémonie des 7-5-3 ans (七五三). Après ce passage impromptu dans la nature, on retourne rapidement vers la réalité urbaine. Direction Jiyūgaoka que j’ai déjà montré dans le billet précédent.

Avant d’aller voir son concert à Shibuya le 15 Novembre 2022 , je suis parti à la découverte des mini-albums de Miyuna (みゆな) sortis avant son premier album Guidance (ガイダンス). J’ai déjà parlé brièvement de Reply dans un billet précédent et j’aborde dans ce billet celui intitulé Yurareru (ユラレル) sorti le 18 Septembre 2019. Miyuna n’avait à cette époque que 17 ans et on a beaucoup de mal à s’en rendre compte, vu la maturité de sa voix et de son chant. Ce qui est amusant tout de même, c’est qu’elle écrit dans les paroles du morceau Kan Beer (缶ビル) des phrases comme « ビルを買って » (Achètes moi de la bière), alors qu’elle n’est légalement pas en âge d’en boire. Ce morceau en particulier est d’ailleurs produit et arrangé par Shin Sakiura, nom que je trouve régulièrement sur mon chemin au fur et à mesure de mes découvertes musicales. Je le mentionnais rapidement auparavant, Shin Sakiura a notamment collaboré avec AAAMYYY pour quelques morceaux comme Kono mama Yume de (このまま夢で) ou Night Running (dont mahl parlait d’ailleurs sur son blog). Il a aussi arrangé le morceau Takes Time de son album Annihilation. Ce qui me fait penser que j’aimerais vraiment voir AAAMYYY en concert, mais elle a l’air plutôt active en ce moment comme membre du groupe Temparay, qui ne m’intéresse malheureusement moins musicalement. Shin Sakiura avait également assuré la pré-production de trois morceaux du premier album d’AiNA The End (ハロウ, サボテンガール et STEP by STEP) et plus récemment écrit et composé le morceau Higher du premier album de la re-formation de EMPiRE en ExWHYZ. Je ne dirais pas que ses compositions sont particulièrement originales ni disruptives mais elles ont le mérite d’être fluide et naturelle, sans superflu ou extravagance. Et cela s’accorde très bien avec ce morceau de Miyuna au point où il devient un des morceaux que l’on retient immédiatement dès la première écoute du mini-album. C’est un morceau volontairement ludique gagnant rapidement l’auditoire. C’est d’ailleurs le morceau que Miyuna avait choisi pour ses interactions avec le public pendant les rappels du concert à Shibuya auquel j’avais assisté. Le morceau le plus marquant émotionnellement du mini-album est le dernier intitulé Ikinakya (生きなきゃ) que j’évoquais déjà longtemps dans mon rapport du concert car il s’agissait d’un des moments forts. Comme sur tous ses albums, il y a en général une balade que j’aime un peu moins. Il s’agit ici du troisième morceau intitulé Boku to Kimi no Lullaby (僕と君のララバイ). Je suis beaucoup plus attiré par l’énergie pop de morceaux comme Susume (進め) ou Guru Guru (グルグル), un autre morceau phare de ce mini-album. Le premier morceau prenant le titre de l’album, Yurareru (ユラレル), est un des plus intéressants en terme de construction, notamment car il est soudainement interrompu par une rébellion instrumentale. Il est plus sombre bien qu’ayant par sursauts une dynamique forte marquée par le phrasé rapide de Miyuna. Sa versatilité vocale lui permet beaucoup de retournements de situations dans ses morceaux. Kuchinashi no Kotaba (くちなしの言葉) est un autre morceau que j’aime particulièrement et que j’ai d’ailleurs beaucoup écouté avant le concert, ce qui tombait bien car elle l’a également interprété. Je trouve que c’est un des meilleurs morceaux de sa discographie. Miyuna écrit les paroles et compose la musique de la plupart de ses morceaux, mais on voit parfois le nom de TSUGE à la composition musicale. TSUGE semble être un collaborateur fidèle car je le vois également mentionné sur l’album Guidance. Même si Yurareru n’est pas aussi abouti que Guidance, on y trouve une émotion qui me touche personnellement beaucoup.

après les jeux (3)

Je poursuis ma marche dans les quartiers d’Ariake gagnés sur la mer en direction des installations olympiques utilisées pendant les Jeux cet été. Il ne reste plus grand chose de la piste à bosses utilisée pour les compétitions de BMX. Il en reste tout de même une, de bosse, recouverte d’un revêtement vert avec le logo de la compétition. On aperçoit cette bosse depuis la rue car elle dépasse des palissades temporaires posées le temps de la démolition. En montant sur la plateforme surélevée de la ligne de train Yurikamome, on peut voir cette ancienne piste de plus près. Pendant les compétitions fermées au public, ce point de vue était prisé mais vite condamné pour éviter les concentrations de personnes pendant le pic de cas Covid durant cette période estivale. De l’autre côté, on aperçoit le centre gymnastique The Ariake Gymnastics Centre conçu par Nikken Sekkei et construit par Shimizu Corporation. Ce bâtiment partiellement composé de bois a une apparence très fine et élégante. Il aura une deuxième vie après les Jeux Olympiques, car les gradins seront enlevés et le bâtiment deviendra un hall d’exhibition. Cette forme courbée aux charpentes de bois est réminiscente des anciens navires naviguant dans la baie de Tokyo. J’avais dans l’espoir de m’en approcher, mais il est malheureusement toujours interdit au public. D’autres palissades blanches nous empêchent d’approcher la base de ce centre sportif. C’est bien dommage, mais on peut tout de même apprécier ses lignes depuis l’extérieur. Un autre centre sportif, conçu cette fois-ci par Kume Sekkei, se trouve à proximité. Il s’agit de l’Ariake Arena. Cette grande salle de couleur blanchâtre à la toiture courbée était utilisée pour les compétitions de volley-ball et de wheelchair basketball. Elle est également fermée au public et son ouverture semble prévue pour l’été 2022. L’objective de ma marche d’approcher ces centres olympiques n’est donc que partiellement rempli. Mais je continue ensuite à marcher sans faiblir. Toyosu est désormais proche, il suffit de traverser un autre canal.

Yayoi Kusama Museum

Le musée dédié à Kusama Yayoi (草間彌生) a ouvert ses portes en 2017. On le trouve dans le quartier de Bentenchō à Shinjuku. Je voulais le visiter depuis longtemps mais le fait d’avoir à faire une réservation préalable nous a fait patienter. On s’est dit qu’on allait attendre plusieurs mois après l’ouverture avant d’essayer de le visiter et les mois ont passé jusqu’à maintenant. La crise sanitaire nous a désormais habitué à réserver à l’avance tous nos déplacements dans des musées mais a eu tout de même comme conséquence une diminution de nos visites récentes. On se décide souvent le jour même et il est en général déjà trop tard. Pour ce musée de Kusama Yayoi, réserver le jour d’avant (même le soir d’avant) était suffisant pour obtenir quelques places. Il semble par contre difficile de réserver pour le jour même, en particulier un jour de week-end.

Le musée conçu par Kume Sekkei est tout en hauteur et est dans l’ensemble assez petit. On est loin d’y voir ici regroupée une rétrospective complète de l’artiste, qui a beaucoup créé et qui crée encore maintenant à l’âge de 92 ans. On trouve les sculptures végétales colorées de Kusama Yayoi un peu partout dans le pays. Une de ses créations les plus connues est la citrouille jaune à poix noirs posée sur une jetée abandonnée de l’île de Naoshima, et qui a d’ailleurs été emportée par les eaux lors d’un typhon le 9 Août 2021. Il en existe une similaire à Hakata dans la ville de Fukuoka. Les installations de Kusama Yayoi sont parfois éphémères. Nous avions vu des sculptures de formes rondes rouges à poix blancs en haut de Roppongi Hills pour la première exposition que nous avions vu de l’artiste. L’exposition s’appelait Kusamatrix et se déroulait en 2004. Des formes similaires étaient soudainement apparues quatre ans plus tard dans les jardins de Tokyo Mid-Town. Nous avions également aperçu des citrouilles blanches à poix rouges dans le grand hall du Department Store Ginza6 en Juin 2017. Cette même année, se déroulait une grande rétrospective de Kusama Yayoi au musée NACT à Nogizaka. Il y avait de très nombreuses peintures au format typique carré et des sculptures colorées de fleurs. Cette exposition intitulée My Eternal Soul (わが永遠の魂) nous faisait entrer dans le monde fantastique de Kusama Yayoi d’une bien belle façon. Il y a également un musée permanent montrant des œuvres de l’artiste à Matsumoto dans la préfecture de Gifu, sa ville de naissance, mais nous n’y sommes jamais allés.

J’étais très curieux de découvrir ce musée à Bentenchō non seulement pour les œuvres d’art qu’il contient mais également pour l’architecture du bâtiment en lui-même. On ne pouvait malheureusement pas prendre de photos aux deuxième et troisième étages, les principaux étages d’exposition du musée. C’est bien dommage car la qualité de l’espace intérieur est remarquable, surtout le troisième étage possédant un très haut plafond. Les murs blancs à l’extérieur le sont également à l’intérieur ce qui donne un espace lumineux même si les stores sont fermés. J’imagine que la lumière doit être éblouissante si on ouvre complètement ces rideaux. Les murs du bâtiment sont arrondis aux coins et on retrouve cette configuration à l’intérieur. Les marches de l’escalier sont collées sur ce mur comme des plaques. On peut continuer à apprécier les œuvres de l’artiste tout en grimpant les marchés de l’escalier. Le système de réservation limite beaucoup le nombre de personnes pouvant entrer simultanément à l’intérieur du musée, ce qui facilite grandement la visite, surtout pour l’espace d’art collaboratif au quatrième étage. Le visiteur pouvait coller des fleurs jaunes données à l’entrée à l’intérieur de cette pièce meublée. Nous n’étions pas les premiers et il était plutôt compliqué de trouver un espace libre pour coller une petite fleur supplémentaire. Ce type d’espace collaboratif est assez typique de l’art de Kusama Yayoi. Pendant la période olympique, il y en avait un similaire à l’intérieur d’un bâtiment administratif de Shibuya. L’exposition en cours se concentre sur les œuvres monochromes, noir et blanc ou à couleur unique (comme ces fleurs jaunes). L’exposition s’intitule ‘Midway Between Mystery and Symbol: Yayoi Kusama’s Monochrome’. Certaines des œuvres sont anciennes mais d’autres beaucoup plus récentes. La peinture carrée appelée ‘STAIRWAY TO HEAVEN’ qui sert de présentation pour l’exposition date de 2019. On passe un bien agréable moment dans ce petit musée avec l’impression d’échapper au réel pendant quelques instants. L’exposition est à sens unique, c’est à dire qu’on évolue de salle en salle en montant l’étroit escalier. Un ascenseur nous permet quand même de redescendre à un des étages pour redémarrer notre ascension, ce que nous avons fait. Le haut du building donne accès à une terrasse ouverte sur un ciel bleu s’accordant bien avec une fleur colorée posée là. J’essaie de la prendre dans tous les angles. Je sors l’iPhone de ma poche pour pouvoir prendre une photographie en contre-plongée. Dans ce musée, même l’ascenseur est une œuvre d’art. Les parois qui composent le caisson de l’ascenseur sont toutes couvertes de miroirs avec des poix rouges collés de manière aléatoire. Cette disposition nous pousse forcément à se prendre en photo en selfie par réflection sur les miroirs. La dimension ludique de l’art de Kusama Yayoi est omniprésente. La baie vitrée couverte de poix blancs au rez-de-chaussée à côté de l’entrée me pousse également à imaginer quelle photographie amusante on pourrait faire, en association avec la rue qu’on aperçoit derrière la vitre en transparence.