天晴よ東京

Un temps ensoleillé et une chaleur estivale gagnent maintenant Tokyo après ce qui a ressemblé à une fin retardée de la saison des pluies. L’objectif cette fois-ci était de trouver dans les rues de Koishikawa la maison du chat noir Chez Tachibana. Ce petit immeuble noir aux formes rondes est posé dans la courbe d’une rue en pente que les vélos dévalent à toute vitesse sans prêter attention au visage du chat noir posé dans la rondeur des murs. Je suis venu pour voir ce chat, après l’avoir vu quelques fois déjà sur Internet aux détours de blogs (ah, cette époque lointaine où on écrivait des blogs). Ce petit building qu’on pourrait appeler Neko Biru (猫ビル) est posé sur une surface de 27 m2 et possède un sous-sol, un rez-de-chaussée et 2 étages. Sa construction a été achevée en Décembre 1991. Il servait de lieu de travail et de bibliothèque pour le journaliste indépendant Takashi Tachibana (立花隆). Originaire de Nagasaki, il était diplômé de littérature française à l’Université de Tokyo. Tachibana a commencé sa carrière en 1964 pour le magazine Shūkan Bunshun et a ensuite écrit de nombreux articles pour d’autres publications comme Shokun!. En 1974, il publia dans le magazine Bungeishunjū une enquête minutieuse sur les affaires de corruption du ministre alors en place à l’époque, Kakuei Tanaka, conduisant à sa chute. Il est décédé récemment à l’age de 80 ans, en Avril 2021, suite à des problèmes cardiovasculaires. Je ne sais pas qu’elle est maintenant l’utilisation faite de ce building noir, car la porte était bien entendu fermée sans information particulière à part bien sûr l’écriteau mentionnant le nom de cette maison. Nous sommes ici dans les rues à l’arrière de l’immense Tokyo Dome, que je montre ensuite sur quelques photographies. Je ne suis d’ailleurs jamais entré à l’intérieur du dôme, car je suis assez peu amateur de baseball et je n’ai jamais eu l’occasion d’y voir un concert. A ce propos, nous avons tenté notre chance pour acheter des places pour une des deux dates du concert de King Gnu qui se déroulera dans ce dôme les 19 et 20 Novembre 2022. Une loterie définira ceux qui pourront y assister mais comme nous ne sommes pas membres du fan club, je pense que nous n’avons que peu de chance de pouvoir remporter des places. Nous serons fixés dans quelques jours apparemment [NDLR: c’est manqué malheureusement]. Le Tokyo Dome est une structure grandiose conçue par Nikken Sekkei et Takenaka Corporation dont la construction a été finalisée en 1988. Sa particularité est la structure formant la toiture composée d’une immense membrane à air renforcée par des câbles. Le Tokyo Dome fait 59m de haut pour une surface au sol de 116,463 m2. Ce lieu est devenu tellement symbolique pour sa taille que les médias l’utilisent très souvent comme unité de mesure de surface, pour comparer les tailles et susciter une impression de grandeur à d’autres lieux. Je ne me risquerais en tout cas pas à en faire le tour aujourd’hui vu la chaleur ambiante. Entre autres infrastructures, le dôme est entouré d’un grand immeuble conçu par Kenzo Tange, le Tokyo Dome Hotel, que je n’ai pas pris en photo cette fois-ci (enfin, on le voit quand même qui dépasse au dessus du dôme sur les cinquième et sixième photographies du billet). Dans les rues de Koishikawa on peut également voir de loin un étrange building composé d’un observatoire formant un demi-cercle. Il s’agit du Bunkyō City Hall, placé juste à côté du Tokyo Dome. Ce building gouvernemental à la forme si particulière (certains diront qu’il ressemble à un distributeur de bonbons Pez) a été conçu par Nikken Sekkei et construit en 1994. On peut l’apercevoir sur la troisième photographie du billet. Sur la photographie suivante, de taille beaucoup moins grandiose que le nom pourrait le suggérer, je tombe par hasard sur le sanctuaire Koishikawa Daijingū. Ce bâtiment du sanctuaire est récent car sa reconstruction aurait été achevée le 7 Mai 2021. La marche m’amène ensuite à traverser la rivière Kanda au niveau de Suidōbashi en direction du quartier de Jimbocho dont je montrais auparavant quelques photos.

J’arrive finalement au bout d’une longue série de billets consacrés aux concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen avec celui qu’il me restait à voir, Ringo Expo’14. J’avais démarré cette série de billets en Septembre 2020 après avoir vu le concert de Tokyo Jihen News Flash en streaming live. Il m’aura donc fallu presque deux ans pour voir tous ces concerts disponibles officiellement en DVDs ou en Blu-ray. Le concert Ringo Expo’14, (生)林檎博’14 ―年女の逆襲― (Nama Ringo Haku 14 – Toshi Onna no Gyakushū) de Sheena Ringo est sorti en DVD et Blu-ray le 18 Mars 2015. Le sous-titre de ce concert signifie « La contre-attaque de l’héroïne », comme pour indiquer qu’elle ne faiblira pas malgré les années qui passent. Elle avait 36 ans à cette époque là. Le concert capturé sur le DVD et Blu-ray est celui du 10 Décembre 2014 au Osaka Castle Hall (大阪城ホール). La tournée de laquelle ce concert est extrait se déroulait en 5 dates du 29 Novembre au 21 Décembre 2014, dans des salles immenses de type arena comme c’est également le cas pour ses autres tournées de la série Ringo Expo. Les deux premières dates étaient au Saitama Super Arena, les deux suivantes au Osaka Castle Hall et la dernière à Fukuoka au Marine Messe (elle ne manque jamais une date dans sa ville d’origine).

Comme c’est le cas pour les tournées de la série Expo, les musiciens sur scène sont nombreux. Si on compte également les deux danseuses Aya et Bambi (régulières des concerts), la troupe accompagnant Sheena était composée de 37 personnes et prenait cette fois-ci le nom de The Mighty Galactic Empire, ou en japonais 銀河帝国軍楽団 ce qui signifie à peu près la même chose, c’est à dire l’Orchestre de l’Armée de l’Empire Galactique. Ce nom de formation me fait tout de suite penser à l’univers de Star Wars mais il n’y a pas de références directes sur la scène. Une partie de l’orchestre porte des costumes beiges qui font en effet penser à ceux d’uniformes de l’armée de l’air ou d’agents attachés à la sécurité aérienne, car ils sont marqués à l’épaule d’un patch mentionnant Airborne. Le reste des musiciens, placés directement sur la scène autour de Sheena Ringo sont plutôt habillés de tenues de moussaillon ou de gardes-côtes. Plutôt que l’univers intergalactique de Star Wars, ce choix artistique de costumes me paraît s’apparenter à celui de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~ ou Reimport vol.1) sorti en Mai 2014, et par extension au deuxième volume Gyakuyunyū: Kōkūkyoku (逆輸入 〜航空局〜 ou Reimport vol.2). Même si ce deuxième volume ne sortira que beaucoup plus tard en Décembre 2017, le concert Ringo Expo‘14 en contient déjà quelques morceaux. Ces deux volumes de reprises de morceaux que Sheena a créé pour d’autres font référence aux transports maritimes et aériens, et donc correspondraient assez bien, à mon avis, à ce choix de costumes. Ce thème maritime sur scène avec ces costumes ressemblant à ceux d’un équipage de bateau de gardes-côtes explique peut-être le sens de l’utilisation détournée du drapeau des forces de défense maritime. Certains cherchent absolument à y voir un signe nationaliste, mais je pense que c’est allé un peu loin dans les interprétations. Le concert Ringo Expo‘14 se compose de 27 morceaux incluant deux en rappel. La set list couvre principalement les deux albums sortis en 2014, à savoir Hi Izuru Tokoro (日出処 ou Sunny) sorti en Novembre 2014 et Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~ ou Reimport vol.1) en Mai 2014, comme je le mentionnais ci-dessus. Il y a également quelques morceaux plus anciens de Sanmon Gossip (三文ゴシップ), de Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) et de Ukina (浮き名), mais étonnamment aucun morceau des deux premiers albums Muzai Moratorium et Shōso Strip. La surprise est de voir trois morceaux de Tokyo Jihen intégrés à cette set list.

Dans l’équipe de musiciens de The Mighty Galactic Empire, on retrouve beaucoup d’habitués des concerts de Sheena Ringo: Ukigumo (浮雲) à la guitare et au chant, Masayuki Hiizumi aka HZM (ヒイズミマサユ機) aux claviers, Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse et Midorin (みどりん) à la batterie. Viennent compléter cette formation, Tomoyasu Takeuchi (竹内朋康) à la guitare, Yoshiaki Sato (佐藤芳明) à l’accordéon, et tout l’orchestre conduit par Neko Saito (斎藤ネコ) assurant également le violon. L’orchestre se compose d’une vaste formation de dix violonistes, deux violoncellistes, deux personnes aux percussions, une harpe, trois personnes au trombone, trois à la trompette, cinq au saxophone (alto, ténor, baryton), entre autres. Il s’agit donc d’une formation très étendue fidèle aux configurations des concerts de type Expo. J’avais acheté la version d’origine du coffret Blu-ray et c’est un joli boîtier avec un effet 3D. Si ce concert n’est pas le meilleur à mon avis, on y trouve beaucoup de très bons moments et il est forcément indispensable. C’est également un des concerts les plus connus de Sheena Ringo.

Le concert commence dans le noir quasi complet et le morceau Ima (今) est joué avant que Sheena n’apparaisse sur scène. Les spectateurs contemplent un écran étoilé montrant des galaxies. Des nappes de lasers font ensuite leur apparition passant au dessus des têtes de la foule. Sheena arrive en barque sur cette mer imaginaire sombre délimitée par les lasers légèrement bleutées. Le passage qu’emprunte la barque est délimité par des points de lumière comme sur une piste d’atterrissage. Cette mer ressemble peut-être plus à une rivière et je pense maintenant à une analogie avec la traversée de la rivière Styx, qui dans la mythologie grecque amenait les défunts vers le monde des morts. J’y pense car le morceau suivant est Sōretsu (葬列), la procession funéraire, tiré de l’album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花). Pour cette traversée, Sheena porte un large chapeau noir et un manteau flamboyant aux multiples couleurs. Ce doit être la plus belle entrée sur scène que j’ai pu voir parmi tous les concerts sortis. Le morceau Sōretsu est magnifique. Il donne des frissons. Je pense que c’est la seule représentation de ce morceau que Sheena a fait sur scène. Elle est vêtue d’une robe simple noire avec une fleur beige dans ses cheveux aux reflets bleutés. Elle chante dans une ambiance sombre devant une cascade de fumée blanche. Elle est extrêmement concentrée et regarde au loin dans la foule comme si son regard était absent. Son ton est sérieux mais laisse tout de même échapper un demi sourire à peine visible. Le final tourmenté faisant intervenir le violon de Neko Saito, le piano de HZM et des couleurs rouges est vraiment superbe. L’interprétation que fait Sheena de Sōretsu est intense et on a le plaisir de découvrir une version plus prenante que celle de l’album, mais si musicalement elles est similaire avec la même ambiance orientale au début. Je suis revenu plusieurs fois sur ce Blu-ray pour réécouter ce morceau en particulier, qui, je dirais même, justifie à lui seul l’achat du Blu-ray (j’aime bien exagérer, mais à peine). L’ambiance change ensuite rapidement avec le morceau Sekidō wo Koetara (赤道を越えたら) de l’album Hi Izuru Tokoro. J’aurais aimé que l’ambiance s’attarde un peu plus dans le style de Sōretsu mais j’ai de toute façon toujours aimé ce morceau.

Tsugō no ii Karada (都合のいい身体) continue ensuite dans un esprit plus léger, mais musicalement un peu trop dense à mon goût. C’est le défaut de maximalisme que je peux lui faire de temps en temps, bien que musicalement, c’est parfaitement exécuté. Il n’est cependant pas dans mes morceaux préférés. Un écran vidéo de grande taille à l’arrière montre des images animées faisant directement référence à la vidéo du morceau, tandis qu’Ukigumo, présent dans les chœurs, accompagne Sheena au chant comme sur le morceau précédent. Yattsuke Shigoto (やっつけ仕事) repart vers des terrains plus rocks et Sheena prend sa guitare. Pendant le morceau, HZM est debout devant son piano comme à la grande époque de Tokyo Jihen, sur le concert Dynamite Out par exemple. Ça fait plaisir à voir car je l’avais en général trouver plutôt concentré sur les autres concerts que j’ai pu voir récemment. Ce morceau est puissant en guitare et très rapide. Ukigumo et l’autre guitariste Tomoyasu Takeuchi semblent bien s’amuser au fond. Sheena finit bien le morceau avec le cri rauque caractéristique comme d’habitude mais ne va pas jusqu’à montrer le blanc de ses yeux comme lors du concert Zazen Ecstacy qui reste la meilleure version que je connaisse de ce morceau. Avec Hashire wa Number (走れゎナンバー), on revient vers des ambiances plus jazz agrémentées par le son de la flûte de paon. Je me dis en écoutant ce morceau que Sheena donne toujours des interprétations vocales parfaites sans faire aucune erreur ou écart de voix. Elle disparaît ensuite de scène par une trappe cachée au sol et n’est pas présente sur scène pour le morceau Kachū no Otoko (渦中の男) de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku. On voit d’abord sur les écrans géants les deux danseuses Aya et Bambi Sato puis le visage de Sheena apparaît par intermittence. L’ambiance musicale sur scène est très dense et tourmentée.

La surprise vient ensuite de l’interprétation de Sōnan (遭難) de Tokyo Jihen sur le premier album Kyōiku (教育). Sheena s’est changée en robe blanche de mariée avec des cheveux légèrement rosés lui descendant jusqu’au niveau des yeux. Ce costume la change complètement. Elle a cette capacité de transformation au point où on a du mal à la reconnaître. Suit ensuite le morceau JL005-bin de (JL005便で). Les deux danseuses rejoignent Sheena sur scène et elles effectuent toutes les trois des mouvements saccadés plutôt inquiétants. Les points lumineux qui limitaient la rivière imaginaire au début du concert réapparaissent maintenant pour donner l’image d’une piste d’atterissage mouvante. Rappelons nous que JL005 fait référence à la ligne d’avion Tokyo – New York. Ce morceau est vraiment très beau. Le morceau Watashi no Aisuru Hito (私の愛するひと) est moins connu car il s’agit d’une B-side du single Carnation. Le petit drapeau rosé est de sortie à ce moment là et Sheena l’utilise pour faire bouger la foule en rythme. Le point amusant vient des paroles concluant ce morceau contenant quelques phrases en français « Tu es tout ce que je n’ai pas, tu es mon amour » que Sheena chante avec Ukigumo dans les chœurs. Elle a un fort accent lorsqu’elle chante en français et ça paraît presque volontaire. Kinjirareta Asobi (禁じられた遊び) est un autre morceau de Tokyo Jihen de l’album Daihakken. J’aime beaucoup la dynamique changeante de ce morceau, qui finit par une sorte de complainte. Sheena met d’ailleurs un genou à terre à la fin. Anya no Shinjūdate (暗夜の心中立て) de l’album Gyakuyunyū: Kōkūkyoku possède une intensité certaine à l’ambiances proche du Enka. Ce type de morceaux lui va très bien car elle force ses mouvements, et son visage décidé pendant qu’elle chante vient contraster avec la pureté de sa robe de mariée. Ce contraste entre son apparence et sa façon d’être est intéressant et loin d’être inhabituel chez elle. Je repense maintenant au magazine GB dans les rues d’Ueno où l’on voit Sheena en robe de mariée porter à la main un pistolet, fumer des cigarettes ou se promener dans des endroits inconvenants pour une mariée, dans un esprit que je rapprocherais du punk.

BETWEEN TODAY AND TOMORROW est un morceau instrumental que l’on trouve sur l’album Ukina et qui poursuit le set du concert. HZM est d’abord seul, accompagné ensuite par un filet de violons donnant une ambiance cinématographique inquiétante. Sheena se change pendant ce temps là. Les images sur le grand écran au fond superposent les musiciens sur scène avec des images de flammes, ce qui donne l’impression que les instruments sont en feu. Pour le morceau suivant Ketteiteki Sanpunkan (決定的三分間), Sheena se transforme maintenant en une hôtesse de l’air habillée d’un ensemble rouge orangé ceintré. Tout comme la robe de mariée, cette tenue est particulièrement iconique. Elle a également les cheveux orangés s’accordant bien à son ensemble. Le mégaphone est de sortie sur ce morceau. Les deux danseuses sont également sur scène et les trois font une fois encore des mouvements de danse en accords. Il y a d’ailleurs quelque chose d’assez mignon dans cette danse. Dans la série des Sanpunkan (3 minutes), on annonce ensuite Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間), un autre morceau de Tokyo Jihen provenant de l’album Sports. Ukigumo vient sur le devant de la scène pour interpréter ce morceau avec Sheena. La mise en scène fait que Sheena tourne presque en permanence le dos à Ukigumo, ce qui est assez étrange mais pas vraiment dérangeant. Ce n’est pas particulièrement la meilleure version que je connaisse de ce morceau, car il est bien plus percutant quand il est interprété par Tokyo Jihen. Chichinpuipui (ちちんぷいぷい) de l’album Hi Izuru Tokoro est de ces morceaux qui rendent mieux en concert que sur album, probablement parce qu’il s’agit en quelque sorte d’un hymne à Ringo. Cette version est par contre moins impressionnante que celle qu’elle fera plus tard sur Ringo Expo’18. Mittei Monogatari (密偵物語) est un morceau de Sanmon Gossip qui fonctionne bien en concert bien qu’il ne soit pas dans les morceaux que je préfère. Le solo de piano de HZM y est par contre brillant comme d’habitude. Koroshiya Kiki Ippatsu (殺し屋危機一髪) est par contre beaucoup plus percutant, à l’image du coup de feu qu’elle donne au dessus de la foule avec un faux pistolet. Sur le EP du même nom, Sheena interprétait ce morceau avec le groupe Jazz SOIL& »PIMP »SESSIONS, dont fait partie Midorin à la batterie.

Un nouvel interlude musical vient délimiter une nouvelle partie du concert. Le morceau instrumental Bōenkyō no Soto no Keshiki (望遠鏡の外の景色) sert de présentation du groupe de musiciens de The Mighty Galactic Empire, où chacun est montré jouant de son instrument tour à tour. Sheena revient sur scène à la toute fin du morceau pour le conclure. Pour Saihate ga Mitai (最果てが見たい), elle est maintenant habillée d’une longue blouse blanche barrée de toute sa hauteur d’une ligne rouge. Ukigumo y fait un petit solo de guitare ce qui nous laisse un peu de temps pour apprécier son étrange guitare en forme d’éclair. Sur NIPPON ensuite, Sheena s’empare à nouveau de sa guitare. Elle n’en joue pas beaucoup, à part pour le solo de guitare qui est de toute façon le meilleur moment du morceau. Elle donne beaucoup de sa voix sur ce morceau et Midorin est hilare à la batterie. Il semble bien s’amuser sur ce concert. Jiyū e Michizure (自由へ道連れ) voient le retour du mégaphone et un peu d’equilibrisme car Sheena monte sur un skateboard posé sur une plate-forme mouvante se déplaçant dans la foule. C’est la seule fois à ma connaissance où on peut voir ce genre d’installation. Le skateboard est un des accessoires récurrents du monde musical de Sheena Ringo. Je ne pense pas qu’elle en fasse elle-même mais je pense qu’il fait référence à la musique alternative américaine. Il s’agit juste d’une interprétation de ma part. Ukigumo remplace Mummy-D de Rhymester au chant rappé sur Ryūkō (流行) pendant que Sheena enlève tout d’un coup sa blouse blanche pour révéler une robe rose et dorée. Il y a un côté un peu kitsch de music hall qui me plait moins. Je me dis maintenant qu’Ukigumo est vraiment un personnage particulier. Il est excellent dans son jeu de guitare, semblant toujours improvisé, et chante également très bien. Il donne l’impression d’être une personne timide en interview mais n’hésite pas à se lâcher en rappant d’une manière très naturelle sur ce morceau par exemple. Récemment, je l’écoute régulièrement dans son émission radio sur J-Wave intitulée Fourgonette (le samedi tard le soir) et son style particulièrement cool est très apaisant. L’émission radio est d’ailleurs sponsorisée par Citroën, ce qui m’amuse car dans l’enquête 2021 du fan club Ringohan, il y avait une question nous demandant d’imaginer quel type de magasin correspondrait bien à Ukigumo (浮雲に似合いそうなお店屋さんはなに). Je le sais amateur de voitures et J’avais donc laissé en proposition le magasin DS de Citroën à Aoyama. Peut-être y est-il vraiment allé pour les besoins de cette émission radio. Le morceau qui suit, Shuen no Onna (主演の女), est un peu trop dense à mon goût mais Sheena y révèle une autre tenue iconique avec des ailes d’ange dans le dos. Il s’agit là encore d’un accessoire récurent du monde de Sheena Ringo. Shizuka Naru Gyakushū (静かなる逆襲) conclut le set avant les deux rappels. Il s’agit en fait d’un ancien morceau appelé Kudamono no Heya (果物の部屋). L’interprétation est assez intense mais j’aime beaucoup ce morceau. Il faut aussi remarquer que Sheena semble particulièrement à l’aise avec ces ailes dans le dos. A noter au passage que le titre de ce billet correspond à la phrase finale des paroles de ce morceau, et je remarque maintenant qu’il y a plusieurs morceaux se terminant sur le mot « Tokyo ».

Dans les rappels sur le morceau Mayakashi Yasaotoko (マヤカシ優男) de l’album Sanmon Gossip, HZM se déchaîne sur le solo de piano ce qui a l’air d’énormément satisfaire Sheena. Comme à chaque concert, on sent que la pression redescend à la fin car elle est beaucoup plus souriante et détendue. Le seul moment de MC suit ensuite pour remercier la foule, précisant même qu’il y a des gens dans le public venant de loin (de Hong Kong apparemment). On sent une émotion certaine alors qu’elle remercie le public car elle a le visage assez fragile à ce moment là, à l’opposé de ce qu’elle montre sur scène. Le set se termine avec Arikitarina Onna (ありきたりな女), un des meilleurs morceaux de l’album Hi Izuru Tokoro. J’imagine que jouer sur scène 27 morceaux doit être particulièrement épuisant. Le concert se termine par les crédits montrés sur grand écran avec comme bande son le morceau de Tokyo Jihen intitulé Bon Voyage interprété seul par Ukigumo. On ne le trouve à ma connaissance que sur le boxset Hard Disk en morceau inédit. Ce n’est ceci dit pas un morceau inoubliable mais il passe bien en bande son finale. Au final, il s’agit bien entendu d’un très beau concert. Ce n’est pas la meilleure set list ni les meilleures versions que je connaisse des morceaux (à part pour certains) mais le spectacle très sophistiqué, comme à l’habitude, vaut le détour. J’espère que cette revue venant conclure une longue série de présentation de concerts, va donner, de manière télépathique, des idées à Sheena Ringo ou Tokyo Jihen pour organiser une tournée très bientôt.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la listes des morceaux du concert Ringo Expo’14, (生)林檎博’14 ―年女の逆襲―:

1. Ima (今) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
2. Sōretsu (葬列) de l’album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
3. Sekidō wo Koetara (赤道を越えたら) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
4. Tsugō no ii Karada (都合のいい身体) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
5. Yattsuke Shigoto (やっつけ仕事) de l’album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
6. Hashire wa Number (走れゎナンバー) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
7. Kachū no Otoko (渦中の男) de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~)
8. Sōnan (遭難) de l’album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
9. JL005-bin de (JL005便で) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
10. Watashi no Aisuru Hito (私の愛するひと) en B-side du single Carnation (カーネーション)
11. Kinjirareta Asobi (禁じられた遊び) de l’album Daihakken (大発見) de Tokyo Jihen
12. Anya no Shinjūdate (暗夜の心中立て) de l’album Gyakuyunyū: Kōkūkyoku (逆輸入 〜航空局〜)
13. BETWEEN TODAY AND TOMORROW de l’album Ukina (浮き名)
14. Ketteiteki Sanpunkan (決定的三分間) de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~)
15. Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) de l’album Sports (スポーツ) de Tokyo Jihen
16. Chichinpuipui (ちちんぷいぷい) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
17. Mittei Monogatari (密偵物語) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
18. Koroshiya Kiki Ippatsu (殺し屋危機一髪) de l’album Ukina (浮き名)
19. Bōenkyō no Soto no Keshiki (望遠鏡の外の景色) de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~)
20. Saihate ga Mitai (最果てが見たい) de l’album Gyakuyunyū: Kōkūkyoku (逆輸入 〜航空局〜)
21. NIPPON de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
22. Jiyū e Michizure (自由へ道連れ) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
23. Ryūkō (流行) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
24. Shuen no Onna (主演の女) de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~)
25. Shizuka Naru Gyakushū (静かなる逆襲) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
26. (Rappel) Mayakashi Yasaotoko (マヤカシ優男) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
27. (Rappel) Arikitarina Onna (ありきたりな女) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)