Lucky Drops par Atelier Tekuto

Un indice m’avait révélé que cette maison très particulière nommée Lucky Drops par l’Atelier Tekuto (アトリエ・天工人) se trouvait quelque part le long de la rivière Tamagawa. La rivière étant longue et sinueuse, je ne me voyais pas la parcourir en entier dans toutes ses courbes sur GoogleMap pour trouver l’emplacement exact de cette maison. Un autre indice m’indique qu’elle se trouve dans l’arrondissement de Setagaya. Il m’aura fallu un troisième indice pour finalement la découvrir dans les environs de Futago-Tamagawa. En fait, une photo disponible sur le site web de l’architecte montrait une vue d’ensemble de la maison dans son environnement. On y devinait à peine la rivière Tamagawa mais la présence d’une usine de l’autre côté de la rive m’a permis de finalement découvrir son emplacement. Comme il s’agit d’une résidence privée, je ne permettrais pas de dévoiler son adresse. Je me dis quand même que l’on finit toujours par trouver ce que l’on cherche, parfois avec une petite aide extérieure. J’ai mis très longtemps à trouver cette maison. Il y a plusieurs années, j’avais trouvé quelque part sur internet des indices sur une adresse qui s’était avérée fausse. Je me souviens avoir fait le déplacement dans un quartier de Kamata et d’avoir fait des ronds dans ce quartier pour ne finalement rien trouver. J’avais pensé à cette époque que la maison avait été détruite, ce qui m’avait paru plutôt plausible vue son extrême petitesse que j’imaginais peu pratique pour y vivre. Les hasards d’Instagram m’ont rappelé que cette maison était bien toujours là, fièrement plantée sur un étroit terrain tout en longueur.

On la trouve dans une petite zone résidentielle longeant la rivière au bord d’un terrain vague. La maison est construite sur un terrain étroit tout en longueur qui prend une forme trapézoïdale faisant 3.26m de largeur au niveau de la façade principale et se réduisant à 0.79m sur la façade arrière. La maison est longue et fine, faisant 29.3m de longueur sur une surface totale de 21.96㎡. Lucky Drops prend également une forme de trapèze dont la hauteur au-dessus du sol diminue alors que l’on progresse de la façade à l’entrée jusqu’au fond du bâtiment. Notons que le design structurel de cette maison a fait intervenir Masahiro Ikeda dont je parle régulièrement sur ce blog. Il a déjà travaillé avec Yasuhiro Yamashita et l’Atelier Tekuto pour d’autres projets comme Penguin House à Itabashi. La forme conique de l’espace au sol est renfermé par une fine membrane translucide composée de panneaux en plastique renforcé de fibres, laissant passer la lumière naturelle. La surface habitable totale est d’environ 61㎡, incluant bien entendu un espace au sous-sol. La petitesse du terrain et les régulations de construction ont contraint de déplacer la majeure partie de l’espace habitable au sous-sol, tout en maximisant l’espace au sol en utilisant cette membrane fine comme murs. Les étages sont séparés de grilles de métal de couleur blanche laissant traverser la lumière. Les photos que l’on peut voir de l’intérieur (celles ci-dessus prises par le photographe Makoto Yoshida et visibles sur le site de l’architecte) donne bien cette impression d’un espace extrêmement réduit et j’ai beaucoup de mal à imaginer comment on peut y vivre confortablement. Le manque d’espace est évident car on voit sur les façades avant et arrière des monticules d’objets et de boîtes entassés. Il faut très certainement avoir à cœur de ne pas s’encombrer d’objets matériels pour pouvoir apprécier pleinement la vie dans un tel endroit. Il n’empêche que ce genre d’architecture conçu, bien entendu, en accord avec le client reste tout à fait fascinant. Je me pose quand même la question du terrain vague longeant la maison. Il est resté inoccupé depuis la construction de cette maison en 2005 et je me demande donc s’il est également, dans sa totalité, la propriété du couple habitant cette maison. Le terrain n’est pas spécialement aménagé et n’a pas l’air d’être utilisé. Ça me donne le sentiment que les propriétaires ont volontairement fait le choix de vivre dans un espace très réduit (les contraintes budgétaires jouant certainement). Les teintes blanchâtres que l’on peut voir sur les photos après construction (sur le site de l’architecte) ont dû progressivement jaunir, ce qui n’a rien de vraiment étonnant. Je me demande si les surfaces courbes extérieures n’ont pas plutôt été recouvertes d’un film de couleur jaune. Je ne suis en tout cas pas mécontent d’avoir enfin trouvé cette maison car j’aime beaucoup l’inventivité sans compromis de l’Atelier Tekuto. Cette inventivité fait ressembler son architecture à des œuvres d’art qui font le plaisir des amateurs photographes comme moi. Reflection of Mineral ou R・Torso・C sont d’autres bons exemples de l’art architectural de Yasuhiro Yamashita et de l’Atelier Tekuto.

floating across the blue sky alone

L’envie m’est soudainement venue de parcourir à pieds le bord de la rivière Tamagawa, pas vraiment pour une longue marche mais plutôt pour saisir pendant quelques instants dans mes bronches la fine brise rafraîchissante qui court le long de la rivière. Je suis parti de la station de Futago-Tamagawa pour marcher dans un premier temps dans les quartiers résidentiels près de la rivière. Au passage, j’aperçois une étrange maison, celle de la première photographie, dont l’entrée n’est accessible qu’à l’étage par un escalier de métal. Cette entrée est couverte comme s’il s’agissait d’une protection contre les éléments extérieurs. On me fait même remarquer sur Instagram que cette entrée ressemble un peu à celle d’un avion, accessible depuis le tarmac. Je ne connais pas la raison exacte de l’emplacement de cette entrée et de son apparente couverture protectrice, mais j’imagine qu’elle est liée à la crainte éventuelle d’un débordement de la rivière Tamagawa. La route parmi les maisons de la zone résidentielle me ramène assez vite vers le bord de la rivière. Certaines maisons au bord de la rivière aménagent leurs petits jardins pour leur donner un petit air de vacances.

Pour le chemin du retour, je passe au plus près de la rivière en marchant au dessus des digues de terre aménagées pour les piétons et les cyclistes. À cet endroit, en contrebas, les terres près de la rivière sont occupés par divers terrains de sport. Alors que je me rapproche déjà de la station, je longe l’auto-école Koyama Driving School qui me rappelle des souvenirs. J’aime bien revoir cette école car j’y ai passé mes deux permis moto (le 400cc et le gros cubes). Au début des années 2000, j’y prenais des cours de conduite tous les week-ends et je me souviens encore très bien descendre la longue route 246 jusqu’à Futago-Tamagawa en scooter, puis en Honda CB400 (après avoir obtenu le permis 400cc) pour aller à l’école. La moto me manque un peu quand j’y repense, surtout quand l’été approche. Je m’étais décidé à passer le permis moto après un voyage à Kota Kinabalu sur l’île de Borneo, en voyant une fille à moto tracer sa route le long de la côte sous la chaleur estivale. J’ai encore cette image clairement en tête. Mais la conduite à moto peut être parfois beaucoup moins agréable lorsqu’il pleut pendant des journées entières, comme ça avait été le cas lors d’un voyage à Hokkaido à moto en Août 2002. La pluie incessante ne nous avait pas empêché d’apprécier les paysages d’Hokkaido mais on était quand même content de trouver un peu de chaleur dans les riders’ houses où nous passions la nuit.

Après avoir écouté l’album Heaven’s Kitchen de Bonnie Pink, j’ai eu l’envie irrésistible d’écouter d’autres albums au fur et à mesure que je les trouvais d’occasion en parcourant différents magasins Disk Union de Tokyo. Comme elle a sorti un grand nombre d’albums (12), je me suis concentré sur les premiers en commençant par son tout premier Blue Jam sorti en 1995, puis par le troisième album evil and flowers sorti en 1998. J’ai rapidement complété avec Let go sorti en 2000, Just a girl sorti ensuite en 2001, puis l’album de 2004, Even So dont je montrais la couverture dans un précédent billet. J’ai en fait commandé Even So sur Mercari car je ne le trouvais pas chez les disquaires Disk Union. De ses débuts en 1995 à cet album de mi-carrière Even So, son style musical a sensiblement varié. Les aspirations rock indé des débuts se sont transformés petit à petit en une approche beaucoup plus pop sur Even So. J’aime bien sûr beaucoup l’approche rock indé, mais l’album Even So est peut-être bien le meilleur que je connaisse pour l’instant. Elle a beaucoup d’aisance dans sa voix et la composition musicale de ses morceaux est particulièrement accrocheuse. J’aime d‘autant plus cet album que l’esprit d’ensemble est plutôt différent de ce que j’écoute en général. Il y a des morceaux plus forts que d’autres. J’adore par exemple le premier Private Laughter, le troisième New Dawn, les deux morceaux qui se suivent Mint et 1•2•3 puis le onzième morceau Jinsei Game (人生ゲーム).

J’écoute également beaucoup le troisième album evil and flowers (1998), qui a comme je le disais ci-dessus des sonorités plus rock indé. Cet album est plus sombre en comparaison des autres. Elle a écrit l’album seule dans la campagne suédoise, alors qu’elle était en recherche d’inspiration. Il faut noter que son producteur de l’époque est le suédois Tore Johansson, également producteur du groupe The Cardigans (souvenons-nous des morceaux Carnival sur l’album Life de 1995, de Lovefool sur l’album First Band on the Moon de 1996 et de My Favourite Game sur l’album Gran Turismo de 1998). L’album evil and flowers est excellent et les meilleurs morceaux à mon avis sont le deuxième Forget Me Not (la partie finale notamment), le onzième Only For Him (notamment les sonorités de guitare) et le septième Kingyo (金魚). Ce morceau Kingyo n’est pas un morceau sur lequel on accroche immédiatement et il demande plusieurs écoutes pour vraiment l’apprécier, mais c’est clairement un morceau clé de cet album. Parmi les 13 morceaux de l’album, c’est le seul dont le titre est écrit en kanji, et comme il s’agit du septième morceau, il prend une position centrale sur l’album. Les premier et dernier morceaux sont le même titre Evil and Flowers, le même que celui de l’album, mais dans des versions musicales différentes. Cette symétrie des premier et dernier titres similaires autour d’un seul morceau écrit en kanji m’interpelle forcément, car elle semble volontaire. La symétrie ne s’applique pas sur tous les morceaux comme Sheena Ringo pourra le faire à partir de son album Shōso Strip de 2000. Mais comme je sais que Sheena Ringo avait conscience de la musique de Bonnie Pink, je me demande maintenant si elle n’aurait pas trouvé là un brin d’inspiration. Je n’ai cependant jamais lu ou entendu d’explication sur cette attirance de Sheena Ringo pour la symétrie, donc il s’agit d’une pure supposition de ma part.

J’écoute ensuite le premier album de Bonnie Pink, Blue Jam, sorti en 1995, également dans des ambiances rock indé et blues rock. Il est plus court car il ne contient que 8 morceaux. Il fait quand même 41 minutes car certains morceaux comme le septième Maze of Love fait plus de 7 mins. Il y a beaucoup de très bons morceaux sur cet album, notamment le premier Scarecrow (que Sheena passait dans son émission radio Etsuraku Patrol en 1998, comme je le mentionnais plus tôt), le plus léger Candy Futatsu no Sanpo (キャンデイ2つの散歩), le beaucoup plus sombre Senaka (背中) et Freak, qui est très certainement le meilleur morceau de l’album. L’ambiance musicale mélange différents sons. Un bruit sourd démarre le morceau accompagné ensuite d’une guitare faisant des sursauts et de scratches entre autres bruits variés. Comme sur tous les morceaux de Bonnie Pink, sa voix ne déçoit jamais, à la fois forte et nuancée.

J’écoute également l’album de 2000, Let Go, que je trouve dans l’ensemble moins accrocheur et prenant que ceux que j’ai mentionné jusqu’à maintenant, certainement parce qu’on y trouve une majorité de balades. Il y a tout de même beaucoup de très bons morceaux comme les deux premiers Sleeping Child et Fish, le onzième Rumblefish ou encore le deuxième morceau You Are Blue, so Am I. L’ensemble se tient très bien dans la continuité, sans que les morceaux se détachent vraiment les uns des autres, surtout au le milieu de l’album. Certains morceaux m’attirent plus que d’autres comme par exemple celui intitulé Tears for Leo car j’aime bien les vagues que Bonnie met dans sa voix. Cet album met en fait un peu plus de temps à se révéler et on y revient facilement même s’il n’a pas une empreinte aussi forte que les autres albums. Quant à l’album Just a Girl, je le trouve à priori en deçà des autres albums que j’ai pu écouter jusqu’à maintenant. Je dis « à priori » car je ne l’ai pas encore beaucoup écouté pour le moment et mes impressions initiales peuvent changer.

The space I’m in is fading

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Je fais un tour au hasard des petites rues de Futago Tamagawa jusqu’à Kaminoge. J’avais pour but de retrouver les blocs blancs de la résidence Kaminoge House par l’architecte Naoya Kawabe. Je trouve l’ensemble résidentiel assez facilement pas très loin de l’université d’art Tamabi, de l’autre côté de l’axe Kanpachi, mais il est malheureusement encastré parmi d’autres immeubles d’habitation. Il est difficile d’entrevoir l’agencement des blocs. Je me contenterais donc d’une photo de la façade principale donnant sur la rue. L’ensemble me fait penser à Moriyama House mais en plus condensé et moins ouvert sur l’extérieur.

Je continue ma marche vers Noge. Je suis attiré par les blocs de béton lisse comme d’habitude, mais j’aperçois également une vieille église catholique en bois attirant mon attention, ainsi que d’autres maisons individuelles avec des toitures de toutes formes. Je me remets pour quelques pellicules à la photo agentique en couleur, l’envie me reprend régulièrement .

どこかに夢を見に行こうか

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Cette série de photographies publiées dans un premier temps sur Instagram nous amène d’abord sur la plage de Hayama jusqu’en fin de journée. Au milieu du billet, une boîte étrange s’entrouvre. On l’a trouve en face du bâtiment aux facettes de verre de Prada. Les architectes de ces deux oeuvres d’architecture sont Herzog et De Meuron. La boîte sert la marque Miu Miu, d’ailleurs affiliée à la grande soeur Prada.

En déroulant un peu plus les photos, on arrive à Futago Tamagawa. Un nouveau centre commercial appelé Rise vient d’ouvrir en mai près de la station, accompagné de terrasses et d’un parc pas très loin. L’endroit est assez agréable car très ouvert mais la foule est presque insupportable malheureusement. A l’intérieur du centre commercial, un trouve un Tsutaya, qui comme à Daikanyama, vient s’associer à d’autres marques. Alors que le Tsutaya de Daikanyama fait collaboration avec Starbucks Coffee, principalement, celui de Futago Tamagawa pousse plus loin le concept en s’associant avec la marque de meuble Arflex et avec un vendeur de plantes d’intérieur. C’est une très bonne idée d’ailleurs, les plantes, car elles viennent décorer tout le magasin qui devient un espèce de grand salon avec des étagères de livres (Tsutaya oblige). Le concept va un peu trop loin, par contre, car cette fois-ci Tsutaya vend aussi de l’électroménager et des appareils électroniques sous le nom Tsutaya Electrics. Je dis trop loin, car j’ai l’impression que les vendeurs n’ont aucune expertise sur le sujet et sur les articles vendus. Je n’ai par exemple pas reçu beaucoup de conseils pour mon potentiel achat de disque dur et j’ai donc passé mon chemin. Je parle de disque dur, car avec 800GB de photos, mon iMac commence à peiner.

Je reviendrais sur ce concept en photos un peu plus tard, mais pour l’instant je me contente d’une photo de l’intérieur avec des luminaires en formes de sphères et une autre photo d’un petit robot blanc parlant aux enfants. On commence à le voir à plusieurs endroits dans Tokyo. La première photo représente un bâtiment à Futago Tamagawa également. Je ne connais pas l’architecte. J’aime bien ces couleurs et lignes obliques. Et pour le reste, le rêve nous amène en un clin d’oeil en d’autres lieux venant se mélanger à l’ensemble.