春休み#4〜Le château de Hamamatsu

Nous arrivons à notre hôtel sur le grand lac Hamanako en pleine nuit. On ne le constatera que plus tard, mais la forme de ce lac est assez compliquée, composée de quelques îlots reliés par des morceaux de terre dont on ne sait s’il s’agit de morceaux rapportés ou de ponts. L’hôtel est placé sur un des îlots à proximité d’un grand parcours de golf. La journée était bien remplie après le voyage en voiture et les visites de Gotemba et de Fujinomiya un peu plus tôt. Je m’écrase assez vite comme une torpille sur le tatami, légèrement amorti par le futon. Et me réveille le lendemain matin à 6h, comme tous les jours de l’année sans exception. Mon horloge interne est extrêmement précise et inaltérable (presque).

Nous passerons la journée à Hamamatsu, notamment pour visiter le château. Il ne s’agit pas d’une construction très ancienne car il a été reconstruit en 1958, comme beaucoup de châteaux de ce type au Japon. La construction originale datait de 1532 et se nommait Château de Hikuma sous la régence du clan Imagawa. Le territoire de Hamamatsu passe sous la main de Ieyasu Tokugawa 徳川家康 (1543 – 1616) après la chute du clan Imagawa en 1568. Ieyasu Tokugawa, plus tard shogun de la période Edo, y passera 17 années à partir de l’an 1570. Le château sera grandement étendu à cette période, mais détruit beaucoup plus tard pendant la restauration Meiji de la deuxième partie du 19ème siècle. Le terrain sera transformé en parc et un nouveau donjon de trois étages fait de béton sera construit en 1958 au dessus du mur d’origine en pierre mis en place par Tokugawa. Ce mur de pierres est intéressant car il semble fragile d’apparence mais a pourtant traversé les années. Comme souvent à l’intérieur des châteaux japonais, on y trouve un musée avec divers objets historiques ou plus touristiques. C’est souvent un mélange hétéroclite d’objets montrés au visiteurs. On est intéressé par une grande carte du Japon avec des photos et emplacements des principaux châteaux du Japon. On y vend même un petit livret avec une liste des principaux châteaux japonais. On énumère ceux que l’on a déjà visité et se disant qu’on devrait essayé de tous les visiter un jour.

Je me souviens du château de Matsumoto que j’avais visité il y a 19 ans le 12 février 2000. Les deux photographies ci-dessus sont prises avec un petit appareil APS dont j’ai perdu la trace, mais qui m’accompagnait pendant mes premières années au Japon. C’est un château élégant entouré de douves et contrairement au château de Hamamatsu, le château de Matsumoto est historique, c’est à dire qu’il a conservé sa structure depuis sa construction en 1594. Nous l’avions vu sous la neige. C’était une étape de notre voyage vers Takayama et le village de Shirakawa-go classé au patrimoine mondial de Unesco. Le château de Matsumoto est surnommé « le Corbeau » en raison de sa couleur noire. Il est de toute beauté et j’aimerais le revoir un jour.

Pour revenir vers Hamamatsu, après la visite du château, nous sommes ensuite repartis aux alentours du lac Hamanako à la recherche d’un sanctuaire perdu s’appellant Hachisaki. Avant de partir, Mari avait lu que ce petit sanctuaire au bord d’une forêt est désigné comme un « power spot », c’est à dire que l’endroit dégage une force particulière. C’est bien entendu difficile à confirmer une fois sur place, mais je suis personnellement très curieux de découvrir ce genre de lieux car on y découvre parfois des choses particulières. La valeur de ce sanctuaire est historique car il s’agit de l’endroit où avait été déposé le seul document portant la signature de Ii Naotora 井伊 直虎 (date de naissance inconnue – 1582).

Ii Naotora est la fille unique du chef de clan Ii Naomori, vassal du clan Imagawa, pendant la période de Sengoku. A la mort de son père, elle devient daimyō, seigneur de domaine, et seigneur de guerre combattant aux côtés du clan Tokugawa. C’est une situation particulièrement rare pour une femme à cette époque. Le document portant la signature stylisée de Ii Naotora (en image ci-dessus à droite) est désormais conservé au musée de la ville de Hamamatsu. A cette époque, ce type de signature stylisée, appelée Kaō, n’était utilisée que par les hommes d’un certain statut. Ce document a une importance historique particulière, d’autant plus que l’histoire a été portée à l’écran dans un drama de la NHK intitulé Onna Jōshu Naotora (おんな城主 直虎), que l’on peut traduire par « Naotora, la femme seigneur de guerre ». Comme beaucoup de séries télévisées historiques de la NHK, ce drama mené par l’actrice Kō Shibasaki dans le rôle de Ii Naotora était très populaire. Je ne l’ai pas regardé à l’époque mais je le souviens très bien de l’affiche ci-dessus d’où se dégage une grande force, je trouve. Cette affiche m’avait d’une certaine manière marqué. Quand au sanctuaire de Hachisaki, il ne paît pas de mine et il est même assez abîmé par les années. Derrière le sanctuaire, un cerisier en fleur domine la colline. Nous étions au mois de mars et la pleine floraison n’avait pas encore commencé. Devant le sanctuaire, le terrain couvert de mousses et de racines effleurant à la surface semblent être à l’identique depuis la nuit des temps. Je ne sais pourquoi mais regarder le sol devant ce sanctuaire m’amène des centaines d’années en arrière. Si je levais les yeux à ce moment précis, j’apercevrais peut être la femme daimyō le temps d’un instant d’égarement. Je garderais cependant mon regard vers ces racines aux formes compliquées encore quelques instants.

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