une vue sur le Mont Fuji (2)

Comme je ne me lasse pas de regarder le Mont Fuji depuis le plateau de Nihondaira dans la préfecture de Shizuoka, je ne peux m’empêcher de montrer une nouvelle photo certes assez similaire à celles du billet précédent. On a l’habitude de voir le Mont Fuji depuis l’autre côté, depuis la préfecture de Yamanashi, mais le profil depuis Shizuoka est un peu différent car on peu voir un monticule sur le flanc droite dû à l’éruption Hōei du 16 Décembre 1707 au 1er Janvier 1708. Les habitants de la préfecture de Shizuoka considèrent d’ailleurs que la vue du Mont Fuji depuis leur côté est la veritable vue, par rapport à celle depuis la préfecture de Yamanashi que l’on peut voir depuis Tokyo. C’est une petite querelle de cloché entre les deux préfectures, mais on a en général beaucoup plus l’habitude de voir le profil du Mont Fuji depuis les grands lacs se trouvant dans la préfecture de Yamanashi. La dernière photo est d’ailleurs prise le soir alors que le soleil se couchait depuis l’extrémité la plus éloignée du lac Yamanakako. On a pu voir le Mont Fuji sous presque tous les angles et moments de la journée, du matin du soir, pendant ce court voyage. On se dit qu’une prochaine étape serait de faire un peu plus le tour du côté du lac Motosuko, le plus éloigné des cinq lacs du Mont Fuji.

Sur le chemin du retour, nous passons par le village de Oshino Hakkai (忍野八海) situé près de Fujiyoshida, entre les lacs Kawaguchiko et Yamanakako. Il y a plusieurs centaines d’années, on y trouvait un sixième lac du Mont Fuji mais il s’est asséché et il ne reste maintenant que huit étangs à l’eau très claire provenant de la fonte des neiges depuis les flancs du Mont Fuji qui s’infiltrent à travers les couches poreuses de lave dans les sols. Le village préserve quelques anciennes maisons au toit de chaume, et l’atmosphère serait certainement très agréable si l’endroit n’avait pas été transformé en un piège à touristes avec de multiples boutiques de souvenirs. Preuve en est qu’il faut d’abord traverser une des boutiques avant de pouvoir accéder à l’étang principal du village. Nous y resterons assez peu de temps pour partir à la recherche de cascades. Nous trouvons celle de Kaneyama sur le chemin. Le soleil se couchant tôt en hiver, il fait déjà presque nuit et il faut penser au retour vers Tokyo qui s’accompagne comme toujours de bouchons de plusieurs kilomètres. Heureusement qu’on ne se préoccupe plus beaucoup des bouchons et qu’on prend à chaque fois notre mal en patience, sereinement, car on ne pourrait sinon plus partir nulle part en voiture le week-end.

une vue sur le Mont Fuji (1)

Les deux premières journée de l’année 2023 étaient particulièrement paisibles, comme tous les ans dirais-je. On ne sort pas beaucoup, et surtout pas en voiture car on a bu du sake dès le midi. Il nous faut bien tout de même faire une première visite aux sanctuaires, ceux de Konnō Hachimangu (金王八幡宮) et d’Ebisu (恵比寿神社) que je mentionnais d’ailleurs déjà dans mon billet précédent. On s’est remis à collecter tranquillement les sceaux goshuin des sanctuaires et les premiers jours de l’année sont souvent l’occasion d’obtenir des versions spéciales Hatsumode (初詣). Et puis le Mont Fuji nous appelle au loin. Comme l’année dernière, nous décidons de nous en approcher en retournant à Nihondaira dans la prefecture de Shizuoka. Nous y étions allés au mois d’Août 2022 et j’en garde un souvenir inoubliable. La vue sur le Mont Fuji depuis les hauteurs du plateau de Nihondaira est la plus belle que je connaisse. Cette composition avec le port de Shimizu en contrebas et des rangés de montagnes nous séparant du Mont Fuji me donne à chaque fois l’impression d’être irréelle, comme si on observait un tableau parfaitement composé. Mes photographies ne rendent pas complètement justice à ce paysage, qui est beaucoup plus marquant en réalité que sur le cadre restreint d’une photo. Nous avions la chance d’avoir devant nous un Mont Fuji découvert, ce qui n’était pas le cas pendant l’été. Les premiers mois de l’année sont une bonne période pour voir le Mont Fuji, par rapport à l’été où la chaleur et l’humidité ambiante a tendance à brouiller la vue. On peut le regarder pendant des heures en ne pensant à rien, en faisant en quelque sorte le vide avant de reprendre une vie normale certainement pleine d’évènements cette année (delete -> 再開).

Et j’ai observé cette montagne pendant des heures. Puis nous sommes partis visiter le sanctuaire Kunōzan Tōshōgū, que nous n’avions pas eu le temps d’aller voir l’été dernier. Il faut emprunter un téléphérique depuis Nihondaira jusqu’à la petite montagne Kunōzan sur laquelle se dresse le complexe de sanctuaires établis en 1617. Le fameux shogun Tokugawa Ieyasu y est enterré et il s’agit du premier sanctuaire de cette série des Tōshōgū consacrée au clan Tokugawa. Les plus connus sont bien sûr le Tōshōgū de Nikkō et celui d’Ueno à Tokyo, mais il y a des sanctuaires Tōshōgū plus petits un peu partout dans le Japon, notamment à Sendai et dans les préfectures de Nagasaki et d’Aichi. Le Kunōzan Tōshōgū n’atteint pas la richesse et la taille de celui de Nikkō mais reste magnifique à visiter, entouré par une forêt au milieu de la montagne. Nous y sommes allés un peu tard dans l’après-midi, mais c’était en fait un bonne idée car les lumières du soleil couchant venaient renforcer les couleurs rouges et dorées des bâtiments du sanctuaires. Cela donnait une ambiance très particulière à l’endroit. Les quelques photos sont prises avec mon iPhone car mon reflex ne m’a malheureusement pas permis de prendre ces vues sans monter exagérément dans les Iso.

quelques journées d’été (6)

Il s’agit de la dernière étape de ces quelques journées de vacances d’été. Nous passons la matinée sur le plateau de Nihondaira à l’observatoire Nihondaira Yume Terrasse (日本平夢テラス) conçu en 2018 par Kengo Kuma. On doit normalement avoir une très belle vue sur le Mont Fuji depuis cet observatoire mais il était à notre passage complètement caché par d’épaisses nappes de nuages. On nous dira que la meilleure période pour le voir est en hiver, de Janvier à Mars. On se dit qu’on reviendra un jour pendant cette période. Le bâtiment est en tout cas intéressant mais on a quand même du mal à ignorer l’antenne géante placée en plein milieu. Une passerelle reliée à l’observatoire en fait d’ailleurs le tour, mais était-ce vraiment nécessaire? On peut marcher depuis le Nihondaira Hotel jusqu’à l’observatoire. Le trajet à pieds prend une bonne dizaine de minutes. En chemin, nous remarquons un étrange passage noir dans la végétation. Mari me dit tout de suite que ça ressemble à un passage de l’univers de Ghibli. Elle faisait référence à Totoro, mais je ne pense pas qu’il habite sur cette montagne (ou peut-être un cousin éloigné). J’hésite un peu à y rentrer pour voir si c’est un raccourci, mais je me ravise rapidement ayant peur de tomber encore une fois dans un monde parallèle. En pensant au chemin du retour, on n’avait de toute façon pas beaucoup de temps pour chercher un raccourci qu’on ne trouvera de toute façon certainement jamais. Nous reprenons ensuite la route vers le port de Numazu. Nous avons pris l’habitude de passer par Numazu sur le chemin du retour, notamment pour le déjeuner. Le retour vers Tokyo sur l’autoroute Tomei était beaucoup plus pénible car une pluie forte tombait sans cesse et un accident nous a bloqué pendant environ une heure. Il faut toujours compter avec les embouteillages sur cette autoroute. De toute façon, ma playlist musicale m’aide à ne plus compter le temps qui passe et le reste de l’équipage tombe doucement sous le sommeil.

quelques journées d’été (5)

Notre destination suivante était Nihondaira (日本平), un plateau situé à 308m de hauteur au-dessus du port de Shimizu dans la préfecture de Shizuoka. Nous avions voulu visiter cet endroit il y a quelques années après notre passage à Miho no Matsubara mais le temps nous avait manqué. Nous nous rattrapons cette fois-ci en prenant un peu plus notre temps. Nihondaira compte parmi les plus beaux paysages du Japon notamment pour sa vue dégagée sur le Mont Fuji et sur la péninsule d’Izu. Le Mont Fuji faisait malheureusement des siennes comme souvent car il était, la plupart du temps, caché par d’intenses nuages. Il s’est quand même montré le soir lorsque le soleil se couchait doucement. Mais quel spectacle tout de même, surtout depuis les jardins impeccablement entretenus du Nihondaira Hotel. Le design des jardins a été conçu par Hiko Mitani. Deux lignes de rochers viennent créer une voie sur le gazon parfaitement coupé. Les grandes baies vitrées de l’hôtel conçu par Nikken Sekkei permettent d’apprécier ce paysage, mais nous préférons tout de même nous asseoir dehors sur un des rochers donnant une vue d’ensemble sur le jardin et sur le Mont Fuji au loin. J’aurais voulu que ces moments s’éternisent. Mais le soleil continue sa descente en laissant des couleurs rougeâtres qui disparaîtront à leur tour un peu plus tard. Alors que la nuit devient noire, un feu d’artifice est lancé depuis le fond du jardin, pour fêter les dix années d’existence de l’hôtel. Le Nihondaira Hotel existe depuis plus de 50 ans mais il a été entièrement reconstruit en 2012. Je montre d’autres photos de l’hôtel, des jardins avec sculptures, du Mont Fuji et des feux d’artifice sur mon compte Instagram.

ちょっとした夏休み (8)

Pour la dernière partie de notre voyage de trois jours, nous restons encore un peu dans la préfecture de Aichi en passant visiter le temple Toyokawa Inari. Son véritable nom est Enpukuzan Toyokawa-kaku Myōgon-ji (円福山 豊川閣 妙厳寺) mais on l’appelle plus simplement Toyokawa Inari. Comme je le mentionnais récemment, nous allons régulièrement à la branche tokyoïte de ce temple, à Akasaka devant la pâtisserie Toraya. Le temple fondé en 1441 a la particularité, comme je l’expliquais dans un autre billet, de mélanger bouddhisme et shintoïsme. Le temple en lui-même est principalement bouddhiste mais on y trouve des symboles shintō comme un Torii et de très nombreuses statues de la divinité renard Inari. Des centaines de statues sont d’ailleurs regroupées dans une partie appelée Reiko-Zuka à l’arrière du temple. Ce foisonnement de statuettes me rappelle le temple Gōtokuji dans la banlieue de Tokyo mais avec des statuettes de Maneki Neko plutôt que des Inari. Le hall principal du temple sur la première photographie a été reconstruit pendant la période Tenpō (天保) entre 1830 et 1844. Sa taille et sa couleur noire m’impressionne beaucoup. Je ne sais pour quelle raison mais je lui trouve un côté rétro-futuriste comme un casque de Dark Vador.

Le chemin du retour sur l’autoroute Tomei me fait toujours peur pour ses bouchons le dimanche soir à l’approche de Tokyo au niveau de Ebina. On préfère stratégiquement s’arrêter avant, à Mishima puis Numazu pour passer la soirée dans le parc Kakitagawa traversé par une rivière d’eau claire provenant du Mont Fuji. Alors que le soleil se couche déjà, nous gagnons le port de Numazu avant 8h du soir pour du poisson en chirashizushi. L’autoroute a dû se dégager pendant ce temps là car le traffic était d’une fluidité parfaite. Le voyage a été court mais nous a bien aéré l’esprit, ce qui était l’objectif premier. On aurait envie de reprendre la route immédiatement. J’ai en fait énormément apprécié le fait d’avoir la voiture sous la main à tout moment ce qui donne une grande liberté par rapport au Shinkansen, qui était plutôt notre transport par défaut lors des quelques fois où on s’est déplacé vers Kyoto. Et pour le titre de cette série qui se termine avec ce billet, il s’agit bien évidemment d’une variation du nom du concert de Sheena Ringo Chotto Shita Reko Hatsu (ちょっとしたレコ発).