Shiota Chiharu: The Soul Trembles

J’avais aperçu à plusieurs reprises en photo sur Internet le travail artistique de Chiharu Shiota 塩田千春, mais c’est la premiere fois que je vois ses œuvres dans un musée. L’exposition intitulée The Soul Trembles se déroule jusqu’à la fin du mois d’Octobre au Mori Art Museum de Roppongi Hills. Il s’agit d’une rétrospective complète des 25 années de carrière artistique de l’artiste japonaise, installée à Berlin. Les grandes installations faites de cordons rouges ou noirs sont les plus impressionnantes par leur taille et par leur force d’évocation. La multitude de fils rouges qui s’entremêlent nous rappellent des vaisseaux sanguins et par extension la complexité des interconnexions humaines. On peut marcher à l’intérieur de l’installation appelée Uncertain Journey en faisant attention de ne pas effleurer ces cordons rouges. Les cadres métalliques en forme de barque laissent penser à un voyage, au cours duquel les rencontres humaines seront certainement nombreuses. Ces rencontres créeront de nouveaux liens fragiles entre les personnes. On a vraiment ce sentiment de fragilité en parcourant l’exposition, un peu comme une toile d’araignée aux apparences fragiles, mais pouvant tout de même affronter les intempéries de la vie. Le thème du voyage revient dans une autre œuvre de l’exposition intitulée Accumulation – Searching for the Destination montrant des valises accrochées par un simple cordon rouge au plafond. Elles sont comme en apesanteur et certaines bougent même légèrement comme si elles trépignaient d’impatience de partir en voyage. Par ces 430 valises accrochées, Chiharu Shiota nous parlent du déracinement et des mémoires qui l’accompagnent. C’est son cas personnel car elle vit à Berlin depuis 1996. Ces réflexions, qu’elle donne sur un petit texte affiché sur un mur de l’exposition, me parlent aussi personnellement car l’année prochaine, j’aurais passé exactement la moitié de ma vie au Japon. Une œuvre marquante de l’exposition s’appelle In Silence. Elle montre un piano et des chaises brûlés, reliés cette fois par des fils noirs, symbolisant la mort par rapport aux fils rouges de la vie. On nous explique que cette installation très sombre lui a été inspirée par un incendie près de chez elle quand elle était petite. Le contraste des robes de mariées blanches avec les grilles complexes de fils noirs est saisissant. Cela nous laisse penser qu’un événement heureux a été interrompu soudainement par un autre événement dramatique. Ce sont ces émotions qui sont évoquées dans le titre de l’exposition, l’âme tremble. Elle est bousculée. L’exposition montre d’autres installations et quelques vidéos qui sont pour moi moins évocatrices, mais elle vaut vraiment le détour, notamment par sa grandeur comme souvent au Mori Art Museum. Il fallait compter une heure d’attente avant d’entrer à l’intérieur. Il s’avère qu’il s’agissait en fait d’un moyen de réguler les entrées pour éviter la foule à l’intérieur, en raison de la fragilité des installations. Je préfère attendre un peu, avec de la musique dans les oreilles en observant les gens dans les files d’attente, plutôt que se bousculer dans les salles du musée.

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