Rooflag par Mount Fuji Architects Studio

Rooflag (ルーフラッグ) est un hall d’exhibition pour la société de construction Daito Trust Construction Co.,Ltd. situé dans le quartier Shinonome de l’arrondissement de Koto. Il a été conçu par Mount Fuji Architects Studio, dont j’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog, et a été construit en 2020. Sa particularité est bien entendu son immense toiture triangulaire aux dimensions de 60m*50m*34m, construite en bois lamellé croisé (ou Cross Laminated Timber, CLT, en anglais). Ce matériau de construction se présente comme des panneaux massifs constitués de plusieurs couches de bois de résineux collées perpendiculairement les unes aux autres. Dès qu’on entre dans le vaste atrium composé de murs en béton brut et de large baies vitrées sous ce toit triangulaire posé à l’oblique, on est immédiatement impressionné par la beauté de l’espace très lumineux qui est créé. La grandeur de l’espace atteignant quatre étages au niveau de l’entrée est spectaculaire. Il y avait une petite exposition de modèles architecturaux lors de la visite, dont je montre quelques photos sur mon compte Instagram mais mon véritable centre d’intérêt était d’apprécier le temps pensé sous cette toiture de bois oblique. Il faut en fait réserver à l’avance pour voir l’intérieur de l’atrium mais je ne l’ai su qu’après mon passage. Comme j’étais seul, on m’a gentiment laissé entrer et je n’ai donc pas fait le déplacement pour rien. Après cette visite, je continue à marcher dans Shinonome jusqu’aux blocs d’habitation Codan que je n’avais pas vu depuis très longtemps (15 ans). J’y reviendrais certainement dans un prochain billet.

meshed metal with harmony

Mesh / Earth House, que je montre sur les trois premières photographies de ce billet, est un bâtiment résidentiel conçu par Kengo Kuma, dont la construction fut achevée en Février 2011. Cette maison de 182.82m2 contient un rez-de-chaussée, deux étages et une terrasse sur le toit. Son emplacement au milieu du parc Shiba (芝公園), à proximité de la tour de Tokyo et du temple Zojoji, est assez exceptionnel. Ce bâtiment n’est apparemment pas entièrement résidentiel car on y trouve également un restaurant japonais appelé Niku Kappō Rei (肉割烹 礼). Il est possible que le restaurant soit situé seulement au rez-de-chaussée avec les deux étages au dessus occupés par des espaces privés. On peut d’ailleurs accéder à ces deux étages par un escalier indépendant accessible depuis l’extérieur. Le volume en forme de L du bâtiment est en partie recouvert de tiges métalliques formant une maille qui vient cacher une partie des grandes baies vitrées entourant la totalité des deux étages. Cette texture posée sur la surface contribue en quelque sorte à faire fondre le bâtiment avec la végétation du parc aux alentours. Le petit détail poétique de cette résidence était de voir un groupe de petits oiseaux discutant joyeusement sur les tiges des branchages métalliques, comme s’il s’agissait des branches d’un arbre. Il s’agissait en quelque sorte d’un petit concert de chants d’oiseaux sur du métal. Je suis passé plusieurs fois devant ce parc mais je ne me doutais pas que cette maison se trouvait à cet endroit. On l’aperçoit à peine derrière les arbres pourtant parsemés du parc.

La deuxième étape de la marche, toujours dans l’arrondissement de Minato, est d’aller voir un immeuble construit en Novembre 2020 aux formes très particulière. Le Prime Terrace KAMIYACHO (プライムテラス神谷町) conçu par Mitsubishi Jisho Sekkei Inc. (株式会社三菱地所設計) que je montre sur la quatrième photographie a cette particularité d’avoir des balcons aux formes désordonnées, comme des pièces de Tetris posées par erreur les unes au dessus des autres. Il y a quelque chose de très ludique dans ces formes, surtout quand ces parties de balcons ouverts sur l’extérieur viennent s’échapper loin depuis la façade, comme des perchoirs. Sur les photographies qui suivent, je pars vers Yūtenji en empruntant par moments la longue rue Komazawa. Nous passions souvent par cette rue en voiture, il y a quelques années de cela, pour rejoindre l’autoroute Daisan Keihin qui nous amenait près de Kamakura. Ces années là me manquent et nous ressentons régulièrement l’envie d’y retourner pour une journée de week-end. J’aimerais encore une fois m’assoir au bord de l’océan à Inamuragasaki pour observer le soleil qui se couche tranquillement derrière le Mont Fuji et l’île Enoshima.

Mutyumu (夢中夢), qu’on traduirait par un rêve dans le rêve ou un cauchemar, est un groupe formé en 2002 et l’album intitulé イリヤ -Il Y A- que j’écoute avec une passion certaine en ce moment est sorti en 2008. Difficile de classer la musique de cet album dans un style car ils se mélangent, parfois post-rock, par moments approchant le rock progressif avec des pointes heavy metal, mais toujours en mélangeant les instruments de musique classique. Les violons qui nous enveloppent dès le morceau d’introduction sont vite pris dans la tourmente des guitares lorsque le deuxième morceau prend le relai. On sait à ce moment-là que tout peut arriver, même le mélange à priori improbable de la voix d’opéra de la chanteuse et parolière Hatis Noit avec celle masculine dans l’esprit du Death Metal qui la suit comme un démon. La musique de cet album est pour le moins tourmentée, passant de mélodies tout simplement somptueuses à la brutalité lourde des guitares et des cris. Je pense parfois au long morceau-album Art of Life de X JAPAN, mais c’est encore autre chose ici même si on trouve le même aspect épique. Ce qui est très étonnant, c’est que l’album atteint une unité et même une harmonie malgré ce maillage hétéroclite de styles musicaux. On y ressent une poésie sombre, une mélancolie profonde parfois, des souffrances qui semblent atroces et des moments de plénitude, et le tout parfois inclut dans un même morceau. Les images sont fortes et la partition musicale est parfaitement exécutée avec une dextérité au piano qui nous entraîne dans des tourbillons. On se noierait volontairement dans ces morceaux en gardant un œil vers le ciel, vers l’éclaircie qui soudainement nous faire revenir sur la terre ferme. Les morceaux de cet album jouent avec ces sentiments contradictoires. Il y a une dualité quasi schizophrénique dans ces styles qui s’opposent. On a parfois l’impression d’une bataille entre les formes célestes et les monstres d’en bas. Les images se bousculent en écoutant cet album. Il ne faut pas l’interrompre ou le prendre en cours de route sous peine de casser l’histoire qu’il raconte, celle d’une descente en enfer jusqu’aux moments les plus sombres du morceau central de l’album. De ce cauchemar, on se réveille ensuite sous des nouvelles lumières qui nous attirent vers une lente résurrection. Cette musique nous hante par sa puissance dès la première écoute et ne laisse pas indifférent, qu’on aime ou qu’on déteste. En ce qui me concerne, je trouve cet album tout simplement grandiose. C’est une expérience musicale d’avantgarde.

les chats discrets ne miaulent jamais

Les chats se sont faits discrets lors de mon passage à Gōtokuji (豪徳寺) tout simplement parce que je ne suis pas allé les voir. Ça peut paraître étrange d’aller jusqu’à Gōtokuji sans aller voir le fameux temple où s’amoncellent des centaines de petites statues de chats Maneki Neko. En fait, nous sommes déjà allés les voir il y a trois ans et j’avais pris un grand nombre de photographies de ces statuettes de chats blancs levant la patte droite. J’avais montré toutes ces photos dans un billet. Je me suis dis que si j’y retournais cette fois-ci, je ne pourrais pas m’empêcher de prendre ces statuettes une nouvelle fois en photo en me sentant ensuite obligé de les montrer dans un billet de ce blog. J’ai voulu éviter la tentation de me répéter. Je n’avais en fait que peu de temps devant moi, mais, en y réfléchissant maintenant, j’aurais quand même dû y aller pour le sceau goshuin que je n’ai pas encore dans ma petite collection. En regardant à quoi il ressemble sur internet, je me rends compte qu’il est particulièrement dense en écriture et que le carnet goshuinchō est particulièrement mignon. Ça me donne en tout cas une occasion d’y retourner bientôt. Et pour ce qui est des chats blancs, je me suis finalement contenté de prendre en photo un Maneki Neko posé derrière la vitre d’un café ou d’un restaurant à un coin de rue.

Je comptais d’abord marcher jusqu’à Gōtokuji mais j’ai dû me raviser en cours de route, vu le temps qui m’était disponible. Il m’a d’abord fallu traverser une partie de Shibuya, notamment le quartier des love hotels à Maruyamachō. J’y retrouve le petit bâtiment blanc Natural Ellipse de l’architecte Masaki Endoh qui a légèrement été modifié car maintenant recouvert d’un filet de cordes de couleur bleue. Cet accessoire décoratif est loin d’être indispensable et j’espère qu’il s’agit seulement d’une installation temporaire. Je comptais marcher en direction de Sangenjaya mais bifurque finalement vers la station Komaba-Tōdaimae, pour prendre le train jusqu’à Gōtokuji en faisant une halte dans le quartier de Shimo-Kitazawa. En marchant à Komaba-Tōdaimae, je trouve quelques maisons individuelles aux formes intéressantes mais je n’en connais pas les architectes. Ces maisons ont l’air relativement récentes, si on se réfère à la blancheur restée intacte des murs de leurs façades. Je regarde moins en ce moment les magazines d’architecture, car je passe tout simplement moins de temps dans les librairies. Le fait de beaucoup marcher me fait maintenant réaliser que je passe moins de temps à faire autre chose, ce qui est dommage mais le temps et mon énergie ne sont du tout façon pas extensibles.

Alors que j’évoquais le nouvel album d’4s4ki dans mon avant-dernier billet, je viens de me rendre compte qu’elle vient déjà de sortir un nouveau morceau intitulé Hyper 5th Dimension (超5次元), qui s’avère excellent. Le chant d’4s4ki est un peu différent des morceaux que je connaissais déjà et sa voix est plus présente. Je parlais aussi dans ce précédent billet du compositeur maeshima soshi qui travaille souvent avec 4s4ki et je vois qu’il co-écrit les musiques de ce morceau. Je trouve l’ambiance un peu plus pop et accessible que d’habitude, avec un rythme principal pour le refrain immédiatement accrocheur. Tricot vient de sortir un nouveau morceau intitulé Aquarium (アクアリウム) qui apparaîtra dans leur prochain album, Fudeki (不出来) prévu pour le 14 Décembre cette année. De ce nouvel album, on connaît déjà le morceau Endroll ni Maniau yō ni (エンドロールに間に合うように) qui a une approche très riche en guitares par rapport à ce nouveau morceau beaucoup plus pop rock. Bien qu’avec une ambiance de pop immédiate, ce morceau contient tout de même des changements de tons inattendus (à partir de la minute et demi par exemple) qui font tout le plaisir de la musique de Tricot. Ce nouvel album Fudeki (不出来) prend un nom à l’opposé de celui de l’album précédent sorti en Décembre 2021, Jōdeki (上出来) qui veut dire ‘excellent’. Ça attire bien entendu ma curiosité et m’a donné très envie d’aller les revoir en concert. Les voir en différé sur Instagram montrer des photos de leur tournée européenne a dû également contribuer à me donner envie d’aller les revoir. Tricot entamera une tournée nationale appelée Zang-Neng tour 2023 pour promouvoir cet album. La tournée se composera de six dates du 8 Janvier au 12 Février 2023 en démarrant par Fukuoka, puis Sendai, Nagoya, Kanazawa, Osaka pour terminer à Tokyo. J’irais donc les voir à la date de Tokyo, le Dimanche 12 Février 2023, dans la salle Liquidroom à Ebisu. Je découvre ensuite le morceau Blue (青) d’une compositrice et interprète dont je parle très souvent ici, a子. Il ne s’agit pourtant pas d’un nouveau morceau car il est sorti le 1er Novembre 2020, mais je l’avais bizarrement manqué. Ce morceau avait passé entre les mailles de mon filet. Je manque très certainement beaucoup de bonnes choses et j’apprécie toujours quand on me le fait savoir. J’ai en fait découvert ce morceau lors d’un InstaLive d’a子. Elle fait assez régulièrement des sessions live sur Instagram avec son groupe dans une pièce qui ressemble à une maison partagée. J’aime beaucoup ces petits concerts improvisés car ils se déroulent dans une ambiance bon enfant, sans trop de sérieux et en improvisant parfois. a子 prend en général en compte les demandes de morceaux faites dans les commentaires. Le problème de ce genre de sessions est qu’on ne sait jamais quand elles vont se dérouler et combien de temps elles vont durer. On tombe dessus par hasard et ce n’est pas toujours au meilleur moment, mais je les écoute par petits morceaux. Le morceau Blue que je ne découvre que maintenant après cette interprétation InstaLive est dans le style des morceaux précédents. a子 et son groupe arrivent à chaque fois à trouver une boucle électronique qui accroche et j’aime de toute façon beaucoup sa manière de chanter. Dans ma petite sélection musicale, je reviens vers Miyuna. J’écoute encore et toujours beaucoup son dernier album Guidance qui est un des meilleurs de l’année à mon avis, et ma curiosité me dirige maintenant vers son EP intitulé Reply sorti le 28 Octobre 2020 sur le label A.S.A.B, de la maison de disques Avex, sur lequel on trouve des artistes comme Mondo Grosso et Chiaki Satō (佐藤千亜妃). Le EP Reply n’est certes pas aussi abouti que son album Guidance, et plus inégal, mais on y trouve quelques très bons morceaux. Le dernier morceau ReinRei (レインレイ) est par exemple tout à fait dans l’esprit orienté rock d’un grand nombre de morceaux de l’album Guidance. Reply reste cependant très pop dans son ensemble. Le morceau Soleil (ソレイユ) est un des sommets de ce EP dans ce style pop très accrocheur. J’aime aussi beaucoup les deux premiers morceaux DeadRock et Ano Neko no Hanashi (あのねこの話) en duo avec un certain Kubotakai (クボタカイ) que je ne connaissais pas. Cet EP, certes un peu jeune et pas autant marqué que son album, laissait déjà présager ses qualités de chant et de composition. Et en poussant un peu les découvertes, j’écoute également ses premiers singles sortis en 2018: Tenjō Tenge (天上天下) et Gamushara (ガムシャラ), qui étaient déjà très prometteurs et même au dessus du lot du commun de la J-POP.

Kagura à Hikawa

Le matsuri d’automne du sanctuaire Hikawa à Shibuya n’avait pas eu lieu ces dernières années en raison de la crise sanitaire. On le retrouvait cette année avec un plaisir certain, synonyme de retour à la normale, bien que je ne pense pas que le mikoshi ait fait le tour du quartier comme c’est normalement le cas. Dans l’enceinte du sanctuaire, on pouvait toutefois assister à des danses théâtrales rituelles shintoïstes appelées Kagura et il ne me semble pas avoir assisté à ce genre de spectacle à cet endroit les années passées. Six représentations de ces danses cérémonielles se sont déroulées dans l’après-midi jusqu’au soir, le 11 Septembre. Celle que j’ai vu et que je montre en photos ci-dessus s’intitulait Inariyama Iitsuke (稲荷山・言付). L’histoire qui était narrée restait pour moi assez floue car principalement basée sur les danses des trois personnages masqués présents sur scène, mais il était question de chasser les démons avec un arc et des flèches. La foule était présente en nombre dans l’enceinte du sanctuaire et il était difficile de circuler rapidement sur l’étroite allée entourée de yatai en bas des escaliers de pierre menant au sanctuaire. Cet après-midi au sanctuaire m’avait également inspiré une série de photographies dans le mouvement sur un billet précédent.

δАrэ чoὖ drivэ мy Ϛrαshed cаг

La nuit peut donner l’impression d’une ville électrique. Par la photographie, je l’approche sans la toucher sous peine d’électrochoc. L’énergie est palpable de toutes parts et, si on regarde bien, les ondes électriques affleurent sur la surface des choses, prêtes à jaillir dans toutes les directions. Les ondes électriques sont également dans mes écouteurs. L’ensemble du paysage urbain se distord aux sons des guitares qui prennent un malin plaisir à faire danser les lumières de la ville, à créer des déflagrations dans notre vision de la réalité. Le monde se présente ainsi devant nous sous une nouvelle forme. Il faut l’imaginer bien sûr mais il est bien réel devant moi ce soir là. Je m’arrête quelques instants pour ne pas perturber son mouvement perpétuel et saisir doucement en images l’énergie qui s’en dégage. Les couleurs se mélangent et s’additionnent. Les formes convergent et se séparent ensuite. Si on prête bien l’oreille, la partition musicale de la ville se révèle, rythmée sur ces ondes électriques. Elles dansent devant nous zigzaguant entre les êtres sans les toucher, les poursuivant à la trace parfois et donnent la pulsation de cette ville comme un électrocardiogramme.

Je ne suis pas déçu par ce nouveau single d’Ado, Yukue Shirezu (行方知れず), écrit et composé par Sheena Ringo. Il peut paraître chaotique aux premiers abords et il le reste après plusieurs écoutes car le morceau part sur différentes pistes, comme sait si bien le faire sa compositrice. Le chant d’Ado est assez exceptionnel mais on n’en attendait pas moins d’elle. A chaque nouveau morceau, on lui découvre des tons différents. Je pense qu’il s’agit ici de l’influence de Sheena Ringo, qu’on reconnaît beaucoup tout le long du morceau. De Sheena Ringo, on sait qu’Ado respecte sa manière de chanter et de s’exprimer (歌い方や表現の仕方をリスペクトしている). Sheena aurait pu, en fait, chanter ce morceau, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit en mesure actuellement d’apporter la violence vocale dont Ado est capable. Ce morceau, dans son agressivité générale, est d’ailleurs dans la lignée du morceau Backlight écrit par Vaundy que je mentionnais auparavant. C’est un morceau exigeant et je ne peux m’empêcher de penser que les compositeurs et compositrices d’Ado cherchent à la pousser dans ses derniers retranchements, comme pour tester ses capacités vocales, notamment sa versatilité. La voix d’Ado, avec ses accentuations et ses nuances, est bien entendu l’attraction principale du morceau mais musicalement, il faut quand même noter que ce morceau fait intervenir des musiciens fidèles à Sheena Ringo, à savoir un certain Ichiyō Izawa (伊澤一葉) de Tokyo Jihen au clavier, Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare, Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse et Atsushi Matsushita (松下敦) à la batterie. Atsushi Matsushita fait partie du groupe Zazen Boys (ザゼン・ボーイズ), formé par Shutoku Mukai après Number Girl. Ajoutez à cela le fait qu’il est originaire du Kyushu (de Nagasaki) et on comprend assez bien sa présence dans ce groupe spécialement composé pour ce morceau. Je me demande quel est le nom du groupe car Sheena donne normalement un nom spécifique à chaque formation même temporaire. Dans un message sur son blog sur le site du fan club Ringohan, Sheena mentionnait très brièvement le 5 Juin 2022 (六月五日二〇二二) qu’elle avait fait un enregistrement à Ikejiri Ohashi avec un certain Okayama-zei (岡山勢), c’est à dire le groupe d’Okayama. Quelques recherches m’avaient permis de comprendre que Okayama-zei fait référence à Yukio Nagoshi et Keisuke Torigoe, tous les deux originaires de la préfecture d’Okayama. En y repensant maintenant, il est très possible qu’ils travaillaient avec Sheena sur ce morceau pour Ado. Ils sont tous les deux des habitués des concerts de Sheena Ringo. En y repensant maintenant, je ne suis pas certain que ce morceau soit très adapté à l’émission Kōhaku de NHK, et je fais donc un trait sur ma prédiction de voir Ado à visage découvert avec Sheena sur scène pour chanter ce morceau en duo. Je suis en tout cas très satisfait que Sheena ait toujours cette capacité à créer ce type de morceaux, aux sons incisifs et aux guitares très métalliques.

Et comme je suis d’un naturel très curieux, je n’ai pu m’empêcher d’essayer d’en savoir un peu plus sur le personnage mystérieux qu’est Ado. Comme sa fiche Wikipedia japonaise l’indique, son nom serait tiré du théâtre japonais Kyōgen (狂言) qui est également le titre de son premier album. Le Kyōgen est exécuté par des acteurs appelés kyōgenkata (狂言方). L’acteur principal s’appelle ‘shite’ (シテ) tandis que les acteurs secondaires s’appellent ‘ado’ (アド). Ado aurait pris connaissance du kyōgen à l’école primaire et aurait été attiré par la sonorité du mot ‘ado’. Elle interpréterait ce nom ‘ado’, se référant donc à un personnage secondaire, au fait qu’elle veuille devenir un rôle secondaire dans la vie des gens en les supportant grâce à ses chansons. On ne connaît d’Ado que sa représentation dessinée, actuellement illustrée par ORIHARA, et son visage reste inconnu. Les rumeurs (qui par définition peuvent être complètement fausses) indiquent qu’Ado aurait fait partie à l’époque du lycée d’un groupe de trois filles appelé Amaru. A, Ma et Ru correspondraient aux premières lettres des prénoms de chaque membre avec Ru pour Ruri (るり) qui serait-il possiblement le prénom d’Ado. Certains sites ou compte Twitter montrent même des photos de ce groupe…

Je parle régulièrement de la compositrice et interprète 4s4ki sur les pages de Made in Tokyo car j’aime beaucoup son approche musicale, que certains qualifient d’hyper pop. Je ne sais pas vraiment ce que ce terme veut réellement signifier mais toujours est-il que j’ai constamment l’impression qu’4s4ki a un temps d’avance sur les autres. On peut certainement comprendre l’utilisation du mot ‘hyper‘ dans l’extrême dynamique et l’approche chaotique qui caractérisent certains de ses morceaux. Je n’ai pas encore écouté entièrement son dernier album Killer in Neverland, car je l’approche tranquillement pour ne pas me brûler les oreilles. Le meilleur morceau que j’ai pu entendre pour l’instant sur l’album est le sixième, paranoia. Il s’agit peut-être tout simplement du morceau que je préfère de l’artiste, peut-être parce qu’il est un peu plus ‘apaisé‘ que les autres. Apaisé n’est pas être pas le meilleur qualitatif car les guitares sont très présentes dans le refrain, se mélangeant avec les sonorités électroniques et la voix légèrement modifiée d’4s4ki. J’aime aussi beaucoup le neuvième morceau Freedom Kingdom en collaboration au chant avec la rappeuse coréenne Swervy. Le morceau est co-écrit avec le musicien électronique Masayoshi Iimori (マサヨシイイモリ) et c’est un des singles de l’album. Le rythme est beaucoup plus accentué sur ce morceau que sur paranoia. 4s4ki alterne régulièrement les ambiances avec certains morceaux principalement à base de guitares comme le cinquième Cross out, et des morceaux plus fidèles à l’image hyper-pop qu’on peut avoir d’4s4ki, comme le deuxième morceau et single Log Out, même s’ils ne vont pas aussi loin que, par exemple, le morceau Hyper Angry Cat (超怒猫仔) qui reste pour moi un de ses morceaux les plus novateurs. Le morceau Log Out ainsi que quelques autres de l’album sont co-écrits avec le musicien et producteur maeshima soshi qui était déjà intervenu sur de nombreux morceaux précédents d’4s4ki. Je cite les noms de ces musiciens, créateurs et producteurs Masayoshi Iimori, maeshima soshi mais aussi Mega Shinnosuke (メガシンノスケ) qui collaborait sur Hyper Angry Cat, car ce sont des noms que je croise de plus en plus souvent dans mes découvertes de la musique électronique japonaise. Et que dire de cette photographie / illustration du visage d’4s4ki sur la pochette de l’album Killer in Neverland. Je ne sais si c’est voulu, mais je lui trouve quelque chose de, comment dirais-je, christique. Je ne suis pas sûr qu’4s4ki soit le nouveau ‘messie‘, mais, à 24 ans, elle représente déjà un modèle pour de nombreux jeunes artistes, comme on pouvait le comprendre dans l’interview qui lui était dédié sur Pitchfork. A noter pour terminer ce billet que la vidéo du morceau Log Out a été tournée en grande partie sur le grand pont piéton de Shibuya, duquel j’ai pris quelques photographies de ce billet, notamment la deuxième photographie de cette voiture aux apparences accidentées qu’on oserait à peine conduire.